Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Mer 3 Avr - 14:57
Il découvrit la volière dès le lendemain matin, ainsi que les Scouthibou, les hiboux de l’école toujours prêts, et mis à la disposition des élèves qui n’avaient pas leur propre animal. Et c’était heureux, car jusqu’à présent, Ludovic ne s’était pas demandé comment il allait envoyer ses lettres à Joyce, croyant que les sorciers utilisaient la même poste que les non-sorciers.
La routine de l’école se mit bientôt en place, même si le garçon attira bientôt une partie des regards de ses camarades, attisant leur attention ou leur jalousie. Il avait d’excellentes prédispositions dans la majorité des matières, à l’exception du vol et de la botanique, où sa maladresse éclatait au grand jour. Était-ce sa faute si son balai s’obstinait à ne pas voler droit ou à foncer sur ceux des autres, si les pots de terre lui échappaient des mains ? En revanche, les potions, qui demandaient pourtant de la minutie, ne lui posaient aucun problème : il était doué en chimie, et le dosage des ingrédients magiques, la concentration qu’ils requéraient, tout cela n’avait rien de bien nouveau pour lui. L’apprentissage des sortilèges permit à Ludovic de se découvrir une nouvelle spécificité, sans doute due à son intelligence particulière. Lorsqu’un professeur employait un sort, le garçon le percevait en lui, en comprenait la structure, la puissance, la « forme ». Le fonctionnement, tout simplement. Il ne s’agissait pas vraiment de sensibilité, mais plutôt d’une sorte d’utilisation intuitive de la magie, comme si Ludovic ressentait les sorts, en saisissait le mécanisme profond, l’essence même. Dans le monde moldu, on aurait pu en partie associer cela à certaines caractéristiques des autistes, qui lient les émotions ou les mathématiques avec des couleurs, les décrivent ainsi. Ludovic agit un peu de la même façon en transformant les sorts en combinaisons mentales, qui les lui rendent beaucoup plus faciles à utiliser. En gros, il suffit d’utiliser un sort devant lui pour qu’il le réécrive dans son esprit et soit capable de le restituer en usant de cette combinaison. Il s’agit de la même intuition que celle qu’il a pour les mathématiques, qui les lui rendent évidentes. Ce don ne va évidemment pas sans contrepartie ; les nuances des sorts peuvent l’atteindre. Ainsi un sort trop puissant, ou lié à la magie noire, peut le rendre malade sur le moment. Si on reprend l’exemple des couleurs, ces sorts donnent à ses combinaisons des teintes trop violentes ou beaucoup trop sombres, presque malsaines, auxquelles le garçon est sensible. L’habitude d’utiliser de tels sorts peut le rendre moins malade, ainsi que le fait qu’il maîtrise mieux sa magie au fil des années. De même, cette intuition lui est utile lorsqu’il désire créer ou améliorer un sort : plutôt que de travailler la magie, il joue sur la combinaison jusqu’à obtenir exactement ce qu’il désire, ce qui rend l’exécution du nouveau sortilège beaucoup plus aisée.
La distraction de Ludovic lui a aussi joué des tours à Poudlard. Sa capacité à s’absorber dans ce qu’il fait lui a souvent fait oublier de se rendre en cours, ce qui lui a attiré des punitions et des retenues. Trop souvent plongé dans un livre passionnant qui lui permettait d’approfondir ses cours, il sautait les leçons, les repas parfois, et en omettait de dormir, ou rattrapait les heures de sommeil manquantes sur les horaires des leçons dont il estimait pouvoir se passer. Certains enseignants lui ont clairement fait comprendre qu’il devait faire attention et se concentrer davantage sur ses obligations d’étudiant. Un autre problème, qui a découlé de cela, a été le fait qu’il s’est souvent ennuyé en cours. Il ne refait jamais la même erreur ; aussi entendre les professeurs répéter plusieurs fois les mêmes choses, montrer encore et encore les mêmes sorts l’ennuyait profondément. Là encore, nulle vanité de sa part ; les choses étaient ainsi. De nouveau, il prenait de l’avance sur ses camarades, et mettait souvent à profit ses cours pour faire ses devoirs ou travailler sur autre chose, écrire à Joyce, reprendre ses chères mathématiques, ou se pencher sur un problème d’échecs. Les jumeaux s’écrivaient de façon toujours assidue, Joyce en demandant toujours plus sur le monde de Poudlard, et Ludovic ne se privant pas de tout lui décrire, avec netteté et précision, au point que ses lettres avaient parfois l’allure de compte-rendu scientifiques. Même avec sa sœur, il ne parvenait pas vraiment à mettre ses émotions par écrit, ou rarement. En revanche, impossible de mettre en doute la fiabilité du moindre détail, tant la rigueur du garçon était visible. Les lettres prenaient aussi un caractère plus pédagogique : Ludovic continuait de donner des exercices à sa sœur, de compenser son absence de scolarité. Le garçon se sentait également coupable de la vie qu’il menait à Poudlard, dans l’immense confort du château : les grands lits à baldaquins, la vaisselle d’or, le feu tous les jours dans les cheminées, la place pour ranger ses affaires, les elfes de maison qui se chargeaient de toutes les corvées ménagères. Pour quelqu’un qui vivait depuis des années dans un logement qui ne dépassait pas les dix mètres carrés, dormait sur un vieux matelas avec une couverture trouée, en se gelant dès que la température baissait un peu, mangeait quand il pouvait en piochant une assiette dans la pile de vaisselle sale posée dans l’évier, et que chacun lavait quand bon lui semblait –les jumeaux s’en chargeaient la plupart du temps, d’ailleurs, car ils étaient ceux qui mangeaient le plus souvent à la maison, John et William étant souvent absents ou arrivant pour mettre les pieds sous la table–, et rangeait ses vêtements dans un petit coin de placard quand ils ne s’empilaient pas sur le sol, c’était le paradis. Ludovic aurait vraiment voulu en faire profiter Joyce, et culpabilisait de profiter à ce point du château, même si cela lui fut aussi salutaire en lui permettant de se nourrir décemment, de prendre un peu de poids, et de dormir normalement, sans craindre les hurlements de son père et les réveils en sursaut. Il trouva cependant rapidement le chemin des cuisines, et prit l’habitude d’y passer régulièrement pour y prendre des choses qui pouvaient se conserver et qu’il envoya à Joyce.
