Sujet: Il y a parfois une justice... au moins une petite ! Dim 9 Sep - 17:53
Pour tous ceux qui auraient aimé voir Rab payer un acompte avant ses quinze piges de prison. Voilà, ça fait longtemps que je l'avais écrit, en prévision d'une éventuelle intro de rp, mais là je ne saurai plus la replacer je pense. Donc je vous fais partager quand même : Rab se prenant une rouste par son oncle, qu'il morfle un peu aussi ! Pour situer ça donnerait du Pré-au-Lard, peu avant l'excursion à Londres. Voilou !
Decius Lestrange
Spoiler:
Le front dans la paume de la main, Rabastan tentait de retrouver toute sa maîtrise. Mais la dernière heure lui revenait sans cesse à la mémoire. Trop intense.
Il revoyait presque aussi nettement qu'il l'avait vécu, son oncle assis dans un fauteuil usé dans une pièce à louer à la journée, le calme dangereux. Il entendait encore sa voix, tranchante comme un rasoir :
- Mais c'est merveilleux, tu as des excuses pour tout. Tu en as aussi pour ton association avec une sang-mêlée..? Et au fait que tu lui obéisses ?
Quand Decius ironisait, même le mot doucereux paraissait encore trop peu venimeux pour caractériser le calme empoisonné qui suppurait de chaque mot.
-Ce n'est qu'une façade ! En réalité.. -Tu aurais déjà dû la mettre au pas !, coupa son oncle. Tu n'as jamais eu l'air d'hésiter à faire mal pourtant... Je n'ose croire à une telle plaie, mais l'évidence semble parler : tu aurais peur des conséquences... -Elle est protégée ! Morgane ! Je fais ce que je peux ! -Ce que tu peux ?! On croirait entendre un elfe...
Rabastan aurait aussi bien pu se faire gifler, l'effet aurait été le même. Le sang avait quitté son visage sous le choc de l'insulte, l'œil brillant furibard. Decius n'en restait pas là pour autant.
-Un Lestrange ne fait pas ce qu'il peut, mais ce qu'il veut. -Comme ça semble facile..., grinça son neveu. Personne ne surveille vos allées-et-venues à vous, si? -Oh pauvre enfant... C'est de la compassion que tu attends peut-être ? C'est l'éducation douillette de mon frère qui te manque, sans doute ? N'ai-je jamais été à Poudlard moi-même ? Tu ne sembles pas oser y faire le dixième de ce que nous faisions. -Vous ? Vous-même tout seul ou bien ?... Vous ne vous attribueriez pas les œuvres du Seigneur des Ténèbres, n'est-ce pas ? -Ton ironie est d'une telle pauvreté... C'est tout ce que tu trouves à rétorquer. Et en même temps, pourquoi devrais-je être surpris ? Tu n'as aucune excuse. Alors tu rames.
Le jeune homme se mordit la lèvre pour ne pas rétorquer immédiatement, prendre le temps d'une inspiration et jeter ce qui n'était une provocation qu'à moitié seulement :
-Je vous surpasserai. -Mais j'y compte bien, rétorqua Decius avec une ombre de sourire où l'on aurait trop su dire si c'était la fierté ou la férocité qui l'emportait. C'est bien le devoir des nouvelles générations : surpasser les précédentes. Mais la vôtre se montre si décevante... C'est à toi que reviendra tout mon héritage, mais il n'est pas question qu'il revienne à un incapable. Et je pense qu'il est plus que temps que tu te rentres ça dans le crâne. Solidement.
On avait beau connaître ce sort et le manier, on avait beau en avoir déjà expérimenté les effets, se faire menacer d'un tel sortilège, même à mot couvert, ce n'était jamais jamais bon signe. Surtout quand la menace était proféré par un Lestrange. Il était bien placé pour le savoir et Rabastan ne put rien répondre d'autre que de crisper les mâchoires en prévision de ce qui aller inévitablement arriver.
