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Inspirations d'une schizophrène espagnole

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Adonis Leroy

Adonis Leroy

7ème année ϟ Beauxbâtons


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MessageSujet: Inspirations d'une schizophrène espagnole Inspirations d'une schizophrène espagnole Icon_minitimeJeu 23 Jan - 22:56

Inspirations d'une schizophrène espagnole
ONZE ANS PLUS TARD

Zéphyr appuya sur le klaxon quatre ou cinq fois. Comme d’habitude, Sasha mettait cent cinquante ans pour se préparer. Il était déjà au volant de sa voiture, une vieille Jaguar rouge pétant, décapotable, au moteur retravaillé par ses soins pour qu’il soit doté de 220 chevaux. Le moteur qui tournait déjà, d’ailleurs ; ça faisait au moins une demi-heure qu’ils devaient partir, et Sasha était toujours en train de faire il ne savait quoi. Elle était nerveuse, il en était sûr. Elle avait promis à Zéphyr un week-end sans magie, mais en bonne sang-pure qu’elle était, se détacher de son bout de bois ne devait pas être simple. Mais c’était tout l’intérêt de ce week-end, et si Zéphyr n’avait déjà pas l’habitude de ne céder à personne, il ne lâcherait pas cette idée. Son idée, d’ailleurs, évidemment. Ça allait être génial, il le savait.

« Pucette, vient voir papa ! »

Une petite demoiselle de sept ans, huit tout au plus, trottina jusqu’à la voiture de son père, suivie par un gros chien noir. Elle s’accouda sur la fenêtre de la Jaguar tandis que son père caressait les boucles rousses de ses cheveux bien trop longs – elle refusait qu’on les lui coupe – en plantant ses yeux chocolat dans les siens, d’un vert sombre et profond. A sept ans déjà, elle soutenait le regard des adultes comme une professionnelle, sans sourciller. Baisser les yeux n’était pas dans ses habitudes, et quelque chose disait à Zéphyr qu’elle avait pris du caractère beaucoup trop fier de ses parents, mais ça le faisait plus sourire qu’autre chose.

« Va voir maman, dit lui de se dépêcher, et surtout vérifie quelle n’a pas pris sa baguette. Hésite pas à lui voler au cas-où, hein ! »

Un sourire coquin naquit sur les lèvres de la petite demoiselle, le même que celui de sa mère, que Zéphyr connaissait si bien. Elle cligna de l’œil à son père (elle avait appris à le faire il y a peu, c’était Elijah qui lui avait enseigné comment le faire, elle servait alors des clins d’œil à tout bout de champ, fière d’elle, même si elle n’y arrivait pas si bien que ça, ce qui avait le don de faire sourire son père), signe qu’elle avait bien compris sa mission, et s’élança dans la maison, le chien toujours sur ses talons. Zéphyr la suivit du regard, jusqu’à croiser celui de sa petite sœur, Mahwish. Elle était sur le porche, un petit garçon entre ses bras à qui elle racontait visiblement une histoire, vu de loin. Le petit garçon de Sasha et Zéphyr, qui assorti de sa sœur représentait les deux petits joyaux du couple. Mahwish était quant à elle une petite perle qui avait bien grandit. Elle avait dix-neuf ans et faisait des études de droit à Oxford. Elle était brillante, évidemment. Comme un poisson dans l’eau dans cette université d’élite, elle s’était accordée un « week-end de repos » pour venir garder sa nièce et son neveu avec l’aide de sa sœur, Saha. Cette dernière allait arriver plus tard ; elle avait seize ans, et en bonne adolescente flemasse qu’elle était, elle n’avait pas eu le courage de se lever aussi tôt que sa sœur pour remplir la mission que son demi-frère chéri lui avait fournie. En effet, il était à peine huit heures, mais là où Zéphyr emmenait Sasha était au moins à trois heures de route, s’ils ne se trompaient pas d’itinéraire, alors il fallait qu’ils partent tôt s’ils voulaient y arriver pour déjeuner. Et prier pour qu’il n’y ait pas d’embouteillage en sortant de Londres.

« Elle l’avait caché dans sa valise mais je l’ai récupérée, papa !
- J’en étais sûr, c’est bien, ma fille, vient me faire un bisou maintenant, on y va ! »

Zéphyr était sorti de sa voiture, et sa sœur était près de lui, maintenant, le petit bonhomme dans les bras. Il avait les cheveux à peine plus clairs que ceux de son père, et avait les mêmes yeux gris-verts que sa mère. Sa fille lui avait sauté dans les bras et il l’avait soulevé pour l’embrasser sur le front. Puis, il s’était penché sur son autre petit, et avait gazouillé un au revoir bien digne du papa poule qu’il était avant de l’embrasser à son tour. Puis, il déposa une bise sur la joue de sa sœur, passant une main dans ses cheveux à elle aussi.

« Merci, Mahwish, hein … Tu passeras le bonjour à la marmotte, si elle se décide à se réveiller … »

Bientôt, le couple sortait de Londres, les cheveux au vent parce que Zéphyr avait évidemment tenu à garder la voiture décapotée sur toute l’autoroute. Une main sur le volant et l’autre sur la cuisse de son Amour, il discutait vivement avec elle, oubliant un peu de regarder la carte. Quand il se rendit qu’il avait loupé la sortie, Sasha eut l’air exaspérée, bien qu’amusée. Evidemment …

--

« Mais c’est bon papa, arrête !
- Ah, alors comme ça je n’ai plus le droit d’embrasser mon fils quand je le quitte ?
- C’est bon, j’ai sept ans, j’ai pas besoin que tu m’embrasses ! »

Adonis attrapa son fils derrière les genoux et le souleva de manière à ce que leurs visages soient à la même hauteur. Il l’embrassa à nouveau, le laissant à peine respirer. Il le faisait exprès, pour énerver le petit, alors qu’il se débattait dans ses bras. Mais le français le savait bien ; le soir, quand il allait l’appeler pour prendre de ses nouvelles, il allait lui répondre qu’il lui manquait de sa petite voix de bonhomme de sept ans qui aime être entouré de ses parents. Adonis sentit une présence derrière lui. Sa magnifique femme rejoignait les deux hommes de sa vie dans leur étreinte, embrassait son petit blondinet de fils sur le front.