La vie n’était pourtant pas toute rose à l’école. Ludovic apprit vite les différences de sang entre les sorciers, les hiérarchies établies, et qui lui paraissaient complètement absurdes. Elles ne reposaient sur aucun fondement scientifique valable, et lui rappelait en outre une période récente de l’histoire moldue, encore fraîche dans de nombreux esprits. Au final, contrairement au monde moldu, ce n’était pas tant l’argent qui définissait les relations (même s’il y contribuait pas mal), mais la « pureté » du sang et la valeur qu’on lui accordait. Qu’on le considère comme un moins que rien ne le dérangeait pourtant pas, il avait vu pire dans les rues de Londres. Il subit cependant un certain nombre d’avanies de la part d’autres élèves, jaloux de son intelligence et de ses notes ou rejetant son sang « impur ». Ainsi, certains prenaient un malin plaisir à dissimuler ses affaires, à jouer avec elles. Deux histoires marquèrent le garçon : la première fut que des élèves lui piquèrent son précieux jeu d’échecs (précieux dans le sens sentimental ; le jeu était bien trop vieux et usé, ayant souffert de l’humidité, pour avoir une quelconque valeur marchande ; certaines pièces n’étaient même pas d’origine) pour le cacher quelque part dans le château. Ils lui proposèrent ensuite le défi suivant : Ludovic avait trois heures pour faire la preuve de son génie et retrouver le jeu dans l’école, sinon il pouvait lui dire définitivement adieu. Le garçon n’eut d’autre choix que de relever le gant. Et de remporter le défi : il connaissait un peu les élèves qui lui avaient posé l’ultimatum. Cela, ainsi que quelques indices, lui permirent de retrouver son échiquier à temps. Après cela, certains élèves se calmèrent tandis que les autres s’opposèrent encore plus violemment à lui. La seconde affaire fut qu’on trouva et vola une partie de sa correspondance avec Joyce, toujours très abondante, où il lui racontait la vie à Poudlard, et où celle-ci évoquait leurs conditions de vie ou le remerciait pour ses leçons. De larges extraits circulèrent dans tout le château, et les plaisanteries durèrent un moment sur les jumeaux miséreux et le « professeur » Ludovic. Le garçon en fut blessé, non pour lui-même, l’humiliation lui passa en partie au-dessus de la tête, mais pour Joyce, qui fut raillée par les autres étudiants, dont certains ne se privèrent pas de rappeler à Ludovic qu’il n’avait pas sa place à Poudlard et qu’il ferait mieux de retourner vivre dans son taudis. Ce fut l’une des premières fois que le garçon, touché dans sa sensibilité, s’énerva vraiment pour défendre sa sœur. Ce que les autres ne manquèrent pas de remarquer et utilisèrent par la suite contre lui.
Retourner chez lui pour les vacances de Noël fut une étrange expérience pour Ludovic. Il avait en partie oublié à quel point leur logement était misérable, malgré les lettres de Joyce. Il fut cependant profondément heureux de retrouver sa sœur, qui lui manquait toujours autant. Elle partagea sa joie, le remerciant encore de ce qu’il faisait pour elle, alors que le garçon aurait voulu en faire davantage. Tous deux passèrent une partie des vacances à se promener dans les rues enneigées de Londres, aussi loin que possible de John et de William, dont le comportement à l’égard de Ludovic n’avait guère changé, d’autant plus que la perte de la bourse du garçon n’arrangeait absolument pas les affaires de son père. En guise de cadeaux de Noël, les jumeaux s’offrirent mutuellement une part de crumble aux pommes, en souvenir de leur enfance, et des pulls, ornés de deux ailes blanches dans le dos, scellant de nouveau leur pacte : ils arriveraient à prendre leur envol ensemble et à changer de vie, en s’épaulant toujours. Ils prirent soin de les choisir bien trop grands pour eux, afin de les garder le plus longtemps possible. Ludovic confia également à Joyce l’un des cavaliers de son jeu d’échec, dont il avait légèrement modifié les traits pour qu’il lui ressemble un peu. « C’est celui qui me ressemble le plus…il n’avance pas en ligne droite, et il surprend les autres…et ce n’est pas la meilleure pièce ». En échange, il garda toujours sur lui la reine du jeu. Bien sûr, le lien créé entre les jumeaux n’était pas vraiment réel, n’avait rien de tangible…mais de cette façon, ce serait comme si Ludovic accompagnait Joyce partout et que celle-ci venait avec lui à Poudlard. Le garçon promit également à sa sœur de travailler à un moyen de faire communiquer les pièces entre elles, pour qu’ils puissent parler plus facilement, comme s’ils étaient l’un à côté de l’autre, plutôt que de passer sans cesse par l’intermédiaire des lettres.
La fin de l’année se déroula normalement et Ludovic réussit brillamment ses examens d’entrée en seconde année. Il y a peu de choses à dire sur la deuxième année, qui se déroula de la même façon que la précédente. La jalousie et la rancune de ses condisciples ne diminuèrent pas, au contraire. Aux yeux des sang-purs, il paraissait complètement aberrant qu’un simple né-moldu, pauvre de surcroît, fût le meilleur élève de l’école. Ludovic ne se souciait pas de leur avis, même s’il eut à subir encore les conséquences de leurs préjugés. La fin de la deuxième année lui permit de choisir ses options pour l’année suivante : il négligea la divination qui lui paraissait être du pur charlatanisme, même dans le monde des sorciers, ainsi que les soins aux créatures magiques, décision plutôt sage eu égard à sa maladresse habituelle. Il connaissait par ailleurs trop bien le monde moldu pour avoir envie de l’étudier, même du point de vue des sorciers. L’Arithmancie et l’Etude des Runes, propres à satisfaire son amour des mathématiques et des langues, retinrent son attention. Ludovic progressa aussi vite dans ces matières que dans les autres, acquérant rapidement de grandes connaissances, notamment grâce aux livres de la bibliothèque ; en deux mois, il délaissa les volumes de base, pour se plonger dans ceux d’un niveau beaucoup plus avancé. Il avançait vite, au point que Dumbledore finit par lui proposer, à l’issue de la 3ème année, de passer directement en 5ème année, seule solution à sa disposition pour occuper davantage Ludovic et le pousser à porter intérêt aux cours. Le garçon accepta immédiatement, peu conscient des jalousies supplémentaires que cela allait lui attirer, ou du fait qu’il allait se retrouver dans les cours de ceux-là mêmes qui ne l’appréciaient pas. À mesure que les années passaient, il entendit également parler de la menace de plus en plus grande que faisait peser Voldemort sur le monde magique, mais aussi moldu. Ludovic ne tarda pas à comprendre que les gens comme lui seraient les premiers visés par les Mangemorts, ainsi que s’appelaient les sbires du mage noir.
