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« I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange

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Gaël A. O. Dunkan

Gaël A. O. Dunkan

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MessageSujet: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeVen 24 Mai - 16:47

J’allumai les bougies d’un coup de baguette. Posées sur les tables de chevet de chaque côté du lit et sur les quelques meubles qui se trouvaient dans la chambre, elles s’allumèrent au même moment. La chambre ne fut plus aussi sombre alors, et il y avait sur les murs des ombres dansantes qui me donnèrent l’impression de n’être plus tout à fait seule. Je souris, me posai sur le rebord du lit quelques secondes. J’aimais la chambre de Rabastan. Pas parce que c’était la sienne ou qu’elle était particulièrement belle ou différente des autres, mais il y avait comme une atmosphère que je reconnaissais bien. Sans oublier que tout dans cette pièce me rendait curieuse – j’avais passé les premiers mois de notre relation à regarder avec envie les tiroirs, les malles et le placard. Quelle frustration de ne pouvoir fourrer son nez dans tout ça … Mais je savais que toucher à ses affaires n’était pas un moyen de gagner des points de sympathie - même si j’aurais dû en recevoir rien que pour tenir mes mains éloignées de ses petits mystères.
Si la frustration avait quelque peu disparue, ayant l’occasion de la calmer en observant Rabastan ouvrir plusieurs tiroirs et malles, il restait quelque chose qui me donnait toujours envie de désobéir à la règle. Le placard…le fameux placard ! Je tournai mon regard vers lui, fièrement dressé dans la pénombre de la chambre, dédaigneusement clos. J’avais l’impression qu’il me riait au nez – cette petite serrure, et ses battants de porte qui me narguaient, me donnaient envie d’ouvrir et de les rabattre de chaque côté pour voir ce qu’il se trouvait à l’intérieur. Sauf que non… Rabastan était Rabastan. Il n’avait donc rien de mieux à faire que de placer divers sorts – et pas n’importe lesquels – sur le placard pour le protéger des petits curieux – ou curieuses. Je ne pouvais guère lui en vouloir – si je n’étais pas sûre que le placard était piégé, je l’aurais sans doute ouvert.

Je jetai un œil à l’horloge. 19h50. Rabastan devait rentrer ce soir, mais je ne savais pas l’heure de son retour – apparemment, après le diner. Je n’y étais pas allée de toute façon, prétextant ne pas avoir faim et montant directement dans la chambre de Rabastan pour l’accueillir après son absence d’aujourd’hui. Sa famille l’avait «convoqué » exceptionnellement pour la journée, sans préciser les raisons ou alors Rabastan n’avait rien dit – et je n’avais rien demandé. J’avais établis plusieurs hypothèses mais toutes me semblaient improbables. Un décès ? Un autre problème avec la justice ? Comme les mauvaises nouvelles semblaient tomber facilement sur nous ces temps-ci, je présumais que ça n’était rien de bon. Une chose de plus à penser…Encore un problème à résoudre et dont je ne savais rien pour le moment. En saurais-je quelque chose seulement ? Il ne s’agissait pas de ma famille, mais de la sienne. Grosse différence. Je croisai les bras, me répétant que ce n’était pas mes affaires et je ne devrais même pas être en train d’y penser. Après tout, ce serait son problème, sa mauvaise nouvelle.

J'en avais assez à gérer comme ça après tout. Comme si mes fiançailles n'était pas déjà un gros problème, m'obligeant à redoubler d'efforts pour ralentir les choses du côté de mon oncle incroyablement pressé de me voir marier. Il avait dit que ça aurait lieu en août prochain. Morgane! Hors de question que mon mariage se fasse si vite, et avec Raphaël Leroy. A bien y penser, il n'y avait pas pire que le cousin d'Adonis comme humiliation. Je ne regrettais pas d'avoir tourné les talons en claquant la porte de ma chambre, criant que ce n'était pas prêt d'arriver. Viktor avait été furieux. Il m'avait incendié quelques heures après, mais comment ne pouvait-il pas comprendre ? Rabastan n'avait pas aimé la nouvelle également, et pour tout arranger il avait fallu apprendre dans le même temps sa fameuse relation secrète avec Bellatrix il y a quelques années. Encore une nouvelle qui avait mis mes nerfs à rude épreuve. Aussi, je tentais de maintenir les rapports entre moi et mon sorcier dans la bonne direction.

Je mis de côté tous mes questionnements, et anticipant la probable mauvaise humeur de Rabastan quand il rentrerait, j’avais décidé de lui faire une… surprise. Quoi de mieux qu’un accueil comme il les aimait ? Qui dit accueil chaleureux, dit lingerie. Qui dit lingerie dit….mais ça, c’était au tour de l’imagination. Imagination restreinte dans une tenue pareille certes, mais l’éclairage jouerait son rôle. L’ambiance était là – ce qui n’était pas le cas de la totalité du tissu après découpage de dernière minute.

20h00. Toujours pas de Rabastan. Que fait-il Morgane ?! Je quittai le rebord du lit, fis quelques pas dans la chambre, mes pieds nus rencontrant le sol froid et impeccable. Ce que cette pièce pouvait être propre… Je n’étais même pas sûr d’avoir un jour aperçu le sol de ma chambre, trop de chaussures, de vêtements et de livres pour le dissimuler. Ces elfes nettoyaient pourtant tous les jours… ! Ces vermines devaient se couper les ongles de leurs affreux pieds au lieu de ranger, c’était la seule explication.
Je soupirai.

20h10. Comment le temps pouvait-il passer aussi lentement ?
J’étais assise par terre près de la fenêtre et d’un grand miroir, une jambe étendue, l’autre repliée pour atteindre les ongles des pieds maintenant fraichement revernis – oui, penser aux pieds des elfes m’avait fait penser à entretenir les miens. Je fis disparaître d’un coup de baguette mon maquillage et mes vernis, mes limes et mes ciseaux. Pouf ! Plus rien… Je me levai, soupirai encore une fois comme si quelqu’un pouvait prendre pitié de moi, et m’observai dans le miroir. Si Rabastan savait ce qui l’attendait, il serait déjà là !
Qui résisterait à une telle lingerie ? Une nuisette noire transparente qui peinait à atteindre seulement le haut de mes cuisses, des bas en dentelle – auxquels je ne tenais pas tant que ça sachant qu’ils finiraient probablement déchirés en une demi-seconde -, un décolleté outrageant et des fines manches transparentes également. Tout ceci moulant ce sublime corps auquel aucun homme n’était capable de résister. Et sûrement pas Rabastan…

20h12. Une autre pensée pour les pieds affreux des elfes.
20h13. Decius a peut être enfermé Rabastan dans un donjon ?
20h14. Si je me mets toute nue il arrivera sans doute plus vite…
20h14. J’aurais dû envoyer Lucifer prendre des nouvelles.
20h15. Les pieds des elfes me hantent.
20h16. Long soupire numéro trente-six.
20h17. Regard frustré vers le placard.

Je commençais à ressentir ce que toutes les femmes accrochés à leurs hommes ressentent. Pourtant, loin de moi l’idée d’être dépendante du torse parfaitement musclé de Rabastan…ni de ses biceps…son dos…ses lèvres… ses grandes mains…son regard innocent. Je souris.

20h18. Une pensée pour l’innocence de Rabastan.

Je me détournai du miroir – pas que j’étais lasse de me regarder : aberration ! – et allai m’assoir au petit bureau. Un pot d’encre, des parchemins vierges, quelques plumes. Mon doigt retraça les marques sur le bois du bureau que sûrement d’autres élèves avaient maltraité. Bon…allez… il est en retard – faux, il n’avait pas donné d’heure – alors tant pis pour lui ! Je mis ma main sur la poignée du tiroir, prête à l’ouvrir avec impatience et curiosité, me blâmant pour vouloir lire son courrier ou quoique ce soit d’interdit, mais ressentant cette terrible excitation qu’éprouve les enfants à enfreindre les règles… quand… la porte s’ouvrit. Je me retournai, ma main disparaissant immédiatement dans mes cheveux. Je croisai les jambes faisant remonter le tissu de ma nuisette, et souris malicieusement.


« Enfin de retour… Je commençais à m’impatienter. »
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Rabastan Lestrange

Rabastan Lestrange

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeMar 28 Mai - 17:35

    Tout le monde connaît : il y a des journées qu'on aurait aimé sauter. Les journées de chiotte. Généralement, elles s'annoncent par une semaine tout aussi naze. Le genre qui vous fait penser que ça ne pourra pas être pire, et qu'après avoir eu une telle succession de jours minables, les choses ne pourraient plus que remonter dans le bon sens. C'est à ce moment-là, au moment où vous vous forcez à l'optimisme qu'arrive... la journée de chiotte. Une succession perlée de moments désagréables, pénibles, décevants, écœurants, barbants, frustrants, exaspérants...
    Rabastan avait pourtant espéré que cette journée ne soit pas complètement négative : après tout, il allait revoir sa famille, ce qui en soit était une bonne chose, supportant de moins en moins la foule estudiantine de Poudlard
    Pourtant il s'était méfié. Une convocation, à peine revenu de Londres et de l'ennuyeux feuilleton judiciaire, ça n'était pas forcément bon signe. Ça ne pouvait pourtant pas être quoi que ce soit qui ait eu lieu avant : Decius avait eu largement le temps de mettre les points sur tous les "i" qu'il estimait mal dessinés alors que son neveu se trouvait dans la capitale anglaise. Paradoxalement loin de tout témoin. Ça avait été d'ailleurs particulièrement vicieux : l'annonce du paiement clairement faite, son oncle avait précisé que le remboursement n'aurait lieu qu'une fois le juge satisfait, puisqu'il fallait que le jeune homme soit dans le meilleur état face aux enquêteurs. Chaque jour qui passait, à mesure que le risque d'être inculpé diminuait, Rabastan voyait les sanctions se rapprocher. Un vrai bonheur pour les nerfs... La libération définitive avait donc eu un goût acide et il avait quitté le Ministère sans aucun plaisir ni sensation de victoire. La soirée qui avait suivi avait été courte mais particulièrement réussie du point de vue de Decius. Du point de vue de son neveu, elle avait été longue et douloureuse. Il avait reconnu des torts, promis des améliorations. Mais à aucun moment il n'avait admis que l'affaire Perkins avait été la faute de Gaël. Il avait tout mis sur sa propre frustration. Ce qui ne manquait pas tout à fait de crédibilité : la majorité des erreurs qu'il avait effectivement commises en était le résultat. Simplement aucune n'avait atteint une telle ampleur. Autant dire qu'il avait apprécié avoir une matinée pleine pour récupérer avant de retourner à Poudlard. Comme si de rien n'était, ou presque.
    En avait-il voulu à Decius pour autant ? Bien sûr que non.
    Bref ! Il ne pouvait probablement pas s'agir de "mise au point". Mais s'il s'agissait de quelque chose qui n'avait pu être dit plus tôt, ce n'était probablement pas quelque chose d'agréable pour autant. Surtout si ça ne pouvait pas être transmis par lettre. La méfiance du jeune homme avait grandi encore lorsque arrivé chez lui on lui avait demandé de se mettre sur son trente-et-un. Il commençait de sentir d'où venait le vent et s'était imperceptiblement crispé. L'annonce de l'arrivée des Vladimirova, Sasha comprise, chassa tous les doutes. La nouvelle allait tomber. A l'apéritif ou au dessert, il ne le savait pas encore, mais ça n'avait aucune sorte d'importance. Il n'y avait pas mille raisons qui auraient pu expliquer une telle organisation et la convocation spécifique de lui et de son amie d'enfance.
    Il avait accueilli leurs invités de manière impeccable naturellement, mais sans la moindre chaleur. Ce qui lui avait valu un regard légèrement surpris de la part de Demyan. A part pour leur côté terriblement misogyne – les Russes.... - Rabastan avait toujours apprécié la famille Vladimirova. Chacun des membres qui étaient présents ce jour-là, et sans exception. Non seulement partageaient-ils les mêmes valeurs, mais ils avaient aussi les mêmes goûts, la même tendance violente et cruelle qui les faisaient appartenir à la même race.
    Mais il n'avait eu aucun plaisir à les voir là ce jour précis. Le plus jeune des Lestrange n'était déjà pas un aficionado des mondanités, n'y passait guère de temps en discussion. Cette fois il fut quasiment muet tout du long du repas. Peut-être aurait-il discuté de ce qui allait arriver avec Sasha si elle ne s'était pas trouvée de l'autre côté de la table trop loin de lui. Il était sûr qu'"ils" avaient fait exprès de mettre en place une telle disposition et se sentit vexé du manque de confiance que cela révélait. Ce n'était pas agréable, d'accord, mais il savait se comporter correctement et ne pas faire honte à sa famille. Son humeur s'était encore assombrie. Il était sûr également qu'ils avaient fait exprès d'attendre la fin du repas. Repas interminable : les ombres étaient déjà longues lorsqu'il prit fin. Pourquoi ? Il n'en savait rien, mais n'avait pas de doute sur la question pour autant.