« A lundi ! Merci encore, hein ! »

On était samedi. Georgia et Adonis Leroy-Prince partaient pour un week-end en amoureux sur la côté anglaise ; c’était fin mars 1988, la Blonde était enceinte jusqu’aux dents de leur deuxième enfant. Cette fois, ça serait une fille. Georgia se trouvait énorme, une baleine, mais Adonis la trouvait magnifique, réellement. Et il ne cessait de lui répéter, à longueur de journée, comme toujours. Tous les jours, depuis dix ans qu’ils étaient ensemble, Adonis répétait à qui voulait l’entendre combien sa femme était la plus divine créature que Dame Nature avait eu la bonté de créer. Peut-être n’était-il pas très objectif, mais il le pensait. Et il était sûr qu’il continuerait à le penser jusqu’à sa mort. Même à quatre-vingt-dix balais, avec trois cheveux sur le crâne, des rides aussi profondes que le Nil, trois ou quatre dents en moins, il était sûr qu’il la trouverait toujours magnifique. Et de la même manière, tous les jours il remerciait le ciel, Merlin et le destin d’avoir fait croiser leurs chemins. Georgia faisait souvent semblant d’être lassée des compliments de son mari, mais ce dernier savait qu’elle mentait parce qu’il voyait ce petit sourire, toujours le même, mutin et heureux, qui naissait sur ses lèvres dès qu’il lui disait combien elle était belle. Bref, le couple, bras-dessus bras-dessous, transplana.
C’était un autre couple qui gardait leur fils, les de Louvière. Georgia et Adonis avaient hésité à leur demander à eux, parce que leur fils, le petit Julian, venait de naître, mais ils leur avaient juré que ça ne les dérangeaient pas. Pas pour juste un week-end, du moins, et Adonis avait fait promettre à son fils qu’il serait sage. Pénélope et Loriân étaient des amis de longue date, de très bons amis, même, et c’était sans crainte et en totale confiance qu’ils leur laissaient leur enfant. Ils auraient pu le déposer en France aussi, chez Alexandre par exemple, le parrain du petit, mais c’était trop compliqué. Le Week-End d’Adonis et Georgia se déroulerait en Angleterre, et ils venaient déjà de traverser l’Atlantique par portoloin, pas besoin de se fatiguer encore plus pour faire le trajet France-Angleterre en transplanant. Parce la petite famille vivait aux Etats-Unis, maintenant, sur la côté Ouest, à Los Angeles. Georgia était au sommet de sa carrière de joueuse de Quidditch ; elle n’avait d’ailleurs accepté de quitter son poste pour des congés bien mérités qu’au dernier moment, poussée par son mari médecin qui lui disait qu’il lui fallait du repos. Adonis était un chirurgien magique reconnu qui travaillait pour le seul hôpital magique de cette côte-là des États-Unis. Si le couple avait des tas d’amis en France et en Angleterre, et même s’il était décidé depuis de longues années que leurs enfants seraient envoyés non pas à Salem mais à Poudlard, leur vie était là-bas, aux US, bien établie. C’était sur les montagnes de Malibu qu’ils étaient heureux, même si la perspective de passer un week-end dans cette petite maison d’hôte anglaise les réjouissait plus que tout. Bientôt, toujours dans la même position, bras-dessus bras-dessous, à peine ébranlés par le transplanage, ils étaient sur un petit chemin constitué de gravillons et de terre, sous un soleil de plomb, pour un mois de Mars. Ils avaient choisi le week-end parfait, pas de giboulées mais des rayons qui éblouissaient tous les environs, c’était magnifique. Petit à petit, les gravillons se mêlaient au sable jusqu’à disparaître complètement, une fois arrivés sur la plage. Rien à voir avec les plages de sable blanc qu’ils avaient à Malibu, ils auraient pu rester là-bas, sinon. Non, du gros sable mal taillé et mêlé à des galets, mouillés par la mer qui descendait peu à peu. De l’autre côté du chemin, il y avait une petite bâtisse en pierre blanche, mignonne au possible. Toujours accrochés, les deux amoureux se dirigeaient d’abord vers celle-ci, Adonis portant dans sa main libre un sac de voyage Louis Vuitton, parce qu’ils avaient quand même amené des affaires, même pour deux jours. Néanmoins, ils n’avaient pas prévu de rester douze ans dans la bâtisse, il était au final déjà presque midi, c’était l’heure pour une baignade printanière !

--

Remus et Pandora étaient allongés sur le lit de leur appartement londonien. Ils avaient passé toute la nuit à parler, et avaient dû finir par s’endormir comme ça, recroquevillés l’un face à l’autre, en position fœtale, nus. Remus ouvrit les yeux vers neuf heure trente, peut-être dix heures. Leurs mains étaient jointes, comme toujours quand ils dormaient ensemble. Le visage de la demoiselle était toujours bouffi de larmes, et s’il ne pouvait pas se voir, Remus se disait qu’il devait être dans le même état. Ses yeux gris le piquaient d’ailleurs, comme desséchés après avoir trop pleuré. De quoi avaient-ils parlé, vous demandez-vous ? Pourquoi avaient-ils pleuré ? Il faut savoir que ça faisait bientôt douze ans que Remus et Pandora étaient ensemble. L’amour d’adolescents encore à l’école s’était petit à petit transformé en un amour plus mature, adulte. Ils étaient restés fidèles pendant douze ans, s’aimant autant qu’ils pouvaient s’aimer. Mais petit à petit, ils s’étaient détachés l’un de l’autre, et cet amour paraissait insuffisant, désormais. Ils vivaient ensemble, alors évidemment que c’était moins passionnel que dans leurs débuts quand ils ne pouvaient se voir qu’entre le cours de potion et celui de sortilèges, mais c’était plus que ça. Le train-train agréable des débuts s’était transformé en habitudes désagréables qui avait petit à petit réussit à éteindre complètement la flamme qu’il y avait un jour eu entre eux. Ils se parlaient mais sans entrain. Ils se touchaient, mais plus avec tendresse qu’avec désir. Ils riaient mais sans s’amuser réellement. Ils s’aimaient, mais comme des amis, pas des amoureux. Ça faisait longtemps qu’ils trainaient ça, un an peut-être, si ce n’est deux. Mais Pandora et Remus étaient les meilleurs amis du monde. Ils partageaient tout, ne s’engueulaient jamais. Un couple exemplaire, tout le monde le disait. Depuis qu’elle était rentrée dans sa vie, comme une étoile filante dans un ciel noir, elle s’y était ancrée, sans vouloir jamais repartir. Elle avait été avec lui au travers de toutes épreuves que la vie avait mises face à lui, et vice-versa. Ils avaient vécu des tonnes de choses ensemble, milles moments de bonheur, et presque autant de malheurs. C’était elle qui avait été là quand il avait perdu tous ses meilleurs amis un par un. C’était elle qui après la disparition des Maraudeurs, avait été à ses côtés, à sa manière, pendant ses Pleine-Lunes. Au final, elle était devenue la personne avec qui il avait partagé le plus de chose ; douze ans. Plus de temps qu’il n’avait passé aux côtés de James, Peter et Sirius, si même c’est possible. Ils habitaient ensemble depuis huit ou neuf ans, plus de temps qu’avec les Maraudeurs dans leur tour des Gryffondors. Et du jour au lendemain, elle était devenue la seule qui comptait vraiment dans sa vie, ou du moins elle était passée devant tout le monde. Depuis le 30 octobre 1981, nuit où il avait perdu James, Sirius, Peter et Lily en même temps, elle avait occupé toute la place dans son cœur. Ils s’étaient accrochés l’un à l’autre parce que se perdre n’était pas une option. Ils étaient Remus et Pandora, Pandora et Remus. On les associait facilement, l’un n’allait pas sans l’autre. Et pourtant …