Tandis que sa scolarité à Poudlard se déroulait à merveille, il n’en allait pas de même pour sa vie familiale, qu’il retrouvait à toutes les vacances. Certes, Ludovic aurait pu rester au château pendant l’année et ne rentrer que pour l’été, mais une fois de plus, il ne voulait pas abandonner Joyce, même si cela signifiait subir les colères de son père et de son frère. Au fil des années, William était devenu un adolescent et un jeune homme de plus en plus violent, plongé dans le vice et la dépravation, qui ne craignait pas de jouer du couteau pour imposer ses vues. Il avait quitté sa première bande pour fonder la sienne, et avait rassemblé autour de lui un groupe de jeunes souvent plus âgés, qui squattait dans les vieux appartements de l’East End, qu’ils avaient bien aménagé et qui leur servait de quartier général. Alliés à un cartel, trafic de drogue et vols constituaient leurs principales sources de revenus. William continuait d’employer Joyce : celle-ci avait développé ses talents de pickpocket ; de plus, elle restait petite et fine, très agile. L’idéal pour s’introduire dans les maisons, se faufiler dans toutes les rues et échapper ainsi aux policiers de Londres. Livraisons de drogue, repérage des maisons, guet : tous les rôles pouvaient lui échoir. Elle les remplissait aussi bien que possible, bien que ce ne fût pas de gaieté de cœur. Son seul soutien demeurait Ludovic : celui-ci était finalement parvenu à mettre au point son sortilège de communication en s’inspirant de ceux trouvés dans de vieux grimoires de Poudlard. En travaillant la façon dont il ressentait les sortilèges, il était parvenu à trouver la nuance exacte qu’il cherchait, quelque chose qui symbolisait vraiment sa volonté de rester proche de sa sœur, de lui parler. Ainsi, il suffisait à présent à Joyce de prendre sa figurine de cavalier, de prononcer le nom de son frère, et aussitôt la statuette s’animait, parlant avec la voix de son frère. Une sorte de téléphone mobile, avec des combinés un peu particuliers et sans numéro à composer. Ne manquait plus que l’image. Les jumeaux passèrent de longues soirées à se parler, à échanger encore sur leur vie, à faire des plans d’avenir. William prenait Ludovic en charge pendant les vacances également. Sa bande avait monté un petit laboratoire clandestin dans les profondeurs du quartier, et avoir un chimiste supplémentaire, qu’il n’était pas nécessaire de payer cher, les avantageait. Le garçon accompagnait également Joyce dans ses distributions et aidait encore William à mettre au point le plan de ses opérations. On aurait pu penser que passer ses vacances à pratiquer de telles activités aurait fatalement entraîné le garçon dans la délinquance, et il est vrai que William faisait tout pour salir son frère, lui faire descendre la même pente que lui. Finalement, c’était une manifestation de ce besoin qu’éprouvent les mauvais à détruire les autres, à salir ce qui est encore bon pour l’entraîner dans leur propre déchéance. Une façon de prouver qu’ils ont raison et que les autres ont tort. La jalousie de William n’aurait pu souhaiter plus grande victoire que de voir sombrer son génie de frère dans le même monde obscur que lui. Manque de chance pour lui, même si Ludovic se pliait aux exigences de son frère, il gardait sa pureté d’âme, son innocence. Ses intentions étaient toujours de satisfaire William, jamais de faire le mal volontairement –et c’était un concept qui lui échappait en grande partie. Il manifestait un certain détachement envers ses actes, les effectuait parce qu’il n’avait pas le choix, mais n’y mettait rien de lui-même. D’une certaine façon, l’intelligence qu’il mettait dans ses mauvaises actions lui servait de protection. John manifestait toujours la même colère à l’égard de son fils cadet. A mesure qu’il la nourrissait au fil des mois, la ruminait, elle ne cessait de devenir plus violente. Rien ne lui plaisait davantage que d’humilier Ludovic, de lui confisquer ses affaires, de lui donner toutes les corvées de la maison, de lui faire acheter ou servir son alcool quotidien. Là encore s’exprimait le même désir de nuire que celui de William, complètement injustifié, irrationnel, et rendu d’autant plus dangereux par cette absence de raison. Quoi de mieux que de rabaisser un génie pour se sentir mieux soi-même ? Joyce protégeait Ludovic du mieux qu’elle pouvait et les jumeaux se débrouillaient pour passer le maximum de temps à l’extérieur, loin de leur famille. Ils se promenaient dans Londres, se réfugiaient dans des quartiers plus agréables malgré les regards appuyés que les passants jetaient sur leurs vêtements. Ils retournaient également souvent sur le Chemin de Traverse. À chaque fois, Ludovic revendait ses livres de l’année précédente pour pouvoir acheter les nouveaux, ainsi que d’autres uniformes lorsqu’il avait vraiment trop grandi. Demeurée plus petite, Joyce récupérait les autres. Le garçon aurait bien aimé conserver ses ouvrages, pour que sa sœur puisse mieux les lire, mais il savait bien que son père se serait empressé de s’en servir comme allume-feux. Les retours à Poudlard étaient toujours une bénédiction pour Ludovic, même si certains de ses camarades s’interrogeaient sur son air malade à chaque fois qu’il revenait, plus pâle et plus mince, plus fatigué aussi. De fait, le manque de nourriture, l’insalubrité de leur logement sordide et les mauvais traitements marquaient le garçon. Le château était vraiment la fuite et le salut de Ludovic. Ça le tuait de rester chez eux, dans ce monde pour lequel il n’était pas fait, cette ambiance délétère et malsaine, destructrice.
Chapitre IV : l’innocence est le dernier repas du vice « Ecraser l'innocent qui résiste, c'est un moyen que les tyrans emploient pour se faire place en mainte circonstance. »
Le summum fut atteint à l’issue de la cinquième année de Ludovic à Poudlard, alors qu’il venait de fêter ses quinze ans. L’examen des BUSE ne lui avait pas vraiment posé de problème et il ne s’inquiétait pas particulièrement des résultats. Certes, il n’était pas certain d’obtenir une excellente note en Botanique, qui demeurait son point faible, ainsi que l’histoire de la magie, non parce qu’il était ignorant de cette dernière, mais parce que l’enseignement de Binns l’ennuyait profondément, et que la prise de note bête et méchante n’était pas vraiment faite pour lui. Pour autant, il s’en sortit à l’examen, par les livres qu’il avait lus à côté, sur les sujets qui l’intéressaient et recouvraient par chance l’essentiel du programme, même s’il ne put absolument pas répondre à certaines questions. Le retour chez lui ne fut pas des plus joyeux. L’ambiance glauque de leur logement n’avait pas changé, même si Joyce l’égayait autant qu’elle pouvait. Les années l’avaient marquée, elle avait un peu moins d’entrain, portait le poids des privations. La rue avait imprimé sa marque sur elle, bien qu’elle conservât le même genre d’innocence que son frère, la même volonté de s’en sortir. Elle n’avait pas perdu ses qualités de battante, grâce au soutien de Ludovic depuis Poudlard. Les jumeaux étaient toujours aussi heureux de se retrouver. Malheureusement, le retour de Ludovic coïncida avec une période de déprime profonde de John, qu’il fallait sans doute attribuer au jeu ou à ses dettes. Retrouver son souffre-douleur préféré fut un soulagement pour lui. La situation se maintint tant bien que mal les premiers jours ; Ludovic retrouva également la bande de William, qui ne cessait de vouloir l’entraîner sur leur chemin. Alcool et drogues circulaient allègrement entre eux ; le garçon y touchait le moins possible. Un verre lui suffisait pour la soirée, tandis que les autres les enchaînaient ; les filles riaient, perdaient toute retenue, les garçons devenaient beaucoup plus entreprenants, et bientôt, des couples (rarement les mêmes d’une fois sur l’autre) s’esquivaient dans des pièces plus discrètes de l’appartement. Les surnoms fleurissaient parmi eux sur Ludovic ; ils l’embêtaient souvent, l’invitaient dans leurs jeux pas très innocents, lui faisaient de mauvaises blagues…en bref, s’amusaient à ses dépens sans que Ludovic comprenne vraiment leurs intentions. Ceux-là formaient le noyau dur de la bande de William, les plus dépravés. Il employait également de petites frappes, des jeunes voyous pour les affaires qu’il sous-traitait mais ces derniers ignoraient tout de lui. Le noyau connaissait bien Ludovic, même s’il ignorait tout de ses pouvoirs et de l’école pour gros cerveaux où il passait une bonne partie de l’année. Et il prenait plaisir à suivre le comportement de William, à essayer de le manipuler. C’était un simple jeu, pour eux, que de s’amuser aux dépens du petit génie, incapable de voir qu’on se moquait de lui. De son côté, William était toujours le même. Ses trafics lui assuraient des revenus plutôt confortables, et il en donnait une partie à son père pour lui permettre de continuer à mener son existence. C’était plus du mépris que de la reconnaissance filiale, et c’était le moyen le plus sûr pour que John le laisse mener sa vie comme il l’entendait.
