Allons, allons, doucement on se calme. Prenez un siège ou un coussin et installez vous autour de moi. Là, oui comme ça. Vous savez tous pourquoi nous sommes là maintenant. Il y a quelques temps déjà je vous ai confié une mission de la plus haute importance : confectionner un cadeau pour l'une des personnes présentes ici. Et vous l'avez fait ! Rien que pour cela vous pouvez être fier de vous. Un par un, vous viendrez déposer le cadeau que vous avez réalisé en face de la personne à qui il est destiné, puis vous retournerez vous asseoir. Lorsque tout le monde aura son cadeau, vous pourrez l'ouvrir et remercier comme il se doit la personne qui vous l'a offert.
Alors, qui commence ? »
_________________________________________
C'est l'heure !!!
Vous allez enfin savoir qui a pioché votre nom & découvrir quel est votre cadeau. Il est possible que votre cadeau tarde un peu, mais c'est la période qui le veut donc ne paniquez pas si vous ne recevez rien pour l'instant En attendant, le Staff de Fiz' vous souhaite un trèèèès joyeux Noël et tout plein de bonnes choses pour cette nouvelle année qui ne va plus tarder à commencer. On vous souhaite que cette année 2014 soit encore meilleure que les précédentes & que vous restiez encore longtemps avec nous.
Voici mes premiers cadeaux pour Sean McLloyd ! La suite arrive plus tard mon loulou, quand j'aurai eu le temps de l'écrire
Pour l'instant, je t'ai fait une petite chasse d'avatars pour ton Sean, ayant la particularité d'être des gifs. Donc en format 200*320, mais en gif. Je te mets les crédits avec
Spoiler:
les deux par untitled_muse par Raven par Vio
La suite arrive dans les jours qui viennent, promis, je voulais juste t'offrir déjà une partie en ce joli jour de Noël Joyeux Noël mon Sean
De même qu'Ado, je n'ai pas exactement fini. Je voulais encore faire autre chose et j'ai hésité à poster ce message aujourd'hui. Mais je ne pouvais pas rester sans rien donner en ces jours de fête. En espérant que ça te plaise =)
Merry christmas
Sirius O. Black
6ème année ϟ Batteur
ϟ Parchemins postés : 181
ϟ Date d'inscription : 18/12/2012
ϟ Points : 46
ϟ Localisation : Quelque part dans Poudlard, cherchez bien !
Ca fait un moment déjà que je dis que je vais écrire une partie de cette période de l'histoire de Sirius. C'est pas super joyeux, hein mais c'est dans le thème de Noël :ange:J'espère que ça te plaira quand même ♥
Joyeux Noel Remus ♥
25 décembre 1981.
Il fait frais, ou plutôt froid. Peut-être même neige-t-il là-bas, dehors. Assis sur ce qui fait office de matelas, le dos appuyé contre le mur de pierre, un homme frissonne. Il n’a pas vraiment choisi la meilleure période de l’année pour atterrir dans cet endroit perdu au milieu des eaux, mais s’il l’avait pu, il aurait évité. Azkaban n’est pas tout à fait reconnu comme le lieu le plus chaleureux de la planète, ni même comme le plus touristique, sauf si vous comptez parmi les plus grands criminels sorciers. Or notre homme, avant de finir ici, n’était ni à la recherche d’un endroit où passer ses prochaines vacances, ni un grand criminel contrairement à ce que certains s’évertuaient à croire.
Sirius Orion Black. Fils ainé de Walburga et Orion Black. Sorcier au sang-pur. Gryffondor au grand cœur. Ami de tous, à quelques exceptions près. Fier Maraudeur. Ami dévoué. Grand séducteur. Petit ami attentionné. Animagus non-déclaré. Sirius Black était bien des choses, mais jamais au grand jamais il n’avait été un meurtrier. Il aurait pu. Il était à deux doigts, ou plutôt un doigt si vous connaissiez l’entière histoire, de le devenir, mais les évènements ont fait que sa carrière dans le crime n’était pas d’actualité à ce moment-là.
25 décembre 1981.
Joyeux Noël, ou plutôt triste Noël. Peut-être est-ce là l’expression la plus adaptée au contexte actuel. Pas de guirlandes. Pas vraiment de couleurs sinon celles produites pas l’éclairage. Pas de rires, sinon ceux des pauvres âmes qui ont sombrés dans la folie. Pas de cadeaux, sinon celui d’être encore en vie, un point discutable peut-être valait-il mieux encore être mort plutôt qu’enfermé ici. Pas d’amis, sinon des compagnons d’infortune. Si tout avait été différent, à cette heure Sirius aurait été chez James et Lily, c’est encore là qu’ils avaient le plus de place pour accueillir tout le monde. Il aurait passé la soirée entouré de ses amis à gâter son filleul, Harry. Ils auraient ris, mangé, ressassé les souvenirs du bon vieux temps, plaisanté à propos de Severus avant de se faire reprendre gentiment par Lily. Severus. Il en était réduit à l’appeler par son prénom alors qu’il aurait adoré utiliser le petit nom qu’il lui avait trouvé avec James lorsqu’ils étaient encore à Poudlard. Il aurait félicité la personne chargée du dessert, gourmand qu’il est. Son estomac grogne. Depuis quand n’a-t-il pas eu un véritable repas ? Deux mois. Oui, cela doit faire deux mois qu’il n’a pas eu un repas correct. Si tout avait été différent, il n’aurait pas été dans cet état. Il n’aurait pas été jugé pour un crime qu’il n’avait même pas eu le temps de commettre ! Jamais il n’aurait mis les pieds dans cette prison. Jamais. Ou alors pas maintenant. Pas comme ça …
25 décembre 1981.
Deux pleines Lunes sont passées. Deux. Deux pleines Lunes sont passées depuis qu’il est coincé entre les murs de sa cellule. Deux soirs que les Maraudeurs n’ont pas passés ensemble. Deux. Deux. Deux … ce chiffre lui revenait régulièrement à l’esprit. Sirius, depuis cette histoire de transformation pour accompagner Remus, n’en avait loupé qu’une seule car cloué au lit à cause d’une méchante fièvre. Et pourtant, il aurait tout fait pour y aller, James avait dû convaincre Lily – qui était à ce moment la seule demoiselle au courant – à veiller à ce qu’il reste à l’infirmerie. Deux Lunes. Deux métamorphoses pénibles que Remus a dû passer seuls. Deux soirs que Sirius, sous sa forme animale, avait passé en se maudissant de ne pouvoir être avec son ami, son frère, pour l’aider. Tu parles d’un ami … Il resserre autour de ses épaules la couverture qu’il a réussi à obtenir auprès des quelques sorciers qui gardent l’entrée d’Azkaban. Pour les fêtes, on a laissé aux détenus le droit de recevoir de la visite et d’envoyer plus de courriers qu’à l’accoutumer. Lui n’avait rien écrit. Qu’aurait-il pu bien dire qui n’avait pas déjà été dit ? Personne n’avait réellement cherché à trouver la vérité au travers de tout ce bazar ? Personne ne lui avait écrit pour savoir ce qu’il s’était passé, ou alors personne n’avait daigné faire suivre son courrier jusqu’au fin fond de sa cellule, chose qui arrivait. Il n’avait pas reçu de visite, Dumbledore était présent à son procès mais ce fut tout ce à quoi il eût droit. Peut-être le vieil homme avait-il pu interférer dans sa peine ? Il n’en savait rien. On avait attrapé un homme déboussolé, dégoûté, roulé, innocent et on lui avait attribué les pires maux. Parfois il en venait à se demander s’il ne méritait pas cette peine, cette douleur, ce vide en lui. N’était-ce pas en partie sa faute s’il n’avait pas été le Gardien du Secret de James, comme prévu au début ? Si. En fait c’était entièrement sa faute. Il avait persuadé James en usant de toutes ses cartes, et il avait gagné. C’était donc sa faute s’il n’avait pas pu être avec ses amis. C’était sa faute si Remus avait passé deux pleines lunes seuls. Sa faute. Oui, c’était de sa faute.
Remus. Certainement celui du quatuor qui souffrait le plus à cette heure. En plus de leurs autres amis tombés, il avait perdu en quelques jours deux frères et une sœur et devait croire le troisième responsable de ces pertes. Sirius aurait aimé pouvoir sortir de sa cellule et aller lui crier la vérité. Il aurait aimé tuer Peter, oh oui, le tuer. Dès lors qu’il avait compris ce qu’il s’était passé, qu’il avait mis la main sur le rat et que celui-ci lui avait fait sous-entendre la vérité, il n’avait plus eut que ça en tête.
25 décembre 1981.
Sirius se rappelle encore ces Noël où chacun des Maraudeurs admettait que leur amitié à elle seule représentait le plus beau des trésors du monde. Il se rappelle encore le Noël que ses amis avaient voulu sacrifier pour le passer avec lui à Poudlard. La période des fêtes passée chez James l’été où il avait fui définitivement sa famille. Il se rappelait encore parfaitement cette pleine Lune qui arrivait quelques temps avant Noël et qui se terminait le lendemain matin à l’infirmerie avec une montagne de chocolats et de plaisanteries sur le petit problème de fourrure de Lunard.