La demoiselle ouvrit ses yeux à son tour, et Remus y plongea les siens encore une fois. Comment en étaient-ils venus à cette discussion ? Il ne savait même plus. Il l’avait imaginée plusieurs fois dans sa tête, mais ne s’était jamais imaginé que ça serait aussi dur, que tant de larmes seraient versées. Après tout, ils n’étaient pas mariés, n’avaient pas d’enfants, pourquoi est-ce qu’alors ça ne serait pas facile, hein ? C’est bien la preuve qu’un anneau en or n’est pas l’unique preuve qu’il existe de l’amour entre des personnes, ni même des enfants. Remus n’avait pas besoin de ça pour savoir que sans elle, sa vie allait être mille fois plus difficile à vivre. Néanmoins, tous les deux méritaient mieux. Tous ces couples qui avaient des enfants et qui se passaient la bague au doigt, elle et Remus n’en n’étaient jamais arrivés à ce stade-là, et ils savaient qu’ensemble, ça ne se produirait pas. La séparation était peut-être la meilleure solution, mais elle était loin d’être la plus facile. Remus le savait, il n’aimait plus Pandora comme il l’avait un jour aimée, et autant pour elle que pour lui, la liberté serait une belle perspective. L’idée de retrouver quelqu’un immédiatement n’effleurait néanmoins pas l’esprit du jeune homme aux traits émaciés par la fatigue et la déprime. Pandora semblait toujours être la seule, l’unique qu’il ne pourrait jamais aimer. Même si aujourd’hui, il ne l’aimait plus. Encore une fois, ils faisaient preuve d’exemplarité en matière de relation. Ils se séparaient sans cris, d’un accord commun, bien que bercé de douleur. Il partirait, lui laisserait l’appart, sans broncher. Mais rien n’était moins sûr pour la suite. Allaient-ils pouvoir un jour se retrouver face à face avec un simple sourire sur les lèvres ? Remus songeait que non. Que s’ils voulaient s’oublier, passer à autre chose, il faudrait qu’ils s’évitent, pour un temps du moins, dans l’espoir qu’un jour, dans un futur pas trop lointain, ils puissent parler de ces douze années comme un bon souvenir qu’ils n’oublieraient jamais. Un sourire aux lèvres, l’un face à l’autre.

Remus décrocha ses doigts de ceux de sa brune. Il passa sa main sur son visage, comme il avait l’habitude de le faire, caressant les contours de son visage. Elle était si belle. Un air doux passa sur son visage. Murmurant, il fit :

« Je vais y aller. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi, surtout. Je serai toujours là pour toi. »

Peut-être était-ce gnan-gnan, peut-être était-ce pathétique, mais c’en n’était pas pour autant moins sincère. Il serait là pour elle, toujours, à jamais, elle resterait le premier amour de sa vie, et sûrement le dernier. Détournant enfin avec difficulté son regard du sien, il éloigna sa main de ses traits avant de se retourner, de se redresser, et de s’assoir sur le côté du lit, fixant la porte de la chambre. Il y avait des vêtements éparpillés autour du lit. Ils avaient fait l’amour une dernière fois, dans la douleur, après leur discussion qui avait duré quatre ou cinq bonnes heures. Pourquoi ? Peut-être était-ce une tentative désespérée de retrouver ce qu’ils avaient, cette passion qui les avait habités pendant longtemps. Une dernière chance. Remus attrapa sa baguette qui avait roulé sur le sol, près de la table de nuit, il murmura un sortilège, et toute la pièce commença à se mouvoir. Les placards s’ouvraient, des tiroirs laissaient échapper leur contenu, des objets qui avaient roulé sous le lit ou le bureau ressurgissaient, tout ça pour aller s’engouffrer dans une malle vide. Malle que Remus ensorcela aussi, pour qu’elle soit un peu plus grande et plus profonde que la normale. Le jeune homme se leva, et attrapa quelques fringues au vol, avant de s’engouffrer dans la salle de bain. Il fit couler une eau brûlante et se jeta dessous. Petit à petit, il sentit les muscles de sa nuque et de son dos se détendre. Des larmes salées se mêlaient à l’eau douce de la douche. Bientôt, il ressortait de la salle de bain, habillé et propre, les cheveux encore trempés. Quand il sortit de la pièce, Pandora était assise sur leur lit, une tasse de café brûlante dans une main, un bouquin dans l’autre. The Catcher in the Rye de J.D. Salinger, un des bouquins préférés du Loup-Garou. Elle s’était habillée, plus ou moins disons : elle avait mis un maillot de Quidditch aux couleurs des Gryffondors sur lequel, au dos, était écrit “LUPIN”. C’était James qui l’avait fait faire il y a une quinzaine d’années et l’avait offert à son meilleur ami, et ce même si Remus n’avait jamais fait partie de l’équipe des rouges et ors. Il sourit doucement face à cette image. La malle était prête, plus qu’à la fermer, ce que l’homme fit d’un coup de baguette. Sans pouvoir vraiment y résister, il s’avança vers la demoiselle et s’agenouilla près d’elle sur le lit. Il tendit la main jusqu’à l’arrière de son crâne pour pouvoir l’attirer vers lui et il l’embrassa sur le front, fermant les yeux. Le contact dura plus longtemps que prévu, douloureux. Une larme coula sur la joue de la jeune femme.

--

Gabriel était content. Aujourd’hui, il gardait son Dirk pour lui. Depuis que ce dernier avait obtenu un emploi chez Honeydukes, il passait beaucoup trop de temps aux yeux du russo-italien à Pré-Au-Lard, à vendre ses bonbons. Certes, c’était un métier passionnant et tout, et Dirk adorait ce qu’il faisait m’enfin … il manquait à son amoureux. Son amoureux qui, lui aussi, avait une vie bien occupée, à vrai dire. Il travaillait dans les cuisines d’un restaurant du quartier magique de Londres, et même s’il était loin d’être le chef cuistot, il avait beaucoup de boulot. Peut-être était-ce injuste, alors, de se plaindre du boulot trop prenant de Dirk, m’enfin, si ça peut vous rassurer, il se plaint aussi de son boulot trop prenant. M’enfin, mine de rien, grâce à ces jobs, le couple avait réussi à s’acheter une jolie maison. Eloignée, au sud de l’Angleterre, tout près de la côte, sur une falaise. Loin de ces fameux boulots respectifs, mais le transplanage et le système de cheminette sert bien à quelque chose, n’est-ce pas, même pour deux nés-moldus. Ils avaient leur cocon à eux, une petite maison assez grande néanmoins pour accueillir des amis mais pas trop pour ne pas se perdre dedans et voir l’âme de la maison se perdre entre les différentes pièces. Les deux garçons avait fait la grasse matinée, dans les bras l’un de l’autre, sous leur draps blancs. Gabriel s’était néanmoins réveillé avant Dirk, il était alors préparer un petit déjeuner au lit, pour tous les deux. Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas fait ça, et ça le mettait encore plus de bonne humeur. Il coupa des oranges – parce qu’il n’était toujours pas adepte du jus de citrouille sorcier, fit chauffer de l’eau pour faire du thé, fit griller des toast et sortit différentes confitures qu’il plaça dans différents plus petits pots pour qu’ils puissent les essayer toutes. Fraise, framboise, myrtille, abricot, pêche, rhubarbe, il y en avait pour tous les goûts. Il fit cuire des œufs à la coque et du bacon, parce qu’on était quand même en Angleterre et que de toutes façons, pour son Dirk, il voulait un petit déjeuner de rois. Et puis de toutes façons, c’était presque déjà l’heure du déjeuner, ils bruncheraient donc, on était samedi, en plus, n’était-ce pas une bonne idée ?

« Tu veux pas qu’on aille pêcher ? »

Bon, ok, il était tard, normalement quand on part à la pêche et qu’on espère avoir des poissons, il faut plutôt partir vers cinq ou six heures du matin, m’enfin, ramener des proies, était-ce vraiment nécessaire ? Ce que Gabriel appréciait dans ces heures passées sur la plage, une canne dans la main, à regarder la ligne immobile, c’était le silence. C’était paisible, apaisant. Souvent, il posait sa tête sur l’épaule de Dirk et se laissait bercer par le souffle du vent. Les deux sortaient de la douche qu’ils avaient l’habitude de prendre à deux – pourquoi gâcher de l’eau pour rien – trempés. Gabriel était penché sur le robinet où il se brossait les dents, la bouche pleine de mousse blanche et la taille entourée d’une serviette bleue, quand il avait proposé cette idée. Il était presque une heure de l’après-midi, maintenant, et il fallait qu’ils occupent leur fin de journée ! Dirk dû songer que l’idée était bonne puisqu’il accepta. Bientôt, les deux garçons s’habillaient de gros pulls – parce qu’il faisait froid près de l’eau – et surtout de grandes bottes en caoutchouc vertes kaki. Ils allèrent chercher leurs cannes et leurs épuisettes dans la cave, et Gabriel prépara des petites boulettes de pain comme appât. Bon, ils n’avaient pas de verre de terre, c’était donc quasiment certain qu’ils n’attraperaient rien, mais encore une fois, ce n’était pas vraiment grave. Ils fermèrent leur maison à clef, bien qu’ils n’étaient vraiment pas sûr que ça serve à quelque chose, attrapèrent leur vélos, y accrochèrent magiquement leurs bazar, et s’engagèrent sur la route à peine goudronnée qui les amenaient vers leur plage préférée. Il faisait un temps magnifique, le soleil tapait de toutes ses forces pour un mois de Mars. Bientôt, le couple en vint presque à regretter de s’être autant couvert, et se dirent qu’ils auraient peut-être pu prendre des maillots, qu’une baignade ne serait peut-être pas de refus.
En tous cas, ils chantaient à tue-tête Living on a Prayer de Bon Jovi et n’entendirent pas la voiture qui arrivait derrière eux, à laquelle ils bloquaient la route. Bientôt, par contre, ils entendirent les deux ou trois coups de klaxon qui les intimaient de se retourner. Ils firent valser leur vélo sur un côté différent de la route chacun, interrompant leur chant. Gabriel était énervé, ils étaient en plein refrain et ça les avait coupé dans leur élan, ils ne pourraient plus terminer la chanson. Quoi que, ils pourraient en choisir une autre. Michael Jackson, par exemple. Billie Jean. Oui, bonne idée. Gabriel fut coupé dans ses pensées par un nouveau coup de klaxon. Quoi encore, ils n’étaient plus sur la route, que se passait-il ?

« Hey, d’Angelo ! Qu’est-ce que tu fais ici ?! »

--

Zéphyr et Sasha étaient complètement perdus, il fallait le dire. Les routes du fin fond de l’Angleterre se ressemblaient toutes et l’homme ne s’était jamais aventuré si loin sur ces terres. Il n’avait pas sa baguette, évidemment puisque c’était ce qu’il avait exigé pour ce week-end, Sasha non plus, et ça faisait bien deux heures qu’ils roulaient sans aucun but, tentant vainement de trouver un endroit où s’arrêter ; la destination, en l’occurrence, si possible. Ils auraient pu transplaner, mais ce n’était pas trop la tasse de thé de Zéphyr ; et puis encore une fois, c’était un week-end moldu. Les moldus ne transplanent pas. Enfin peut-être dans le futur, m’enfin, là encore, Zéphyr avait des doutes. C’était vraiment dommage pour eux, c’est vrai, c’était vraiment une invention géniale de la part du monde sorcier, bien que vraiment pas confortable. A chaque fois qu’il s’essayait au jeu du transplanage, il avait la nausée. Il s’était désartibulé une bonne cinquantaine de fois depuis qu’il savait comment faire, et ça avait le don de beaucoup faire rire sa biélorusse favorite qui elle, au contraire, transplanait comme elle respirait. Heureusement, Zéphyr savait bien conduire, et d’ordinaire il avait un plutôt bon sens de l’orientation. Bref, ça faisait presque cinq heures que le couple avait quitté Londres, et ça faisait au moins deux heures qu’ils étaient sur la côte, qu’ils voyaient la mer, en somme. Par contre, trouver l’endroit où ils étaient supposés aller ? Impossible. Au fur et à mesure que les minutes avançaient, Zéphyr oubliait même là où ils devaient aller, refusant même de le dire à Sasha, de peur de ne jamais le trouver et de la décevoir. Il roulait, roulait et continuer de rouler, gardant un mince espoir de rencontrer à un moment ou à un autre un panneau qui indiquerait qu’ils étaient arrivés, ou presque. Mais ils ne trouvaient pas. Là, ils étaient sur une route de cambrousse à peine goudronnée et deux cyclistes leur bloquaient le passage. Ils chantaient une chanson à tue-tête en plein milieu du chemin, ne prenant même pas la peine de rouler droit. Zéphyr poussa un soupir d’exaspération en attendant qu’ils se décalent. Apparemment, les deux n’entendaient pas le moteur pourtant bruyant derrière eux, Zéphyr se décida donc à les réveiller en klaxonnant un bon coup. Ça eut l’effet escompté, évidemment, et les deux se décalèrent, chacun d’un côté différent. Zéphyr s’avança, et tourna la tête vers le garçon qui était de son côté, il n’avait pas été très sympa avec eux, peut-être faudrait-il qu’il s’excuse. Mais il oublia vite les excuses quand il se rendit compte qu’il connaissait le jeune homme, à peine plus jeune que lui d’ailleurs, de deux ou trois ans tout au plus : c’était Gabriel d’Angelo, un jeune homme ancien élève de Gryffondor, tout comme Zéphyr, qui avait été choisi comme Gardien de l’équipe de Quidditch de sa maison par Elijah, quand ils étaient lui et Zéphyr en septième année. Il le salua donc, et l’étonnement une fois passé, Gabriel lui sourit. Il portait définitivement bien son nom de famille, une vraie gueule d’Ange ce mec-là.

« Tu vas bien ? Dit-moi, on est un peu perdus, là, avec Sasha, tu connais pas un endroit où on pourrait déposer la voiture, et se poser pour déjeuner ? »

Bientôt, les quatre adultes marchaient ensemble en direction de la plage. Gabriel et Dirk menaient la route, discutant vivement ensemble, tandis que Sasha et Zéphyr restaient derrière. Ils avaient déposé leur voiture dans le garage du couple, et les accompagnaient à la plage. Zéphyr portait un panier en osier rempli de victuailles, et avait proposé aux deux autres de le partager avec eux. Néanmoins, Gabriel lui avait dit qu’ils avaient déjà mangé, et que de toute façon s’ils allaient bien sur la plage, ils s’éloigneraient pour pêcher. Tant mieux, Sasha et lui pourraient alors être seuls, plus ou moins. L’idée de passer la journée sur la plage ne déplaisait pas tant que ça à l’ancien Gryffondor, qui toute fois ne maîtrisait pas complètement le concept de la nage. Si Sasha tentait tant bien que mal de lui apprendre, il restait quand même méfiant face à l’Océan. C’était un univers qui lui était inconnu et qui lui paraissait très dangereux. Pas du tout ce qu’il avait prévu, non plus, m’enfin ce n’était pas la première fois que sa dame et lui se retrouvaient face à l’imprévu, et c’était quand même agréable. Il faisait un temps de fou pour un mois de Mars, le soleil tapait derrière eux, s’assoir sur le sable et manger allaient donc être des activités globalement plaisantes pour ce week-end. Ils devaient néanmoins réussir à se trouver un endroit pour dormir, et ça ne serait certainement pas chez Gabriel et Dirk ; ils avaient besoin d’une certaine intimité, n’est-ce pas ? Et il ne fallait pas s’imposer. Peut-être que Zéphyr accepterait le transplanage, finalement. Mais ça voulait dire laisser sa voiture, et ça, c’était hors de question. Bref, ils suivaient l’autre couple pour le moment, et aviseraient ensuite.

--

La plage était magnifique et le temps particulièrement ensoleillé. Adonis et Georgia étaient allongés sur la plage, seuls au monde. Le français avait gardé son pull mais avait enlevé son jean, qu’il avait mis sous sa tête en guise de coussin. Il avait espéré pouvoir se baigner au moins jusqu’à la taille, mais l’eau était bien trop froide pour lui. Pas que la Méditerranée à laquelle il avait longtemps été habituée soit beaucoup plus chaude que la mer du Nord, mais en tous cas l’eau de Los Angeles avait presque une dizaine de degrés de différence avec celle-ci, et le couple vivait là-bas depuis près de dix ans maintenant, ils se baignaient quasiment tous les jours dans l’eau chaude d’Avril à Novembre, il avait donc vu sa tentative de ne serait-ce que mouiller ses mollets réduites à néant. Georgia, elle, avait fait l’inverse : c’était son pull qu’elle avait placé sous sa tête, découvrant son ventre de femme enceinte. C’était Adonis qui lui avait servi son plus grand sourire pour qu’elle enlève ce vêtement-là plutôt qu’un autre. Ainsi, il pourrait passer sa main sur le ventre de sa femme et espérer sentir les coups de pieds de sa fille. Ils s’étaient allongés sur leurs serviettes perpendiculairement l’un à l’autre, leurs têtes au même niveau. Adonis était allongé sur le ventre, ses yeux plongés dans ceux de sa femme à qui il parlait vivement, la main portée sur son ventre. Apparemment, la petite dormait. Quand le français avait demandé à l’anglaise quand est-ce qu’il était prévu que la petite naisse – elle avait dû le lui répéter le lui répéter au moins cent cinquante fois mais il avait tendance à facilement oublier, elle lui avait répondu quatre ou cinq jours, normalement. Merlin. Dans quatre ou cinq jours, Adonis Leroy allait être papa une seconde fois. Rien que d’y penser un sourire naissait sur son visage. Sa famille était tout ce qu’il avait, ce qui représentait le plus pour lui, ce qu’il le rendait le plus heureux du monde. Alors la voir s’agrandir d’un nouveau membre ne pouvait qu’emplir son cœur de joie. Si un jour quelqu’un avait imaginé qu’à même pas trente ans, le séducteur invétéré Adonis Leroy serait déjà papa deux fois, qu’il vivait une vie posée avec la femme de sa vie qu’il n’avait pas trompée une fois, même pas du regard, alors on aurait pu dire que cette personne était voyante. Parce que personne n’aurait pu l’imaginer sans un tel don, pas même Adonis. Il se voyait célibataire jusqu’à ses 30 ans au moins, puis marié avec une vieille qui lui léguerait tout son argent à sa mort et qu’il pourrait tromper aisément avec des femmes beaucoup plus jeunes. Mais Georgia lui était tombée dessus alors qu’il avait à peine dix-sept ans, et avait bouleversé sa vie, son passé, son présent, son futur.

« Georgia ? Adonis ? »

Les deux amoureux se redressèrent vivement. Manifestement, ils n’étaient plus seuls, sur la plage. Un groupe de quatre personnes venait de les rejoindre. Ils n’avaient pas débarqué par le même chemin qu’eux avaient emprunté, ils sortaient d’un buisson, ou du moins c’était cette impression-là que ça donnait. La plage ressemblait à une immense crique, on n’y accédait donc que par des chemins qui creusaient le flanc de la falaise, ou par bateau même. Adonis reconnu immédiatement la personne qui les avait interpellé : Gabriel d’Angelo, main dans la main avec son mec, Dirk Cresswell. Ils portaient tous les deux un drôle d’accoutrement, du genre grandes bottes en caoutchouc et pull comme si il faisait moins mille degrés. Et ils avaient des cannes à pêches et des épuisettes dans les mains. Adonis haussa un sourcil ; ils allaient pêcher ? A treize heures ?
Derrière eux, un peu plus loin, il y avait un autre couple, qu’Adonis mit un peu plus de temps à discerner. Un homme au teint hâlé marchait la mine un peu renfrognée à côté d’une rousse que le français ne tarda pas à reconnaître. Sans faire vraiment attention à Dirk et Gabriel qu’il salua vaguement de la main, il se leva pour rapidement rejoindre le couple de derrière !

« Sashaaaaaa ! »

A peine fut-il arrivé près d’elle qu’il la serra dans ses bras. Par Merlin, ça devait faire un siècle qu’il ne l’avait pas vue… Un jour, il y a de ça une dizaine d’années, ils avaient été proches, très proches, même. Ils se voyaient toujours de temps à autres, mais rien à voir avec avant. Pas facile quand on habite sur deux continents différents. Mais si on avait dit à Adonis qu’il allait la croiser ce jour-là sur cette plage, il ne l’aurait pas cru. Que ficherait Sasha Vladmirova ici, hein ? Délivrant la jeune femme de son étreinte, il lui offrit un sourire franc et tendit sa main gauche à l’homme qui regardait la scène d’un mauvais œil. Sur cette main brillait son alliance.

« Ça va, Zéphyr ? Qu’est-ce que vous fichez ici, par Merlin ? »

--

Remus était sorti de chez lui vers dix heures trente, peut-être onze heures. Enfin, de chez lui, c’est un bien grand mot, n’est-ce pas ? C’était chez Pandora, maintenant, lui devait se trouver un nouvel endroit où vivre, et surtout quelque part où passer ses Pleines Lunes. Paraissait que quelqu’un était sur la voie de trouver quelque chose qui atténuerait les effets de la lycanthropie, une potion : un certain Damoclès Belby, qui était d’ailleurs à Poudlard avec Remus et qui avait le même âge que lui, prétendait qu’un jour, il parviendrait à produire sa fameuse potion tue-loup. M’enfin, Remus n’y croyait pas trop, et de toute façon il était plutôt de nature fataliste. Il finirait sa vie Loup-Garou, potion ou non. Il quitta alors son ancienne demeure en transplanant, et atterrit dans une encore plus ancienne demeure, celle de ses parents. Lyall Lupin et Hope Howell-Lupin accueillirent leur fils les bras ouverts, comme toujours. Il mentionna vaguement sa rupture, et monta dans sa chambre, qui n’avait pas changé depuis qu’il l’avait quittée, quand il avait 18 ans. C’était une pièce entièrement boisée, sur le sol, les murs et le plafond. Il y avait des livres par millier, autant par terre empilés que dans les dizaines de bibliothèques qui prenaient toutes la place dans la chambre. Il y avait des banderoles des rouges et or un peu partout, et puis surtout sur le seul espace de mur vide une immense photo encadrée et mouvante de ses meilleurs amis et lui-même, les Maraudeurs, bras-dessus bras-dessous. Remus se souvenait très bien du jour où avait été prise cette photo : c’était juste après le dernier ASPIC, l’avant dernier jour de toute leur scolarité à Poudlard. Le soleil tapait d’une puissance incroyable, et même si la photo était en noir et blanc, ça se voyait. Ils souriaient tous les quatre à pleines dents, heureux de vivre. Aujourd’hui, deux d’entre eux étaient morts, l’un était en prison et le quatrième errait seul dans le monde. Comment est-ce que ça avait pu autant changer en l’espace de si peu d’années, hein ? Sur sa table de nuit (une pile de livres collés entre eux par magie, sur lesquels était placée une planchée taillée en forme de rond), à côté de la lampe, il y avait une autre photo encadrée elle aussi, de Pandora et lui. Elle avait été prise l’été d’avant, celui de la fin de la sixième année. Remus se souvenait aussi parfaitement de cette journée. Ils étaient partis à dix en vacances tous ensemble, dans une maison que louait James, dans le sud de l’Angleterre, près de la mer. Il y avait les Maraudeurs, bien sûr, mais aussi Lily Evans, Pandora Lockhart, Marlène McKinnon, Mary McDonald, Betty Braithwaite, Mafalda Hopkrik et Dorcas Meadowes, mais aussi des gens qui étaient passés pour rester plus ou moins longtemps, comme Pénélope Gallianis et Leroy de Louvière, Georgia Prince, Zéphyr Aït-Malek, Elijah Darcy, Sean McLloyd, Gabriel d’Angelo, Dirk Cresswell, Phoebe Parker ou encore Kaylee Fairchild. Enormément de personnes avaient été invitées à passer, ne serait-ce que pour prendre l’apéro sur la plage juste en dessous de la maison, et ça avait eu un certain succès. Ces vacances étaient probablement les meilleures que Remus aie passées. Entouré de tous ses amis, sans mage noir pour venir les déranger, ou presque. L’homme qu’il était devenu était bien éloigné de celui sur cette photo qui tenait sa petite amie dans ses bras. Il ne souriait plus comme il souriait sur cette photo, il n’était plus aussi heureux que sur cette photo, et doutait qu’il le redeviendrait un jour. Comment faire, sans toutes ces personnes qui étaient justement la source de ce bonheur ? Le Loup-Garou resta là, assis sur son lit à regarder la photo pendant un long moment, sans qu’il se rende compte du temps qui passait. Soudain, il entendit trois coups frappés sur sa porte, doucement, et vit sa mère rentrée. Elle avait vieilli, mais était toujours aussi belle. Ses longs cheveux argentés étaient noués dans une natte grossière qui tombait sur son épaule gauche, et ses yeux bleus brillaient toujours derrière ses lunettes rondes. Elle tenait dans ses mains tremblantes une assiette dans laquelle était posé un sandwich assorti de quelques tomates. Remus se redressa, et attrapa l’assiette que lui tendait sa mère.

