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Gracieuse Illusion

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MessageSujet: Gracieuse Illusion Gracieuse Illusion  Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:25

Gracieuse Illusion
Quand l'horreur se mêle à l'admiration



    Septième Année, Poudlard. Emma n'est qu'une élève invisible, discrète et timide. Jusqu'au jour où la belle Lily arrive et lui demande de faire un exposé avec elle... La jeune fille accepte. Mais, sous le masque d'adolescente parfaite, Lily cache une personnalité un peu plus dérangeante.

    Entre les deux s'installe une malsaine et étrange amitié. Qui ne laissera personne indemne.


    La fiction est finie, je n'ai qu'à poster les chapitres. J'espère avoir vos avis :3
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MessageSujet: Re: Gracieuse Illusion Gracieuse Illusion  Icon_minitimeDim 5 Fév - 1:41

Gracieuse Illusion
Chapitre Un




Je rencontrais Lily Evans au mois de Mars, lors de ma Septième Année.

J'avais déjà entendu parler d'elle. Enfin, à Poudlard, il aurait fallu être aveugle et sourd pour ne pas la connaître. Sa beauté, son intelligence, son merveilleux petit ami, sa gentillesse… Les éloges pleuvaient sur elle. Je trouvais cela stupide de prétendre autant de qualités et pas un seul défaut à une personne. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de penser pareil.

Elle représentait ce que je voulais être.

C'était simple.


*

    J'étais assise à une table de la Salle Commune, plongée dans un fastidieux devoir de Métamorphose. Je ne comprenais rien. Les lois, les sortilèges, les exceptions, s'entremêlaient dans ma tête, laissant mon parchemin vierge. Je devais écrire trente centimètres sur un sujet (dont le titre m'échappait totalement) et je savais déjà que je n'y arriverai pas.

    Je relevai la tête juste au moment où elle s'installa en face de moi. Je fus si surprise que je laissais tomber ma plume. Elle alla s'écraser au sol, dans un bruit cassant. Je retins un soupir. Je venais de casser la pointe de ma plus belle plume. Elle m'avait coûté cher et j'avais dû batailler pendant des mois pour l'avoir.

    Elle eut un doux sourire, se pencha gracieusement et ramassa ma plume. Elle se pencha vers moi. Son parfum embauma l'air. Frais, piquant, sucré. Je perçus quelques notes de lilas, de fraise et de framboise. Des souvenirs ressurgirent aussitôt. Les étés chez ma tante, le beau temps, les fruits juteux…

    - Tu devrais faire plus attention, Emma, dit-elle en me la tendant.

    Elle avait une voix magnifique. Subjuguée et pétrifiée, je la pris. Je voulus la remercier mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'étais ridicule.

    Puis, prise d'une intuition inexplicable, j'en profitai pour ranger toutes mes affaires dans ma besace. Je sentais, de façon confuse, qu'il allait se passer quelque chose d'exceptionnel. Lily repoussa ses longs cheveux roux derrière son oreille. La plupart des garçons avait les yeux posés sur elle. Comme d'habitude.

    - J'aimerai te demander un truc…

    Elle tordit ses mains. Ses joues d'une blancheur de porcelaine prirent une délicate couleur rosée.

    - Ça te dérangerait de faire l'exposé sur l'Histoire de la Magie avec moi ?

    J'eus un hoquet de stupeur. Je ne fus pas la seule. Les Gryffondor, qui avaient dû écouter la conversation - enfin, le monologue de Lily -, eurent la même réaction que moi.

    Lily avait des tonnes d'amis dans toutes les maisons. Intelligents, tricheurs, à l'aise à l'oral… Des plus populaires aux « paumés ». Tous utiles pour ce genre de situation. Je ne faisais partie d'aucune de ces catégories. Trop discrète, trop timide, trop silencieuse. J'étais invisible. Ni aimée, ni détestée. Juste invisible.

    Pourquoi me demander à moi ?

    En Deuxième Année, on m'avait obligé à parler devant toute la classe. Je m'en rappelle très bien. J'avais peur. Je m'étais mise à pleurer puis je m'étais évanouie. Grâce à cet incident, le directeur m'avait donné l'autorisation de ne plus jamais faire ça. Pas besoin de mentir, de prétexter une maladie ou un bégaiement.

    - Alors ? me pressa-t-elle.

    Qui étais-je pour refuser ? C'était une chance, un honneur. Peut-être que je réussirai à me lier avec des gens, grâce à cela.

    - Oui, acceptais-je.

    Son visage se fendit d'un sourire éblouissant. Cependant, j'eus un frisson.

    Ce sourire avait beau être sublime, il me laissait une désagréable sensation.