Il se redresse. Sa position n’est pas des plus confortables, il a passé presque la journée assis de cette manière. « Un jour. Un jour je sortirai de là Lunard et tu sauras. Tu sauras la vérité. » Une promesse. Ce ne sont que des mots, mais ils font partis de ceux qui l’aideront à tenir, il le sait. Le type enfermé en face le lui a dit quelques jours après son arrivée, « c’est la clé : même ici, garde toi un truc en tête. Un souvenir, une phrase, un visage. Garde le c’est ce qui te sauvera. » Alors c’est ce qu’il fait, il se fixe des objectifs, des buts en attendant le jour où il sortirait ou bien celui où sa peine serait allégée et qu’il pourrait sortir de son trou. Il pense à Harry, à ses amis, à ses anciens collègues, à ceux qui ont toujours rêvé de le voir enfermé ou mort. Il pense à ce qu’il pourra faire en sortant s’il met la main sur Peter. Il imagine le goût de la liberté qui s’amenuise chaque jour un peu plus.
25 décembre 1981.
Il soupire. Et dire que pour une fois il s’y était pris à l’avance pour les cadeaux de Noël ! Il avait pensé à tout et à tout le monde. De nouveaux jeux pour Harry, des parfums pour Lily, des pass pour la prochaine Coupe du Monde de Quidditch pour James, une brosse à chien pour Remus avec des cadeaux plus sérieux, une boîte de chocolats venus de Suisse pour Peter, un appareil photo pour Mary ( bon ok, il l’a seulement commandé .. ), une montre pour Georgia, un pull d’un goût douteux pour Zephyr mais il aurait apprécié le geste ! Il voulait offrir un petit chien à Pénélope pour l’occasion mais il n’aurait pas pu le garder tout ce temps chez lui, il aurait fallu attendre le début du mois pour qu’il aille le chercher. Malheureusement sa petite poupée ne verrait jamais ce chiot au pied du sapin … Et tous les autres ne recevraient jamais leurs cadeaux, à moins que son appartement ne soit fouillé. Mais il doute fort que cela se produise.
25 décembre 1981.
Il se lève, attrape la craie sous ce qui semblait être un oreiller et va tracer une nouvelle barre sur le mur en face de son lit.. Il prend la peine de dessiner un petit paquet cadeau pour se rappeler la date. « Joyeux Noël, Patmol » murmure-t-il avant de s’allonger sur son lit. Un nouveau jour se termine. Encore un ... Il ferme les yeux, mais ne s’endort pas. Pas tout de suite. Il préfère plonger encore un peu dans ses souvenirs à la recherche de ses Noël passés, car il a le sentiment que beaucoup d’autres vont suivre avant qu’il ne puisse mettre le nez dehors … Oui, beaucoup d’autres.
Pardon pour le retard mais je n'ai pas réussi à finir avant aujourd'hui ^^" J'espère que ça te plaira! (Et tu as le droit de dire que tu en as marre que je t'écrive des choses ).
Bisouuuuuuuuus et encore très joyeux Noël
La porte claque derrière eux. À peine l’entendent-ils dans le feu de leur passion. Loriân dépose Pénélope au sol, tout en la gardant enlacée. Leurs lèvres ne se quittent pas, ou juste l’espace de quelques instants, le temps de murmurer à quel point ils s’aiment et se désirent. Ils se veulent plus que tout en cet instant ; le reste de l’univers a disparu au loin. Il n’y a qu’eux et leur amour fou, eux et leur passion, eux et leur joie de se retrouver, de s’étreindre de nouveau. Toutes les circonstances de la soirée disparaissent, oubliées. Loriân désire Pénélope plus que tout ; toutes ses angoisses des derniers jours s’évanouissent, il se perd dans ce désir fou, brûlant, qui l’embrase tout entier et auquel il ne résiste plus. Toute raison s’estompe ; il ne leur vient pas à l’idée qu’on pourrait les surprendre ou les entendre. Et au fond, qu’importerait ? Leur amour dépasse tout en cet instant ; ils ne peuvent se résister et ils ne le veulent pas. Ils se sont trop manqués pour réfléchir encore ; ils s’aiment trop pour penser tout de suite aux conséquences de leur geste. Leurs derniers vêtements volent au sol en désordre –il serait plus juste de dire qu’ils se les sont arrachés tant leur passion est violente et ne demande qu’à s’exprimer. Les mains de Loriân courent sur la peau nue de Pénélope ; les caresses de la jeune fille ne cessent de stimuler le désir fou qu’il a d’elle et de son corps. Leurs lèvres ne se séparent pas ; ils continuent de s’embrasser passionnément, prenant à peine le temps de reprendre leur souffle. Un gémissement lui échappe. Puis le tapis qui recouvre le sol les accueille, enlacés, toujours plus près l’un de l’autre. Loriân ne peut plus résister à la passion qui le saisit tout entier. Il veut Pénélope… Les gémissements deviennent bientôt des cris dans lesquels on distingue le nom de la jeune fille. Et, au plus fort de leur amour et de leur passion, les corps s’unissent dans l’union parfaite de ceux qui s’aiment plus que tout et se le prouvent. Moment magique, magnifique, sublime. Moment merveilleux, qui conduit Loriân au sommet du bonheur. Moment parfait qui sublime et transcende leur amour enfin retrouvé…
Loriân se réveille en sursaut, le souffle court, haletant. D’instinct, il se tourne sur le côté mais, comme il le sait déjà, il est seul. Seul dans le lit glacé par la solitude de la chambre d’ami de leur appartement. Seul parce que Pénélope n’est plus là et que les rêves brûlants qu’il fait ne sont que les souvenirs de la dernière fois qu’ils se sont vus et qui continuent de le hanter, sans qu’il puisse rien y changer. Solitude amère et désespérée. Pénélope lui manque désespérément ; il ne pense qu’à elle, ne voit qu’elle dans ses pensées ; son corps ne peut oublier leurs étreintes et leurs caresses passionnées, l’amour fou qui les lie de la façon la plus intime qui soit, les unit totalement. Le garçon reste un instant sans bouger, fixant la place vide à côté de lui comme s’il pouvait y faire apparaître Pénélope par la seule force de son regard. Mais l’autre côté du lit reste irrémédiablement vide, marqué par l’absence de celle qu’il aime plus que tout. Le souffle toujours court, le garçon se lève, se dirige vers la salle de bains. Là, il tâche d’oublier les multiples fois où Pénélope et lui ont pris leur douche ensemble, s’éternisant sous l’eau pour combler le désir qu’ils avaient l’un de l’autre. Il n’y a plus rien à présent, seulement lui dans cet appartement vide, semblable à un fantôme. Le jet d’eau de la douche le calme un peu mais ne parvient nullement à apaiser sa peine. Rien ne le pourrait. Rien, sauf la présence de Pénélope de nouveau à ses côtés. Mais c’est impossible. Sans qu’il s’en rende compte tout d’abord, ses larmes se mêlent à l’eau de la douche, coulent sur ses joues. Pénélope… Il pensait tellement la retrouver pourtant, quand elle est venue à leur appartement lui apporter le résultat des examens pour sa cicatrice et qu’ils ont passé une folle nuit d’amour ensemble, plongés dans la passion de leurs retrouvailles après presque deux ans de séparation. Le lendemain a été un coup de poignard assené en pleine poitrine lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle devait rejoindre Peter, son fiancé. Les tentatives du garçon pour la faire rester ont échoué. Aussi, refusant tout d’abord de céder à son désespoir, a-t-il pris la décision de la retrouver à la soirée théâtrale du Ministère, lors de laquelle elle devait prononcer un discours en remettant des prix aux enfants comédiens. Là encore, il avait cru que tout continuerait entre eux. Ils ont passé près d’une heure et demie dans la salle réservée aux costumes, à l’emplir de leurs cris et de leur amour fou. Ils se sont séparés en hâte puisqu’il était temps pour Pénélope d’aller faire son discours, se sont rhabillés n’importe comment dans leur empressement. Loriân était persuadé qu’ensuite Pénélope ne pourrait que rompre ses fiançailles avec Peter, que leur amour fou la conduirait de nouveau vers lui, que tout recommencerait entre eux, qu’ils seraient libres et heureux de s’aimer à jamais, pour l’éternité. Puis il s’est faufilé discrètement au fond de la salle de spectacle, sans prendre garde à sa tenue négligée. Juste à temps pour entendre l’animateur de la soirée présenter de façon officielle le mariage de Pénélope Gallianis et de Peter Forbes. Le garçon est resté figé, immobile, incapable du moindre mouvement, de la moindre réaction autre que la manifestation du choc qu’il éprouvait. Puis livide, pâle comme la mort, il a fait demi-tour pour fuir, s’attardant à peine quelques minutes pour discuter avec Kate, la meilleure amie de Pénélope. Les quelques phrases de l’homme sur scène ont été autant de véritables coups de poignard qui ont laissé à vif la plaie béante de son cœur, brisé en millions de morceaux. Il les a sentis tomber au sol avec une lenteur incroyable ; les débris de son cœur sont restés là tandis qu’il fuyait. Rentré chez lui, désespéré, le garçon s’est effondré en lourds sanglots qui ont duré longtemps. Il espérait tellement que Pénélope quitterait Peter pour lui… L’eau de la douche coule toujours, de même que ses larmes, que rien ne peut arrêter. Le garçon a vécu les quelques jours qui ont passé depuis lors comme un cauchemar permanent. Accablé, anéanti, vidé de tout espoir, perdu dans les rêves du passé et dans cette annonce qui ne cesse de résonner en lui, poignard toujours présent, qui le torture nuit et jour. Pénélope va se marier. Et ce ne sera pas avec lui. Ce sera avec ce Peter Forbes qu’il hait de tout son cœur, cet homme qui lui a volé l’amour de sa vie, son seul et unique amour. Le constat est toujours aussi difficile à réaliser ; les bribes survivantes du cœur de Loriân le refusent, n’en veulent pas, mais elles ne peuvent rien faire contre la réalité. C’est trop tard maintenant… Leur devise, Always and forever, meurt avec eux, disparaît avec leur couple, même si les sentiments de Loriân n’ont pas varié. Mais il n’y aura plus d’amour éternel, d’amour absolu, d’amour fou. C’est fini, terminé. Il faut être deux pour partager cet amour invincible et le garçon est seul. Pénélope ne reviendra plus. Ils ne s’aimeront pas pour l’éternité, dans le bonheur sans cesse renouvelé d’être tout l’un pour l’autre, de passer chaque instant de leur vie ensemble. Il n’y aura plus rien. Juste le souvenir d’un amour plus fort que tout, capable de tout vaincre, de tout transcender. Un amour qui lui aura permis de vivre les plus belles années de sa vie, les plus merveilleuses. Un amour qu’il ne cessera jamais d’éprouver dans son corps, dans son cœur, dans son âme jusqu’à la fin et même au-delà, puisque Loriân est convaincu que de tels sentiments ne peuvent disparaître dans la mort. La vue toujours brouillée par les larmes, le garçon tend la main, coupe la douche. Il se sèche rapidement, enfile un pantalon et une chemise qu’il laisse pendre par dessus sans même prêter attention à leur couleur. Il s’en moque maintenant. Comme il se moque de tout. À pas lents, il revient vers la chambre qu’il occupe à présent, la dépasse pour rejoindre celle où il dormait avec Pénélope. Il en pousse doucement la porte, s’arrête sur le seuil. L’obscurité règne dans la pièce ; le jour est loin d’être levé. L’heure est sans doute plus proche des deux ou trois heures du matin. Loriân n’a dormi que deux ou trois heures, mais il n’y prend pas garde. C’est ainsi depuis quelques jours ; il ne peut dormir davantage. Il allume l’électricité ; son regard se porte immédiatement sur la table de chevet de Pénélope où est posé le vase contenant le lys blanc et la rose rouge éternels qu’il lui a offert le jour de leurs vingt-deux ans. Un gage d’amour infini… Les fleurs sont toujours là, mais pas eux. Elles n’ont pas flétri pourtant, comme on aurait pu penser qu’elles le feraient. L’amour de Loriân est toujours là, plus puissant que jamais, et il sait que Pénélope l’aime encore. Elle le lui a prouvé au théâtre. Seulement elle a pris d’autres engagements qu’elle ne veut pas rompre… Loriân s’approche, effleure du doigt les deux fleurs. Elles sont douces et soyeuses sous sa main. Les voir ainsi, toujours liées, entrelacées, lui fait mal au cœur. « Pénélope », murmure-t-il. Mais rien ne peut la faire revenir à présent. Il l’aime tellement pourtant, plus que les mots pourront jamais le dire. Elle est tout pour lui… le garçon se perd dans la contemplation de ces fleurs qui sont le symbole de leur amour depuis presque dix ans maintenant, ces fleurs qui les ont toujours accompagnés depuis leur première fois, dans la salle sur demande à Poudlard. Roses rouges et lys blancs. Amour fou, éternel, absolu. Il reste là quelques instants encore, puis la vue du lit où ils dormaient et exprimaient leur passion lui devient brutalement insupportable, et il sort en toute hâte, presque en courant, refermant brutalement la porte derrière lui. Il s’adosse contre le battant, ferme les yeux mais quoi qu’il fasse, c’est toujours le visage de Pénélope qui apparaît derrière ses paupières closes. Assis contre la porte, il serre ses bras contre lui, comme s’il avait soudain froid, comme s’il étreignait soudain Pénélope. Mais il n’y a rien. Juste du vent, du vide. Et une souffrance insoutenable. C’est vers le salon qu’il porte ensuite ses pas. Le salon et ses multiples photos de Pénélope, qu’il a accrochées à la bibliothèque. Il n’y a plus qu’elle également sur le mur qui accueillait de nombreuses images d’eux et de leurs amis. Depuis qu’il est revenu, le garçon a transformé l’appartement en temple en l’honneur de Pénélope. Tout rappelle sa présence, où qu’on porte le regard. Photos et articles abondent ; la présence de Loriân ne se traduit que dans ce nouvel agencement des lieux. Ses affaires sont dans la chambre d’ami, seul endroit qui témoigne vraiment du fait qu’il vit encore ici. Le reste de l’appartement est totalement dédié à Pénélope. Loriân se laisse tomber sur le canapé, appuyé contre le dossier, les genoux remontés, perdu dans ses pensées, le regard flottant sur les photos et les articles de journaux. Pénélope. Les larmes roulent toujours sans qu’il y prenne garde. Peu importe de toute façon. Il n’y a personne pour le voir ; il est seul avec son chagrin, son désespoir immense que rien ne peut endiguer. Les parents de Pénélope sont désolés pour lui ; sa propre mère, Salvia, qui va mieux depuis quelque temps, ne sait plus quoi faire pour lui, pour l’apaiser. Loriân repousse sa sollicitude, sa tendresse maternelle pour se replier dans sa tristesse. Que lui importent les tentatives de réconfort des autres ? Elles ne pourront jamais réparer les morceaux de son cœur et de son âme. Tout au plus l’empêchent-elles de se laisser complètement dépérir. Rien d’autre. De toute façon, sa vie n’a plus de valeur ni de sens à présent. C’était Pénélope qui le comblait pleinement, qui faisait toute sa joie et son bonheur. Il ne vit que pour elle. Maintenant qu’elle n’est plus là, qu’elle s’éloigne pour toujours, il n’a plus rien. Il se contente de vivre au jour le jour ; toutes les portes de l’avenir se sont brutalement refermées devant lui, marquant un terme brutal au cheminement de son existence. Sans Pénélope, il n’est plus qu’une coquille vide, brisée, sans âme, à peine consciente du monde qui l’entoure. À peine plus que les gens dévastés que laissent les Détraqueurs derrière eux ; comme eux, Loriân a perdu toute envie de rire, de sourire. Sans Pénélope, sa vie est plongée dans un brouillard inextricable dont il n’a nulle envie de sortir. Pourquoi le voudrait-il ? Sans Pénélope, sans leur amour, il est incapable d’avancer, de vivre. À quoi bon progresser dans une existence dont on sait qu’elle ne vous apportera rien de bon ? Le garçon sait pertinemment qu’il n’y aura jamais personne d’autre dans sa vie, qu’il continuera d’aimer Pénélope de la même façon jusqu’à la fin de son existence qu’il n’espère pas trop longue. Après tout, le métier d’Auror n’est pas sans risque… S’il n’envisage pas vraiment de se suicider, le garçon ne pense pas non plus lutter de façon acharnée pour sauver sa vie comme il le faisait jusqu’à présent. Tant d’Aurors disparaissent en mission. Pourquoi ne serait-il pas l’un d’eux ? Personne ne pourrait lui en vouloir. C’est un moyen aisé de tirer sa révérence et de quitter ce monde dont il ne veut plus, maintenant que sa seule raison d’y être l’a quitté. Loriân se rappelle soudain quel jour on est. Le 9 mars. Soit l’anniversaire du jour