« Merci. Je ne vous dérangerai pas longtemps, papa et toi, juste quelques jours, le temps que je trouve un endroit où dormir. Et je repasserai passer ma pleine Lune dans la cave, si ça ne vous dérange pas … »

Remus avait mangé son sandwich sous l'œil attentif de sa mère qui n'avait pas voulu filer avant qu'il l'ait entièrement avalé. C'était bon, comme d'habitude. Ils avaient parlé vaguement, de tout et de rien, et surtout pas de Pandora, bien sûr. Et puis elle l'avait laissé. L'après-midi était bien entamée, maintenant, et le Loup-Garou ne s'était plus sentit d'humeur à rester dans cette ambiance étouffante et dans cette chambre pleine de souvenirs. Il avait alors transplané, un peu au hasard, et avait atterri sur une plage. Cette fameuse plage de ce si merveilleux été de la sixième année. Il pensait se retrouver seul. Il pensait que personne d’autre que lui ne se souvenait de cette immense crique enfoncée dans les falaises. Là où il avait atterri, il n’y avait certes personne, mais il avait eu envie de marcher. Il avait alors enlevé ses chaussures et ses chaussettes, avait attaché les lacets entre eux pour pouvoir faire tenir ses chaussures sur son épaule, et il avait marché, les pieds dans l’eau. Le calme n’avait pas duré longtemps. La crique tournait un peu, et derrière ce tournant … Un groupe de quatre personnes, et un peu plus loin, deux autres. Il avait dû faire du bruit en arrivant car plusieurs têtes se tournèrent vers lui. Des têtes qui ne lui étaient pas inconnues, d’ailleurs. Quelle scène incongrue, quelle rencontre inattendue. Adonis Leroy, Georgia Prince, Sasha Vladmirova et Zéphyr Aït-Malek assis tous les quatre ensemble, discutant vivement. Un peu plus loin, mais à portée de voix, Dirk Cresswell et Gabriel d’Angelo pêchaient. Remus sourit à cette vue. S’il avait peut-être voulu être seul un moment, au final tomber sur ces gens n’étaient peut-être pas si mal. Pas fait pour s’entendre à la longue, tous ensemble, à cause de leur caractère tous différents, mais ils avaient tous l’air de bonne humeur. Zéphyr n’avait pas l’air de vouloir mordre Adonis malgré son passé avec Sasha et n’avait pas l’air d’humeur de se foutre de la gueule de Gabriel, Adonis non plus d’ailleurs, les hormones de la Georgia enceinte avait l’air de l’avoir rendue moins agressive envers Sasha qui n’était pourtant pas sa meilleure amie. Et par-dessus tout, l’amour régnait. Peut-être Remus aurait-il dû aller boire, éviter de se retrouver autour de couple. Mais au final, voir Gabriel lover sa tête sur le torse de son amoureux, Zéphyr les doigts entrelacés à ceux de Sasha et la main d’Adonis immobile sur le ventre rond de Georgia, ça le rendait plus joyeux qu’autre chose. Peut-être qu’il y avait un espoir qu’il retrouve quelqu’un pour qui il éprouverait un amour tel que celui qui flottait actuellement dans l’air, et Pandora aussi. Peut-être.

« Bonjour ! »

--

Gabriel observait la scène qui se déroulait sous ses yeux, littéralement, puisqu’il était perché sur un espèce de piédestal rocheux avec Dirk, pour pêcher. Pas loin d’eux, il y avait Sasha et Zéphyr qui avaient atterri ici parce qu’ils s’étaient perdu en allant on ne savait où, Georgia et Adonis qui dormaient dans la maison d’hôte quasi voisine de leur maison à son chéri et lui, et Remus qui était venu là apparement pour oublier sa rupture. Il l’avait dit directement, d’ailleurs. « J’ai rompu avec Pandora, je peux me joindre à vous ? », qu’il avait dit. Son annonce avait créé un horrible blanc, pendant quelques instants, jusqu’à ce que Gabriel prenne la parole à la place de tout le monde et dise qu’évidemment, il n’y avait aucun problème. Vu tout le monde qui était déjà présent, pourquoi pas Remus, hein ? Sur cette plage habituellement vide, il y avait maintenant huit personnes toutes plus éloignées les unes des autres, et pourtant personne ne se tapait dessus. Incroyable, absolument incroyable.
Remus était allé saluer tout le monde, terminant sa tournée par Dirk et Gabriel. Puis, il retourna à la mer, de l’eau remontant jusqu’à ses mollets, les mains enfoncées dans ses poches, les yeux pointés sur l’horizon. Gabriel lança un regard silencieux mais terriblement expressif à son amant. Ça lui brisait le cœur. Pandora et lui allaient terriblement bien ensemble, il s’était imaginé qu’ils allaient terminer leur vie ensemble, comme il s’imaginait que Dirk et lui allaient terminer la leur main dans la main. De même pour Georgia et Adonis ou Sasha et Zéphyr. Tous étaient faits pour être ensemble, et pourtant …
Tandis que Gabriel reposait à nouveau sa tête contre le torse de Dirk, il sentit sa ligne se tendre. Il ne réagit même pas, au début, pensant que c’était juste un effet de l’eau, jusqu’à ce qu’il lui faille tendre légèrement les muscles des bras pour ne pas sentir la canne lui échapper. Il se redressa alors vivement, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Tenant fermement la canne entre ses mains, il fit :