*

    Une semaine s'était écoulée depuis sa demande. J'avais peur qu'elle change d'avis, qu'elle ignore ou pire, que cela ne soit qu'une mauvaise blague. Je voulus souvent aller la voir, pour lui poser la question. Je ne le fis pas. Le courage me manquait.

    Nous étions dans le Hall. Je venais de finir de manger quand Lily vint me parler. Le démarche élégante, le claquement gracieux de ses talons sur le sol… Une future femme du monde.

    Une reine.

    - Emma ? Ça te dit de te venir à la Bibliothèque avec moi ?

    - Oui, bien sûr. Par contre, je n'ai pas de matériel pour écrire…

    Miracle ! J'arrivais à prononcer plusieurs phrases sans hésitation ni rougeur. Je fus surprise d'être aussi naturelle avec elle. Lily eut un drôle d'air. Elle se reprit vite :

    - Ce n'est pas grave, j'ai tout ce qu'il faut.

    Comme si nous étions amies, nous nous dirigeâmes vers la Bibliothèque. Lily me prit même le bras. Je me sentais bien.


*


    - Emma, non, pas comme ça !

    Lily éclata de rire. Perlé, doux. Il résonna longuement.

    La bibliothécaire lui jeta un regard curieux puis retourna à son ouvrage. Personne n'osait disputer Lily.

    Elle me prit le livre des mains.

    - C'est Flagylot le sorcier, pas Flageolet !

    Quelle idiote. Mes yeux me faisaient mal, nous étions dans un coin sombre et c'était écrit en tout petit. J'avais mal lu et je m'étais encore tournée en ridicule. J'étais pathétique.

    Je ressentis soudain un intense dégoût de moi-même. Je voulus m'excuser mais je sentis qu'elle rirait une nouvelle fois. Débile, idiote, conne. Je n'étais qu'un boulet.


*


    - Pourquoi moi ? osais-je enfin après une heure à travailler.

    Elle comprit tout de suite de quoi je parlais.

    Mutine, elle tira la langue.

    - Parce que.

    Lily me fit un clin d'œil.

    La discussion s'arrêta là.


*

    Le jour tant redouté arriva. Nous nous étions préparées. Je connaissais tout par cœur. Et, s'il y avait un quelconque problème, Lily prendrait le relais.

    Je ne savais toujours pas pourquoi elle m'avait choisie, moi. Je craignais un canular. J'espérais de toutes mes forces que ce ne soit pas le cas.

    J'entrai dans la salle. J'avais essayé de me faire jolie, aujourd'hui. Pour ne pas faire honte à Lily. J'avais bouclé mes cheveux, rehaussé la couleur de mes yeux par un trait noir et mis du rouge sur mes lèvres. Ma jupe glissait dans un froufrou douceâtre sur mes cuisses ; mes collants mettaient en valeur la forme de mes jambes.

    Lily m'attendait, sur l'estrade. Elle me détailla de haut en bas. Oh non. Et si elle me critiquait ? Je tremblai. Elle ne disait rien, se contentant de me fixer. Son nez se plissa. Ses sourcils se froncèrent. Étais-je aussi laide que cela ? Allait-elle vomir de dégoût ?

    Elle leva soudain le pouce. Signe universel du « OK ».

    Délivrance. Étonnant de savoir que mon bonheur ne tenait qu'à un simple geste.

    - Tu es très mignonne, Emma. Juste que… Un de tes collants est filé. C'est affreusement disgracieux, observa-t-elle.

    Elle sortit sa baguette, l'agita en une arabesque compliquée et prononça une formule que je connaissais pas.

    - Voilà, tu es parfaite, maintenant.

    Je déglutis. Non, je ne l'étais pas.

    Surtout comparée à elle.

    Elle avait relevé ses cheveux en un chignon lâche. Quelques mèches ondulaient autour de son visage, encadrant ses tempes, retombant paresseusement sur ses épaules. Ses immenses prunelles émeraudes scintillaient de malice. Sa bouche rosée et lascive était étirée en un vague sourire. Son uniforme était saillant, dévoilant des carrés de peau nue.

    Je rougis et la rejoignis sur l'estrade.

    Une poignée de secondes plus tard, un flot d'élèves se déversa dans la classe. Ils s'assirent sagement à leurs places. Les garçons dévoraient du regard Lily. Surprise, j'en vis certains s'attarder sur moi. Normal. Ils devaient se demander comme une fille aussi moche que moi pouvait être avec Lily.

    - Tu es prête ?

    Je tentai de lui sourire. Vu son regard perplexe, je compris que j'étais trop stressée pour réussir une action aussi basique.

    Elle lâcha un mot et la salle fut plongée dans le noir.

    Avec Lily, l'exposé s'était transformé en véritable spectacle. Ce n'était pas parce que les cours de Binns étaient ennuyants que nous devions l'être aussi.

    Une multitude d'images apparut dans l'air. