Sujet: Rabastan ... à l'école ! =) Mer 17 Avr - 19:56
Bon voilà, c'est pas vraiment un rp, c'est juste un petit délire sur Rab gosse, en cours d'école moldue privée britannique. ^^ Et comme je pense pas pouvoir le replacer ailleurs... VOilà :
Pour Rabastan, c'était définitif : les Moldus croyaient vraiment n'importe quoi. L'institutrice leur racontait souvent des histoires, mais tout le monde savait que c'était des contes. Ce jour-là en revanche, il paraissait que c'était la vérité. De toute manière, même si ça avait été un conte, ça aurait été n'importe quoi.
C'était l'histoire d'un charpentier. Barbu , chevelu et vêtu comme un pauvre d'après l'image qu'elle leur avait montrée. Alors le charpentier, il faut le préciser, était né d'une vierge. Une vierge, oui, oui... Et ça ne choquait visiblement aucun des autres enfants de la classe. En même temps ils n'avaient pas l'air d'être très malins parce que certains croyaient que les bébés sortaient de choux, de roses ou étaient apportés par des cigognes.. Les Moldus... En tous cas un jour le Charpentier était allé cherché ses petits copains les pêcheurs et autres artisans du coin et ils avaient décidé d'aller répandre "la bonne parole" rien que ça. S'ensuivait une série d'anecdotes plus absurdes les unes que les autres dont la manipulation d'une légion de porcs démoniaques qu'ils avaient poussé à sauter du haut d'une falaise. Chacun ses hobbies. Enfin à un moment, le Charpentier avait commencé de casser les oreilles des chefs du coin, les Romains, qui n'aimaient pas beaucoup la "bonne parole", preuve qu'elle ne devait pas être si "bonne" que ça. L'un d'entre eux voulut faire taire Jésus en lui filant une claque et là... Le Charpentier avait fait un truc complètement stupide : il avait tendu l'autre joue. Face à ce geste qui pouvait décemment faire douter n'importe qui sur la bonne santé mentale de Jésus, ou alors qui pouvait être une provocation débile face à plus fort que soit, les Romains avaient eu la réaction probablement la plus censée de toute l'histoire : ils l'avaient crucifié en haut d'une colline. Là-bas, le charpentier était mort à petit feu en voyant défiler tout son petit monde venant religieusement pleurnicher, mais certainement pas le décrocher. Bref ! Il était mort. Mais oui mais non car : tadadaaa ! Il était ressuscité ! Par papa-dieu-qui-est-aux-cieux. Comme quoi il avait bien un père finalement. Alors l'autre "vierge" avait vraiment raconté des craques. Et Jésus montait au ciel même, apparemment sous la forme d'une petite colombe (s'il avait été animagus, effectivement ce con de piaf lui aurait correspondu tout à fait). Et d'ailleurs sa mère aussi finissait par monter au ciel, la même soi-disant "vierge". Laquelle était censée être née d'un baiser d'ailleurs : les moldus à l'origine de l'histoire n'avaient visiblement rien compris au processus de procréation, décidément. Cela dit ces histoires de montée au ciel.. du fils et de la mère.. Et l'institutrice avait fini par "Amène". Ce n'était pas la première fois qu'il les entendait dire ça, mais "amener" quoi il n'avait jamais compris. Il n'avait pas pu s'empêcher de renifler, alors qu'enfoncé dans son siège, il balançait ses jambes contre les pieds de la table d'un air de suprême mépris.
Bien sûr l'enseignant n'avait pas apprécié. Elle avait demandé qu'il dise tout haut ce qu'il pensait. Ce qui lui avait valu un nouveau reniflement. A quoi elle avait répondu en insistant. Il avait alors daigné lui répondre :
"C'est n'im-porte-quoi."
Elle était devenue blanche. L'avait décrété puni. Il s'était redressé d'un coup, blanc de rage à son tour et avait persifflé :
"Vous êtes sûre ? Parce que je ne m'appelle pas Jézu. Moi."
Elle l'avait puni. Il avait passé le reste de la journée à la fixer sans pouvoir se départir d'une fureur d'autant plus forte qu'il était persuadé d'être victime de la plus grande absurdité.
Sujet: Re: Rabastan ... à l'école ! =) Dim 23 Juin - 17:32
Raboud'chou à l'école - Suite : Episode 2
"Non, Professeur. Je ne peux certainement pas appeler la police pour ça ! - Mais il a tué mon chat ! - Vous n'avez aucune preuve. Mais qu'est-ce-que vous vous imaginez ? Bonjour commissaire, nous pensons qu'un enfant de sept ans a tué le chat de son institutrice parce que celui-ci a disparu et que la gamin a fait un vilain dessin à l'encre rouge. - C'est du sang ! - Vous n'en savez rien. Et ils ne vont certainement pas mettre les scientifiques de la crim' là-dessus. - Je vous dis que ce garçon est dangereux ! Il fait peur à tous les élèves. - Ce n'est pas un crime de faire peur. Et si vous êtes si inquiète, rappelez l'assistante sociale ou faites appel à un psy pour enfant. Et prenez-en un pour vous tant que vous y êtes ! Avoir peur d'un gamin.... Vous filez un mauvais coton. Mais il est hors de question d'appeler la police pour une histoire pareille ! L'affaire est close."
Affligée, secouée, elle sortit de la pièce et tomba nez-à-nez avec le garçon qu'elle avait traîné jusque devant le bureau du directeur. Il se tenait sagement dos au mur, mains dans les poches. Les regards s'échangèrent. Il eut un sourire sinueux. Le sale petit monstre... Il savait parfaitement qu'il ne risquait rien.
Vingt minutes plus tôt, Rabastan se trouvait dans la file des élèves lui apportant le dessin qu'ils devaient faire durant le week-end. Et quand ce fut son tour :
"J'ai mis du temps à le faire mais... je suis content du résultat. Vous voyez ?... C'est un chat..."
L'enseignante réalisa que c'était la première fois qu'elle le voyait sourire réellement. C'était pourtant un vrai sourire d'enfant, large et sans restriction, les yeux pétillants. Seulement rien y faisait : elle avait une impression de... de grincement, quelque chose n'allait pas dans ce sourire, et elle n'arrivait pas à définir quoi. Quelque chose dans les yeux peut-être. Aucune complicité, encore moins d'innocence, juste l'avidité la plus complète. Pourquoi de l'avidité ? Elle avait fini par baisser les yeux sur le dessin. Ça ressemblait effectivement à un chat, ni mieux, ni moins bien fait que les dessins des autres enfants. Juste un chat debout sur ses quatre pattes, avec une petite auréole et une croix au-dessus de ses oreilles pointues, pourtant curieusement plus sinistre que le "papa soldat" qu'avait fait l'un des plus difficiles élèves de la classe. Seulement, là où ceux des autres étaient colorés, voire trop bariolés, ce dessin-ci ne variait que dans un ton de camaïeu : d'un brun presque noir à un jaune orangé, en passant par des tons rouges profonds. C'était du sang ! Elle en était absolument certaine. Le sang de Copernicius, son adorable petit chat qui avait disparu.... le jour elle avait puni Rabastan. Elle avait relevé des yeux horrifiés sur le gamin. Jamais elle n'aurait parié que c'était possible quelques secondes plus tôt, mais son sourire s'était très nettement élargi, dévoilant toutes ses jeunes quenottes, fermement serrées sur un rire qui ne demandait visiblement qu'à sortir. Trop grand le sourire, il donnait l'impression qu'il y avait trop de dents. Un sourire de petit crocodile.
Elle l'avait emmené jusque devant le bureau du directeur. Mais pourquoi ? Elle s'était faite vertement recevoir. Que dire ? Elle ne pouvait pas perdre la face. Pas face à "lui". Elle prit une inspiration profonde. Le punir ? Qu'est-ce-qu'il inventerait cette fois-là ?... Il aurait fallu pourtant. Lui montrer qui était l'adulte. Mais elle n'avait pas le cran. Quelque chose lui disait qu'il n'hésiterait pas une seule seconde à aller plus loin encore cette fois. Elle aurait pu appeler les parents : la mère avait certes l'air de regarder toutes les personnes qui l'entouraient comme si elles étaient les derniers des cafards et de considérer son fils comme un dieu miniature, mais le père avait l'air raisonnable et compréhensif. Mais justement. Le gosse prendrait cela comme une punition sûrement. Elle coupa la poire en deux.