    Ca allait être les fiançailles. C'était plus gros que le domaine familial et se sentait à plusieurs miles. Morgane, c'était une chose de respecter les traditions et s'y tenir, c'en était une toute autre de les apprécier toutes. Là résidait précisément la dignité des Sang-pur et une des raisons qui les rendaient supérieurs : la fange ne comprenait rien au sacrifice individuel de son petit confort. Le fait était là. Il ne s'opposerait pas à la décision de son oncle, puisque c'était à Decius qu'il devait les réjouissances du jour. Il n'émettrait pas une seule objection. Il ne ferait rien contre. L'honneur familial primait sur tout le reste. C'était normal, ça aurait dû l'être pour tout le monde et il n'en tirait pas la moindre fierté.
    Pas le moindre plaisir non plus ce jour-là. A peine une semaine plus tôt, il avait appris les fiançailles de Gaël ce qui l'avait mis dans une rage comparable à celle qui l'agitait à présent, à cette différence près qu'il n'avait alors eu aucune raison de la dissimuler sous les bonnes manières. Viktor n'avait visiblement rien compris s'il s'imaginait pouvoir lui prendre Sa Sorcière pour la donner à quelqu'un d'autre. Et à plus forte raison à un Leroy. Lui qui n'était déjà même pas capable d'inspirer assez de respect à sa nièce pour qu'elle se tienne correctement lors de la réception de fiançailles, ne pouvait pas décemment espérer voir Rabastan prendre acte de l'union prévue et venir applaudir au mariage ?! Il allait ruiner cette alliance ridicule – sérieusement ? De tous les Sang-pur il avait choisi un Leroy : comment un Mangemort pouvait-il associer son sang à des Sorciers qui ne défendaient pas vigoureusement leurs traditions ?
    Et dans le même temps, au fond, tapi sous l'humeur orageuse, s'égrenait un petit rire malicieux, enchanté à l'idée d'avoir à briser les fiançailles de sa Sorcière, et ravi à l'idée de la voir annihiler les siennes. Il n'y avait pas l'ombre d'un doute qu'ils parviendraient à leurs fins, une fois de plus. Ni elle ni lui n'acceptait jamais qu'on leur prenne ce qui leur appartenait : ces fiançailles n'accoucheraient d'aucun mariage.
    D'ailleurs une part de son énervement n'était pas tant dû au simple fait de devoir être fiancé incessamment. C'était plutôt la rancœur de voir que son oncle avait choisi précisément ce moment-là. Rabastan n'avait pas le moindre doute quant à la capacité de Gaël de réduire cette alliance à rien. Comment ? Il ne se posait pas la question et refusait catégoriquement de se la poser, parce que ce n'était pas correct. Mais elle le ferait. Elle en était très largement capable. Mais pourquoi imposer cette épreuve-là, maintenant ? Alors qu'elle venait de perdre sa mère. Rabastan ne pouvait s'empêcher de jeter des regards méfiants à son oncle, et dont il ne s'efforçait que vaguement d'effacer une certaine rancœur : Decius avait bien fait mine de s'incliner face au choix de son neveu de sortir avec une Dunkan, mais il semblait bien que ce n'ait finalement été que pour tenter d'y mettre un terme d'une autre façon. De là on était en droit de penser que le terrible Sorcier mettrait des bâtons dans les roues des tentatives de Gaël, et bien plus que cela ne se faisait habituellement. Faire tomber ces fiançailles, là, juste maintenant, n'était certainement pas anodin : ça s'appelait profiter d'une faiblesse passagère. Et voilà où se trouvait l'origine du plus gros flot de fureur que le jeune homme ressentait à ce moment. Il avait cru la question réglée, mais ça avait été naïf. Son oncle ne pouvait-il jamais revenir sur un avis ?
    D'autres auraient pu faire remarquer à Rabastan qu'il n'était pas plus enclin que son cher parent à faire machine arrière sur quoi que ce soit. Mais Rabastan lui-même n'était pas du genre à se faire ce genre de réflexion.

    Une humeur d'encre donc. C'était l'état d'esprit dans lequel il accueillit l'annonce qui tomba finalement et sans surprise : ses fiançailles avec Sasha, bien qu'il se força avec rigueur à ne pas en devenir insultant pour leurs invités, et d'acquiescer silencieusement à l'union qui lui était imposée. Ce en quoi il réussit plutôt bien tant il s'attendait depuis des heures à cette "nouvelle".

    L'humeur devint exécrable dans les minutes immédiates qui suivirent. A la surprise générale, Sasha, elle, ne se contenta pas d'un hochement de tête. La seconde suivante, la flamboyante rousse s'était levée, faisant trembler la vaisselle sur la table, et se lançait dans une tirade assassine à l'adresse de son père. En soi, cela avait déjà de quoi faire grincer des dents tous les Lestrange présents, y compris Rabastan. Quel était le problème des filles de leur génération ? Pourquoi fallait-il qu'elles réagissent ainsi ? Elles étaient d'excellentes manipulatrices pourtant. Mais non ! Il leur fallait réagir comme la dernière des gourdes gryffondor dès qu'on prononçait le mot "fiançailles". Les voilà qui se transformaient en harpies, incapables de se maîtriser. Bien sûr que ce n'était pas agréable ! C'était le principe d'une règle, de se fiche royalement que ça vous plaise ou pas. Pourtant ce n'était tout de même la première fois qu'elles étaient confrontées à des règles, des devoirs, des obligations. Allez savoir pourquoi, celle-ci en particulier leur faisait fondre la cervelle et elles humiliaient et leur propre famille et celle d'en face. Et Rabastan était d'autant moins tolérant sur la question qu'il remâchait lui-même son mors furieusement pour se tenir correctement et comme il fallait.
    Ce comportement était déjà exaspérant en soi, mais là c'était aussi insultant envers sa propre famille et quand bien même Sasha était probablement l'une des personnes les plus proches de lui, Lestrange se sentit le sang bouillir violemment. L'instant d'après, la véritable bombe était lancée : Sasha hurlait ce qu'elle pensait de "traditions stupides" et s'enfuyait.
    Dans le silence qui suivit, la voix de Decius avait paru plus que jamais coupante comme un rasoir. Decius qui s'entendait pourtant si bien avec le père de Sasha. Mais Decius dont le ton était devenu dangereux sans aucune possibilité de mauvaise interprétation. Ou Vladimirova senior faisait rentrer sa fille dans le rang très rapidement et très efficacement, ou bien lui s'en chargerait, en ayant désormais le droit en vertu de l'alliance entre les deux familles. Normalement cela aurait nécessité le consentement du père néanmoins. Mais Decius, par la simple intonation qu'il prit à ce moment-là, affirmait nettement qu'il s'en passerait. Il n'était pas question qu'un tel comportement éclabousse le nom des Lestrange. Aucun risque ne serait pris. Vu les circonstances, le père de Sasha ne pouvait guère se payer le luxe de vraiment protester : cela risquait par trop de transformer une alliance souhaitée en un conflit, et par là même de voir sa fille gagner. Pas que l'envie lui manquait de rétorquer pourtant, probablement.
    Le court laps de temps qui s'écoula entre la fin du repas jusqu'au départ de leurs invités fut aussi glacial que tendu. Les Vladimirova partis, le silence s'était poursuivi un moment, avant que la question inévitable ne tombe.

    "Tu savais qu'elle avait des pensées aussi dangereuses ?" A quoi Rabastan avait répondu un "Non." qui s'approchait probablement plus du grondement furieux que de la parole. Personne n'avait insisté : il était clair que le jeune homme ferait ce qu'il faudrait pour régler la question, inutile donc d'en parler.
    Rabastan avait alors les yeux fixés sur le feu depuis plusieurs minutes, comme s'il avait pu y brûler toute la rage violente qui lui cramait les veines. Elle n'avait pas été sérieuse n'est-ce-pas ? Sasha ne pouvait pas penser des choses pareilles... Sûrement elle n'avait cherché qu'à provoquer son père, ce n'était pas un scoop qu'elle ne s'entendait pas avec. D'ailleurs, Rabastan avait décliné avec un certain écœurement la demande que Vladimirova père lui avait faite au début de l'année : il avait demandé au Serpentard de surveiller sa fille et de lui faire des rapports. Lestrange n'avait pas compris qu'on puisse souffrir d'un tel manque de confiance dans une famille comme la leur. Bien sûr il y avait des tensions et Sasha était dans une période où elle cherchait à s'affirmer. Pas toujours de manière très maligne, certes. Mais ce n'était qu'une passade. Rabastan avait même averti son amie de la demande qu'on lui avait faite, persuadé que quelqu'un d'autre serait chargé de cette surveillance et tenant à prévenir la jeune fille afin qu'elle s'en méfiât. Avait-ce été une erreur ? Vu ce qu'il avait entendu ce jour-là ? Non. Il connaissait la jolie rousse depuis qu'ils étaient enfants, et bon an mal an, ils avaient toujours eu de bonnes relations, plus semblables à celles de frère et sœur que d'amis. Ca méritait un minimum de loyauté.
    Morgane ! Il n'arrivait pas à croire qu'il avait entendu Sasha proférer de telles obscénités. Cela le rendait furibard. Ca devait être de la provocation, et sitôt qu'il en aurait l'occasion, il chercherait à en avoir le cœur net en le demandant à la principale intéressée. Mais quand bien même ! Même pour provoquer ! On ne disait pas ces choses-là...


    ***

    Un peu plus d'une heure plus tard, il franchissait les grilles de Poudlard, remontant lentement et d'une humeur ravageuse l'allée menant aux portes principales. Les giboulées accompagnaient la tombée définitive de la nuit : temps de circonstance. Rabastan ne prit pas la peine de relever sa capuche, focalisé sur les pensées qui lui agitaient les neurones. Regardant droit devant lui, il fendit les groupes d'étudiants qui quittaient la Grande Salle pour rejoindre leurs Salles Communes, la Bibliothèque, ou des salles de cours vides pour s'entraîner. A vrai dire il ne les voyait pas vraiment. Ce qui était aussi bien pour tout le monde. L'ignorance mutuelle : peut-être que cela aurait simplifié les choses au quotidien si tous s'en étaient tenus à cette simple règle.
    Lestrange avait rejoint sa propre Salle Commune sans vraiment y faire attention, suivant l'un des trajets devenus beaucoup trop familiers. Saleté d'école. En passer les portes l'éveilla néanmoins un peu de ses remâchements bilieux, tandis qu'il balayait la grande pièce du regard pour vérifier qui s'y trouvait. Pas de Gaël. Bon... Autant de temps gagné pour trouver un moyen de présenter le problème le plus diplomatiquement possible. Problème sur lequel il se cassait les dents depuis qu'il avait quitté le manoir familial. C'était d'autant plus difficile à solutionner qu'il ne comprenait pas exactement l'intérêt de la diplomatie pour ce genre de choses, mais ça lui avait été si souvent reproché... Et vu les circonstances, un effort pouvait toujours être appréciable. Peut-être. S'il arrivait à trouver une formulation diplomatique. Mais avec des "si"....
    C'est donc presque machinalement qu'il ouvrit la porte de sa chambre. Pour se retrouver nez-à-nez avec une scène qu'il aurait été incapable de prévoir dans l'état d'esprit dans lequel il se trouvait, mais qui eut l'avantage immédiat de lui ôter toutes pensées désagréables de la tête. Toute pensée tout court.

    Il y eut un blanc. Une seconde pour oublier très brièvement de quoi il revenait. Une autre pour être tenté de remettre à plus tard les explications. Une dernière pour contempler ce à quoi il renonçait pour le moment : il doutait sincèrement que ce qu'il avait à dire maintiendrait l'ambiance délicieuse qui l'avait accueilli. Le Serpentard expira profondément par le nez en refermant la porte derrière lui, puis en s'asseyant sur un coin de son lit, les pensées revenant en force et d'autant plus exigeantes qu'elles avaient été refluées si soudainement. Il s'en massa brièvement les tempes comme pour les calmer, tique gestuel qui le prenait souvent lorsqu'il tentait – généralement mal – de se calmer.

    -Morgane.... J'te jure j'ai pas envie mais j'vais casser l'ambiance.. Je suis fiancé aussi maintenant. A Sasha.

    Le tact version Lestrange. Ne parlons même pas de diplomatie...
    L'information lâchée, il ne pouvait pas s'empêcher pour autant d'avoir les yeux baladeurs : il y avait tant à voir mais tout ce qu'il voyait lui faisait remarquer dédaigneusement à quel point il avait été stupide de ne pas s'être jeté dessus au lieu d'annoncer de mauvaises nouvelles.
    Regarder sans toucher... Tssss........ Journée de chiotte.
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Gaël A. O. Dunkan

Gaël A. O. Dunkan

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeMar 28 Mai - 23:45

Fiancé ?!
Avec Sasha ?!
Fiancé ?!
Avec Sasha ?!

L’information fit le tour de mon cerveau, refit un tour, un troisième… Mais elle ne fit que tourner et tourner en boucle comme un horrible tourbillon cauchemardesque dans lequel le visage de Sasha m’apparaissait à côté de celui de Rabastan, tous les deux… fiancés. Comme si les mots ne s’enfonçaient pas déjà profondément dans mon crâne, il fallait que mon imagination me fournisse d’autant plus de raisons d’être écœurée, énervée, prête à vomir toute la bile qui se trouvait dans mon corps. Et j’en passe, et des meilleurs…
Je fus surprise qu’une bouffée de rage ne soit pas montée comme une flèche suite à l’annonce délicate de Rabastan – mais je ne m’attendais jamais à le voir faire des efforts pour prendre des pincettes bien que parfois j’aurais aimé qu’il fasse preuve d’une légère diplomatie. De toute manière, l’annonce serait restée la même, pincettes ou pas.
Aussi, ce ne fut pas la rage à ce moment-là qui me prit de cours. Ce fut le dégoût violent provoqué par les fiançailles de Rabastan avec son amie d’enfance. Sasha… Les rapports étaient déjà difficiles et houleux, de par le lien qu’elle avait avec mon sorcier, mais également à cause des informations qu’elle possédait sur ma famille. Oh, ce n’était pas un secret mais elle m’avait fait grincer des dents en m’abordant avec si peu de tact, parlant directement de la trahison de mon père comme s’il s’était agi du temps qu’il faisait ou d’un banal cours de Potions. Je m’étais montrée méfiante, polie malgré tout car je savais Rabastan attaché à la –trop- jolie rousse pour ouvrir directement les hostilités, mais ô combien j’avais rêvé de la voir disparaître, ou d’assister à l’explosion de son amitié avec mon sorcier… Un rêve qui s’était fait tout petit après quelques temps où j’avais appris à connaître la sang-pur, à apprécier néanmoins des qualités que je partageais. Mais si les tests qu’elle avait passés haut la main m’avaient attesté de sa bonne foi, tout ce que je voyais à présent c’est qu’elle était désignée officiellement pour être celle qui deviendrait la femme de Rabastan. Elle….pas moi. Rien d’étonnant, les Lestrange n’étaient pas mes plus grands fans. A commencer par Decius, qui me détestait ardemment. En soit donc, ce n’était pas une surprise. Comment une fille de traitre pouvait-elle être assez bien pour la famille Lestrange ? Aucune chance… Je ne pourrais décidément jamais laver mon nom, il fallait que je m’y fasse.
Un long silence suivit ses paroles. Un temps nécessaire pour digérer l’information, prendre en compte les paramètres, réaliser dans quoi nous venions de tomber. Un large, immense trou remplis de sales bestioles….