La situation commença de basculer un soir de juillet, alors que John s’énervait sur Ludovic, pour que celui-ci lui apportât sa bouteille de la soirée. Dans son empressement à le faire, le garçon heurta la table dans sa maladresse habituelle, la bouteille lui échappa des mains et alla exploser au sol de la plus belle façon. Le bruit du verre puis le léger glougloutement du liquide coulant sur le sol figea le garçon, tandis que le regard de John se faisait de plus en plus terrible, et que son visage changeait de couleur au point que l’on put craindre un instant qu’il ne fît une crise d’apoplexie. Les excuses de Ludovic furent tout à fait inutiles, et son père lui administra une belle correction, avant d’aller se chercher lui-même à boire, laissant le garçon éponger à genoux le désastre malgré la douleur de son dos. Pour lui changer les idées, et se calmer elle-même, Joyce l’emmena le lendemain dans l’une de leurs promenades habituelles. La jeune fille ne décolérait pas contre leur père, tandis que Ludovic était plutôt de l’avis de laisser couler, cherchant des excuses à John. Après tout, c’était sa propre faute si ça avait fini ainsi, il avait été maladroit…c’était normal qu’il ait été puni. Mais Joyce refusait ses raisons, même si faire comprendre à Ludovic le problème de l’attitude de leur père était perdu d’avance. Tant que cela le touchait, le garçon prenait tout pour lui ; ses difficultés à saisir les relations sociales l’empêchaient de se révolter. Il ne le faisait que pour défendre Joyce. Tandis qu’ils discutaient, leur promenade les entraîna sur l’une des artères commerçantes de Londres. C’était une belle journée pour une fois, le ciel était dégagé, la température agréable, et le soleil brillait. Les jumeaux en profitaient pleinement, tout en observant les boutiques, rêvant de ce qu’ils aimeraient acheter, de ce qu’ils auraient pu s’offrir pour leur anniversaire, que tout le monde avait soigneusement passé sous silence. Et c’est alors qu’ils parlaient sereinement que le monde se renversa.
–Tu as vu ces livres ? s’enthousiasma Joyce, en désignant la vitrine d’une librairie. Ludovic s’approcha pour mieux les observer, sous le regard soupçonneux du libraire. Ils n’étaient pas habillés pour ce quartier, c’était visible, même si Ludovic ne comprenait pas la défiance des autres. Être pauvre ne lui avait jamais paru honteux, et il ne voyait pas la nécessité de le cacher. C’était un état comme un autre, dont il cherchait à sortir avec sa sœur. Les belles couvertures brillantes s’étalaient sous leurs yeux, aussi inaccessibles que si elles s’étaient trouvées dans le coffre-fort d’une banque : ils n’avaient pas les moyens de se les offrir. Les seules dépenses qu’ils acceptaient de faire étaient au moment de Noël, et pour les affaires de Ludovic. Tout le reste de l’argent, celui donné par William à Ludovic en échange de ses services de chimiste, celui gagné par Joyce, rejoignait leur petite cagnotte, qui grossissait petit à petit sans atteindre une somme mirobolante pour autant. –J’aime bien celui-là… Le garçon n’eut pas le temps de finir sa phrase. Une ombre dans la vitre attira son regard. Deux tourbillons de fumée noire jaillirent dans leur dos, semant cris et terreur sur leur chemin. Joyce se retourna, jetant un regard interrogateur à son frère. « Des sorciers ? ». Le garçon confirma d’un signe de tête, saisit sa sœur par la main pour l’entraîner dans la direction opposée, mais elle reprit rapidement l’initiative. Plus que des sorciers, des Mangemorts. Ludovic ne connaissait pas leur mode opératoire, mais eux seuls pouvaient agir de cette façon. Les tourbillons sombres descendirent la rue, puis la remontèrent dans l’autre sens, bloquant les extrémités. Les gens criaient autour d’eux, hurlaient, tandis que Joyce cherchait désespérément une issue de secours. Ludovic regretta de ne pas avoir sa baguette sur lui. L’éclat du soleil donnait un relief étrange à la situation. Le garçon se sentait étrangement détaché, incapable de réagir comme il l’aurait fallu. Les deux mondes entre lesquels il vivait n’auraient pas dû se rejoindre de cette façon. Le chaos régnait dans la rue ; des sortilèges jaillirent des baguettes des Mangemorts, frappant au hasard les passants affolés. Bientôt, les jumeaux se trouvèrent acculés par l’un des hommes. Ludovic se plaça devant sa sœur, prêt à la défendre, mais sans arme, il ne pouvait rien faire. À son attitude, à l’absence de surprise sur ses traits, le Mangemort déduisit sa nature de sorcier…et de sang-de-bourbe. –Un sang-de-bourbe, quelle chance…Voilà qui promet de beaux amusements en perspective. Ainsi qu’avec ta sœur… Cela assainira à la fois les rues de cette ville et le monde des sorciers… Une joie mauvaise, malsaine suintait de ses paroles, tandis qu’il poursuivait son laïus sur l’impureté des nés-moldus. Joyce fut la première à réagir, entraînant son frère derrière elle pour fuir vers l’autre bout de la rue. Ils n’eurent pas le temps d’aller bien loin. Le rire du Mangemort s’éleva derrière eux. Un premier sortilège jaillit, atteignant Joyce aux jambes et la faisant tomber. Ludovic se baissa, essaya de la relever mais la souffrance tordait les traits de sa sœur, qui lui souffla de partir. Le garçon refusa d’un signe de tête définitif. Il ne la laisserait pas. Un autre sortilège fusa à côté d’eux. Ludovic n’eut que le temps de penser « raté ! », avant de comprendre. Ce n’était pas eux que le sorcier avait visé. Mais la vitrine juste à côté. Le monde explosa, dans un tintement de verre, et un déluge de cristal s’abattit sur eux, sur lequel la lumière se reflétait étrangement. Plus proche de la vitre, Joyce cria. Ludovic aussi, sans doute, tandis que la douleur fulgurait au niveau de ses yeux, de son visage, de son corps aussi, comme une déchirure aiguë. Un liquide chaud coula sur son visage ; il se sentit tomber sur le sol au milieu des éclats de verre dont certains se teintaient de sang. Joyce était étendue juste à côté de lui… L’obscurité et la douleur l’engloutirent.