"Le directeur a estimé que tu avais besoin d'un psychologue. Cette attitude ne peut pas continuer. Un enfant "nor-mal", ne se conduit pas de cette façon. Je vais faire un mot pour tes parents pour qu'ils soient au courant."
Rabastan ne répondit que par un reniflement dédaigneux et amusé. L'avidité avait disparu du regard : n'y restait plus qu'un mépris magistral.
"Oh méfie-toi jeune homme, ça n'a rien d'une plaisanterie. Tu n'as rien à dire ?"
Il la regarda droit dans les yeux, les fossettes se creusèrent comme son sourire revenait, s'allongeait. Et finalement :
Sujet: Re: Rabastan ... à l'école ! =) Dim 21 Juil - 20:11
Episode 3 - La nouvelle élève
La petite boulotte commença d'avancer entre les tables sans trop oser rencontrer les regards curieux posés sur elle. Déjà des chuchotis se faisaient entendre. Pas flatteurs. C'est qu'elle n'avait pas son apparence pour elle avec son uniforme trop petit qui marquait des formes replètes, sa frange qui lui tombait sur les yeux et ces mêmes yeux cachés derrière une paire d'impressionnantes lunettes. Très pâle, elle avait ce matin-là surtout l'air très rouge, le sang de la gêne et de la timidité lui étant monté aux joues, au cou et jusqu'aux oreilles. Quelqu'un d'un peu observateur aurait probablement pu voir qu'en réalité se trouvait là un futur cygne, une superbe créature blonde aux yeux splendides. Mais il n'y avait pas d'observateurs avisés dans la salle de classe. Joan Gambles, puisque c'était le nom de la nouvelle, s'arrêta à côté d'un élève qui ne la regardait pas, ayant l'air au contraire très absorbé par le tableau noir où rien n'était encore écrit pourtant. Elève qui, curieusement, n'avait pas de voisin. A cette époque de l'année pourtant, tous les groupes d'amis sont déjà formés. La fillette ne se posa pas la question. La seule chose qu'elle voyait c'était une place libre à côté de la seule personne qui ne la scrutait pas comme un animal étrange. Elle fit un mouvement vers la chaise vide tout en demandant poliment :
-Je peux m'assoir là ? -Non.
Elle eut un blanc. Le garçon ne l'avait même pas regardée, mais c'était un "non" catégorique, tranché, sec. En fait le garçon ne la regardait toujours pas si bien qu'elle se demanda un instant si elle avait bien entendu. Le directeur en revanche, toujours à côté du bureau de la maîtresse, lui n'en douta pas.
-Oh enfin ! Bien sûr que si tu peux t'assoir là. -Si je puis me permettre monsieur le directeur, l'interrompit l'institutrice d'une voix gênée, il y a encore d'autres places et... -Et elle peut s'assoir à n'importe laquelle, y compris celle-ci, que son voisin soit d'accord ou non.
Prenant une inspiration, encouragée par le ton assuré du directeur, Joan tendit la main, la posa sur la chaise et se retrouva soudainement face au regard du garçon. Si les yeux pouvaient tuer... Il venait de tourner la tête brutalement comme si elle venait de franchir une frontière invisible mais sensible et la toisait désormais avec une agressivité glaciale non déguisée.
-Je.. Je peux m'assoir ailleurs. -Non assieds-toi là. Le directeur semblait déjà exaspéré, jetant des coups d'œil fréquents à sa montre. -Nous n'allons pas passer des heures sur cette affaire ! Allez Miss Gambles ! Tout de suite !
Joan s'exécuta, mal à l'aise, sous le regard furieux de son nouveau voisin de table. L'institutrice semblait étrangement mal à l'aise. Le directeur au contraire paraissait tout à fait satisfait.
-Bien. Et c'est inutile de bouder Monsieur Lestrange. Quand on est un jeune homme bien éduqué, on accueille correctement les... -Binoclarde. -Monsieur Frames !