Je fixai Rabastan sans dire un mot, avec un calme inquiétant qui ne laissait généralement rien présager de bon. Puis, je pris ma baguette posée sur son bureau et d’un seul coup, toutes les bougies s’éteignirent. Sauf une, celle juste devant moi.
Changement radical : ce ne fut plus une chambre chaleureuse et illuminée de bougies tout à coup, mais une pièce froide et plongée dans une obscurité partielle. La dernière bougie éclairait assez le visage de Rabastan et le mien pour que nous puissions nous voir, mais le reste de la chambre était obscure et froid.


- Tu parles d’un cassage d’ambiance…, sifflai-je en posant ma baguette.

J’avais détourné mon regard de lui, plus froide que jamais. Ce n’était pas sa faute évidemment, mais la rage n’était pas toujours objective. Elle se défoulait sur ce qui se présentait en premier, et Sasha n’était pas dans la pièce…. C’était plus précisément à sa famille que j’en voulais le plus : pourquoi maintenant ? Pourquoi Sasha ? N’avais-je pas fait d’énormes efforts ? Ne m’étais-je pas montrée poli, courtoise, bien éduquée et digne de Rabastan ? Apparemment non. Et je commençais à penser que je ne le serais jamais assez. Comme aux yeux de ma mère : toujours trop ou pas assez, mais jamais comme il fallait.
Mes mains agrippèrent un parchemin sur le bureau, le déchirèrent avant de l’amener se brûler les coins sur la bougie qui vacilla.


- Sasha… crachai-je avec une grimace. Evidemment…qui d’autre qu’elle pourrait mériter cet honneur ? Qui voudrait salir son nom avec une fille de traitre n’est-ce pas ?

Les mots sortaient comme des lames de couteaux, m’écorchant la gorge au fur et à mesure. Déclenchant la rage qui n’était pas sortie au premier abord. Je la sentais venir, de plus en plus près. Elle montait. Montait. Montait… Je laissais tomber le papier qui s’enflamma entièrement sans que je ne m’en préoccupe. Je me levai comme une tornade, allai ouvrir la fenêtre dans l’intention de jeter toutes les bougies que j’avais soigneusement placées pour faire cette stupide surprise à Rabastan. Je me fichais pas mal de l’air glacial qui vint s’engouffrer dans la chambre et éteindre la dernière source de lumière. Peu importait d’avoir froid et d’attraper la crève.

- Quelle idiote je peux être ! –une bougie de moins- Sasha et toi vous vous connaissez depuis tellement longtemps que cette alliance a dû être planifiée il y a des années! – moins deux bougies- Comme ça doit arranger ton oncle hein ! Te fiancer à Sasha – le mot sonnait comme une insulte… et quatre bougies de moins – pour se débarrasser de l’odieuse –une bougie- relation de son héritier avec la fille Dunkan ! –deux bougies- Quelle honte ce doit être pour ta famille n’est-ce pas ?! N’est-ce pas ?! , m’écriai-je en lançant la dernière bougie par la fenêtre.

Une hystérique. Je devais ressembler à une hystérique. Et l’être, probablement.
Le fait est que je ne savais pas comment me débarrasser de la colère qui bouillonnait dans mes veines, de plus en plus fort. Un coup de sang qui vint colorer mes joues, m’empêcher de réfléchir calmement. J’avais presque envie de le secouer pour qu’il finisse par avouer que tout ceci n’était qu’une mauvaise –très mauvaise- plaisanterie. J’avais besoin de me calmer, et tout ce que je trouvais sous la main fut un cendrier très moche qui ne tarda pas à s’éclater par terre, dispersant des morceaux de verre sur le sol –autrefois- impeccable. Ne trouvant plus rien à jeter, casser ou écraser, je me tournai vers Rabastan, furieuse.


-Et sinon ? Comment était le diner ? Très bon j’espère ! Et le dessert ? A ton goût ? Et pour Sasha ? A ton goût aussi ? éclatai-je.

Je fis quelques pas vers le lit sur lequel il se trouvait assis, marchant sur les morceaux de verre mais sans même m’en rendre compte – tout du moins, mon cerveau décida que ce n’était qu’un détail. Je pris un air faussement désolé, une main sur le cœur.

-Oh mais pardon ! Comme je suis mal élevée ! Je ne t’ai pas félicité. Tu m’envoie navré mon chéri : bravo pour tes dignes fiançailles ! ironisai-je, appuyant sur les derniers mots. Déjà une date pour le mariage ?

Une petite partie de moi, sûrement enfouie profondément, savait que ce n’était pas juste pour lui non plus, que ces fiançailles n’étaient pas sa décision mais celle de son oncle. Il n’empêche que je connaissais assez Rabastan pour savoir qu’à aucun moment, pas même une demi- seconde, il n’avait pensé à s’opposer à ces ridicules fiançailles. Ce n’était pas sa façon de fonctionner, il respectait trop sa famille et ses traditions, plus encore ses principes pour oser agir ainsi. Je voyais les choses différemment, même si je comprenais de plus en plus l’attachement de mon sorcier pour ces choses-là. Ainsi, nos réactions ne pouvaient être les mêmes dans une situation semblable. Tous les deux fiancés… à des personnes différentes.
Peut-être était-ce simplement la peur ou la paranoïa qui parlait ? Et s’il décidait que finalement Sasha était un meilleur choix ? Un rang social plus élevé – son père n’était pas un traitre lui…- , une éducation sûrement plus en accord avec celle des Lestrange, sans parler de bons rapports entre les deux familles. Puis, ils se connaissaient depuis tout petits. Et si Sasha était véritablement plus digne de lui ? Et si Decius ne nous laisserait jamais nous fiancer ? Et si…. ? Et si… ?
Et si mon père n’avait pas été un traire ?
Les choses auraient été radicalement différentes…
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Rabastan Lestrange

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeJeu 30 Mai - 18:26

    Adieu fantasme et accueil chaleureux. C'était prévisible mais pas plus agréable pour autant. Pas de soupir malvenu mais le cœur y était. Rabastan releva le regard vers celui de sa Sorcière comme elle ouvrait finalement la bouche. Avec l'extinction des bougies, toute chaleur avait quitté la pièce. En revanche dans les yeux de Gaël, ça bouillonnait violemment... L'instant d'après elle se détournait et partait dans une diatribe acide, tandis que le Serpentard s'adossait à l'un des montants du baldaquin. Comme si se forcer à une attitude un peu détendue l'aiderait à garder la bouche close pour ne pas répondre aux quasi accusations qu'elle lui lançait.
    Une attitude qui s'avéra difficile à garder lorsqu'elle ouvrit soudainement la fenêtre, faisant entrer une bourrasque d'air froid et chargé d'humidité dans la pièce, trempant le sol sous la baie et tout ce qui se trouvait autour. Il n'y accorda pourtant qu'une très brève attention. Car la vraie tempête, à ce moment là, c'était Gaël. Et il fallait se réjouir que la chambre soit aussi bien rangée puisque ce n'était probablement qu'à ça qu'on devait le peu de dégâts produits. Aussi belle qu'elle pouvait être, enflammée de cette façon, la mine de Rabastan s'assombrissait néanmoins de seconde en seconde, noyé sous un flot de paroles qui allaient jouer joyeusement avec ses nerfs, comme pour tester leur solidité. A tout prendre, il aurait sans doute préféré se mettre directement sous la pluie : au moins il y était insensible. Quelque part au milieu de l'exaspération, il se demanda même s'il n'aurait pas mieux fait de s'arranger pour lui annoncer la nouvelle à un moment où ils auraient été très entourés, pour limiter les éclats. Mais ça aurait été déloyal, inutile donc de revenir sur cette possibilité. Le fait d'y penser, cependant, restait méchamment symptomatique.
    Des dents grincèrent sans qu'on puisse les entendre, couvert par l'éclat du verre brisé par terre. Mais ça aurait été rêver que d'y voir la marque d'une trêve. Au contraire. Après avoir accumulé les sous-entendus ironiques et vicieux à l'égard des Lestrange, elle se rabattait sur le seul représentant présent dans la pièce. Quand les bougies s'étaient éteintes, Rabastan avait décidé de s'astreindre au silence, d'essayer de penser à autre chose, de faire abstraction de ce qu'elle pourrait dire sous le coup de l'énervement. Bref, de tout tenter pour ne pas relancer sa propre colère. Perdu... La fureur devait être contagieuse, parce qu'il se sentait les nerfs chauffés à blanc et frémir des pieds à la tête.
    Et l'Ironie le Retour ! Bon sang ce qu'il pouvait détester ce ton-là ! Ces tonalités avaient le don de lui exciter les neurones dans le mauvais sens. Mais si elle voulait vraiment jouer ce jeu-là, il rétorquerait au même niveau, très très bas donc.

    -Mais oui t'as raison, je suis trop content ! Hourra : sortons vite les dragées surprises pour fêter ça. Tsshh...... J't'en ai demandé des comptes, moi, pour tes fiançailles ?! Craiceann Myrddin !

    Passé le juron gaélique lâché avec une agressivité non maîtrisée, il lança un reparo silencieux sur le cendrier au sol. De l'autre main, rendue nerveuse par l'énervement, il tirait d'une de ses poches une boîte en fer blanc travaillé, remplie de cigarettes sorcières turques. L'une d'elles fut allumée d'un geste sec.
    La première aspiration fut rageuse, l'expiration tout autant, tandis que la fumée bleutée semblait former des silhouettes archaïques et guerrières. Habituellement il fallait plus de temps pour que les fumerolles prennent des formes interprétables. Était-ce pourtant bien utile de se demander pourquoi c'était différent cette nuit-là ?
    On aurait pu facilement croire que cette explosion d'énervement n'était que la réponse à l'agressivité de Gaël à son égard, ou le rappel incessant des fameuses fiançailles, ou plus encore la façon dont étaient crachés le nom d'une amie d'enfance ou bien "L'oncle". Mais non. "Ca" : ça ne lui faisait pas plaisir et l'exaspérait terriblement. Mais "ça" il s'y était préparé. Il la connaissait assez pour s'être attendu à ce qu'elle jette son venin sur ceux qu'elle estimerait coupables, et il ne s'était pas attendu non plus à ce qu'elle le fasse en toute bonne foi et dans les limites du raisonnable. Ce n'était pas des raisons suffisantes pour ne pas réagir en temps normal, mais vu les circonstances, il avait décidé de ne pas répondre. Qu'on ne lui reproche pas plus tard d'être intransigeant et de ne jamais faire d'efforts !
    Cette émanation de mauvaise humeur verbale venait donc d'ailleurs. Et l'explication tomba dès la première bouffée de fumée expirée.


    -Et arrête de raconter des conneries. Je sortirais pas avec toi si c'était une honte.