où Pénélope et lui se sont avoué leur amour lors du voyage scolaire à Londres en mars 1977 et où ils se sont mis ensemble. Un amour qu’il croyait éternel, invincible, capable de surmonter tous les obstacles, comme il l’a maintes fois prouvé au cours des années qui ont suivi. Quoi qu’il se passe, Pénélope et lui se sont toujours retrouvés, ont de nouveau partagé leur vie, malgré les dangers et les oppositions de leur entourage. Leur amour a toujours vaincu, s’est toujours montré le plus fort, même contre l’ignoble magie noire de son père qui l’avait forcé à abdiquer toute volonté. Mais maintenant… Ces neuf ans n’existent plus, ne sont plus que des souvenirs d’une histoire révolue, puisque Pénélope va à présent se marier avec Peter. Le cœur de Loriân se serre de nouveau ; cette image de la jeune fille au bras d’un autre lui est tout simplement insupportable. Intolérable. Les heures passent lentement et le garçon ne bouge toujours pas. La pâle lueur de l’aube en ce mois de mars finit par franchir les fenêtres. Loriân ne s’est pas rendormi ; il en est incapable. Ses pensées continuent d’errer autour d’une seule et même personne. Le reste du monde n’existe plus vraiment pour lui ou il s’en détache, comme un fantôme qui ne peut plus prendre de part active dans cette vie. La pendule sonne huit heures ; le garçon relève vaguement les yeux et la pensée du bureau des Aurors s’immisce en lui. Il est censé travailler aujourd’hui même si toute sa passion pour son métier l’a déserté. Là encore, elle n’a de sens que si Pénélope est à ses côtés. Sans elle, tout apparaît vain, vide, sans but. Un monde entièrement gris, sans couleur… Loriân se redresse lentement, tâchant de se secouer mais sans parvenir à s’éclaircir l’esprit. Un « crac » soudain, signe d’un transplanage, le fait sursauter, tandis qu’un espoir fou lui soulève le cœur. C’est le 9 mars ; sans doute Pénélope s’est-elle souvenue et peut-être…peut-être que… La déception du garçon est infinie lorsqu’il voit sa mère paraître sur le seuil du salon. Salvia le regarde puis s’avance vers lui. Malgré ses refus, elle continue de venir le voir, d’essayer de veiller sur lui. Elle tâche de remplir au mieux son rôle de mère maintenant que la maladie mentale qui lui a dissimulé la réalité pendant des années commence de disparaître. Elle le reconnaît comme son fils à présent et lui porte tout l’amour qu’il a toujours attendu. Leurs regards, du même gris, se croisent ; Salvia lit dans le sien toute sa tristesse, tout son désespoir ; il voit en elle tout son désarroi devant sa détresse, ses inquiétudes. Sa mère comble la distance entre eux, passe un bras autour de lui pour le faire asseoir de nouveau dans le canapé. Elle s’installe à ses côtés. — Oh Loriân, mon chéri… Sa voix est douce, tendre, maternelle. Loriân ne résiste pas à ses intonations. Il se laisse aller contre sa mère, ne refoulant plus les larmes qui coulent de nouveau sur son visage. Salvia l’attire davantage contre elle, continue de lui parler d’une voix douce. Tant pis s’il a vingt-cinq ans et presque vingt-six. Tant pis s’il est censé être un homme maintenant. Tant pis… Dans les bras de sa mère, il redevient un adolescent, un enfant, qui ne peut s’empêcher de pleurer son amour perdu et que rien ne peut réconforter. Salvia lui caresse les cheveux, essuie ses larmes sur ses joues, mais ses gestes ne sont d’aucune efficacité. Attristée, elle ne sait plus quoi faire pour apaiser un tant soit peu le désespoir de son fils qu’elle voit s’effacer de plus en plus à mesure que les jours passent. Elle a vu les cernes se creuser sous ses yeux, cernant d’un noir-violet de mauvais aloi son gris si particulier, autrefois brillant, désormais bien terne, comme si toute lumière, toute vie l’avait quitté. Et c’est bien le cas. Son teint pâle ne fait qu’accentuer son allure. Elle sait aussi qu’il ne mange pratiquement plus, seulement parce qu’on l’y force et il se contente de grignoter dans ces cas-là. Plus rien n’a d’importance à ses yeux. Il a perdu toute envie de vivre, et se laisse sombrer sans rien tenter pour revenir vers la surface ; il n’a plus de goût pour rien. Même si elle l’a retrouvé depuis peu, Salvia parvient assez bien à cerner le caractère de son fils, le côté absolu et exclusif de son amour pour Pénélope. De plus, ils partagent la même sensibilité ; Loriân tient beaucoup d’elle de ce point de vue, et elle comprend à quel point il souffre de la situation. Sa propre impuissance l’agace ; elle sent qu’elle perd encore Loriân, qu’il se détache de tout ce qui l’entoure pour vivre dans ses souvenirs où une seule personne est vraiment présente, comme en atteste la décoration de l’appartement. Il fuit la vie réelle pour se réfugier dans le passé, dans le souvenir de son amour, dans les temps heureux qu’il a connus ; il repousse tout ce qui a trait au présent ou au futur pour regarder en arrière. Elle aimerait tellement pouvoir faire quelque chose pour rendre le sourire à son fils, voir de nouveau son regard s’éclairer, la vie revenir en lui. Mais elle ne peut rien faire ; tout est entre les mains de Pénélope et le choix de celle-ci semble définitivement arrêté. Loriân finit par se redresser un peu. Salvia ne l’a pas lâché et le tient toujours aussi étroitement contre elle. Elle le regarde avec inquiétude. — Il faut que j’aille travailler, murmure-t-il en détournant les yeux. Une façon comme une autre de lui dire qu’il veut qu’elle le laisse. Elle a l’habitude de ses réactions de fuite, de la façon dont il lui tourne le dos dès qu’elle s’attarde un peu. C’est normal, peut-être, qu’il ne veuille pas d’elle dans ces circonstances mais elle n’entend pas le laisser ainsi. — Tu es bien trop fatigué, ils comprendront que… — Je dois y aller. Nous avons beaucoup de dossiers en ce moment. La voix est toujours basse mais aussi plus distante. Loriân se replie sur lui-même, s’échappe. Il ne la regarde pas. — Tu vas au moins prendre quelque chose avant de partir… Son fils ne répond pas, se contente de se lever et de s’éloigner vers sa chambre. Salvia le suit du regard puis quitte le canapé à son tour. Elle rejoint la cuisine de l’appartement, décidée à au moins veiller sur la santé physique de Loriân puisqu’il reste définitivement sourd au reste. Le réfrigérateur est vide et elle se rend vite compte que les placards n’ont plus vraiment été approvisionnés depuis un moment. Elle trouve cependant de quoi préparer un café fort et tire de son sac des pâtisseries dont elle sait que Loriân les aime et qu’elle a achetées en venant. Un bruit de pas lui signale que le garçon revient. Il s’est changé, tâchant de se donner l’air un minimum présentable, et s’est passé le visage sous l’eau pour effacer les traces de larme mais ses yeux sont toujours rouges. Son épuisement, de même que son désespoir, sont inscrits sur chacun des traits de son visage. Salvia sait qu’il ne fera pas davantage d’efforts, qu’il n’a pas le cœur de jouer la comédie devant les autres, de faire semblant que tout va bien. Le chagrin de Loriân est trop profond, trop intense pour qu’il ait envie et soit capable de donner le change. — Viens, il faut que tu manges. — Je n’ai pas faim… Elle insiste quelques instants encore. Loriân cède, non pour lui faire plaisir, mais parce qu’au fond il s’en moque, a juste envie qu’elle le laisse tranquille et que c’est le meilleur moyen d’y parvenir. Il boit trois gorgées de café, avale un morceau de pâtisserie avant de dire qu’il doit vraiment y aller. Il n’y a toujours pas de sentiment ni de vie dans sa voix. Il dit les choses parce qu’il le faut, et Salvia sent bien qu’il préfère s’enfermer dans son mutisme. Loriân se contente du minimum vital d’interaction avec le monde. Il va partir à présent. Elle s’approche de lui, l’étreint une dernière fois en lui caressant la joue, sur la vieille cicatrice faite par son père près de dix ans auparavant. Loriân se laisse faire, la salue d’une voix éteinte, puis se détourne. Quelques secondes plus tard, Salvia se retrouve seule dans l’appartement déserté, hanté par un amour fou dont il ne reste à présent plus que des souvenirs.