C'était à un autre garçon qui venait de se faire reprendre par le directeur, du ton de celui qui sait qu'il fait face à un adversaire redoutable et auquel il ne faut laisser aucune chance. Autant le premier garçon se tenait dédaigneusement droit, autant celui-là semblait mettre un point d'honneur à avoir l'air le plus avachi possible. "Monsieur" Frames avait ce qu'on appelle communément une gueule d'ange, avec ces cheveux blonds en bataille, ses grands yeux clairs et ses fossettes qui ponctuaient son large sourire. Il avait même le teint mat pour finaliser l'antithèse de "Monsieur" Lestrange, lequel était pâle, la tignasse noire et ordonnée, avec des yeux assez sombres pour qu'on en oubliât qu'ils étaient bleus. La seule chose qu'ils pouvaient avoir en commun était leur haute taille, encore qu'il était difficile de s'en rendre compte à ce moment-là, dans la position négligée qu'arborait Frames. Néanmoins, qui dit gueule d'ange dit souvent tête à claque et dans le cas de Frames, c'était le jackpot. Le blondinet semblait n'avoir pas entendu le directeur et arborait un sourire goguenard à l'adresse de la nouvelle, entre deux rapides coups d'œil à son parterre de spectateurs. Les autres élèves semblaient avoir l'habitude des "spectacles" de Frames parce qu'ils semblaient tous attendre impatiemment la suite, souriant d'avance des moqueries qui tomberaient inévitablement.
-Pourquoi elles sont si grosses, tes lunettes ?, demanda-t-il en prenant un ton boudeur. -Monsieur Frames ! Taisez vous immédiatement. Vous aurez une ;.. -C'est pour cacher ta tête de gros cochon ro-seuh..., acheva Frames tout en élégance, relevant son nez avec le majeur en une grimace grotesque et en roulant des yeux. -Punition !, finit dans un cri exaspéré le directeur.Je veux vous voir dans mon bureau dans.. Mais Frames semblait estimer que les adultes n'existaient pas : -Regardez elle rougit ! Elle pourrait briller dans le noir ! Hein Gyrophare ?! Tululutt ! Tululutt ! Et voilà le blondinet partit dans une imitation de sirène insupportable.
Ce fut le cirque. Les enfants riaient trop fort, ou lançaient leurs propres moqueries. Les adultes criaient pour tenter de ramener un calme que le fameux Frames prenait un malin plaisir à battre en brèche. Joan baissa la tête vers son bureau, se sentant plus rouge que jamais et les yeux humides. Tout du long, son voisin n'avait pas ri, s'était même fendu d'un reniflement méprisant au "cochon ro-seuh". Il se tenait droit, le regard fixé devant lui, comme ignorant superbement ce qui l'entourait, l'expression parfaite du mépris le plus complet accrochée au visage. Et au milieu de l'agitation, Joan crut l'entendre grincer entre ses dents "Bande de macaques..." Elle ne put s'empêcher d'avoir un élan de reconnaissance pour cette insulte à l'adresse de ceux qui se moquaient déjà d'elle, oubliant l'accueil froid qu'on lui avait réservé.
***
Cela faisait désormais presque cinq semaines qu'elle était arrivée dans sa nouvelle école et rien n'était jamais venu faire oublier le premier jour. Tout avait empiré plutôt. Sans savoir pourquoi, elle était passée du statut de bouc émissaire de la classe à celui de victime officielle de l'école. Elle avait tenté de chercher le soutien de ses parents mais ceux-ci semblaient estimer que ce n'était pas bien grave, qu'après tout cela ne faisait que quatre semaines, qu'elle pouvait faire un effort pour se trouver des amis pour changer et que bon sang Joan ne reste pas devant la télé ! Elle avait les tripes nouées chaque matin en se rendant à l'école et appréhendait chaque récréation, chaque pause, chaque passage dans les couloirs, la cantine... Le seul moment où elle se sentait plus en sécurité, c'était en classe. Non pas en raison de la présence de la maîtresse mais plutôt celle de son voisin. Il n'y avait eu qu'un seul incident : Rabastan, puisqu'il s'appelait comme ça, avait reçu par hasard une boulette de papier qui était destinée à la petite blonde. Joan avait été surprise de voir le lanceur de boulettes pâlir immédiatement. Elle s'était retournée pour voir Lestrange jeter un regard meurtrier au gamin. Qui n'était pas revenu le lendemain à l'école. Apparemment, il avait fait une mauvaise chute en rentrant chez lui. Mais plus personne n'avait essayé de lui lancer quoi que ce soit depuis. Les autres élèves avaient l'air de se méfier de son voisin comme de la peste. S'imaginant que peut-être il les avait menacé, elle avait tenté maladroitement de le remercier. L'autre s'était à moitié étouffé d'indignation en rétorquant que jamais, et pour rien au monde, il ne défendrait une "Moldue". Le mot semblait lui avoir échappé sans qu'il le veuille vraiment, mais depuis ils n'avaient plus échangé un seul mot. Lui de toute manière agissait toujours comme si elle n'existait pas. Joan de son côté s'était sentie mortifiée face à ce qu'elle avait pris pour une insulte, de la part du seul élève de sa classe à ne pas la tourmenter. Les autres n'étaient pas tous vraiment méchants, mais personne ne voulait être dans un autre camp que le fameux Frames. Et Frames avait décidé qu'elle serait sa cible préférée. C'était pareil en sport. Tout le monde voulait être dans l'équipe de la petite gueule d'ange populaire. Personne ne voulait être dans celle de Lestrange. Ni celle de Joan. Elle avait d'ailleurs tenté au début plusieurs approches, comptant sur le fait que peut-être, rejeté comme elle, il devait se sentir seul... Entre "freaks", sûrement, on pouvait se comprendre ? Elle s'était faite renvoyée sèchement dans les cordes. Une fois il l'avait frappée en l'assurant que c'était un avertissement si jamais elle tentait de nouveau de "l'importuner". Ce n'était pas vraiment par peur qu'elle n'avait rien dit à personne. C'était par honte d'avoir échouer, une fois de plus, à se faire un ami.
Pour l'heure, Joan attendit dans l'ombre du mur que le groupe de petites filles modèles passe sans la voir, puis se glissa le plus vite possible derrière le bâtiment de la cantine. L'endroit où il n'y avait quasiment jamais personne. Sauf ceux qui faisaient des choses interdites ou qui jouaient à cache-cache. Mais même ceux-là n'aimaient pas beaucoup parce que même si aucun adulte n'avait de visibilité pour surveiller les lieux. En revanche on y trouvait souvent Lestrange, la plupart du temps occupé à des activités incompréhensibles. Cette fois ne fit pas à exception à la règle. Tandis qu'elle tournait l'angle pour se retrouver sur l'espèce d'étroit terrain vague dissimulé par la cantine, elle ne parvint pas à identifier ce à quoi était occupé son voisin de classe. Elle le voyait pencher sur le sol, manipuler des petites branches là, craquer une allumette là – on avait le droit d'avoir des allumettes à l'école ?– ou sortant un petit couteau – ça n'était pas autorisé non plus si ?- pour quelque chose qu'elle n'arrivait pas à discerner. Joan décida qu'elle allait oublier le "Moldue". De toute manière personne n'avait su lui expliquer ce que voulait dire l'insulte. Elle allait tenter de renouer le dialogue. Ou plutôt tenter de le nouer tout court.
-Qu'est-ce que tu fais ?
Il ne lui répondit pas et se contenta de l'ignorer. Elle décida de le découvrir par elle-même. Quelques secondes d'observation et... Elle réalisa qu'ils étaient sur une fourmilière et qu'il y avait des pièges partout, des pièges à fourmis. Et Rabastan semblait s'appliquer à en dresser d'autres et à déclencher ceux qui avaient besoin de l'être. Les fourmis survivantes s'agitaient en tous sens, paniquées. A l'air qu'il arborait, les yeux brillants et un long sourire satisfait aux lèvres, il paraissait bien s'amuser.
-Je peux jouer avec toi ? -Non. -Mais.. -Vas t'amuser avec tes congénères. -Mes quoi ? -Tssss... -Tu parles des autres ? … …. Ils m'embêtent tout le temps. Ils... Est-ce que je peux... -Dégage. Maintenant.