Ludovic se réveilla à Sainte Mangouste, sans aucun souvenir de la scène. La première pensée qui lui vint fut de s’étonner de se trouver ainsi dans le noir complet, une drôle d’obscurité, beaucoup plus profonde que celle à laquelle il était habitué, presque douloureuse, pesant sur ses yeux. La seconde fut pour Joyce tandis que l’inquiétude l’envahissait ; en essayant de se rappeler ce qui s’était passé, Ludovic ne voyait que deux choses : des éclats de verre brillants, étincelants au soleil, puis tachés de sang, qui le rendaient nauséeux, et qu’accompagnait un rire qu’il ne connaissait pas. Joyce n’apparaissait pas dans tout cela, et il ne sentait pas sa présence à côté de lui, dans cette obscurité qui lui rendait le monde étranger. Ce furent les guérisseurs de l’hôpital, alertés, qui vinrent lui expliquer la situation avec calme et douceur. L’attaque des Mangemorts avait été mise en déroute par les Aurors, mais ils avaient eu le temps de faire de nombreux dégâts. Les autres victimes mises à part, Joyce et Ludovic avaient été les plus touchés par l’explosion de la vitrine… Le garçon coupa court à leurs propos pour avoir des nouvelles de sa sœur, le cœur battant la chamade. Les guérisseurs lui annoncèrent qu’elle s’en était plutôt bien sortie ; comme elle était placée parallèlement à la vitrine, et non en face comme lui, elle avait été moins touchée. Il n’y avait rien que la magie ne pût réparer. En revanche, plus inquiétant était le sort de sa jambe atteinte par le maléfice. Les guérisseurs avaient tout fait pour le circonscrire, mais ils ne disposaient pas du contre-sort adéquat. Au mieux, Joyce boiterait toute sa vie. Soulagé, Ludovic ne put cependant s’empêcher d’en voir une partie des conséquences immédiates : ainsi blessée, Joyce serait d’une moindre utilité à leur frère. Ce n’est que lorsqu’il pensa à demander aux guérisseurs pourquoi ils restaient ainsi dans l’obscurité qu’il s’intéressa à son propre cas. Le silence gêné du personnel de l’hôpital l’étonna, avant que l’un d’eux ne prît la parole. Lui n’avait pas eu autant de chance que Joyce. Il était tourné vers sa sœur, juste en face de la vitrine, et avait reçu les éclats de plein fouet. Il avait perdu beaucoup de sang, le temps que les secours arrivent, mais la magie avait arrangé l’essentiel. Il ne garderait pas de cicatrices…Mais là encore, la magie montrait ses limites. Ludovic avait été atteint aux yeux ; les guérisseurs avaient fait ce qu’ils pouvaient, mais ils n’avaient pas pu sauver la vue de son œil droit. C’était déjà une chance qu’il ait pu conserver l’œil originel, mais il n’y verrait plus jamais de ce côté. Le gauche était touché également, dans une moindre mesure. Il faudrait attendre quelque temps et faire des examens complémentaires pour connaître les conséquences exactes. D’où cette obscurité dans laquelle le garçon était plongé, comme il le constata en portant la main à son visage. Le poids sur ses yeux s’expliquait par les bandages.
Le garçon passa quelques jours à l’hôpital, surveillé par les médicomages. Ni John ni William ne vinrent le voir. Il n’y eut que Joyce, remise la première, pour s’assoir à côté de lui et lui parler, apaiser son angoisse à l’idée de finir aveugle. Ce serait tout son univers qui lui échapperait si c’était le cas. Comment voir les formules mathématiques, être capable de lancer un sort ? Et il serait un fardeau pour Joyce… Il s’inquiéta également pour elle, même si elle s’efforça de le rassurer au maximum sur son avenir. Des cauchemars commencèrent à hanter les nuits du garçon, dans lesquels il ne cessait de revoir les éclats de verre teintés de sang et d’entendre le rire du Mangemort, auquel se mêlait également les cris de son père…tout ce dont il se souvenait. Les guérisseurs enlevèrent bientôt ses bandages ; de nouveau, Joyce fut la seule présente à ce moment. L’obscurité demeura du côté droit, comme on le lui avait annoncé. La glace lui renvoyait étrangement son reflet. L’iris avait pâli, le bleu/vert était plus clair que de l’autre côté et une légère éraflure le traversait. De petits changements qui signifiaient tout. A gauche…rien de particulier en apparence, mais Ludovic ne tarda pas à se rendre compte qu’il y voyait moins également. Les examens de Ste Mangouste confirmèrent son impression. La vue de son œil gauche avait bien baissé, ce qui l’obligerait à porter des lunettes en cours, ou pour voir de loin. Une autre conséquence ne tarda pas à devenir visible lorsque Ludovic eut passé un moment à lire dans sa chambre en compagnie de sa sœur. Tout se troubla d’un coup, au point qu’il ne distinguait plus que vaguement les formes et les couleurs. Joyce était devenue une silhouette à peine identifiable, le livre une tache d’un blanc légèrement différent, plus jaune, de celui des draps, tandis que les lignes d’écriture n’étaient que de minces traits noirs, à peine visibles, et qui ondulaient. Alerté, l’ophtalmologiste de l’hôpital affina son diagnostic : cela se produirait dès que Ludovic lirait trop longtemps, se concentrerait trop sur quelque chose, ou qu’il serait fatigué. Les lunettes ne permettraient pas de résoudre le problème, juste de l’atténuer un peu. Joyce protesta violemment contre le médecin et la magie, affirmant qu’avec ses pouvoirs, il devrait bien arriver à quelque chose, mais le guérisseur lui rappela que la magie ne pouvait pas tout, et qu’ils avaient encore des progrès à faire. En attendant, Ludovic devait se montrer prudent, à moins de courir le risque de devenir totalement aveugle. Le garçon accepta son sort avec fatalité, cachant au fond de lui à quel point cela le touchait. Il eut vite un aperçu des conséquences que la perte d’un œil entraînait. En plus de la disparition évidente d’une partie de son champ visuel, il avait également du mal avec les reliefs et les distances, qu’il ne parvenait plus à évaluer clairement. De simples gestes du quotidien prenaient une nouvelle dimension : reboucher un stylo, verser de l’eau correctement dans un verre demandaient une attention particulière. C’était également très gênant pour lui lorsque quelqu’un se présentait par sa droite ; il ne voyait pas la personne ni ses gestes, ne pouvait que sentir sa présence. Le guérisseur l’avait aussi prévenu des risques qu’il y avait à sortir dans le brouillard : celui-ci gommait encore plus toutes les formes et les distances. Dans le fog londonien, le garçon serait totalement aveugle. Les jumeaux sortirent ensemble de l’hôpital. Joyce portait une légère attelle à la cheville, qu’elle ne devrait plus quitter, et s’aidait encore d’une paire de béquilles qui disparaîtrait dans les jours suivants. Ludovic n’avait pas pensé jusqu’alors à la réaction de leur père face à leur accident. L’hôpital l’avait sans nul doute prévenu de ce qui s’était passé, mais il n’avait pas réagi, et le garçon avait bien perçu la tonalité compatissante des guérisseurs…ainsi qu’il savait qu’ils l’avaient vu torse nu, et qu’ils n’avaient pu ignorer les marques, anciennes ou plus récentes, laissées par