-Tu comprends ce que je veux dire... C'est bien.. Tu es de mauvaise foi. Mais au moins tu n'es pas encore complètement stupide. Endoloris...
Du sang gouttait sur le plancher. Il se rendit compte qu'il s'était mordu la lèvre au sang mais quand il leva la main pour essuyer son menton, force fut de constater qu'il saignait également du nez. La respiration était douloureuse, mais pas à la façon brûlante d'une gorge qu'on aurait irritée en criant – la morsure dans sa lèvre témoignait qu'il avait au moins réussi à s'épargner cette honte-là – mais à sentir tous ses muscles gémir à chaque infime mouvement d'inspiration et d'expiration. Et pourtant Morgane savait comme il avait besoin d'air, d'oxygéner une cervelle qui peinait à reprendre pied dans la réalité. Non seulement Decius était un maître dans l'art du sortilège de souffrance, mais il n'avait pas été tendre quant au temps qu'il venait d'y passer. Puisant dans une volonté tenace, Rabastan releva un regard hagard vers la salle, la vue un peu floue encore, mais repérant tout de même sans difficulté la silhouette de son oncle, toujours assis dans son fauteuil, dans la même position, et fumant désormais paisiblement. Ca ne servait à rien de tenter de se relever tout de suite, il perdrait l'équilibre. De l'humiliante position à quatre pattes dans laquelle il était tombé, puis crispé, Rabastan bascula sur ses fesses, levant la tête vers le plafond en s'efforçant d'inspirer de profondes goulées d'air en dépit de ses côtes douloureuses et du sang qui lui coulait désormais du nez directement dans la gorge. Ce ne fut que lorsqu'il eut retrouvé suffisamment ses esprits pour rechercher le regard de son oncle que celui-ci lui lança un sac de glaçons et un mouchoir épais. C'était une punition qui venait de lui être donnée, inutile d'attendre le moindre soin magique. Avec un regard noir qui aurait pu faire douter ceux qui le connaissaient moins de l'utilité de la dite-punition, le jeune homme s'en saisit, s'essuya sommairement la bouche et le menton et plaça le sac contre sa lèvre gonflée.
-Tu as encore des contre-arguments édifiants à m'opposer ? -Non, gronda son neveux.
Et de nouveau Decius eut son drôle de sourire.
-Bien. Maintenant que nous sommes d'accord sur le fait que tu n'as pas mis tous les moyens nécessaires à reprendre ce qui nous appartient, que tu n'as pas su non plus ordonner tes priorités correctement, et que tu laisses beaucoup trop de marge à tes inférieurs, nous pouvons donc passer à autre chose. Je sais que tu feras le nécessaire pour corriger tout cela.
A quoi ne lui fut répondu qu'un regard plus sombre et furieux encore, la rage rendant plus malsains des yeux rougis par la tension des souffrances infligées.. mais Decius sembla trouver la chose absolument naturelle et satisfaisante. Ce n'était pas la première fois qu'ils se confrontaient au point qu'il faille rappeler qui était encore le chef de la famille, et ce ne serait certainement pas la dernière. La leçon avait été donnée, reçue, et pour autant son neveux semblait toujours aussi réactif: tout allait bien donc.