Joan se mordilla la lèvre, blessée de se faire de nouveau rejeter aussi sèchement. Elle commença de faire demi-tour, le pas lent sans trop savoir où aller, n'ayant pas la moindre envie de tomber sur l'un des autres... La pause du déjeuner lui paraissait tellement longue. Oui mais non ! La petite blonde venait de relever la tête et serrer les poings, emplie d'un soudain sentiment de détermination. Elle allait lui montrer qu'elle savait jouer. Elle ne passerait pas l'année toute seule. Elle aurait un ami cette fois. Elle se retourna et l'observa faire, tuer et tourmenter les fourmis. Joan plissa le yeux et réfléchit, puis alla chercher une pierre. Revenant avec sa trouvaille, elle s'appliqua à ne pas le regarder, à ne pas vérifier s'il l'avait vue revenir ou pas et surtout à ne pas croiser un nouveau regard de rejet. Elle s'assit à quelques mètres à une autre sortie de la fourmilière, inspira profondément et entreprit consciencieusement de ruiner la vie des petits insectes. Ce qui s'avéra très vite beaucoup moins facile qu'elle ne le pensait. Les fourmis surgissaient de partout. Elles étaient si nombreuses que rien ne semblaient les perturber longtemps. Et d'ailleurs elles semblaient savoir réagir de mieux en mieux aux dégâts qui la pierre leur infligeait. Prise au jeu mais agacée de ces échecs, Joan se mit à marteler furieusement la fourmilière.
-Pas comme ça ! Tu vas tout boucher ! Et elles vont se planquer sous terre. On ne pourra plus rien en faire pendant des heures !
Les joues rouges d'avoir sursauté, la petite fille tourna la tête vers Rabastan, un air réprobateur au visage. Il l'avait donc bien regardée faire alors. Intérieurement elle sauta de satisfaction d'avoir au moins réussi ça. Elle sauta sur l'occasion.
-Désolée. Alors tu veux bien jouer avec moi ?
Le garçon fronça de nouveau les sourcils et la toisa. A tous les coups il allait encore la renvoyer.
-Non. Par contre, si tu tiens vraiment à rester là, tu peux faire ce que je te dis. -Comme quoi ? -Tu obéis c'est tout. -T'es vraiment bizarre...
Rabastan estima apparemment que cela ne méritait pas la moindre réponse. Joan soupira. Mais elle n'était fondamentalement pas d'une nature pessimiste et, quoi qu'il en dise et quelle que soit la manière dont il en parlait, il avait quand même finalement accepté qu'elle reste avec lui. Elle n'était plus seule ! Et surtout, son ami à elle c'était précisément le garçon qui faisait peur à tout le reste de l'école ! Ah ! Ils allaient voir ! C'était fini les Gyrophare et Cochonou !
-D'accord ! Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce que je dois faire ? -Je vais cramer leurs larves, mais pour ça, d'abord...
***
Monsieur Gambles ne venait jamais à la sortie de l'école. Il estimait que rentrer seul à la maison était une forme d'éducation pour les enfants, pour ses filles. La vérité c'était surtout qu'il ne supportait pas les sorties de classe et l'impression de se retrouver noyer sous des vagues d'enfants brusquement libérés de leurs contraintes scolaires. Mais parfois, nécessité fait loi. Pourvu que le môme sortît vite au moins, pour ne pas subir toute la marmaille. Quand il repéra celui qu'il cherchait, celui qui devait être ce qu'il cherchait, Monsieur Gambles se rua donc pratiquement sur le petit garçon, bousculant quelques parents et enfants au passage, sans trop se soucier des commentaires.
-Oh ! Eh attends petit ! Tu dois être l'ami de Joan ? -Non. -Tu n'es pas Rabastan ? -Si. -Bah.. Alors tu es l'ami de Joan ? -Non.
Gambles se sentit perdu. Il était pourtant certain que Joan lui avait dit que son ami s'appelait Rabastan. Pourtant le gosse venait de dire que non. Et Rabastan... Un nom aussi bizarre il ne devait pas y avoir dix milles gamins pour le porter. Tant pis. Peut-être que sa fille se racontait encore des histoires, alors qu'elle restait absolument incapable de se faire le moindre ami. Qu'elle avait raconté un mensonge. Mais quoi qu'il en soit, si elle avait parlé de lui, alors ce Rabastan devait pouvoir répondre à ses questions.