    La phrase fut ponctuée par des yeux levés au ciel, exaspérés.
    Et voilà  : le Serpentard avait été vexé qu'elle ait si peu de confiance en lui au point de croire qu'il pourrait avoir honte d'elle, et sans le lui dire. Ou qu'il puisse être assez mesquin pour jouer double-jeu. Ou qu'il ferait quoi que ce soit qui irait à l'encontre de l'honneur de son sang. Quant à préciser si c'était une honte pour lui ou pour sa famille, cela tenait de l'absurdité pour Rabastan : c'était la même chose. Ce qui faisait honte à ses proches, lui faisait honte à lui et vice versa.
    Parce que non, il n'était pas du genre à briser les grands principes dès que les émotions entraient en jeu. Cela se payait à coup de frustration et d'énervement, comme cette nuit-là. D'ailleurs la journée avait été longue en vexations accumulées : probablement une des raisons pour lesquelles il réagissait aussi vite aussi mal à la dernière. Mais en tous cas, jamais aucune contradiction n'était tolérée. La preuve : le jour où il s'était senti beaucoup trop attiré par la jolie brune, il avait planté là sa copine du moment. Pas d'infidélité. On n'aurait même pas pu lui reprocher de penser à une autre alors qu'il était avec la première. Aucune concession. Après tout le but n'était pas de passer pour un prince charmant auprès du plus large public possible.
    Et non. Il n'y avait aucune honte à sortir avec elle. Les erreurs des géniteurs pesaient toujours sur leurs enfants. Mais ce n'était pas une raison pour leur dresser des procès d'intention. Morgane soit louée : on ne ressemblait pas toujours à ses parents... On évitait ainsi bien des catastrophes. Encore qu'il fallût toujours payer son héritage, ce que n'avaient pas compris certains imbéciles. Les habitants de Quicheland, au nombre desquels Rabastan mettait Sirius Black et Leroy de Louvière en citoyens d'honneur. Honneur prononcé avec ironie, cela va sans dire. Ces deux traîtres avaient tout pris de leur famille : les connaissances, l'art des duels rhétoriques ou magiques, l'opiniâtreté, la fierté, et de multiples talents inaccessibles aux autres. Et pourtant, ils se posaient en victimes, l'enfance misérable et lobotomisante, pleurnichant sur le manque d'amour et la dureté de l'éducation. Ils retournaient les armes qui leur avaient été données, au prix pourtant de sacrifices, contre les leurs. Simplement parce qu'ils n'étaient pas capables de supporter les exigences de leur rang et de leurs privilèges. Ils voulaient tout sans rien payer. Des voleurs, voilà ce qu'ils étaient, donc.
    Gaël, elle, avait commencé la partie avec bien moins de chances qu'eux. Elle n'avait pas vraiment été éduquée dans les règles par une mère obsédée par son aîné, par un oncle absent et fantoche, et encore moins par son traître de père. Et pourtant, contrairement à un Sirius ou un Leroy, elle n'avait jamais fui. Jamais baissé les bras, jamais renoncé, jamais préféré le confort à la noblesse. Elle les faisait paraître plus méprisables encore, ces enfants gâtés et capricieux. Bien sûr que non il n'avait pas honte que cette nana-là soit la sienne.
    C'était même bien le contraire. Le truc à dire à ce moment-là probablement. A condition de ne pas s'imaginer que les évidences n'avaient pas besoin d'être dites. Le Serpentard était d'ailleurs certain qu'elle le savait parfaitement, mais ironisait dans l'autre sens uniquement pour lui mettre les nerfs en boule. Probablement une façon à elle de se venger du fait que lui n'avait fait aucune esclandre à table lors de l'annonce des fiançailles. Alors le truc à dire ne fut pas dit.

    Au lieu de ça, Rabastan gardait la bouche résolument fermée, excepté pour tirer rageusement sur sa cigarette. Ne pas prendre la parole pour ne pas risquer d'envenimer la situation, c'était l'objectif.
    Il avait envie de changer de sujet. D'oublier cette journée grise et sans aucun avantage. Il avait envie de se défouler. Sauf qu'il n'était pas le seul. Le Serpentard était bien placé pour savoir dans quel état de fureur devait se trouver sa Sorcière et c'était à lui de faire l'effort cette fois. Mieux valait donc se taire en attendant de s'être calmé suffisamment. Serrer les dents et faire le dos rond. Rien de vraiment simple dans l'état d'énervement avancé dans lequel il se trouvait lui aussi
    .



HS : j'ai relevé mon petit défi personnel de Quichelander ! ^^
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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeMar 4 Juin - 19:28

Je ne savais ce qui me mettait le plus en colère. Etait-ce de le savoir juste fiancé, à Sasha qui plus est ? Ou de le voir aussi inactif, là adossé à ce foutu lit ? Etais-je la seule de nous deux à m’inquiéter ?
A le voir, on pourrait penser qu’il avait passé seulement une mauvaise journée parmi tant d’autres. De la pluie, une réunion de famille, et des problèmes à l’horizon. Mais non. Ce n’était pas juste un problème, c’était le problème que j’avais attendu en priant dans le même temps pour qu’il n’arrive jamais. Il ne s’agissait pas plus d’une ordinaire réunion de famille : c’était l’annonce des fiançailles de Rabastan. L’officialisation du lien qui unirait bientôt les deux familles. Sauf qu’à le regarder, à part la tension visible sur ses traits, la crispation de sa mâchoire et la retenue dont il faisait preuve sûrement dans une tentative de limiter au mieux les dégâts que cette conversation engendrait…il aurait été difficile de croire qu’il venait tout juste d’être fiancé.
Je savais qu’il n’était pas n’importe qui: la plupart des gens auraient réagi violemment, aurait été peut être paniqué ou inquiets, en colère. Tel que je me l’imaginais, il avait dû acquiescer, tout au plus. Parce qu’il était incapable de s’opposer aux décisions de son oncle… Parce que ça n’entrait pas dans ses principes, ce n’était pas dans les traditions que nous devions respecter. Que j’aurais dû respecter lors de mes propres fiançailles… Je savais qu’il désapprouvait mon attitude : mais qu’étais-je censée faire ? Croiser les bras et attendre ? Ne rien faire, à part prier (à la cathédrale ?) pour que ces fiançailles ne soient plus qu’un mauvais souvenir que mon sorcier aurait tôt fait d’effacer. Sûrement était-ce précisément ce que l’on attendait de moi… Impossible pourtant. Je n’aimais pas que les autres prennent des décisions à ma place, et c’était exactement ce qui me rendrait furieuse dans ce concept de fiançailles. Sans oublier que les familles avaient plein pouvoir pour choisir l’heureux élu : il n’y avait pas un seul Dunkan qui ne méritait cet honneur. Je m’étais débrouillée toute seule jusque-là, pourquoi alors devrais-je laisser la soit disant autorité de Viktor décider à ma place ? Oui, évidemment…les traditions. Les devoirs. C’était la suite logique des choses : fiançailles, mariage, assurer une descendance. Ne pouvions-nous pas modifier les règles dans mon cas ? Ce n’est pas comme si ma famille en était vraiment une après tout… le mot « famille » était même tellement ironique lorsqu’il s’agissait de la mienne. Je ne détestais pourtant pas Viktor : il avait été le seul à prendre soin de moi, à sa manière. Il était malheureusement trop tard pour réparer les erreurs des deux géniteurs, et Viktor avait rapidement baissé les bras devant les tensions trop importantes qui empoisonnaient les Dunkan. Lui, comme moi, savions que rien ne pouvait être réparé. Aucun sortilège, mots ou actions n’avait ce pouvoir.
La famille de Rabastan était différente : l’éducation n’était pas la même, les traditions étaient toujours respectées et il n’y avait pas d’erreur permise. Il y avait des avantages et des inconvénients, mais au moins Rabastan était entouré d’une vraie famille. Ainsi, je comprenais en partie pourquoi il n’avait point objecté face à la décision de son oncle, il disposait de piliers, de structures. Comprendre ne rendait pourtant pas les choses plus faciles : était-ce mal de lui en vouloir ? J’avais cette impression tenace qu’il baissait les bras, pourtant il complotait dans son coin en prenant garde que je n’en sache rien, pour régler le problème Leroy. L’envie de le voir se rebeller contre ces fiançailles semblait irréfutable néanmoins : j’en aurais été honorée. Sauf que selon lui, il s’agissait plus d’un déshonneur. Envers sa famille, la famille de sa fiancée et les traditions.
Comment aurais-je du réagir alors ? Nos points de vue étaient trop différents pour s’entendre sur ce point : comme toujours, il y avait des sujets sur lesquels nous ne pouvions débattre sans prendre des risques. Et rien n’arrangeait mon état lorsqu’en plus il répondait ironiquement, en écho à mes paroles. Mes yeux se plissèrent, la fureur montait d’un cran. Je répondis avec calme mais acidité.


- Y a pas eu besoin de me demander des comptes parce que c’était assez évident de mon côté. Là, t’as juste l’air d’accepter la situation.

La seconde suivante, Rabastan allumait furieusement une cigarette, prenant la peine au passage de réparer le cendrier que j’avais cassé. Son exaspération ne m’aidait en rien à rester calme. Plus encore, c’était son ton tranchant qui me donnait d’autant plus de raisons d’être en colère. « Des conneries » qu’il disait… Ce n’était en rien des conneries pourtant. Il aurait été plus qu’évident de dire que la fille d’un traitre n’est la bienvenue nulle part, et surtout pas dans une famille aussi respectable que celle des Lestrange. J’avais ressentis le mal aise en passant une partie de l’été chez eux. Je l’avais senti. C’était stupide de le nier : ils me détestaient. Peut-être pas Oriana, qui était encore la seule avec Rodolphus à me parler, mais je réalisais que plus je passerais de temps avec Rabastan, plus les Lestrange tenteraient de m’écarter de lui. Et dire que j’avais cru l’espace d’un instant que Decius avait accepté la situation, quand bien même il n’était pas mon plus grand fan – et l’expression était faible.
Après tout, ce n’était pas comme si je ne m’y étais pas attendue : mon nom me collait trop à la peau pour que je puisse en faire abstraction. C’était comme un boulet accroché à ma jambe en permanence. Impossible de m’en débarrasser.
Alors oui, j’étais en droit de penser que ceci était une honte. Selon bon nombre de sorciers, les Dunkan en était une. Et une belle ! Pas un pour racheter l’autre décidément. Viktor faisait ce qu’il fallait, mais il était largement critiqué également. Les gens n’oublient jamais, c’était bien le problème. Et ce qui avait l’air d’une évidence pour Rabastan n’en était pas une pour moi.
Je soupirai, fermant brièvement les yeux dans l’espoir de me calmer. Les mains sur les hanches, je passai pensivement ma langue sur la pointe de mes dents.
L’important était Sasha. Sasha qui avait été choisi à ma place pour être la future femme de Rabastan. A ma place… J’en avais des envies de meurtres rien qu’en y pensant. Il fallait régler le problème. Seulement voilà, il ne s’agissait pas de n’importe qui : Sasha était l’amie d’enfance de Rabastan. Qui plus est, un acte trop impulsif et définitif m’accuserait directement étant donné les circonstances. Je ne pouvais pas juste m’en débarrasser, me laisser emporter par la rage et la tentation de la voir disparaître à jamais – ça m’avait traversé l’esprit plus d’une fois, Morgane le savait ! J’avais besoin d’un plan. Un très bon plan que personne, pas même Decius, ne pourrait contrecarrer. Et ce soir ne serait pas le bon moment pour en trouver un. Les tensions ne m’aidaient pas à réfléchir correctement.
Frustrée de ne pouvoir pas déjà me mettre à mes machinations, furibonde face à l’idée même de ces fiançailles et agacée par l’attitude de Rabastan, je lui pris sa boîte des mains et m’allumai une de ses cigarettes.
Je vins m’adosser à la fenêtre sans me préoccuper du froid et de la pluie et aspirai une première bouffée.

- Arrêtes… tu sais très bien pourquoi ta famille ne m’a pas choisi moi. Me prends pas pour une conne. Je me sens déjà assez humiliée de t’avoir attendue en voulant te faire une surprise alors que toi tu passais la soirée avec Sasha…

Je détournai le regard comme pour me préserver de sa réaction. Parce que je savais qu’elle ne serait pas bonne. Parce que je n’avais pas envie de le voir lever les yeux au ciel une fois de plus, ce qui mettait gravement mes nerfs en danger de mort immédiate tant je bouillonnais. Je continuai à fumer silencieusement, avant de froncer les sourcils et de poser la question qui me brûlait les lèvres depuis le début de cette conversation.

- Parle-moi de Sasha. Qu’est-ce qu’elle a dit ? Tu as discuté avec elle ?


C’était ce qui m’intéressait le plus. La réaction de Sasha. Voir quel genre de plan je devrais mettre en place. Voir également si j’allais passer la soirée à la maudire ou si j’allais juste retarder le jugement dernier. Demain, il me faudra aller lui parler. Ou plutôt, elle viendra. C’était la moindre des choses.
Peut-être que finalement, ce n’était pas une si bonne idée. Penser à elle – et l’avoir devant moi – réveillait trop de pulsions animales en moi. Qui sait si je saurais me retenir ?
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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeMar 25 Juin - 16:06


    C'était viscéral : la fureur d'un égal – celle des inférieurs ne pouvait naturellement avoir tant de poids - dirigée contre lui faisait naître infailliblement la sienne en propre, comme un réflexe primaire et animal. Agressivité contre agressivité. Elle pouvait prendre les formes les plus diverses, mais elle était toujours là, fut-ce la personne la plus chère face à lui, et instinctivement elle ne demandait qu'à s'imposer, dominer, balayer l'autre. Ça n'avait rien de surprenant : il avait ça dans le sang, la violence. On ne se refait pas.
    A cela s'ajoutait la vexation face au manque de confiance évident dont il faisait l'objet. Et les attaques, bien que détournées, envers sa propre famille. Beaucoup trop de ceux de leur génération semblaient s'estimer beaucoup plus sages et intelligents que ceux qui les avaient précédés. A moins de vingt ans, ils paraissaient tous croire mieux savoir ce qui était bon et ce qui ne l'était pas, méprisaient l'expérience de leurs aînés, en plus de faire passer leurs intérêts individuels avant ceux du sang dont ils tiraient richesse, éducation et pouvoir. Bien sûr la... "famille" de Gaël était un cas particulier comme il n'avait que trop eu l'occasion de le constater. Mais ça n'était pas une raison pour qu'elle ne comprenne pas. En tous cas Sasha n'avait même pas cette excuse-là. Qui semblait être conscient qu'il ne s'agissait que d'une épreuve destinée à vous faire grandir un peu plus ? A prouver votre loyauté ou votre intelligence. Les deux, dans l'idéal. Pas grand monde. Pourtant ce n'était jamais que cela : une nouvelle étape formatrice qui ne pouvait vous rendre que plus fort, quoi qu'il advienne ensuite. Ou bien les fiançailles se transformaient en mariage, auquel cas des intérêts communs se formaient entre deux puissantes familles, ce qui était une force incontestable. Ou bien elles étaient rompues dans l'ombre, et dans ce cas les acteurs de cette rupture en ressortaient plus forts, plus expérimentés, en plus d'avoir prouvé leur attachement ; et une nouvelle alliance pouvait s'envisager sans perte pour les Familles. Sans faille offerte à leurs ennemis. Bien sûr ce n'était pas facile mais où était le mal là-dedans, vraiment ? Rabastan en tous cas ne le voyait pas. Qu'on s'énerve passagèrement d'un nouvel obstacle, c'était normal, mais de là à surréagir... Remettre en cause les règles et les traditions centenaires...
    A vase bien rempli s'ajoutaient toujours de trop nombreuses gouttes.
    Alors la colère lui gelait les veines. Les dents plus serrées que jamais, il la sentait pulser sous sa langue, sur ses tempes, lui crisper les épaules. Se connaissant bien, il ne répondit pas tout de suite, et quand il desserra finalement les mâchoires, ce ne fut pas pour répondre à la question qui venait de lui être posée.


    - Je veux bien faire des efforts Gaël, lâcha-t-il d'une voix lente et blanche. Même si Morgane sait que j'ai déjà eu ma dose aujourd'hui, contrairement à ce que t'as l'air de t'imaginer. Mais fais gaffe à pas me pousser trop loin...

    Sans la quitter des yeux, Rabastan inspira profondément pour abaisser la tension, fit jouer ses épaules pour la même raison, puis finalement baissa un regard venimeux sur le bout fumant de sa cigarette :

    - Quant à Sasha....

    Le souvenir lui tira un sourire acide sans la moindre plaisance dans les prunelles. … Lesquelles brillaient néanmoins de cette drôle de fièvre qui accompagnait systématiquement ses pulsions les plus mauvaises. Et pour cause. Y avait-il plus détestable que la trahison ? Les mots que Sasha avait prononcés cette journée-là n'avaient probablement été que de la provocation, mais ça n'empêchait pas le fait d'être de très mauvais goût. Il lui semblait les entendre encore aussi distinctement que si elle se trouvait dans la pièce. Il aurait préféré qu'elle l'insulte lui directement, plutôt que Ça... Instinctivement il se hérissait contre une possibilité qu'il n'avait jamais envisagée, et qu'on lui avait soudainement agité narquoisement sous le nez. Sasha pouvait-elle vraiment ne serait-ce que songer à les trahir ? Et pour quoi ? De simples fiançailles qui ne déboucheraient sur rien... Elle ne pouvait pas faire partie de ce groupe immonde de traitres-à-leur-sang si obsédés par leur nombril. Pas elle. Eh bien aussi furieusement qu'il refusait d'envisager cette possibilité, malheureusement celle-ci ne cessait plus de le narguer depuis que la flamboyante sorcière avait fait sa triste scène, lui répétant, goguenarde, les mêmes mots, encore et encore, tournant moqueusement dans sa tête.
    Ce n'était pas pour rien s'il était rentré de chez lui si tard : il avait fallu passer ses nerfs avant de reprendre le chemin de l'école. Sans doute n'y avait-il pas passé assez de temps s'il se fiait à son état d'énervement. Y penser eut au moins le mérite d'évacuer un peu de pression, la violence du souvenir apaisant la violence des émotions.
    Il inspira profondément la fumée.


    - … Disons qu'elle a.. explosé ton propre score chez les Leroy.

    Et expira presque voluptueusement les fumerolles âcres qui se courbèrent sous l'action du vent.

    - Et je n'ai pas eu l'occasion de .. "discuter", avec elle. Est-ce qu'on pourrait pas d'ailleurs laisser tout ça pour demain matin ?

    Il avait buté sur le mot "discuter". Même lui était parfaitement conscient que ce qu'il avait en tête, à ce moment précis, ne pouvait pas vraiment être qualifié de discussion : trop agressif, trop quitte ou double, un fil de rasoir sur lequel on préférait se couper plutôt que de jouer les équilibristes. Ce n'était d'ailleurs pas plus mal qu'il n'ait pas pu "discuter" avec Sasha encore. Certaines choses étaient encore beaucoup trop à vif pour que rien de bon n'en sorte. Il fallait qu'il puisse digérer les mots qu'elle leur avait lancés à tous, cesser de les prendre comme des attaques directes et venimeuses. Qu'il arrive à garder à l'esprit que ce qu'avait dit son amie ne pouvait être que des provocations et rien de plus dangereux. Oui il fallait digérer. Un peu. Passer la bile et l'acidité à un stade acceptable. En tous cas qu'il retrouve un état d'esprit où il serait capable d'élaborer une vraie stratégie rhétorique. Et ensuite il pourrait chercher à mettre les choses au point. Naturellement, cette fameuse mise au point ne pouvait toujours pas vraiment être qualifiée de discussion par quelqu'un de normal, mais pour Rabastan, cette fois-ci, cela tenait de la conversation.
    D'ailleurs c'était parce qu'il ne se sentait pas le moins du monde d'humeur à "discuter" qu'il cherchait à mettre fin à cette conversation. Ce qui avait à être dit, avait été dit. Etait-il bien utile de disserter là-dessus ce soir ? Ils n'y gagneraient que de l'énervement, Gaël devait en être consciente non ? Ce n'était même pas un conflit, ou une opposition, c'est-à-dire même pas l'occasion de sortir les griffes et de faire joyeusement ses armes. Non. C'était juste de l'énervement : on bouillonnait sous couvercle. Sans aucune constructivité ni destruction. La Stagnation... C'était comme l'Ennui. Au rang des péchés capitaux lestrangesques. Pas si loin après Trahison, Hypocrisie, Lâcheté et Médiocrité. La liste dépassait néanmoins allègrement le nombre des sept.
    Et malgré ça, au vu des circonstances, il laissait tout de même le choix à sa Sorcière. Il avait encore le souvenir très frais de sa propre fureur quand il avait appris ses fiançailles à elle. Mais ça ne l'empêchait guère d'aborder désormais un air revêche : sourcils froncés sous un front buté, les yeux sombres, le pli de la bouche boudeur. C'est que Rabastan se pensait certain d'où mènerait cette conversation s'ils la poursuivaient : il se ferait encore noyer sous les reproches comme s'il ne se souciait pas de la situation et comme s'il était le seul et unique fautif. Et l'injustice-même de cette accusation n'était pas vraiment de nature à le calmer. Jouer en suivant les règles n'avait jamais voulu dire envisager de perdre. Surtout lorsqu'on vouait une confiance parfaite à son partenaire de jeu : en l'occurrence Gaël. N'aurait-elle pas pu plutôt s'estimer satisfaite qu'il ne remette pas une seule seconde en doute sa capacité à mettre un terme à ces fiançailles ? Qu'est-ce qu'elle s'imaginait ? Ce n'était pas pour rien s'il avait accueilli la nouvelle avec autant de flegme : après tout, toute désagréable qu'elle ait été, elle était déjà sans intérêt. Ce mariage-là n'aurait jamais lieu, c'était aussi évident que le soleil se lève à l'Est.
    Tout comme son mariage à elle n'aurait pas lieu non plus. Il avait d'ailleurs déjà trouvé par où attaquer et contrairement à ce qu'il avait cru de prime abord, ce ne serait pas aux Leroy d'en pâtir. Pas par gentillesse. Si quelque chose aurait dû le retenir à ce sujet, ça aurait été plutôt la réluctance de s'en prendre deux fois de rang en si peu de temps à une même famille de sang-pur, mais en même temps, ils semblaient vouloir le chercher. Non, ce n'était pas par un soudain effort de douceur ou de diplomatie. Simplement il avait trouvé une autre voie, une qui lui permettrait de faire d'une pierre deux coups. L'idée, il la devait à Jude. Comme quoi cette belle petite saloperie avait quand même eu son utilité, en fin de compte.
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Gaël A. O. Dunkan

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeJeu 4 Juil - 20:59

Je savais qu’il ne fallait pas le pousser plus loin encore étant donné l’état de nerfs évident dans lequel il se trouvait déjà. La tentation était cependant très forte. Une question me brûlait les lèvres, me titillait comme pour m’obliger à la formuler à voix haute.
Sinon…quoi ?
Elle me brûlait oui et peut être était-ce justement le signe qu’il ne fallait pas la dire.
Avec son « fais gaffe » avait-il seulement conscience que ce genre d’avertissement était une parfaite petit perche pour toute sorte de provocations ? Connaissait-il le dilemme qui opérait présentement dans mon esprit ? C’était comme jouer à la roulette russe : vous appuyez sans savoir si la balle va vous exploser la cervelle. Je le dis, je le dis pas. J’appuie, j’appuie pas. J’avais pour habitude de céder à la tentation, juste pour m’éviter d’y céder plus tard dans une situation sûrement pire ou semblable. Mais là, là… c’était différent. C’était une forme de colère qui s’était accumulée toute la journée sans pouvoir exploser et dans ce genre de cas l’explosion promettait d’être spectaculaire. L’effet d’un feux d’artifices, autrement dit. Morgane savait à quel point j’étais une admiratrice des explosifs ! Néanmoins, ce fut la solution de facilité que je choisis. Enfin, de facilité… pas tant que ça puisqu’il me fallait retenir les remarques acerbes qui chatouillaient doucement ma bouche, désireuses de sortir « s’amuser ».
Alors au lieu de le pousser jusqu’au fond du trou pour le voir prendre ensuite son élan afin de me sauter à la gorge, je préférais reculer de quelques pas. Ce qui se résumait à me soumettre à sa volonté, à plier face à sa colère. Chose absolument insupportable pour moi mais j’avais appris avec Rabastan à faire des concessions – pour mon propre bien souvent. C’était une lutte en permanence que je lui livrais, tout en sachant finalement qu’il reviendrait toujours avec plus de force pour imposer son autorité et sa place. Mais comment résister à la tentation de lui disputer la place de dominant ? Mon désir de le titiller et de le voir s’énerver était presque plus forte que moi, c’était cette envie de lui donner des coups de pattes et de le mordre avec toujours plus de culot qui me poussait à me confronter à lui. Lui, de son côté me laissait une marge importante de provocations sans jamais vraiment baisser sa garde quand je dépassais les limites du supportable. Il me faisait toujours très vite comprendre qu’il fallait que j’arrête avant qu’il ne m’arrête. Et nous y voilà… il fallait que j’arrête là.
Ce fut avec vexation et beaucoup de frustration que je fronçai les sourcils et fermai la fenêtre d’un coup sec. Toujours cigarette à la main, je l’écoutais répondre à mes interrogations sur le compte de Sasha.
Je tournai un regard interrogateur vers Rabastan. Exploser mon score ? Vraiment ?
Ah Sasha, petite Sasha…qu’as-tu fait pour le contrarier ainsi ?
Il y avait quelque chose d’étrange dans sa façon de parler de son amie, un sentiment fort et négatif d’après la tension évidente de ses traits et de sa voix. Qu’avait-elle dit ? Mais cela apaisa ma colère au moins. Elle était donc opposée à ces fiançailles également. Voilà une chose à prendre en compte et une question de résolue. Enfin, une entrevue serait obligatoire dès demain matin pour être fixée sur son état d’esprit et jusqu’où elle serait prête à aller pour ruiner ces stupides fiançailles. Il était cependant trop tôt pour penser à une entente… Ma colère était apaisée mais n’avait pas disparue.
Je ne dis rien, trop frustrée encore d’avoir dû plier face à sa menace.

Il voulait changer de sujet. Tant mieux, je n’étais pas sûre de pouvoir tenir longtemps sans que d’autres remarques ne sortent de ma bouche avec trop de liberté. Je pris une brève inspiration, serrai les mâchoires et écrasai ma cigarette dans le cendrier reconstitué.
S’il fallait changer de sujet, alors je savais déjà quoi aborder. C’était une affaire qui avait occupé ma journée, ainsi que d’autres soirées depuis que Rabastan me l’avait donné. L’histoire des chèvres était loin d’être terminée mais grâce au plan de mon sorcier, nous avions pu reprendre l’avantage. Il m’avait tout expliqué après notre réconciliation et à présent que j’avais le fameux objet dérobé à notre Préfète-en-Chef adorée, j’avais passé presque tout mon temps à travailler dessus.
C’était un carnet, un journal intime plus précisément, assez simple et ancien. Elle devait l’avoir depuis un moment maintenant d’après la reliure abîmée et les pages jaunies. Briser le sort qui le maintenait fermé avait été un jeu d’enfant d’après Rabastan – évidemment, Perséphone n’utilisait ni ne connaissait aucun sortilège de Magie Noire, il avait été donc facile d’ouvrir le carnet. Le seul inconvénient avec notre trouvaille était le codage que cette saleté de préfète se servait pour cacher ses petits secrets.
Codage que j’avais finalement réussi à comprendre.

Je me dirigeai vers le sac que j’avais apporté avec moi et sortis le journal sous les yeux de Rabastan. Je vins m’accroupir devant le lit et posait l’objet sur les couvertures, l’ouvrant pour révéler les lettres en désordre inscrites sur les pages et qui formaient un ensemble incompréhensible.


- J’ai trouvé comment son code fonctionne, annonçai-je en levant les yeux vers lui. Je suis allée à la bibliothèque ce matin et j’ai lu un livre sur la cryptographie. Ça s’appelle la substitution mono-alphabétique. En gros, tu associes chaque lettre de l’alphabet à une autre pour constituer un alphabet désordonné. Par exemple A est associé à D, D à E etc

Je dépliai un parchemin que j’avais coincé dans la journée entre les pages du journal et lui montrai les notes que j’avais prises. J’ai dessiné un tableau avec les lettres de l’alphabet associées au codage de Perséphone.