« AAAAAAAAAAAH, par Merlin, j’ai quelque chose je crois !! »

En réalité, il était un peu paniqué. Ça ne lui arrivait jamais, d’attraper quelque chose, et certainement pas quoi que ce soit qui tirait autant. La plupart du temps, il choppait des trucs qui faisaient la taille d’un poisson rouge, quoi. Et puis il avait la pression, maintenant, six paires d’yeux étaient littéralement plantés sur lui, s’attendant peut-être à ce qu’il tombe à l’eau ou encore à ce qu’il fasse remonter une botte ou un corps mort au bout du bout de sa ligne. Il se tenait alors très droit, il était extrêmement concentré à tel point qu’il s’en mordait la langue, et il faisait tourner la petite roulotte sur le côté de la canne. Dirk lui murmura d’abord de faire ça « doucement », puis il ordonna : « vas-y, plus vite », et Gabriel ne put s’empêcher de trouver un sens plus salace à ses paroles, mais il tâcha de virer ces pensées de son esprit, parce qu’il devait se concentrer, rappelez-vous.

Un sourire énorme brillait sur le sourire de Gabriel, maintenant. Entre les mains, il tenait un énorme bar. Littéralement énorme, il n’avait jamais vu rien de tel – ou peut-être que si mais il préférait se dire que non. Tout le monde lui souriait, ils étaient à la limite d’applaudir. Et puis bientôt, il vit quelqu’un accourir vers lui. Zéphyr, galérant dans le sable, lui fit, se léchant déjà les babines, exactement comme Remus pourrait le faire tous les 28 jours :

« Putain, Gab, on le mange, il a l’air trop trop bon ! »

Gabriel le prit au mot. Il descendit de son piédestal, tenant fermement le poisson glissant entre ses mains. Là-bas, où tout le monde s’était assis, Adonis préparait un feu fièrement armé de sa baguette. Zéphyr regardait toujours aussi avidement la proie, et Remus sortait de l’eau pour s’approcher lui aussi de la bête. Une fois arrivé au niveau de son ancien camarade, il sortit sa baguette à son tour, et fit :

« Tient le bien, Gab. »

Quelques filets argentés s’échappèrent de la baguette du Loup-Garou, s’engouffrèrent dans la bouche ouverte du poisson qui s’arrêta presque immédiatement de gigoter. Puis, Remus tira d’un coup sec sur ces filets du bout de sa baguette, et toutes les entrailles du poisson furent éjectées de son corps gluant par la bouche. Gabriel afficha une mine dégoûtée, mais ce n’était pas si mal, au final, au moins il n’avait pas à le faire. Il adressa alors un regard de remerciement à Remus, et s’avança vers le feu qu’Adonis préparait encore. Ils étaient tous là, installés autour d’un petit cercle fait de grosses pierres dans lequel étaient grossièrement posés des bouts de bois. Gabriel sourit, fier d’avoir réuni toute cette petite troupe autour d’un bon repas, et même d’avoir réuni cette petite troupe tout court, d’ailleurs, même si ce n’était pas vraiment grâce à lui. S’ils avaient tous prévu de passer différemment leur journée, personne n’avait l’air malheureux d’être là, à partager leurs heures avec des gens complètement différents d’eux, et pourtant si proches.

--

Quatre garçons sur une plage, entourés de trois autres personnes, essentielles à leur vie. Quatre garçons qui rient aux éclats, parlent sans retenue en se goinfrant de poisson, quatre garçons qui n’avaient pas du tout imaginé passer leur journée comme ça, et qui pourtant s’en délecteront jusqu’à la dernière seconde. Quatre garçons complètements différents, tout droit sortis de l’imagination d’une nana un peu dingue, ou presque. Quatre garçons qui ne seraient rien sans l’amour de leur vie, j’ai nommé Georgia, Dirk, Pandora et Sasha. Quatre garçons qui bien que complètement différents, ressemblent tous à cette fameuse nana un peu dingue. Adonis et ses cachemires (et tous ses autres trucs plus ou moins parisien-bobo-gauchecaviar, faut avouer), Gabriel et sa joie de vivre, Remus et son côté papa poule, Zéphyr et sa manière d’être amoureux. Tous sont leur joueuse, et pourtant tous sont différents. Est-elle schizophrène, alors, cette joueuse ? Très certainement, comme tous les gens qui font du RPG, d’ailleurs. La preuve, cette folle parle d’elle à la troisième personne, si ce n’est pas un signe de psychose, ça … Bref, merci à tous d’avoir lu cette petite folie, j’espère qu’elle vous a plu. J’aimerais remercier tous ceux qui ont un lien avec mon Ado, mon Gaby, mon Mus et mon Zéphyr. Sans vous, ils ne seraient rien. L’homme est un animal social, après tout (je sais, normalement c’est « politique », by Aristote), et mes quatre loulous n’existeraient pas sans vous. Si c’est ici une ode à leurs amours que j’ai écrit, je profite de ce petit blabla pour odifier aussi tous les autres. Connaissances, amis, ennemis, ex, plans culs, belle-mère, arrière-cousine ou je ne sais quoi encore, c’est plus de vous qu’ils ont besoin, et finalement vraiment très peu de moi, je m’applique juste à les écrire de la manière que j’espère être la plus juste.
Bisous les loulous, je vous aime. Vous êtes libres de répondre, bien sûr, après tout la plage est immense (a) Pas sûr qu’il reste du poisson, par contre ♥
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Inspirations d'une schizophrène espagnole

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