-Bon écoute, si je.. -Qui êtes-vous ?
L'homme releva la tête et se sentit de nouveau stupide. Mais cette fois c'était à cause de la femme qui venait d'arriver. Grande, les cheveux de cuivre, une attitude d'aristocrate qui sentait la vieille, très vieille et très riche noblesse. Elle venait probablement du château perdu au bord des falaises. Belle, mais avec des yeux qui vous indiquaient clairement que vous apparteniez à la même catégorie que les cloportes. La femme posa une main manucurée aux longs ongles rouges sur l'épaule du garçon. Gambles se rendit compte de l'effet qu'il devait offrir lui-même avec ses cheveux hirsutes, son air tendu et nerveux, et la façon dont il avait abordé le gamin. Il arbora donc le sourire le plus chaleureux possible, en vue de rassurer celle qui devait être la mère.
-Ah ! Bonsoir Madame. Vous devez être la mère de Rabastan. Je suis le père de Joan. Enchanté.
Il tendit la main. Pour rien. Mère et fils se contentèrent de l'observer silencieusement avec un dédain évident. Putain d'aristos ! Sauf qu'il avait besoin de réponses.
-Ehm... Ecoutez, ne vous méprenez pas. Je voulais juste demander à votre fils si... S'il n'avait pas remarqué des choses... Des choses bizarres que Joan ferait en ce moment... Enfin.. -Des choses.. "bizarres" ? -Oui des choses.... Bizarres. Inhabituelles. Des comportements.. hem... Eh bien,.. Enfin.. Vous voyez ? -Non je ne vois pas. -Ecoutez je veux juste savoir si... si le problème de ma fille... Enfin si c'est juste chez nous ou bien si à l'école aussi.. -Rabastan, as-tu remarqué quoi que ce soit de bizarre chez cette... fille ? -Non. -Voilà qui est clair. Au revoir.
La femme et le garçon s'étaient déjà détournés et aucun ne daigna s'arrêter lorsqu'il les rattrapa. Il faudrait parler, convaincre, en marchant.
-Attendez ! L'autre jour.. Joan... -Je n'ai pas de temps à perdre. -Elle a tué le hamster de sa sœur. -Et puis ? -Elle a tué un hamster ! Les petites filles ne font pas ce genre de choses. -Oh c'est absolument terrible, vraiment. Au ton qu'elle utilisa, on aurait plutôt cru qu'il lui avait parlé tricot. -C'est tout ? Parce que je.. -Et ensuite, lorsque sa mère et moi l'avons punie pour ça, elle... Elle s'est mise à crier que c'était injuste. J'l'avais jamais vue comme ça et... D'un coup... Toutes les glaces et tous les miroirs de la maison ont … explosé. C'était.. -Bizarre ? Dites-moi, vous pensez vraiment que tout ça vient de votre fille ? Vous ne vous êtes jamais dit que ça venait peut-être de "vous".
Gambles n'aurait jamais cru pouvoir percevoir autant de mépris dans ce simple mot "vous". Pourtant la façon dont elle l'avait prononcé suait le dégoût qu'elle ressentait sans la moindre erreur d'interprétation possible. Ce fut sans doute pour cela qu'il ne remarqua pas le fugace froncement de sourcil du garçon ou l'éclat de compréhension dans les yeux de la mère. Ces signes discrets qui auraient pu lui indiquer que ses deux interlocuteurs avaient leurs propres hypothèses au sujet de ces vitres et miroirs qui avaient explosé au paroxysme de la colère de Joan. Mais l'homme était trop soufflé par le mépris dont il était la cible, tiraillé entre l'envie de réagir et celle d'arriver à convaincre.
-De moi ? Mais je.. -Vous vous entendez ? Vous venez perturber mon fils avec vos histoires, vous me racontez des sornettes que personne ne croirait. -Mais je.. -Assez. Je ne sais pas ce qu'il en est de votre fille, mais "vous" êtes bizarre. Alors je vous préviens, si j'apprends que vous vous êtes encore approché de mon fils, je vous le ferai regretter. Ne nous importunez plus.
Et elle le planta là, sidéré et plus perdu que s'il avait dû subir dix sorties d'école d'affilée.