- Il existe plusieurs types d’alphabets désordonnés mais celui que Perséphone utilise requiert un mot-clé : le sien est Rowena… Tu vois mon tableau avec l’alphabet ICIeh bien il suffit d’associer le mot-clé aux cinq premières lettres et ensuite tu dois suivre l’ordre alphabétique, moins les lettres du mot. Ce qui donne : A associée à R, B à O, W à C, E à D, N à E et A à F…après tu continues en partant de la dernière lettre du mot clé – A – et tu fais B associée à G, C à H, D à I…etc.

Je me pinçai les lèvres en regardant mon petit tableau tracé rapidement sur le parchemin déplié sur le lit. Je jetai un coup d’œil à Rabastan pour guetter sa réaction – assurément ceci réussirait à le distraire de son énervement ou du moins à le transférer sur la préfète. Je tournai quelques pages du carnet, me rapprochant des derniers écrits de la serdaigle.

- Je n’ai pas eu le temps de tout traduire, seulement quelques passages que j’ai pris des pages les plus récentes. Et j’ai découvert … certaines choses…

Un lent sourire malicieux étira mes lèvres et je dépliai un autre parchemin sur lequel j’avais retranscris les passages … croustillants. Je le tendis à Rabastan pour qu’il puisse lire. Je me levai pour prendre une autre cigarette dans mon sac.

- On dirait que notre préfète préférée a un penchant pour son professeur d’Astronomiedis-je avec mépris.

J’allumai la cigarette avec ma baguette et vins me placer sur le lit en croisant les jambes, le temps pour lui de lire les passages sélectionnés et qui avaient occupé ma journée de manière plutôt croustillante. O’Connell s’était montée très généreuse sur les détails…fort heureusement.


- Apparemment, elle a été collée une fois avec Mr. Anderson pour avoir été insolente et irrespectueuse envers sa façon d’enseigner. J’ai vu ça dans son dossier scolaire et elle en parle rapidement aussi dans certains passages. « Il m’attire, c’est insupportable » Blablabla…citai-je en levant les yeux au ciel. Je la pensais prude… il semblerait qu’elle se dévergonde. Il était temps…

Perséphone finirait peut-être par devenir pire que moi niveau dévergondage ? Non, impossible. Trop coincée pour ça. Puis, elle semblait s’en vouloir pour être tellement « attirée » par son professeur. Elle disait avoir aimé être insolente et le défier ainsi, même si ça lui avait valu une retenue et la colère d’Anderson évidemment. Déjà, les idées pour utiliser cette information déferlaient dans mon esprit. La petite serdaigle parfaite était tellement moralisatrice qu’il serait bon de la voir pour une fois au moins perdre les pédales, se confronter à ses faiblesses et à ses envies cachées.
Ainsi, elle aimait la compagnie du professeur…
Je souris malicieuse, presque avec gourmandise et regardai Rabastan en affichant une mine réjouie, toute trace des tensions à propos de Sasha balayées par les jeux que promettaient une telle information.

- Tu imagines ce qu’on pourrait faire de cette information ? Quelle honte se serait pour elle si jamais une telle attirance qui pourrait très bien se transformer en quelque chose de beaucoup plus sérieux venait à détruire sa jolie petite réputation … ce serait…- je me mordis la lèvre en le fixant - …jouissif.

J'apportai la cigarette à mes lèvres, pris une bouffée et levai la tête légèrement pour expirer la fumée qui alla tourbillonner dans l'air. Les jambes croisées, je fis un large sourire à Rabastan. Pas un de ces sourires aimables ou chaleureux qui pouvaient exister - je n'étais pas sûre de savoir en faire soit dit en passant - mais plutôt un qui vous donne des frissons dans le dos, qui vous indique clairement que les pensées du souriant personnage ne sont ni innocentes ni saines. Des pensées tordues, à ne pas en douter...
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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeDim 14 Juil - 18:08


    Le Serpentard laissa une partie de la tension s'évacuer en une expiration acre lorsqu'il devint évident que Gaël acceptait de changer de sujet. Jusqu'au moment où elle avait de nouveau ouvert la bouche, il n'avait pas été sûr qu'elle ne relance pas les hostilités tant elle ne supportait pas ne pas avoir le dernier mot. Elle semblait considérer comme un point d'honneur de régulièrement essayer de lui imposer sa façon de faire. S'il appréciait sa combattivité en général, ce soir-là il ne se sentait pas la patience de maîtriser ses propres réponses.
    La curiosité en aspira une part plus importante encore les minutes qui suivirent. Un buvard qui aspire l'encre à une vitesse record.
    De toutes évidences, la jeune fille n'avait pas chômé. Cela ne faisait pourtant que quelques jours qu'il lui avait remis le journal d'O'Connel, et elle en avait déjà percé le secret. D'accord le code n'était pas d'une complexité terrible – franchement la réputation de Serdaigle était une vaste fumisterie, ..... - sans parler du mot-clef, mais quelques jours seulement... C'était vraiment bien joué. Lui n'aurait probablement jamais réussi en aussi peu de temps, loin de là. Ne serait-ce que parce qu'il aurait sans doute surestimé son adversaire et cherché plus compliqué. Une erreur de jugement qui aurait fait perdre du temps. Non vraiment, Gaël avait vraiment bien fait les choses et avait révélé une intuition redoutable.

    Il laissa échapper un sifflement appréciateur entre ses dents.

    -Joli...

    Gardant toujours un œil sur les feuilles qu'elle lui montrait, attentif à ses explications et révélations croustillantes, Rabastan lança un sort à ses chaussures qui se délacèrent d'elles-mêmes avant d'aller se ranger sagement sous l'armoire au côté des autre paires, les chaussettes les rejoignant tout aussi docilement. Après quoi il se débarrassa de l'épais manteau qu'il n'avait pas quitté plus tôt et se pencha en arrière pour atteindre la poignée du meuble. Sensation de glace qui se réchauffa immédiatement au contact de sa main. Un nouveau coup de baguette et le vêtement alla se pendre parmi d'autres, la porte du placard se refermant déjà sur les nombreux secrets qui y sommeillaient. Un dernier mouvement de baguette alluma de nouvelles bougies pour améliorer la visibilité des documents que sa Sorcière lui montrait. Le dos toujours calé au montant du lit, les jambes repliées en tailleurs sur les couvertures, le jeune homme était désormais plus confortablement installé pour assimiler toutes les informations qu'on lui délivrait.

    Comment Perséphone pouvait-elle envisager des ambitions aussi hautes que faire chuter certains des plus influents Serpentards en ayant une telle faille à son actif ? Et l'avoir écrite en plus ?! Était-elle gourde à ce point ?
    Les journaux intimes, de toute manière, c'était une bêtise absolue. On pouvait les protéger autant qu'on voulait, mais ce qu'on y écrivait ne pouvait pas être plus en sécurité que laissé à l'état de pensée, bien à l'abri dans sa propre tête, si possible protégé d'occlumencie. Il n'avait jamais compris qu'on puisse se laisser aller à écrire ses sentiments les plus intimes, en prenant ainsi le risque que quelqu'un les lise un jour. En fait il ne comprenait pas le besoin d'écrire ce genre de choses, tout court. Écrire, c'était pour transmettre à quelqu'un d'autre. Quel était l'intérêt de se raconter à soi-même le menu de la journée ? Quand il avait appris que Gaël en avait tenus elle aussi à une époque, il lui avait été d'ailleurs terriblement difficile de retenir une remarque acide sur la question.
    Autant offrir son âme au premier venu, le risque était le même.
    Là pour le coup, ils avaient l'âme de Perséphone entre leurs mains. Et celle-ci se consumait pour... son prof d'Astronomie. Rabastan renifla dédaigneusement. C'était tellement cliché. A la hauteur de la préfète finalement. Une Serdaigle frigide tombant amoureuse d'un homme plus âgé – Madame n'allait tout de même pas tomber amoureuse d'un adolescent bourré aux hormones ça manquait trop de classe – mais forcément cultivé : un professeur. Pas trop moche le prof quand même parce que malgré son intellectualisme désincarné O'Connell restait une minette. Et un professeur d'Astronomie bien sûr, parce que les étoiles, le ciel, c'était tellement romantique. Rêvons dans les étoiles mon amour et la vie est si belle en rose... Tsss. Lestrange n'avait qu'une envie : piétiner cette vision sucrée et écœurante.

    Plus Gaël parlait, plus il se sentait gagné par un sentiment familier, mélange d'anticipation, d'excitation maîtrisée et d'attente. L'odeur du gibier. Une nouvelle chasse qui commençait. La même impression qu'il ressentait lorsque ses yeux captaient la trace d'une proie, l'envol furtif d'une fuite, le bruissement de la discrétion inquiète, les effluves de la peur. A l'âge où la majorité de ses condisciples aimaient à dépenser leur énergie dans le Quidditch, les duels réglementés, ou même la danse et foultitude d'autres hobbies adolescents, lui n'aimait rien tant que la chasse. Peu importait la proie et peu importait le cadre et le moyen. Il regrettait le temps où les élèves de Poudlard avaient l'autorisation de  traquer du gibier en bordure de la Forêt Interdite : à pied, à cheval ou en balais, armé de sa seule baguette ou accompagné de son rapace préféré, d'un chien bien dressé. Lesquels, dans le cas de Llafn et Jaw, aimaient autant la chasse que leur maître en l'occurrence. Mais ce qui avait été un art noble reconnu n'était plus vraiment pratiqué que par les seuls sang-pur et était désormais interdit au sein de l'École. Au nom d'on ne savait plus quel autre principe venu du monde moldu. Bientôt ce serait un crime de manger de la viande.
    Sans s'en rendre compte vraiment, tandis qu'il parcourait des yeux les feuillets traduits, sa langue passait songeusement entre ses dents, en aller-retour presque voluptueux, oubliant la cigarette qui se consumait entre ses doigts. Combien de possibilités tout cela ouvrait.... Et toutes plus délicieuses les unes que les autres. Ce n'était pas ce qui se faisait habituellement. C'était des plaisirs plus rares, plus subtils, plus intenses. C'était à s'en lécher les babines.  Jouissif, oui Gaël avait parfaitement raison sur ce point.


    -On pourrait même aller beaucoup plus loin avec ça... Tu sais à partir de quand elle l'a commencé ?

    Relevant les yeux vers elle, il remarqua alors le drôle de sourire qu'elle arborait désormais. Il y lut la même anticipation qui lui fourmillait dans ses veines à lui, le même appétit mauvais mais parfaitement assumé. Et le moins que l'on pût en dire, c'est que cela lui allait vénéneusement bien. Du bout de ses longs cils sombres jusqu'aux ongles des pieds parfaitement manucurés, elle était.... morganesque : la tentation et le danger incarnés ensemble. Un contrat en or dont on oubliait les toutes petites lignes du bas. Une toile de perles et d'argent qui cacherait une terrible araignée. Un chemin traître aux abords irrésistibles. Des ailes d'Icare. Un labyrinthe de Circée. Une drogue du tonnerre qui vous rendrait accroc aux poisons. Seulement les poisons il avait toujours aimé ça, et celui-là, il s'en intoxiquait à plaisir sans la moindre hésitation. De toute manière, ce n'était pas comme s'il était dépourvu de venin lui-même. Comme s'il en avait toujours eu dans les veines. Ce qui était malsain pour certains était vital pour d'autres.
    En matière de frissons, ce n'était pas un appartenant à la peur qui lui parcourut l'échine.
    Il eut un sourire en coin pour lui-même.


    -T'es belle.

    Elle méritait bien ce petit cadeau-là. Il lui savait l'égo très sensible – un filon qu'il avait exploité et exploré souvent lorsqu'il s'était mis en tête de se la faire sienne un an plus tôt – et n'éprouvait aucun scrupule à la flatter. C'était, dans le fond, un présent comme un autre. Après tout : elle avait vraiment changé de sujet. Le fait était qu'il y avait également une chance sur deux pour qu'elle estimât que ça n'était pas un compliment mais juste un fait et que ça manquait d'originalité. Et Rabastan ne put s'empêcher de parier intérieurement. Avant d'enchaîner comme si de rien n'était :

    -Alors ? Le premier... état d'âme, t'as eu le temps de le traduire ?

    A son tour il porta sa cigarette à ses lèvres, inspira, expira et ayant réalisé qu'il n'en restait plus rien qu'un cône de cendre, écrasa le mégot dans le cendrier.
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Gaël A. O. Dunkan

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeLun 5 Aoû - 18:09


Certaines personnes aiment faire du sport, jouer aux cartes ou aux échecs, passer des après-midi entières à lire des livres, ou encore parler, se raconter leurs petits secrets… Nous, et par-là je veux dire une grande partie des sangs-purs, nous plaisions à infliger toutes sortes de souffrances. Que ce soit de la plus simple humiliation, à la plus compliquée manipulation en passant par les plus classiques ou les plus inventifs tourments du corps et de l’esprit, nous aimions tous passer nos moments de temps libre à ce dur apprentissage. Pour les moins bons d’entre nous, tout ne se déroulait pas comme ils le voulaient évidemment : il fallait bien exceller dans certains domaines, et en laisser d’autres – souvent les plus compliqués - de côté. Contre toute logique, il arrivait que des personnes soient plus douées pour les tâches demandant le plus d’esprit stratégique – ou diabolique – et donc les plus compliquées, que pour les tâches plus simples et sans un niveau de réflexion élevé. Puis, déclenchant la jalousie des autres, quelques exceptions excellaient partout.
Cela prenait tout son sens étant donné notre éducation qui privilégiait ce genre d’activités. En cela, nous nous différencions déjà assez des autres sangs, trouvant notre plaisir dans des jeux moins innocents, voire pas du tout. Et par là, il n’était point étonnant de nous voir comploter, échafauder plans sur plans, manipulations sur manipulations pour essayer d’atteindre des sommets de perfection stratégique et diabolique. Tout le plaisir était pour nous, c’était certain…
Ce que les autres ne comprenaient pas – ou n’essayaient guère de comprendre – était qu’il s’agissait simplement d’une activité comme une autre pour nous. Quelque chose de banal, de familier. Il n’y avait rien de malsain, c’était même plutôt le contraire. Comme les autres, nous recherchions notre bonheur ou notre plaisir dans ce qui nous plaisait… faire souffrir les autres figurait en première position sur notre liste, voilà tout.
Oh évidemment, tout le monde criait à l’injustice ! Quoi, nous n’avions pas droit au bonheur ?