les corrections de son père. Le garçon n’avait rien dit sur le sujet, pas plus qu’il n’avait répondu aux questions détournées des médicomages. Mais cela demeurait au rang de ses préoccupations secondaires. Ce qui l’inquiéta surtout, en sortant de l’établissement, c’était l’ordonnance pour ses lunettes. Ils n’avaient pas les moyens de s’offrir de tels verres. Il lui faudrait demander une avance à William…en espérant qu’il accepte. À leur retour, Joyce tenta d’expliquer calmement la situation à leur père, mais celui-ci, soûl comme à son habitude, retint surtout que tout était arrivé à cause de sorciers. Joyce lui était utile, par l’argent qu’elle rapportait à la maison et dont il s’appropriait une majeure partie. Avec sa blessure, c’était une bonne part de ses revenus qui s’envolaient. Par la faute de Ludovic, une fois de plus. Le garçon ne comprit pas en quoi il était responsable de l’attaque des Mangemorts, mais son père s’en prit violemment aux sorciers, à cette engeance maudite, avant de cibler ses attaques contre lui. Sans que Ludovic n’eût le temps de réagir ou de protester, John déversa sur lui toute sa colère, puis s’en prit à ses affaires de sorcier. Le garçon voulut le retenir lorsque son père s’empara de sa baguette, mais il fut violemment repoussé, et l’homme brisa le fin morceau de bois sur son genou, en lui criant qu’il ne retournerait jamais dans son école de monstres et d’erreurs de la nature. Hébété, le garçon ne put qu’assister à la démonstration de haine de son père.
Il se retrouva il ne sut comment chez William, avec Joyce en train de lui résumer la situation. L’aîné compatit à la situation de ses cadets, et fut d’accord pour les héberger quelque temps, en échange de leurs services. Il accepta également de prendre en charge les lunettes de son frère, à condition que celui-ci consacre une partie de ses journées à travailler pour lui afin de le rembourser. Sa soudaine générosité n’était pas franchement surprenante ; avoir Ludovic à domicile lui permettrait de continuer ce qu’il avait entrepris avec lui. Son désir de nuisance était plus sournois, plus malsain que celui de John. Joyce retourna chez leur père en compagnie de William pour récupérer le reste des affaires de Ludovic, ainsi que son propre argent. Ce qui ne leur posa guère de problème : sa rage aveugle écoulée, John s’était effondré dans un fauteuil et cuvait. Ludovic leur en fut pleinement reconnaissant. Les jours suivants furent plutôt tranquilles. Les amis de William le laissèrent en paix, assez longtemps pour qu’il puisse se croire en sécurité, assez peu pour qu’il n’ait pas complètement le temps de se remettre du choc de l’attentat et de la colère de John. Facilement manipulable, démoralisé, fatigué, le garçon se laissa bientôt prendre par les paroles des autres, qui se montraient compatissants, l’encourageant à boire ou à se détendre afin de mieux se ressaisir. Ludovic commença à les suivre, à « profiter » un peu plus des soirées. Son état de choc lui avait fait perdre encore plus ses repères, et il tomba sous l’emprise des amis de son frère, sans vraiment s’en rendre compte. L’une des filles, surtout, obéissant en cela aux ordres de William, se montra particulièrement compatissante et attentionnée, plaignit le garçon pour sa blessure et pour le comportement de son père. Âgée d’environ vingt-six ans, elle était la petite amie attitrée du second de William et se prénommait Alison. Ce fut au début du mois d’août que la situation dérapa de nouveau. Ludovic était rentré plus tard que prévu du laboratoire de son frère, et lorsqu’il arriva à l’appartement, les amis de William, ainsi que d’autres de leurs connaissances, avaient déjà bien entamé la soirée. Des cadavres de bouteilles avaient roulé sur le sol, l’odeur des cigarettes régnait partout, ainsi que celle, plus amère, d’herbes moins légales. Garçons et filles riaient dans la pénombre, prunelles élargies par les substances ingurgitées. L’alcool leur donnait le teint blême et luisant, et des sourires lubriques fleurissaient un peu partout, tandis que certains s’esquivaient déjà. Ludovic avait à peine fait trois pas dans la pièce, qu’on lui mettait un verre dans la main. Le garçon le but machinalement, en cherchant sa sœur dans la foule, mais c’était perdu d’avance. Il y avait trop de monde, pas assez de lumière…il n’y voyait plus assez pour espérer la trouver, et il savait aussi qu’elle avait tendance à fuir ce genre d’occasions. Bientôt, Alison l’appela d’un geste de la main pour le faire venir dans son groupe ; le garçon s’y joignit tout en disant qu’il était fatigué, qu’il ne tarderait pas à aller se coucher. Une heure plus tard, il se trouvait encore parmi eux, un autre verre à la main. Il ignorait si c’était le premier ou le troisième ou davantage ; ses pensées étaient troubles, vagues, impossibles à fixer. Des rires continuaient de fuser autour de lui, lui vrillaient la tête. –Eh Andrews, t’es pas un peu vert ? Quand on ne tient pas l’alcool, on s’abstient ! La voix venait de sa droite. Impossible pour lui de distinguer la personne. Une main douce et fraîche se posa sur sa joue. Ludovic releva le regard, fiévreux. Alison se tenait devant lui, un sourire gentil aux lèvres. –Laisse-les dire… Ils ne savent pas ce que tu vaux. Viens avec moi, on va trouver un meilleur endroit… Le garçon se leva, aspirant à un peu d’air frais. Ses pensées étaient toujours aussi vacillantes ; Alison le guida hors de la pièce principale, le conduisit un peu plus loin, dans une salle dont il mit un instant à reconnaître la nature. Une chambre. –Alison… D’un sourire, la jeune femme le fit taire ; elle s’approcha de lui, charmante comme elle l’avait été ces derniers temps avec lui. Ludovic l’appréciait bien…mais le regard vert d’Alison avait quelque chose de troublant ce soir-là. Elle posa la main sur son épaule. Ludovic frissonna en la sentant à travers le fin tissu de sa chemise. Alison s’était encore approchée. Le garçon eut un geste pour reculer, sentant que la situation n’était pas tout à fait normale, mais elle le retint. L’instant d’après, elle posait ses lèvres sur les siennes, en un long baiser, à la fois doux et sauvage. Ludovic se surprit à lui répondre, avant d’en prendre conscience. Ce n’était pas désagréable en soi… La voix de la jeune femme se fit tendre, ferme aussi. Il lui répondit, sans être très sûr de ce qu’il disait. Une sensation de fraîcheur envoya un frisson le long de sa colonne vertébrale ; Alison avait glissé une main sous sa chemise, et lui caressait doucement le dos. L’instant d’après, le vêtement béait et la jeune femme l’embrassait dans le cou, en haut de la poitrine… Sous l’emprise de l’alcool et des sensations qui parcouraient son corps, Ludovic se laissa entraîner vers le lit, où ils s’allongèrent tous deux, Alison l’embrassant toujours. Sa main trouva le haut de la jeune femme, le fit doucement glisser, tandis qu’elle le caressait. Ses doigts glissèrent dans la longue chevelure, et ils s’enlacèrent. Leurs peaux nues se touchèrent.