Loriân rejoint rapidement l’étage des Aurors, salue ses collègues qui le regardent avec inquiétude. Ils voient bien à quel point il est ailleurs, à quel point il est hanté par ce qui s’est passé quelques jours plus tôt. Ils aimeraient l’obliger à prendre du repos, lui changer les idées, mais ils savent que rien ne pourra détourner ses pensées de Pénélope. Alors, ils se contentent d’être là, à ses côtés, de l’entourer de leur présence et de leurs attentions. Le garçon y est sensible sans pour autant trouver la force de les remercier. Il s’enferme dans son bureau, se plonge dans ses dossiers, s’efforçant d’oublier la venue de sa mère. Salvia fait ce qu’elle peut pour lui, mais elle ne peut lui rendre l’essentiel, l’âme et l’essence de sa vie. Sa plume prend quelques notes mais, au fond, rien de ce qu’il lit ne l’intéresse. Toujours devant lui repassent de longs cheveux blonds, des yeux bleu-vert étincelants, un corps aux formes parfaites qu’il aime plus que tout et qu’il ne rêve que de retrouver. Les nuits passées ensemble, le plaisir offert et partagé, ces unions qui les comblaient pleinement tous les deux, les cris et des mots d’amour qui s’entendaient jusqu’au cœur de la nuit… Loriân referme d’un geste brusque le dossier qu’il tient et dont il n’a pas retenu un mot. Coudes appuyés sur le bureau, il plonge son visage dans ses mains. Il lui faut un long moment pour retrouver un semblant de maîtrise de soi. Son regard parcourt le bureau, quelque peu égaré, comme s’il se demandait ce qu’il faisait là. Et il se le demande en effet. Pourquoi continuer à venir encore ? Pourquoi ne pas tout quitter, baisser définitivement les bras ? Pourquoi suivre encore son instinct de survie qui le pousse à donner l’illusion d’une vie à peu près normale ? Il ne veut pas partir au loin, simplement s’isoler totalement du monde, refermer pour de bon sa bulle jusqu’à ce qu’on le laisse définitivement tranquille. Qu’on le laisse vivre avec ses souvenirs, avec son amour et qu’on ne l’oblige pas à s’intéresser à ce monde dont il n’a que faire, qui a perdu tout intérêt à ses yeux. Le bruit strident d’une alarme déchire soudain l’air et le détourne de ses pensées. C’est le signe qu’une attaque de Mangemorts est en train de se produire et qu’il faut agir vite. Même si cela fait maintenant plusieurs années que Voldemort a disparu, ses partisans n’ont pas tous été arrêtés et ils continuent de mener des actions contre les moldus, pour le simple plaisir de faire le mal et de s’amuser. Dans un réflexe, Loriân attrape sa baguette, se précipite hors de son bureau vers celui du directeur du service. Les volontaires sont nombreux pour l’accompagner, et le garçon se signale aussi. Son chef pose le regard sur lui : — Tu ne viens pas Louvière, tu es trop fatigué. Je ne veux pas que tu prennes de risque. Les yeux gris s’animent un peu. — Je vais très bien ! Laissez-moi venir, vous avez besoin de moi… Et je veux me battre ! Leurs regards s’affrontent. Loriân voit son supérieur peser le pour et le contre et cela ne fait que renforcer sa détermination. Si les Mangemorts s’en prennent encore aux innocents, il veut être là. C’est en partie à cause d’eux qu’il a choisi de devenir Auror, il s’est promis d’en envoyer le plus possible à Azkaban, et il ne veut pas laisser une occasion lui échapper. Ce qu’il n’avoue pas et dont son chef est peut-être plus conscient que lui, c’est qu’il y a une autre volonté, plus désespérée, qui se cache derrière son envie d’en découdre avec les sbires de Voldemort. Une volonté bien plus sombre qui s’accorde bien à ses pensées. Loriân ne quitte pas le regard de l’autre, décidé. La légilimancie à laquelle il n’hésite pas à recourir en cet instant lui permet de suivre les cheminements de la réflexion de son supérieur. Certes, Loriân est fatigué, épuisé même, et pas au meilleur de sa forme mais il demeure l’un de ses meilleurs éléments ; il a plus que fait ses preuves dans la lutte contre les Mangemorts. Ils ont besoin de lui pour les affronter plus efficacement, de ses talents en défense contre les forces du mal. — Nous perdons du temps, ajoute Loriân pour lui forcer la main. Je vous accompagne. — Si c’est ton choix… L’autre n’est pas ravi de cela mais il s’incline devant l’urgence de la situation, exactement ce qu’attendait Loriân. Une fois ces quelques paroles prononcées, l’équipe des Aurors ne tarde pas à se mettre en route. Ils disposent de la localisation précise de l’attaque ainsi que du nombre de Mangemorts impliqués. Ils sont relativement nombreux mais les Aurors devraient arriver à les mettre en fuite. L’important est surtout de protéger la population, afin qu’il y ait le moins de victimes possible. Lorsqu’ils arrivent au milieu de la rue, le chaos règne partout. Les sorts des Mangemorts ont fait voler des vitrines en éclats et des milliers de morceaux de verre jonchent le sol. Des passants moldus hurlent et tentent de s’enfuir ; d’autres restent tétanisés, incapables de bouger ; quelques voitures se sont encastrées dans les magasins ou dans les arbres au bord de la rue. Aussitôt, les Aurors s’activent et commencent à protéger la population. Des boucliers scintillants sont dressés autour des moldus, tandis que l’autre partie de l’équipe s’en prend aux Mangemorts. Loriân fait partie de ceux-là. Il a toujours été beaucoup plus doué en attaque qu’en défense, et il connaît parfaitement la magie noire auxquels leurs adversaires font appel ainsi que les moyens de la contourner. D’ordinaire, il n’est jamais le dernier à se lancer dans la bataille, prenant des risques mesurés face à ses ennemis jurés, veillant toujours à se jouer d’eux. Cette fois, il se jette à corps perdu dans le combat. Son désespoir le pousse à prendre tous les risques, à se précipiter au-devant de tous les dangers ; il n’a plus de barrière ni de frein à présent. Rien ne le retient en arrière, comme auparavant, lorsqu’il pensait à Pénélope, au fait qu’il ne voulait pas la perdre, ce qui le poussait à toujours se protéger un minimum. Là, il se moque de tout. Ses sortilèges volent en tous sens, protégeant les moldus et forçant certains Mangemorts à reculer en hâte pour s’abriter. Il ne se rend pas compte qu’il offre en même temps une éblouissante démonstration de magie, que d’une certaine façon son désespoir confère une allure plus intense, plus dramatique à sa façon de lutter. C’est beau et terrible à la fois. Dramatique. C’est une vraie folie de combattre ainsi ; les Aurors tentent plutôt de se protéger mutuellement en temps ordinaire. Un cri lui parvient : — Louvière, tu es cinglé, protège-toi ! Son chef le regarde d’un air furieux avant qu’un remous de la bataille ne l’entraîne un peu plus loin, au secours d’un petit groupe de moldus. Loriân se détourne, repart de son côté. Se protéger ? Il n’en a nulle envie et nul besoin. Peu lui importe ce qui lui arrivera au cours du combat et, au fond, s’il pouvait ne pas s’en sortir, cela lui rendrait service. Une belle façon de fermer définitivement la porte de cette vie… Les Mangemorts reculent un peu et il les suit, s’efforçant de les retenir. Le but à présent est davantage de les arrêter que de les faire fuir. Maudites cagoules qui empêchent de distinguer leurs visages et de les identifier avec certitude… Aucune preuve ne peut être apportée contre eux tant qu’ils ne sont pas capturés. L’argent et l’aura de nombreuses familles de sang-pur les protègent tout aussi efficacement et Loriân enrage devant leur impunité. Il se donne sans compter dans la bataille, y jette toutes ses forces sans relâche. Un Auror vacille soudain tandis que son bouclier protecteur explose ; Loriân le rejoint aussitôt pour se dresser entre lui et son adversaire qui ne tarde pas à chercher une cible plus aisée. Un autre prend sa place, plus solide, à la carrure plus forte, que le garçon ne parvient pas à identifier. Le duel s’engage, âpre et féroce. Loriân ne cède pas un pouce de terrain mais il sent que l’autre est plus puissant que lui ou du moins plus entraîné. La situation devient difficile mais il refuse de fuir malgré la fatigue qui se fait de plus en plus sentir. Depuis combien de temps sont-ils là ? Quelques minutes à peine, mais Loriân a le sentiment que cela dure depuis des heures. Le poids de ses nuits d’insomnie se fait sentir. Il recule de quelques pas, tandis que le Mangemort pousse son avantage. Le garçon serre les dents, continue de se battre.
Puis…instant de distraction causé par la fatigue ? Baisse de l’attention ? Défaut dans sa garde ? –il l’ignore. Tout ce qu’il ressent, c’est l’immense brûlure qui s’étend sur son torse, comme si une lame l’avait frappé. Brûlure glacée, intense. Le garçon fait un pas en arrière, vacille, tout en portant une main à son torse. Il la retire couverte de sang chaud. Un sang qui continue de couler et qui imbibe les lambeaux de sa chemise et de son pull, à une vitesse effrayante. Le monde se brouille autour de lui ; les immeubles tremblent, ondulent, perdent leurs contours, de même que les arbres qui s’estompent dans un voile de brume. Le Mangemort n’est plus qu’une vague silhouette. Loriân recule d’un pas encore ; sa baguette lui échappe, tombe au sol dans un bruit mat. Puis le goudron de la rue semble se précipiter à sa rencontre dans un étrange renversement du monde et il se retrouve étendu sur le dos, incapable de bouger. La douleur est toujours là, et il sent le sang chaud, sa vie, qui continue de s’écouler. Le Mangemort se dresse au-dessus de lui, sa baguette pointée sur lui. Prêt à l’achever d’un sort. Loriân lutte pour ne pas fermer les yeux, pour regarder la mort qui s’avance vers lui. Il ne peut rien faire pour se défendre ; il est totalement désarmé. Et au fond, n’est-ce pas ce qu’il souhaitait ? Mourir dans un affrontement ? Il a trouvé plus fort que lui ; il a perdu. C’est tout. Il accepte totalement son sort, résigné. Le Mangemort lève sa baguette, commence à prononcer les paroles mortelles de l’Avada Kedavra. Le souffle de Loriân se fait plus heurté ; son corps veut se révolter contre ce qu’il se passe, se dresser dans un dernier élan de vie, mais il n’a plus la force de se relever. Et son esprit ne le veut pas. Le Mangemort prend son temps, savoure l’instant où il jette à bas l’un de ses pires ennemis. Soudain, un rayon de lumière dorée barre le champ de vision du garçon, dressant un bouclier imprenable autour de lui, sur lequel