Je souris au commentaire de Rabastan. Oui, de ce fameux sourire qui dans n’importe quelle situation et sans même être recherché, prenait des airs de malice purs. Je me délectais de ces instants, comme un péché mignon. Irrésistible tentation à laquelle je ne résistais jamais bien longtemps. Le plus délectable, bien que je refusais catégoriquement de le laisser voir, était l’admiration non-dissimulée de Rabastan face à mon travail. Effectivement, mes efforts avaient été agréablement récompensés. Très agréablement…
Bien sûr, je n’avais pas loupé une miette des gestes de mon démon préféré et l’avais laissé se mettre à l’aise tandis que je poursuivais mes explications. Aussi, mon œil frétilla quand sa veste alla se pendre d’elle-même dans le mystérieux placard qui se referma sèchement presque pour me rappeler avec ce même dédain qui lui était propre, que je ne pourrais jamais l’explorer. Je ravalais ma frustration avec un léger pincement de lèvres.
Concentration Gaël…
Je fis alors abstraction de la tentation du placard, mais également de celle que représentait Rabastan. Car soyons honnêtes, mon démon à moi était toujours à croquer…Un autre péché mignon encore plus délicieux encore que les autres. Et puis, il fallait être aveugle ou indifférent pour ne pas apprécier ce regard de chasseur, comme une étincelle dans un océan profond et sombre ; cette langue passant entre les dents comme s’il se délectait intérieurement déjà de sa prochaine proie… et puis, mes yeux allaient d’eux-mêmes sur les mouvements de ses bras qui faisaient bouger et rouler les muscles sous le tissu qui s’étirait alors pour devenir immobile après. Puis, les mains, la mâchoire tendue par l’anticipation de la chasse, le torse se soulevant à chaque respiration… Cruelle tentation vivante. Ma tentation. Comme quoi, je n’étais pas la seule à tenter l’autre…sauf que lui, le faisait sans même s’en rendre compte. C’était dans ces moments-là qu’il se révélait le plus beau sûrement, dans ces moments où l’instinct animal venait pointer le bout de ses crocs, de ses griffes, de ses prunelles dorés et effrayantes, des pattes immenses et du pelage soyeux et noir. Il me semblait le voir se transformer dans ces instants, comme s’il abandonnait son enveloppe humaine et revêtait alors sa véritable peau d’animal. Oh, comme ces pauvres professeurs avaient pu faire fausse route le concernant… ! Bien qu’il était devenu plus difficile pour lui de se prétendre irréprochable étant donné les derniers évènements, Rabastan avait auparavant su parfaitement les manipuler, leur cacher cette facette que j’aimais tant chez lui. Chapeau l’artiste !

Mais il n’était pas question de s’y laisser plonger, même quelques minutes.

- Elle l’a commencé environ en deuxième année celui-là. Mais elle en a peut-être d’autres qui parlent des années précédentes. Tu n’as vu aucun autre carnet dans sa chambre ? En tout cas, en traduisant quelques passages par-ci par-là, j’ai appris plusieurs choses. Déjà, elle a été adoptée. Tu le savais toi ? Enfin, elle a vécu plusieurs années en orphelinat et apparemment elle est tombée malade vers ses deux ans et a eu de sérieux délires à cause de la fièvre….Selon moi, ça devait pas juste être la fièvre…
C’est vrai quoi, Perséphone avait tout de la folie. Ca ne pouvait être que ça vu son acharnement à menacer Rabastan, non ? Ou alors, elle était suicidaire. Mais là encore, c’était psychologique. Je levai les yeux au ciel rien qu’en pensant à la préfète en chef.
- Pour ce qui est d’Anderson, il semblerait que ça fait un petit moment qu’elle est folle de son corps, ricanai-je. La plupart des pages récentes parlent de regards tentateurs, de rapprochements involontaires, de désirs inavouables…Morgane ! On dirait un roman à l’eau de rose pour les vieilles… A vomir.
J’avais pris le carnet par un bout de la couverture et l’avais laissé retomber sur le lit avec dégoût et mépris. Je pris une dernière bouffée et écrasai ma cigarette dans le cendrier puisqu’il n’en restait plus rien. Puis, en désirant une autre…je jetai un regard au placard de Rabastan où sa veste était pendue. Ses cigarettes devaient se trouver dans une des poches…Oh ! Quel heureux hasard !
Son compliment me surpris cela dit. Pas vraiment la nature du compliment mais le simple fait qu’il n’avait rien à voir avec la situation et que Rabastan n’avait pas semblé enclin à faire des compliments ce soir. Je levai un sourcil, les jambes croisées et le fixai en mordant ma lèvre inférieure.
- Quel petit flatteur…, soufflai-je avec taquinerie. Mais arrêtons un instant d’énoncer des évidences…
Je repris mes notes, et tournai le parchemin pour lire ce qui s’y trouvait au dos. J’avais traduit des passages, et gardé les plus importants.
- Oui, j’ai traduit le premier. Au début, rien de très intéressant, elle parle juste de Poudlard. Les profs, tout ça… elle a pas beaucoup d’amis, voire pas du tout alors y a pas grand-chose d’exploitable. Cela dit, elle fait beaucoup référence à sa sœur…enfin, disons la fille de ses parents adoptifs. Rosalinne. Elle a deux ans de moins. Et apparemment, c’est pas la joie entre elles. Tu crois qu’on pourrait … s’amuser un peu avec elle ? demandai-je avec un battement de cils faussement innocent, mimant une petite moue adorable.
Je le vis écraser sa cigarette et cela me rappela que je n’en avais plus. Aussi, sans plus attendre je fis un sourire un peu boudeur, en penchant un peu la tête sur la côté.
- Dis mon chéri, tes cigarettes sont dans ta veste n’est-ce pas ? Ca te dérange pas si je vais m’en chercher une hein ?
Puis, sans attendre sa réponse je bondis du lit et passai devant lui avec un sourire devenu éblouissant. Le genre d’effort qui nécessite un élargissement complet des lèvres et un dévoilement des dents parfait pour faire son effet. Je me penchais vers lui pour lui embrasser le coin des lèvres en n’oubliant pas de laisser pointer une petite langue taquine, lui offrant aussi une vue imprenable sur mon décolleté. Mais non ça ne voulait pas dire « Laisse-moi ouvrir ton placard et je le laisse m’enlever mes vêtements » ! Enfin, pour qui me prenez-vous ?
Je m’apprêtai à aller vers son placard mais revins sur mes pas en lui adressant un air innocent.
- A moins, que tu en ais dans un tiroir bien sûr ! Mais dans tous les cas, ne te dérange pas mon amour… Je t’en rapporte aussi si tu veux.
Je me dandinai, joueuse, sur un pied en mettant ma cuisse devant l’autre, dévoilant la peau laiteuse et les dessous en dentelle. Portant mon doigt à ma bouche, je le mordillai toujours avec une expression des plus innocentes, presque comme une petite fille… sauf qu’il n’y avait là aucune petite fille bien sage et prude. Juste une araignée qui tenait de tisser une toute petite toile, juste pour grignoter…
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Rabastan Lestrange

Rabastan Lestrange

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeMar 13 Aoû - 18:40

    Aaah l'armoire...
    Cela faisait un certain moment qu'il observait son petit manège autour du meuble. Au début, il n'avait mis les coups d'œil furtifs vers les grandes portes que sur le compte d'une curiosité naturelle, et qu'il trouvait saine somme toute, du moment qu'elle ne se transformait pas en fouinage en règle. Mais avec le temps, Rabastan avait réalisé que le placard exerçait une fascination plus forte qu'il n'aurait cru sur sa Sorcière. Elle tournait toujours autour, avec de moins en moins de discrétion et de subtilité. Des moments comme celui-là, elle lui faisait penser au chat qu'elle avait adopté. Les petits félins semblaient des spécialistes pour tenter de se donner l'air innocent en vain. C'était pourtant simple de les percer à jour : lorsqu'ils avaient fait quelque chose de mal, ils gardaient toujours un œil alerte sur vous en restant à une distance respectable, généralement en se léchant comme si de rien n'était, et lorsqu'ils avaient de mauvaises idées en tête alors ils s'efforçaient de se donner des airs adorables et mignons, histoire de vous faire oublier qu'habituellement ils ne vous servaient que des regards d'aristocrate indifférence. La différence, c'était que Satine – ah ce nom..... - Rabastan l'aurait écartée fermement du pied sans y réfléchir à deux fois, sans probablement vraiment la regarder, et même prêt à lui lancer un véritable et douloureux coup de tatane si elle récidivait, plutôt que de risquer la voir jouer les tempêtes miniatures dans ses affaires. Pas parce qu'elle n'était qu'un chat. Quel que soit l'animal, humain compris, il aurait réagi à peu près de la même manière. Mais Satine – non vraiment ce nom....-, elle... Elle manquait juste... D'arguments. Et certains de ces arguments, Gaël lui en avait mis sous le nez de manière à ce qu'il ne pût en ignorer la portée irréfutable.
    D'ailleurs c'était bien les fameux arguments qui avaient retardé cette pensée évidente : il ne se souvenait pas d'avoir remis la boîte de cigarettes dans la poche de sa veste. Il l'avait donnée, ou plutôt Gaël la lui avait prise des mains... Et puis ? Et puis rien. Et connaissant la façon de faire de sa tigresse, la boîte avait dû être abandonnée au petit bonheur, là elle s'était trouvée. Le Serpentard jeta un bref coup d'œil vers les lieux qu'elle avait occupés et repéra rapidement le coin argenté de la boîte dépassant entre le rebord du matelas et le montant du lit où elle s'était glissée.


    -Inutile de se donner tant de mal...

    Elle était si proche que ça ne valait même pas la peine d'utiliser sa baguette. Rabastan se contenta de se pencher pour saisir la boite entre deux doigts, la glissant d'entre le montant et le matelas. Après quoi, il la tint bien en évidence devant la terrible curieuse.

    -Tu vois ? Elles sont juste là....

    Le ton était neutre, aurait pu être celui d'un innocent mais ce qui lui étirait les lèvres à ce moment-là, c'est ce qu'on appelle communément un sourire éclatant. Et ce genre de sourires n'avaient rien à faire sur un visage innocent dans de telles circonstances. Mais après tout, pourquoi non ? Une araignée qui trébuche sur son propre fil, c'est toujours amusant à voir. Naturellement, il aurait pu se contenter de ça. Les circonstances étaient de son côté, une fois de plus elle devrait renoncer à mettre son charmant petit nez dans des affaires qui n'étaient pas les siennes. Les faits en eux-mêmes, sonnaient comme une nouvelle porte claquée, et le sourire du Serpentard valait pour un cliquetis de verrou tourné.
    Sauf que c'était comme un jeu d'allumette. Chacun en craquait une et l'approchait d'un pétard simplement humidifié, en prenant le risque de l'explosion à force de l'échauffer. Une explosion qui ne prévenait pas. A tour de rôle jusqu'à ce que ça pète. L'allumette de Gaël s'était consumée en lui brûlant les doigts. C'était donc au tour de Rabastan d'en craquer une nouvelle...


    -T'as pas besoin d'autre chose, sinon ?, demanda-t-il en lui tendant la boîte. Si on lui avait tendu à lui un miroir à ce moment précis, il aurait reconnu l'expression "je suis trop adorable" des chats auxquels il pensait plus tôt. Et plus précisément, celle qu'ils arboraient lorsque la mauvaise idée qu'ils avaient en tête était de vous attaquer sitôt que vous tourneriez le dos, et qu'ils avaient déjà cette étincelle barge au fond des prunelles. Un truc qui se trouverait... probablement dans l'armoire...? Un pull ? Un livre ? Des chaussettes ? Des plumes de remplacement ?...

    Ou comment craquer l'allumette directement à la mèche... Elle allait probablement vouloir l'écorcher vif pour cette arrogance moqueuse. Et l'anticipant, Rabastan s'en serait presque léché les babines. Mais ce qui était meilleur encore, c'est qu'il ne lui laisserait pas le temps d'entrer en éruption.

    -Cela dit, moi...

    Il se pencha pour ouvrir de nouveau la porte de l'armoire en grand – impression de glace, puis de chaud - puis repris sa position.

    -Je préfère fumer la pipe. Alors si tu pouvais m'attraper celle en remplacement que j'ai ramenée de chez moi, elle doit être dans une de mes poches. Et il y a une blague à tabac... Quelque part, là-dedans.