Lorsque Ludovic reprit conscience de la réalité, l’obscurité et le silence régnaient dans l’appartement. Il se sentait nauséeux, malade. La migraine jouait des percussions sous ses cheveux, tambourinant dans sa boîte crânienne, et il avait mal au cœur. La pénombre l’empêchait de distinguer l’endroit où il se trouvait, mais un léger mouvement à côté de lui le fit sursauter. La chevelure blonde d’Alison coula à côté de lui. Le cœur du garçon rata un battement, tandis que les souvenirs de la soirée remontaient lentement à la surface, franchissant les remparts de la migraine. La honte envahit Ludovic, et il dut lutter plus fortement contre la nausée. Aussi silencieusement que possible, il se leva, cherchant à tâtons ses vêtements dans la pénombre de la chambre. Ses idées étaient encore floues, mais il se rappelait sa fatigue, la façon dont les autres l’avaient fait boire, la douceur d’Alison… Ce qui avait suivi. Comment était-ce possible ? Comment avait-il pu perdre le contrôle à ce point ? Comment avait-il pu accepter de se donner ainsi à une fille qui lui était quasiment inconnue ? Elle avait onze ans de plus que lui ! Il n’était même pas majeur… Qu’est-ce qui s’était passé ? Tremblant, incapable de comprendre ce qui lui était arrivé, effrayé, le garçon mit son pantalon, trouva sa chemise… Il n’avait qu’une envie, fuir cette pièce, se réfugier dans un endroit où on le laisserait tranquille pour de bon. Il enfilait sa chemise, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit dans son dos. Une large silhouette se découpa dans l’encadrement. Ludovic se figea un instant avant de pivoter pour distinguer la personne qui entrait. –Aly ? On m’a dit que… Toby. Le second de William et petit ami jaloux d’Alison. Leurs regards se croisèrent. Du moins, l’œil valide de Ludovic rencontra l’éclat furieux de l’autre, avant qu’il ne s’ébranle. Une seconde plus tard, le garçon reculait sous le coup qu’on lui portait au visage, se trouvait crocheté par le col de sa chemise encore ouverte, et plaqué violemment contre le mur, le bras de l’autre appuyant sur son cou. –Petite ordure, souffla l’autre, tu profites que j’ai le dos tourné… Pas parce que t’es le frère de Will que t’es tout permis… Suffoquant, Ludovic tenta de protester mais Toby ne lui en laissa pas le temps. Tout en relâchant sa prise sur son cou, l’homme cueillit le garçon au ventre d’un coup de poing qui le plia en deux, et le précipita à genoux sur le sol, en crachant une partie de l’alcool avalé au cours de la soirée. Ludovic leva la main mais l’autre ne s’arrêta pas. Gémissant, le garçon se retrouva au sol, tâchant de se protéger. Le bruit finit par réveiller Alyson qui alluma la lumière et découvrit la scène. –Toby, arrête ! Ludovic resta au sol, recroquevillé, tandis que les deux autres s’expliquaient, et qu’il comprenait peu à peu qu’Alison l’avait manœuvré pour l’amener à dormir avec elle. « Ce n’était qu’un jeu, qu’un divertissement… Toi aussi, tu m’as bien trompée… Jeune et beau… le faire venir avec nous…Juste une façon de passer du bon temps, tu sais que je suis avec toi. » Le dialogue ne lui parvint pas entièrement, il se sentait trop mal pour se concentrer dessus, mais les bribes qu’il entendait étaient édifiantes. Les commentaires de la jeune femme lui étaient autant destinés qu’à Toby, le déclarant maintenant prêt à aller avec les autres filles. Il n’avait été qu’un jouet entre les mains d’Alison, qui avait surtout voulu profiter de sa jeunesse…et rendre aussi service à Will en brisant son innocence, en le blessant au point qu’il n’ait d’autre solution que de se laisser happer par leur univers à son tour.
Ce fut Joyce qui le sauva. Elle soigna les blessures infligées par le passage à tabac de Toby avec douceur, s’inquiéta pour son œil gauche, qui avait viré au noir, craignant que sa vue ne baisse encore. Ludovic se réfugia auprès d’elle ; elle lui prodigua tout le réconfort dont elle était capable, en maudissant allégrement William et les autres, lui fit passer des livres de mathématiques qu’elle était parvenue à se procurer, sachant que Ludovic en avait besoin pour sa tranquillité d’esprit. La perfection du monde des chiffres l’aidait à prendre du recul par rapport au reste. Le garçon tomba cependant malade quelque temps, envisagea un moment de céder, de plonger, d’autant que les autres lui tournaient toujours autour, lui proposant sans cesse de les suivre, de retrouver la fièvre de leurs soirées. Alison exprimait beaucoup de choses dans les quelques œillades qu’elle lui lançait, et le garçon détournait à chaque fois la tête. Cela le rendait malade, au point qu’il avait du mal maintenant à supporter un contact, et qu’il avait du mal à manger normalement. Vraiment, il ne comprenait pas le besoin de William et des autres de s’en prendre à lui de cette façon. Son décalage perpétuel avec le monde entier ne semblait pas s’atténuer malgré ses efforts. William comprit rapidement aussi que son frère lui échappait. Bien que profondément blessé, atteint dans son cœur, se sentant sali par la façon dont les autres l’avaient manipulé, Ludovic gardait sa puissance, son innocence qui dérangeait tant dans leur univers. La laideur le touchait, lui faisait mal, mais ne parvenait pas à le détruire comme les autres l’auraient voulu. Suite à cela, Joyce alla clairement parler à William pour mettre les points sur les i. Il était hors de question qu’il s’en prenne de nouveau à Ludovic de cette façon, qu’il essaie encore de le briser. Le coup d’Alison était déjà de trop après ce qui s’était passé au cours de l’été, et elle ne l’acceptait pas. Que Will, leur père, ou même elle, restent là où ils étaient tombés, elle le concevait parfaitement, mais Ludovic méritait bien mieux. Elle alla jusqu’à menacer de livrer une partie des activités de Will aux autorités, ce qui fit céder son frère sur l’instant. Et par crainte des représailles, elle prit ses précautions pour qu’effectivement la police soit mise au courant s’il lui arrivait quoi que ce soit. Ludovic passa tant bien que mal les dernières semaines de l’été à tenter de se remettre correctement pour la rentrée. Dumbledore avait été informé de l’attentat commis par les Mangemorts, et avait également alerté les professeurs des conséquences pour lui, afin qu’ils ne soient pas surpris à la rentrée. Le garçon se doutait que l’information allait rapidement circuler parmi les élèves. Ce serait sans doute mieux, ils comprendraient plus facilement certaines de ses réactions…mais cela l’inquiétait également, conscient que certains pourraient essayer d’en profiter.
En partant pour l’école, il jura à Joyce qu’il ferait tout pour qu’ils partent ensemble le plus tôt possible, loin du monde de fous de William. En arrivant, il avait encore plus mauvaise mine que les autres années : l’épisode avec Alison lui avait coupé une bonne part de son appétit, et il peinait à se remettre. De plus, le fait qu’il n’y voyait plus vraiment ne lui facilitait pas les choses. C’est là qu’il prit l’habitude de ranger parfaitement ses affaires, de leur attribuer une place précise pour mieux les retrouver ensuite…ce que voyant, certains élèves ne tardèrent pas à les déplacer ou à les cacher par un malin plaisir. Le garçon prit également l’habitude de s’assoir toujours du côté droit du pupitre lors des cours, pour pouvoir distinguer son voisin. L’annonce de la venue de Beauxbâtons et Durmstrang fut néanmoins un léger motif de réconfort. En effet, à propos de l’Académie française, ce serait l’occasion de pratiquer de nouveau le français, et d’en apprendre davantage sur le pays d’origine de sa mère, sur lequel il n’avait que des connaissances encyclopédiques. Et savoir la taille, le nombre d’habitants, les monuments principaux ainsi qu’une bonne partie de l’histoire du pays en question n’était pas vraiment le connaître aux yeux de Ludovic. Il tenait à rencontrer des Français, à ce qu’ils lui parlent de la France telle qu’ils la vivaient pour de bon. Quant à l’Institut…Ludovic le voyait comme une occasion d’apprendre le russe, qu’il n’avait jamais pratiqué, et de découvrir une nouvelle forme de magie, puisque les élèves du nord s’exerçaient à la magie noire. Non que Ludovic voulût l’apprendre pour lui-même, mais il lui paraissait nécessaire d’en savoir plus sur cette matière pour lutter contre les Mangemorts. Il ne voulait plus qu’une scène comme celle de l’été précédant puisse de nouveau avoir lieu.
Encore désolée pour la longueur de la fiche ^^"
Dernière édition par Ludovic V. Andrews le Jeu 11 Avr - 10:43, édité 2 fois
Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Mer 3 Avr - 16:37
Personne ne fait peur à personne Et puis, personnellement je trouve qu'on manque de garçons c'est vrai ( je dis pas non à une nouvelle occasion de mettre mon adorable chaton en rogne :3)
On va se trouver un lien du tonnerre Ludovic ! Et en plus un génie! Ahaha parfait :3
Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Jeu 4 Avr - 12:34
Merci à tous =D
On a l'impression de se retrouver dans une arène quand on voit les rapports qu'ont l'air d'entretenir les filles et les garçons xD Puisse le sort vous être favorable...
Gaël: j'ai hâte de voir ce qu'on va pouvoir faire pour le lien!
Adonis: je n'ai pas assez étudié Schopenhauer pour connaître sa conception de la vie...mais c'est pas lui qui a mis au point la théorie du hérisson/porc-épic pour décrire les relations humaines?
[Et j'ai changé de nom, parce que j'avais zappé le fait que le nom de famille était déjà pris par un membre du forum *jesuisunboulet*]
Pénélope D. Gallianis
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Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Jeu 4 Avr - 23:39
Bienvenue !
Oh, je ne sais pas pourquoi, je me sens irrémédiablement attirée par vous jeune homme ! Vous avez quelque chose, un je-ne-sais-quoi qui me donne envie d'aller vers vous, comme si nous nous étions déjà rencontrés dans une autre vie (a)
Il va nous falloir un méga-super lien !
Bon courage pour la suite de la fiche !
Et Oleeeeee, bien sûr
Cian M. McCawley
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Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Jeu 4 Avr - 23:55
Je veux et j'exige d'exquises excuses des liens trop méga mortels avec mes 3 crétins !
Hâte de lire ta présentation, pour voir le loustique !
Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Ven 5 Avr - 12:02
Pénélope: Voilà qui est bien surprenant! J'ai également l'impression de vous connaître, ou du moins d'avoir entendu parler de vous... Je connais un garçon qui est assez loquace à propos d'une jeune fille blonde, aux yeux vert d'eau, qui est l'élue de son coeur et à laquelle il pense sans cesse. Nous nous ressemblons un peu physiquement...
Oui pour le lien
Cian: pourquoi des excuses? :O Bien sûr pour les liens Ca va donner!
Merci pour la fiche, je la finis dès que possible! (c'est-à-dire pas ce we, parce que je ne suis pas là x) )
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Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Dim 7 Avr - 15:11
Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Jeu 11 Avr - 10:46
Merci Lily =)
Voilà, la fiche est entièrement postée; avec toutes mes excuses pour la longueur, qui n'était absolument pas prévue. J'en ferai un condensé pour ceux qui ont la flemme de lire x)
Ado, j'ai pris quelques libertés, notamment en faisant sauter une année scolaire à Ludovic. Tu me diras si ça ne te semble pas possible, j'éditerai les dates =)
Choixpeau Magique
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Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer] Dim 14 Avr - 13:18
« Je crois que cette fois-ci, mes mots auront vraiment un sens : une curiosité sans limite, une soif d'apprendre sans finalité, vous êtes érudit, cultivé, logique, monsieur Andrews. Vous êtes aussi courageux, et terriblement innocent, et loyal. Une maison saura vous accueillir, et c'est celle de Rowena. Bienvenue à SERDAIGLE ! »
Re-re bienvenue sur le forum ! Ta fiche est réellement magnifique, DAMNED *o* Pense à aller te référencer ici ainsi qu'à aller voir si un poste ne t'intéresserait pas ici et n'oublie pas de générer ta fiche de personnage dans ton profil. . De plus, tu peux aller par ici voir si une des intrigues ne t’intéresserait pas ! Bon jeu sur le forum **
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Sujet: Re: Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer]
Ludovic - « Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant. » [Schopenhauer]