vient s’écraser l’éclair vert du sortilège de la mort. Le Mangemort le fixe avant de regarder autour de lui, sans doute aussi surpris que l’est Loriân. L’homme cherche l’auteur du sort parmi les combattants, baguette levée. Avec effort, le garçon prend appui sur un bras pour se redresser un peu. Un gémissement lui échappe sous le coup de la douleur ravivée par son mouvement ; son torse lacéré irradie d’une souffrance intolérable, dont le garçon tente de faire abstraction sans y parvenir vraiment. Ses pensées sont voilées. Mais son regard s’attache au bouclier. Il le connaît. Il n’y a qu’un seul bouclier qui puisse prendre cette apparence, cette teinte particulière. Son bouclier, celui que Pénélope crée pour lui avec la force de leur amour, cette formule ancienne qu’elle a retrouvée… Le souffle haché par la souffrance, Loriân essaie de se redresser davantage, de regarder autour de lui. Pénélope est-elle là ? Il ne l’a pas vue mais dans la confusion du champ de bataille, tout est possible. Tout est trouble autour de lui, il ne parvient à rien distinguer. Le sectumsempra remplit son office ; sans le contresort, on ne peut espérer survivre plus de quelques minutes au maléfice. Loriân lutte cependant, il ne veut pas mourir sans avoir revu une fois Pénélope si elle est vraiment là. Cependant, quelqu’un s’agenouille soudain à côté de lui, le serre dans ses bras tout en l’appelant par son nom. — Pénélope, balbutie le garçon, Pénélope… Nul doute à présent. C’est bien elle, elle est bien là, à ses côtés. Le garçon se tend pour ne pas s’évanouir. Il faut qu’il reste conscient, Pénélope est juste là… Il entend la voix de la jeune fille mais ne saisit pas ses paroles. Peu importe. Son cœur s’affole dans sa poitrine, tandis qu’un immense soulagement, une émotion indicible s’emparent de lui. Elle est là. La pensée tourne en boucle dans son esprit, le ranime. Elle est là. Tout ne peut que bien aller… Pénélope dit encore quelque chose qu’il ne saisit pas. Il comprend cependant ce qu’elle fait lorsqu’il sent la douleur refluer. Ses pensées s’éclaircissent et les plaies qui barrent son torse se referment sans laisser de trace. Seul le sang qui a coulé témoigne des horribles balafres dessinées par le Sectumsempra. Loriân a déjà pratiquement oublié sa blessure. Pénélope. Pénélope. Pénélope. Il n’a d’yeux que pour elle, n’ose y croire. Il voulait mourir, et elle se trouve là, encore une fois juste à temps pour le sauver. Le garçon jette les bras autour d’elle, l’attire contre lui en une étreinte désespérée, avide de sentir contre lui la chaleur de celle qu’il aime tant. Une de ses mains se glisse dans les longs cheveux ; son visage s’appuie sur l’épaule de la jeune fille ; il respire de nouveau son parfum. Pénélope. Il a tout oublié, les Aurors, les Mangemorts, la bataille qui fait encore rage autour d’eux. En cet instant, il n’y a qu’elle qui compte. La seule qu’il voie. Un sanglot étouffé secoue ses épaules tandis qu’il étreint plus fortement la jeune fille. Il l’aime tellement, les mots sont bien trop faibles pour le dire, et il peut exprimer autrement l’émotion que sa vue soulève en lui qu’en l’étreignant ainsi, comme si sa vie en dépendait. Et c’est sans doute le cas. Il lui suffit de la voir pour que son cœur se ranime, que la vie recommence à prendre de l’intérêt pour lui. Il ne sait pas pourquoi elle est là, pourquoi elle se trouve au milieu des combats. Il n’est pas capable de penser jusque là. Pénélope est à ses côtés, et c’est tout. Ses lèvres s’entrouvrent, un murmure lui échappe, chargé de toute la force de ses sentiments, de tout son amour, de tout le désespoir éprouvé au cours des derniers jours : — Pénélope, mon amour… Impossible d’en dire plus, sa voix se brise. Ils restent ainsi quelques secondes puis Pénélope se relève et l’incite à en faire autant. Ils ont quelque chose à terminer avant de laisser libre cours à leurs sentiments. De nouveau, pour Loriân, la réalité s’est estompée derrière la force énorme de ce qu’il ressent. Il n’a pas une pensée pour Peter, rien. Pénélope est avec lui, et il ne songe à rien d’autre. Il tend le bras, ramasse sa baguette tombée au sol à peu de distance, puis il se dresse à côté de Pénélope. Elle a tendu sa propre baguette en avant, l’invitant à faire de même. C’est leur façon de combattre ensemble. La force de leur amour les protège toujours… Avec un sourire, Loriân place sa baguette à côté de celle de la jeune fille. Le bouclier accomplit toujours son office et pour le garçon, c’est un merveilleux signe de l’amour que Pénélope éprouve encore pour lui. Son bouclier, qui fonctionne avec la force de leur amour, semble indestructible, inaltérable, quels que soient les sortilèges lancés par les Mangemorts. Rien ne l’entame. Mais c’est à eux de passer à l’action maintenant. Leurs ennemis ne cessent de se rapprocher, de plus en plus menaçants même si leurs sortilèges demeurent vains. Le garçon place un bras dans le dos de Pénélope pour l’attirer contre lui ; il ne peut s’en empêcher, il a besoin de la sentir contre lui, de la toucher, de retrouver son contact, de l’étreindre. Il a besoin d’elle, tout simplement. Leurs baguettes se touchent, se joignent enfin, et c’est ensemble qu’ils prononcent la formule. — Everte statim ! Loriân a dit ces deux mots avec toute la puissance de l’amour qu’il éprouve pour Pénélope, tout son soulagement, l’immense joie de la revoir de nouveau. Avec toute la force dont il est capable, dont il se sent investi avec la jeune fille à ses côtés. Avec tout son désir de la protéger des Mangemorts, de les préserver tous deux, ainsi que leur amour. Il vient de retrouver Pénélope ; sur l’instant, pour lui, rien ne peut les séparer de nouveau et certainement pas leurs ennemis. Porté par ces sentiments, Loriân resserre sa prise sur sa baguette ; elle tressaille dans sa main, comme heureuse de ce qu’elle sent en lui, de voir de nouveau ces émotions qui la renforce. Le mince bâton de bois semble presque excité, heureux, enthousiaste à l’idée de prendre part au combat de celle qui est devenue sa jumelle de cœur et d’esprit, créant un lien unique et nouveau entre les deux baguettes. Le rayon du sortilège jaillit en même temps de celle de Pénélope. D’abord simple jet, il devient un véritable tourbillon de vent qui les entoure, dresse une nouvelle muraille autour d’eux. Signe que leur amour est toujours aussi vivant, intact, la toute puissance de leurs sentiments donne une force considérable au sortilège ; les Mangemorts ne peut rien faire ; le souffle du vent les envoie voler au loin et le choc de l’atterrissage est si rude qu’ils restent étendus au sol, inertes, assommés. En quelques secondes, le sortilège fait place nette autour de Pénélope et de Loriân ; la force du vent agite leurs cheveux qui se mêlent. Mèches brunes et blondes s’entrecroisent puis le tourbillon décroît petit à petit. Leurs baguettes se séparent et la force du contrecoup projette Loriân au sol, à quelques pas. Le choc est rude dans son dos, mais il ne s’en soucie pas. Il est debout d’un bond, son regard cherchant Pénélope en hâte. Elle se relève elle aussi. Autour d’eux, un calme soudain s’est abattu dans la rue ; la bataille est finie maintenant que les Mangemorts sont hors de combat. Les Aurors s’approchent d’eux pour les arrêter. Loriân n’en prend qu’à peine conscience. Ces éléments-là du monde n’existent plus pour lui ; ils n’apparaissent que dans un lointain dont il ne se soucie pas, dont il n’a que faire. Il dévore Pénélope du regard, comme s’il craignait de s’éveiller d’un rêve merveilleux, comme si elle n’était qu’une présence qui l’avait accompagné tout au long du combat et qui allait à présent disparaître. Mais non. Elle est toujours là, présente en chair et en os. Et le garçon se sent plus vivant que jamais, envahi de multiples émotions indicibles par-dessus lesquelles domine son amour fou. Non, leur devise n’est pas morte. Elle est toujours entière, intacte. Aussi absolue qu’au premier jour. Always and forever. Les mots ont encore tous leur sens. Loriân se précipite vers Pénélope et ils se jettent dans les bras l’un de l’autre. De nouveau, le garçon est incapable de retenir ses larmes, mais elles sont de joie à présent et non plus de désespoir. Il prend la jeune fille dans ses bras, la soulève, et leurs lèvres se joignent, scellant la force de leurs sentiments pour l’éternité. Ils sont tout l’un pour l’autre ; plus personne d’autre n’existe autour d’eux. Loriân embrasse l’amour de sa vie sauvagement, passionnément, avec tout son amour, pendant de longues secondes. Instant d’éternité ; instant de grâce ; instant parfait. Le garçon recule finalement ses lèvres de quelques centimètres, guère plus ; son souffle se mêle encore à celui de Pénélope. — Je t’aime, mon amour, je t’aime plus que tout, je t’aime… La litanie des mots d’amour se bouscule sur ses lèvres, précipitée, forte de tous ses sentiments, de toute sa joie, du bonheur qu’il ne retient plus. Pénélope est avec lui. Fou d’elle, il l’embrasse de nouveau avec la même ardeur, la même passion, longuement et langoureusement. Les secondes s’étirent, lui donnent un sentiment de plénitude, celui d’être à sa place, là où il doit être. Avec le seul amour de sa vie, la seule qui le comble parfaitement et totalement, la seule pour qui il donnerait absolument tout. Loriân peut de nouveau sourire à la vie. Pénélope et lui s’aiment et s’adorent. Always and forever.
Pénélope D. Gallianis
6ème année ϟ Préfète
ϟ Parchemins postés : 99
ϟ Date d'inscription : 04/10/2012
ϟ Points : 25
ϟ Localisation : Bibliothèque de Poudlard.
Feuille de personnage ϟ Âge: 16 bougies. ϟ Maison/Profession: Serdaigle de sixième année. ϟ Relations:
Mon cadeau est archi triste, mais ça fait un moment que je voulais t'écrire ce passage. On n'en avait pas vraiment parlé mais j'avais cette idée. Alors j'espère que tu aimeras
- Non, pas du tout. C’est même la meilleure que j’ai eue depuis bien longtemps. S’il vous plaît, laissez-moi y aller. J’ai besoin de vous pour cela…
- Hors de question. Tu ne réalises pas les dangers qui t’attendent là-bas ! Azkaban est une prison, Pénélope ! Et Sirius Black y a sa place, c’est un traître ; il a trahi ses amis, il a menti, il a trompé des gens honnêtes et bons de nombreuses années. Il ne fait que payer pour ce qu’il a fait. Les Détraqueurs ne le laisseront pas longtemps en vie, de toute manière.