Suçotant sa lèvre encore sensible sans s'en rendre compte, moins gonflée mais toujours barrée d'une cicatrice pourpre, les sourcils à demi-froncés, le jeune homme regardait sa main dont les doigts tremblaient légèrement : et voilà ce qui arrivait quand on mettait les nerfs à trop rude épreuve. Quand une tuile arrivait, ce n'était jamais seule : il avait vidé son flacon ditany la veille et n'avait pas eu le temps d'en avoir de nouveau. Autant pour la discrétion... Il ne devait pas faire grande illusion. Les yeux perdus dans le vague, cela devait faire une bonne demi-heure qu'il avait complètement oublié le verre plein de bière-au-beurre sur sa table, dans le fond le plus reculé de la salle, l'endroit parfait pour retrouver ses esprits et son calme, alors qu'il avait été dans un état de nerfs prêt à l'explosion tout le court chemin qui séparait la pièce louée par son oncle et les Trois Balais. Qu'on ne vienne surtout, surtout pas lui parler. Et que personne ne fasse un pas de travers qu'il ait à reprendre parce qu'il se sentait comme un fil sur le point de lâcher. Tel qu'il était, il frémissait de la proximité de n'importe qui, il en aurait grondé comme un dogue sous tension. Sans doute cela devait-il se sentir, parce que les autres, justement, n'étaient jamais restés proches bien longtemps et que les deux plus proches tables restaient libres. Si bien que peu à peu, il en était arrivé à cet état de... non pas calme, mais d'équilibre encore très relatif, à ne penser quasiment à rien, les yeux un temps dans le vide, un temps gagné par les tremblements de moins en moins marqués des doigts. Mais même deux tuiles, ce n'est pas assez. Trois c'est le bon chiffre. Et la troisième ce fut deux Poufsouffles de.. Troisième ou quatrième à vue de nez. Et ceux-là visiblement ne comprenaient pas grand chose à la façon dont allait le monde et dont il fallait se comporter quand on était que deux petits cloportes, n'ayant même pas la carrure pour eux. Bref, les deux regardaient trop dans sa direction, attirant son regard comme un aimant. Le plus stupide des deux pris visiblement ça comme un défi puisqu'il se leva et s'avança d'un air décidé dans sa direction. Un crétin, c'était net. Ca devait être un sang-de-bourbe. L'état cotonneux dans lequel il s'était trouvé quelques secondes auparavant régressait dangereusement vers l'énervement le plus primaire. Le deuxième le vit sûrement parce que lui avait un pas moins décidé. Mais le premier...
-Eh bah Lestrange... Tombé sur plus fort que toi ? -C'est vrai ce qu'on dit, les gosses de moldu ont besoin de plus de temps que les autres pour comprendre les choses les plus simples. -Hein de quoi ? -Casse-toi ou tu te bouffes la table.
Décidément il ne comprenait vraiment rien. Il y eut une piètre tentative de sa cervelle pour saisir. Lestrange le vit à l'hésitation du gosse quand leurs regards se croisèrent. Pourtant il ne faisait aucun effort pour avoir l'air aimable cette fois. Et le copain avait l'air de mieux comprendre d'ailleurs parce que lui retint le Poufsouffle par la manche. Mais celui-ci semblait vouloir jouer au Lion... -Ah ouais ?... Eh ben..
Rabastan eut une moue exaspérée. L'instant d'après sa jambe crochetait celles du Poufsouffle qui bascula immédiatement. Lestrange aida d'une main la tête à percuter le rebord de la table.
-Eh bah... tombé sur une table ? On tient plus sur ses jambes ?
Ca ça avait été dit pour ceux qui s'étaient retournés sur le bruit de chute. Il y eut quelques Serpentards qui ricanèrent. Les autres avaient un air méfiant. Mais personne n'avait réellement été témoin de la scène. Rabastan redressa le Poufsouffle un peu sonné et le nez en sang par le col, l'époussetant comme s'il s'inquiétait de son état. Profitant de cette agitation pour persiffler entre ses dents à l'adresse de l'autre Poufsouffle.
-Tu transmettras à ton petit pote quand il aura retrouvé ses esprits de bien fermer sa mouille sur sa mauvaise chute d'aujourd'hui, ok ? Ce serait con que je me prenne une bête réflexion de la part d'un prof, ça me rendrait méchant. Et personne ne veut ça, pas vrai ?
L'autre hocha la tête et s'éloigna rapidement avec son ami. Et voilà.. Encore un dérapage... Mais sérieusement, s'ils n'y mettaient pas du leur aussi... Ca devait pourtant être clair que ce n'était pas la journée... Il avait même fait un effort : il avait gentiment averti le sang-de-bourbe qu'il devait se barrer. Tant pis s'il était trop con pour suivre les plus élémentaires conseils...
Il y a parfois une justice... au moins une petite !