    Il savait exactement où, maniaque de l'ordre qu'il était. Mais ça n'aurait eu plus aucun intérêt s'il l'avait précisé. Après tout si elle voulait jouer à ça...  Alors ? Une explosion ou une tentative d'exploration ? Une surprise ?
    Malgré un demi-sourire qu'il ne prit pas la peine de cacher, il fit mine de se replonger dans la traduction du journal de Perséphone. En réalité son attention allait toute entière aux gestes de Gaël, par curiosité malicieuse d'abord mais aussi pour le cas où elle risquerait de s'approcher trop du "détonateur" de certains sortilèges. D'ailleurs il avait sa propre baguette à portée, la caressant du bout des doigts, comme machinalement, mais prêt à l'utiliser au besoin. Il n'était juste pas question de laisser voir à quel point il s'était tendu pour réagir rapidement. La tension ne le gênait pas d'ailleurs, tant il l'éprouvait souvent. C'était un état d'esprit tellement familier qu'il en était à ce moment précis, presque agréable : en fin de compte, ce n'était qu'un jeu. Préciser la mention "dangereux" étant inutile puisque pour Lestrange, l'un n'allait pas sans l'autre. Alors mine de rien, et comme s'il était tout à fait évident qu'elle allait trouver la pipe et la blague à tabac en un rien de temps, les lui tendre dans la minute :


    -Pour en revenir aux choses sérieuses... Non. Je n'ai pas vu d'autres carnets, mais les conditions ne se prêtaient pas vraiment à une fouille en règle. Celui-là était vraiment mal dissimulé. Si elle l'a commencé en deuxième année, de toute façon il y a peu de chance qu'il y en ait un autre avant. Et puis de toute manière... C'est bien assez pour ce que je compte en faire...

    Et il y avait l'histoire de sa sœur moldue aussi... Il savait Perséphone adoptée, pour avoir fait les recherches inévitables sur la préfète-en-chef. Mais qu'elle eût de si mauvaises relations avec la progéniture de ses "parents", ça c'était une nouvelle. Une bonne. Même s'il était encore nécessaire de bien creuser, de savoir exactement de quoi il retournait. Ca allait encore demander du temps, et il commençait d'en manquer de plus en plus mais tant pis. Ce serait du sommeil en moins. Croquer la préfète, ce serait un véritable plaisir : ou comment joindre l'utile à l'agréable. S'il se débrouillait bien, il pouvait provoquer la rupture entre l'adoptée et les adopteurs, dans une belle ambiance noire avec foultitudes de petits drames qui seraient naturellement la faute de la Sorcière. Dans l'imaginaire moldu, les Sorciers étaient toujours méchants, ce serait facile de leur faire trouver le bon bouc-émissaire, surtout si la petite chose détestait déjà l'intruse. Ou alors une jolie manipulation pour mener la Serdaigle précisément là où on le voulait dans l'état d'esprit qu'on voulait, pour n'avoir plus qu'une pichenette à lancer pour la briser ? Ou ?...  Les possibilités ne manquaient pas, rien que s'agissant de cette Rosaline – en pensant à des noms stupides....
    Il y avait probablement un tas d'autres pépites dans ce journal. Sans compter qu'il pouvait être utilisé pour lui-même. Elle y avait mis tant d'elle-même... Elle y avait mis un peu de son âme, c'était certain. Il était sûr de pouvoir l'ensorceler : toucher à l'âme faisait partie des arts sombres et était frappé d'interdit depuis longtemps. Tant mieux : elle s'y attendrait d'autant moins que les Ministères successifs avaient jugé plus sage de ne pas parler du tout de ce genre de choses, pour éviter que qui que ce soit se trouve tenter d'utiliser toutes les possibilités de cette branche de la Magie, plutôt que d'apprendre aux jeunes Sorciers l'existence des ces arts et voir inévitablement les plus curieux s'y essayer. Trouver la bonne formule, le bon rituel, nécessiteraient quelques recherches et encore plus de préparatifs mais l'expérience valait largement les efforts.
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Gaël A. O. Dunkan

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MessageSujet: Re: « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange « I have a surprise for you my love » ~ Rabastan Lestrange Icon_minitimeVen 6 Déc - 20:32

Cette conversation me ramenait aux premiers temps de notre relation. Ce placard, voyez-vous, s’était transformé en une sorte d’obsession, depuis l’instant même où je le vis. Allez savoir pourquoi ! Peut-être représentait-il à lui seul toutes les choses que Rabastan me cachait, ou du moins une partie ? C’était son « jardin secret », si l’on peut dire. Tout comme mon placard l’était pour moi. Une limite qui empêchait l’autre d’en trop savoir, d’accéder aux coulisses, de ruiner l’intimité égoïste de chacun – et je ne parlais pas là d’une intimité partagée par un couple, celle-ci nous l’avions depuis longtemps. Mais plutôt, d’un recoin sombre de notre vie où nous entreposions des choses que personne ne savait, des choses interdites au public – quel qu’il soit.
Enfin, mes souvenirs eux me ramenèrent au tout début alors que nous apprenions encore à faire fonctionner cette relation toute fraîche. Ça n’avait jamais été facile, du reste…quel intérêt s’il n’y avait rien à surmonter ? Je ne trouvais rien d’agréable ou d’amusant dans des relations plates et ennuyeuses. Ainsi, nous nous accordions à merveille sur ce sujet-là.
Aau fil des premières semaines où j’avais pu mettre les pieds dans sa chambre, ce placard avait commencé à faire grandir ma curiosité. A chaque fois que je passais devant ce bois sombre et mystérieux, elle augmentait, me tiraillait. Pourtant, lorsque je m’éloignais du placard, alors tout redevenait normal. Ce n’était pas vraiment une obsession, c’était plus un sujet qui me titillait souvent et qui me poussait à toujours plus m’approcher de l’objet convoité lorsqu’il se trouvait près.
Une tentation irritante, voilà tout ; je l’entretenais sûrement en m’imaginant des scénarios délirants, mais là comment ne pas penser à ces choses puisqu’il s’agissait de Rabastan ?
Définitivement, je me sentais parfois à deux doigts de franchir le pas. Il était là, à moins de deux mètres de moi et je ne pouvais pas l’ouvrir, en savoir le contenu secret – probablement juste des vêtements….oui oui, bien sûr ! Je me rassurais.

Au final, j’étais bien obligée de me raisonner et de m’occuper l’esprit pour ne pas céder.

Il était encore moins facile de se débarrasser de cette obsession lorsque le propriétaire lui-même se mettait à jouer les allumeurs. Il m’allumait, oui ! Mais Morgane, fallait-il qu’il soit si doué ?! Rabastan savait bien que le placard exerçait cette fascination étrange sur moi, et que ma curiosité ne voulait se dissoudre même devant l’impossibilité d’une quelconque réussite. Le savoir ne l’empêchait pas de me titiller et de me faire regretter mes désastreuses tentatives. Aussi, je me crispai avec ennui lorsqu’il me tendit la boîte qui s’était cachée – pas assez efficacement malheureusement – entre le matelas et le montant du lit.
Je jetai un regard las et irrité à la boîte en question. Saleté petite chose pas assez petite pour passer inaperçu ! Puis, relevant les yeux vers mon tendre – lui aussi, quelle saleté ! – bien-aimé, je fis un large sourire, éblouissant la pièce de toute ma sincérité.

« Vraiment, Rabastan ! Heureusement que tu as l’œil ! Que ferait-on sans cette qualité ?... » m’exclamai-je avec une grande honnêteté, les derniers mots prononcés entre des dents serrées de tant de bonheur et de chance.

Je lui pris la boîte des mains d’un mouvement sec, parfaite preuve de mon exaspération. Décidément, il ne se laisserait jamais prendre à ce jeu. Pire, il continuait de plus belle ! D’ailleurs, nos faux sourires se répondaient drôlement, dans une escroquerie complice.
Puis, ce fut la dernière goutte d’eau…Il osa ouvrir d’un mouvement souple ce damné placard dans une invitation que je pris pour un affront d’une arrogance plus qu’insupportable. Il proposait, tentait, faisait tout pour me pousser à bout avec une assurance prétentieuse et énervante qui ne réussissait qu’à faire monter l’irritation d’un cran encore. Vraiment, quel salaud !
N’était-il pas magnifique ?

J’ouvris la bouche sous le coup de la colère, puis saisissant l’éclat que je connaissais tant dans ces prunelles sombres, je refermai mes lèvres et elles s’étirèrent d’elles-mêmes en une fine ligne sur mon visage. Je levai un sourcil, feignis d’adopter un air tendre, toute mielleuse. Je me rapprochai de lui, avançai sur mes genoux pour atteindre son visage et le serrer entre mes mains avec une inhabituelle douceur. Je souris de toutes mes dents en caressant ses cheveux du bout des doigts, mon visage tout proche du sien pour qu’il saisisse chacun de mes mots. C’était toujours comme ça : le prédateur faisant courbettes et sourires, caresses et tendresses, pour avoir une chance de faire s’abaisser l’espace d’un instant les armes de sa petite proie. Etant donné qu’il s’agissait d’une grande proie, c’était plutôt dans le seul but de le titiller lui aussi que je me rapprochai avec tant de douceur.

« Rabastan…, soupirai-je d’un ton presque réprobateur. Ce n’est pas la peine mon ange…Je comptais bien te faire la surprise plus tard, mais puisque tu en parles il serait tellement dommage de reporter ça. »

Sur ce, je m’éloignai avec grâce, sautant du lit presque avec la souplesse d’un chat. Sûrement n’avais-je pas choisi Satine pour rien... Je rejoignis le meuble près de la fenêtre, sur lequel j’avais posé un petit sac bleu ensorcelé, et pouvant contenir bien des choses de toutes formes et de tout poids. Consciente d’être observée, je me dandinai alors que je glissai lentement ma main dans le sac. Je prenais mon temps. Je voulais le faire languir. Je cherchais, cherchais dans ce sac si grand et large… Utiliser un sort aurait été trop rapide, et je voulais l’agacer autant qu’il m’agaçait.
Et en même temps, je sentais cette présence mystérieuse dans mon dos : il était là, grand ouvert comme la bouche béante d’un monstre immobile et secret. Finalement, je n’en pouvais plus moi-même. Je sortis la boîte blanche du sac et me retournai lentement, pivotant avec un sourire remplit de malice, et tenant précieusement le cadeau entre mes douces mains. Ah, je n’en pouvais plus !
Mon sourire s’élargit encore en observant le vilain joueur, et je mordis ma lèvre inférieure. J’avais cette habitude tenace de mordiller toujours…allez savoir ! Les chats aiment bien grignoter le lacet de vos chaussures, eux !

« Vois-tu, il est toujours bon de sceller la fin d’une malheureuse dispute comme il se doit. Bien que nous ayons accomplis cette réconciliation honorablement – c’est le moins qu’on puisse dire ! -, j’ai le sentiment de ne pas avoir enterré tout ceci assez profondément. Alors, j’ai pensé…tu vois…- je balançai la boîte entre mes mains avec désinvolture, oubliant de la traiter avec douceur - …tu me fais tellement de cadeaux de ton côté…sortis de nulle part…presque comme si tu les prévoyais ! alors… pour une fois, c’est à mon tour de t’en faire un, même si ma seule présence est un honneur en soit. » expliquai-je en m’approchant au fur et à mesure de lui.

Je sentais la froideur du sol en dessous de mes pieds, alors que chaque pas m’amenait plus proche de Rabastan, là où il me semblait évident que je finirais par me brûler. Avec ma continuelle et éblouissante grâce, j’ouvris la boîte sous le nez de mon bien-aimé. C’était une pipe, du bel ouvrage vraiment. Quelque chose de travaillé, avec de fins et petits détails sur les côtés. Pas aussi belle et précieuse sûrement que celle qu’il aimait tant et que les Chèvres lui avaient dérobée, mais enfin…c’était toujours ça. J’étais passée il y a quelques semaines chez un fabriquant qui m’avait montré cette pipe avec fierté. J’avais pensé à Rabastan aussitôt, même si je n’avais pas prévu de lui remettre dans ces conditions.
Sur le côté, une blague à tabac se trouvait, toute reluisante et prête à être utilisée. Sur le dessus, des initiales, « R. L » s’étiraient, penchées.

Avant qu’il ne puisse s’en saisir, et l’ayant préalablement bien fait passer sous son nez, je saisis le bout de la pipe, ainsi que la blague. Je lui tournai le dos, presque comme une invitation et me souris à moi-même alors qu’il ne pouvait voir. Je pris un peu de tabac, refermai la blague et puis…oui, en me retournant je fumais devant lui avec le cadeau que j’étais censée lui offrir. Avec une désinvolture que j’espérais irritante, j’inspirai et expirai juste devant lui, lui soufflant la fumée au visage avec provocation.

« Tu vois ? Nul besoin de fouiller dans ce placard…, conclus-je moqueusement en jetant la blague sur le lit. A moins…bien sûr…que tu n’aimes pas mon cadeau ? Le refuserais-tu ? »

C’était une taquinerie, un défi. Je tentais de mettre le plus de distance entre moi et ce placard, dans les idées farfelues de Rabastan. Je voulais lui donner autre chose à penser, et en même temps, le titiller quelque peu. Jouer avec le feu, voilà qui était amusant. Risquerait-il de m’offenser davantage pour seulement me voir me brûler ? Se brûler soi-même dans le but de gagner…le ferait-il ? Je n’offrais de cadeaux qu’aux êtres chers, Rabastan le savait sûrement. Mais là, c’était encore plus qu’un cadeau : j’avais transformé cette pipe en symbole, celui de notre réconciliation, de notre entente et de notre lien qui avait survécu au pire – du moins, j’espérais que nous avions dépassés le pire. Il ne pouvait pas refuser. Il ne devait pas. Mais, mon Lestrange avait ce don particulier de toujours me surprendre. Alors, j’attendais de voir l’ennemi avancer son prochain pion, oubliant momentanément notre conversation sur Perséphone et la façon dont nous allions lui rendre la vie … beaucoup plus belle.

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