- COMMENT OSEZ-VOUS ?
Le cri s’élève tout à coup, semblable à un rugissement de rage. La jeune fille qui vient de le lâcher s’est levée d’un bond en même temps, et c’est désormais la tristesse qui passe sur ce visage aux traits encore tremblants de rage. Rage et tristesse ; tristesse et rage, bien étrange mélange que celui de ces sentiments. Rage de l’injustice, tristesse de la trahison, de l’absence. Et bientôt la détermination arrive, dans le regard bleu-vert, vif, froid, que Pénélope Gallianis adresse à son père, Daniel Stanton, debout en face d’elle. Helena Stanton, elle, ne dit rien, comme souvent. Ses piètres tentatives de tout à l’heure pour faire entendre raison à son mari n’ont pas eu l’effet escompté. Certes, elle n’approuve pas que sa fille se rende dans un lieu aussi lugubre que la prison d’Azkaban, mais elle comprend également les raisons qui l’y poussent.
Pénélope est au bord des larmes ; encore de la colère, mais aussi de la déception. Comment son père peut-il dire une chose pareille ? Le cri semble avoir marqué les murs, laisse comme un écho. Daniel Stanton, sonné, à demi tourné vers la cheminée, a le regard planté dans celui de sa fille unique, hébété. Il est surpris, complètement pris au dépourvu. Cela n‘arrive jamais. Sa bouche s’est entrouverte sous le choc, et le verre de vin rouge qu’il avait à la main s’est lamentablement échoué au sol, dans un curieux bruit, étouffé par le moelleux du tapis sur lequel se répand désormais le liquide pourpre, que personne ne semble remarquer. Ni Pénélope ni Helena n’ont suivi le mouvement de l ‘objet des yeux. Non ; bleu-vert et bleu clair s’affrontent toujours, bleu-vert toujours aussi déterminé, qui ne flanche pas. Et finalement, c’est le père qui rompt le contact visuel, détourne le regard, ferme les yeux. Quelques secondes qui prennent une allure d’éternité s’écoulent, et finalement, quelques mots tranchent l’air, prononcés d’une voix blanche :
« Très bien. Je les informerai de ta venue. »
Pénélope s’apprête à dire quelque chose, un mot de remerciement, mais son père ne lui en laisse pas le temps. Il ajoute, toujours sans la regarder, pris dans la contemplation du feu qui crépite dans la cheminée, d’une voix qui est presque un murmure :
« J’espère que tu peux toujours produire un patronus. »
Peux. Pas sais, mais peux, du verbe pouvoir. Un vague sourire amer monte aux lèvres de sa fille, qu’il ne voit pas. Et c’est d’une voix étrangement calme, malgré le poignard immense qui vient de se planter dans son cœur déjà brisé, qu’elle répond :
- Ne vous inquiétez pas. Loriân m’a au moins laissé quelques souvenirs heureux avant de me quitter…
Sa phrase reste en suspens. Il n’y a pas de suite, pourtant. La gorge de Pénélope se serre à l’évocation du garçon, son unique amour, pour toujours et à jamais. Voilà bientôt trois mois qu’il est parti, la laissant seule dans le lit de leur chambre, dans leur appartement londonien, après une dernière nuit d’amour. Pénélope n’oubliera jamais ce moment où elle a ouvert les yeux, nue sous les draps, trouvé la place à côté d’elle vide et froide, comme tout le reste. Elle a crié le prénom de Loriân, tout en sachant déjà que seul le silence lui répondrait. Il est parti. Et depuis, plus rien. Si cela avait été la seule épreuve difficile, peut-être la dépression aurait-elle été moins sévère. La jeune fille n’y croit qu’à peine. Non, ce n’est pas parce qu’elle n’a que vingt-et-un ans que la tristesse la touche plus facilement ; c’est simplement parce que l’amour brise tout entier, lorsqu’il est puissant et enraciné, et ce à n’importe quel moment de l’existence. Elle a le chagrin d’une âme en peine, brutalement arrachée à son âme sœur. Voilà ce qui s’est passé.
Elle sent les larmes lui monter aux yeux, menacer de couler cette fois. Elle refuse de les montrer à ses parents ; ils les ont déjà bien assez vues depuis des semaines qu’elle vivote, ne vit qu’à moitié. Elle n’est que le pâle reflet d’elle-même ; elle le sait très bien. Et s’en moque. Et aujourd’hui, en cette fin d’après-midi de Noël 1981, elle ne se sent pas le courage de faire semblant. Le repas censé être festif s’est passé dans un silence des plus mornes, à peine ponctué par les tentatives d’Helena de faire bonne figure, son air faussement enjoué et ses remarques encore moins joyeuses. Pénélope n’a pas mangé, s’est contentée de grignoter quelques morceaux de la bûche faite par sa mère, sans mot dire, le regard vide, fixé dans le vague. Plongée dans des souvenirs qui ne sont plus que d’amères preuves d’un passé désormais lointain. Combien de Noël a-t-elle fêté avec Loriân ? Quatre. Cela aurait fait cinq ans qu’ils étaient ensemble en mars. Sauf qu’il est parti le quatre octobre, appelé pour combattre les mangemorts qui continuent d’agir, répandant le malheur partout où ils vont. La guerre fait toujours rage, malgré la mort du plus grand mage noir de tous les temps, survenue à peine deux mois plus tôt.
La jeune fille sent son cœur se serrer davantage en repensant aux évènements de deux mois plus tôt. Le premier novembre dernier. Sirius… La pensée de son ami s’impose à elle, son visage toujours souriant, ses cheveux bruns décoiffés, son regard perpétuellement rieur. A l’abri de tout, du monde entier, comme si rien ni personne ne pouvait l’atteindre et ne serait-ce que tenter d’effacer ce sourire. Si seulement il avait su… Pénélope tourne le dos à ses parents, fait quelques pas dans le salon, se dirigeant vers la sortie. En vérité, elle ne veut pas qu’ils voient la larme brûlante, bientôt suivie d’une autre, qui a coulé sur sa joue. Ils connaissent déjà son chagrin, et se doutent des pensées qui l’assaillissent à cet instant. C’est pour lui, c’est pour eux, c’est pour toute cette injustice terrible qui est celle du monde magique en ce moment, qu’elle pleure. Sirius… Elle ne peut croire ce qu’ils disent, ce que la communauté magique de Grande Bretagne se plaît à croire, dévorant les lignes douteuses de la Gazette du Sorcier, de Sorcière Hebdo, tous ces journaux et magazines qui tous relatent les mêmes faits : James et Lily Potter sont morts, tués par Vous-savez-qui, trahis par leur ami Sirius Black. Non. Pénélope refuse de le croire. Ce n’est pas vrai, c’est impossible. Impossible !
Elle les revoit tous. Les Maraudeurs, adolescents fiers, souriants, agiles et droits. Le petit groupe inséparable, James et Sirius les fortes têtes, Remus le calme et Peter le suiveur. Lily Evans qui court après James en lui criant dessus. Mary Macdonald qui se penche immédiatement pour murmurer à l’oreille de Marlene McKinnon que ces deux-là finiront ensemble, c’est obligé. Georgia Prince qui jette un regard amusé au futur petit couple, avant de balancer un vif d’or sur Remus pour le sortir de ses bouquins. Puis elle, Pénélope, qui vient s’asseoir à côté de Sirius et part bientôt en éclats de rire, comme à chaque fois qu’elle discute avec son grand ami. Qu’est-ce qu’ils en ont vécu déjà, des choses ensemble… Ils ont seize ans, presque dix-sept, il fait beau, ils rient, ils sont de grands amis, la vie devant eux pour se montrer encore cette belle amitié. Et Loriân qui arrive bientôt, jaloux dès qu’il voit Pénélope trop longtemps avec son ex-petit-ami et aujourd’hui meilleur ami. Puis Kate qui met un coup de coude dans les côtes de Sirius, commençant une bataille de chatouilles avec lui, pour plaisanter. Ce temps est loin, maintenant… Si seulement ils avaient pu rester plus longtemps à Poudlard, protégés de la guerre qui commençait pourtant déjà, épargnés des temps sombres qui courent encore. Loriân et elle seraient toujours ensemble, fous amoureux, plus que jamais. Elle verrait encore Sirius tous les jours. Il la ferait rire avec ses blagues aussi drôles que douteuses, parfois.
Pénélope étouffe un sanglot, prend sa tête entre ses mains quelques secondes, se mordant fort la lèvre pour ne pas craquer là, en plein milieu du salon. Ils lui manquent tellement… C’est insoutenable. Lorsqu’elle retire ses mains, la vision du sapin de Noël décoré l’assaillit. Posé dans un coin de la pièce, ses guirlandes et boules scintillent, brillent de mille feux. Et au sol se trouvent encore des restes de papiers cadeaux, rubans effilochés. Soudain, Pénélope est sûre de sa décision. Elle ne veut pas attendre ; pas une minute de plus. C’est avec lui qu’elle veut être, là maintenant. Sirius n’a pas fêté Noël, cette année… Elle n’ose imaginer les conditions dans lesquelles il vit depuis deux mois maintenant… Elle sait que tout le monde lui a tourné le dos, croyant sans peine à toutes les bêtises relatées par les journaux, les membres du Ministère, le gouvernement… Elle se moque bien que ce soit la vérité aux yeux de tous. Ça ne l’est pas pour elle. Et s’il subsiste un doute minime, elle le verra confirmé ou non tout à l’heure, lorsqu’elle le regardera à nouveau dans les yeux. Son ami ne peut lui mentir, pas lorsqu’elle est face à lui.
« Prévenez-les maintenant s’il vous plaît. Je pars dans dix minutes. »
Elle s’est tournée à demi vers ses parents pour faire cette déclaration, puis quitte la pièce sans ajouter un mot, ignorant les exclamations de surprise de sa mère, qui doivent exprimer également la réaction de son père à ses paroles. Pénélope se hâte dans les escaliers, atteint sa chambre de jeune fille. Son regard bleu-vert s’attache au bouquet de roses rouges et lys blancs qu’elle fait apparaître systématiquement où qu’elle aille. Loriân. Elle s’arrête, inspire un bon coup. Sa baguette s’élève dans les airs, et des livres tout à coup quittent la bibliothèque. De gros grimoires de métamorphose glissent au sol, leur chute retenue par un sort. Pénélope s’avance, regarde les étagères vidées, une expression indescriptible sur le visage. Elle sort un paquet bleu. Bleu comme le ciel, entouré d’un ruban blanc. Le cadeau qu’elle a offert à Sirius… Lorsqu’elle a vu chez un bouquiniste l’été dernier, elle n’a pas pu résister à l’envie de l’acheter, pour le lui offrir à Noël. Sauf que novembre est arrivé, et avec lui la chute de Sirius Black. Pénélope se dit que tant pis, elle va le lui offrir quand même. Le livre, assez épais, s’intitule « 1001 blagues et histoires drôles moldues et sorcières ».
C’est à Azkaban qu’il le lira, si elle peut le voir aujourd’hui. S’il accepte de la voir. S’il est toujours au fond, tout au fond, le Sirius qu’elle a connu. Peut-être que c’est lui qui ne la reconnaîtra pas. Depuis des mois qu’ils ne se sont pas vus, elle a maigri, ses cheveux blonds ont poussé, mais pris un éclat terne, assorti à son teint pâle et son regard bleu-vert éteint. Elle jette un œil vers le miroir, en détourne aussitôt le regard. Elle a l’air d’une veuve, avec sa petite robe noire, ses collants et ballerines de la même couleur. Sans doute l’est-elle, en un sens… Pénélope s’empare du paquet resté dans les étagères, le serre maladroitement contre elle. En passant devant son bureau, elle s’attarde sur la photo de Sirius et elle, souriant de toutes leurs dents, avant que Sirius ne la soulève tout à coup de terre, lui arrachant un cri de surprise, qui ne s’entend pas mais que la photo sorcière laisse deviner par l’expression ébahie de Pénélope, ses lèvres qui s’ouvrent et forment un petit o de surprise. Sous le coup d’une impulsion, elle attrape le cadre, le serre dans ses bras avec le cadeau. La jeune fille murmure : « J’arrive, Sirius… », même si seuls les murs peuvent l’entendre. Le cadeau toujours dans les bras, elle sort de sa chambre, dévale les escaliers avant d’attraper son épais manteau noir dans l’entrée. Ses parents sortent du salon à ce moment, et c’est Daniel Stanton qui prend la parole, après un regard de sa femme.
« Tu partiras de mon bureau. Le presse-papier est un portoloin ; il te déposera sur la côté face à l’île où se trouve Azkaban. Là, tu prendras le bateau qui fait la navette, puis à l’entrée, tu te présenteras comme ma fille. On te mènera à lui. »
Pénélope note qu’il refuse obstinément de prononcer le nom de Sirius. Comme tous les autres sorciers anglais, son père croit à sa culpabilité. Mais il cède face à sa fille. Pénélope le regarde droit dans les yeux :
« Très bien. Merci. Je vous préviendrai lorsque je serai de retour. »
Elle n’a pas l’intention de revenir chez eux après avoir Sirius, et ses parents s’en doutent. Sans un mot de plus, elle se détourne, remonte les escaliers, mais s’arrête au premier étage, cette fois. La porte du bureau de son père est ouverte, et le presse-papier posé en évidence sur la table de chêne massif. Sans une seconde d’hésitation, Pénélope s’empare de l’objet, et s’envole par la fenêtre ouverte.
***
La prison est sombre, lugubre. Exactement comme on le lui avait prédit. Le regard bleu-vert terne de Pénélope trouve celui du gardien de l’entrée. Elle s’approche du petit bureau étriqué, laissant presque les traces de ses pas sur les dalles poussiéreuses. Peu de sorciers s’aventurent ici, elle le sait… Le cadeau et le cadre serrés contre sa poitrine, Pénélope s’éclaircit la gorge, avant de dire d’une voix mal assurée :
« Je suis Pénélope Stanton, la fille de Daniel Stanton. Je suis venue voir Sirius Black. »
L’homme n’a pas l’air surpris ; on l’a prévenu. Toutefois, son regard hagard détaille la jeune fille, s’attarde sur ses cheveux blonds, ses courbes généreuses qu’elle a cachées derrière ses vêtements sombres mais que l’on devine quand même. Non, il n’a pas vu de femme depuis longtemps, et certainement pas une beauté comme elle. Pénélope ne dit rien, détourne les yeux, mal à l’aise. Puis finalement il se lève :
« Suivez-moi » lui balance-t-il, d’une voix traînante.
Elle ne se fait pas prier, et bientôt ils arpentent un dédale de couloirs tous moins éclairés les uns que les autres. Le trajet est silencieux, et le cœur de Pénélope s’emballe, retrouvant un semblant de vie tandis que le moment où elle va retrouver Sirius se rapproche. Elle ne sait pas vraiment ce qui l’attend. L’appréhension augmente, de même que les battements de son cœur. Et s’il était devenu fou ? Et s’il l’avait oubliée ? Elle refuse de le croire. Ça y’est ; ils arrivent. Le couloir de l’étage le plus haut. Là où se trouvent les pires délinquants, les plus grands criminels. Le cœur de Pénélope se serre, et elle crispe ses mains sur le cadeau et le cadre, comme pour s’y raccrocher. Sirius n’est plus loin… Quelques pas, un couloir, puis un autre. Et brusquement, le gardien s’arrête. De surprise, elle pile juste derrière lui. Il se tourne vers elle, lui lance un regard vide :
« Vous avez une heure. »
Et il s’en va, la laissant seule devant la cellule. Le calme est oppressant ; seul le clapotis des gouttes d’eau quittant le plafond avant de s’écraser au sol se fait entendre. Pénélope s’approche lentement des grilles, cherche du regard son ami. Les murs sont recouverts de craie ; le dessin d’un cadeau trône sur la paroi humide. La cellule n’est pas meublée, évidemment ; vide, grisâtre. Aussi triste que tout le reste. Et soudain, elle le voit. Au fond, enroulé dans une couverture, allongé sur un semblant de lit. Sirius Black n’est plus que le pâle reflet de lui-même, comme elle ne manque pas de s’en apercevoir, lorsqu’il se redresse et croise son regard.
« Oh, Sirius… » lâche Pénélope, des larmes brûlantes surgissant tout à coup de ses yeux, trop retenues, auxquelles elle laisse maintenant libre cours. Elles coulent sur ses joues, coulent dans son cou, tandis que la jeune fille se laisse glisser le long de la grille, à genoux devant la cellule.
« Sirius… » murmure-t-elle encore, les larmes coulant de plus belle, la voix enrouée.
Le cadeau et le cadre lui échappent des mains, quittent ses genoux pour rejoindre le sol. Les mains libres de Pénélope viennent s’attacher à la grille, cet horrible obstacle entre son meilleur ami et elle. Elle voudrait que le métal fonde, s’évanouisse tout à coup, pour pouvoir prendre Sirius dans ses bras. Faire trois pas en avant, et se jeter dans ses bras. Le serrer bien contre elle, des minutes entières, lui montrer à quel point il lui a manqué, à quel point il sera toujours son ami, combien elle ne croit pas un mot de tout ce que les journaux, le monde magique racontent. A quel point elle est sûre, persuadée de son innocence. Il ne peut pas avoir fait une telle chose, commis une telle trahison… James était son meilleur ami. Les doigts de la jeune fille glissent à travers la grille, et elle agite les doigts vers lui, pour l’inciter à venir lui prendre la main.
« Tu me manques tellement, si tu savais... »
Un sanglot la prend, qu’elle ne retient pas. Elle a l’impression de retenir trop de choses, depuis trop de temps. Elle n’y parvient plus maintenant ; face à son ami, elle craque. Elle craque avec lui et pour lui, là, dans ce couloir froid, glacé même, sombre et coupé du monde, dans cette prison lugubre.
« Je suis là, Sisou, je suis là… »
Elle a tellement de choses à lui dire. Elle continue d’agiter les doigts vers lui, entre les barreaux, tentant un vain sourire à travers ses larmes. Peut-être ne peut-elle pas rester longtemps ; peut-être ne pourra-t-elle pas revenir souvent. Mais ce n’est pas l’important. Elle est venue le voir, lui, et elle ne repartira pas d’ici sans lui avoir parlé.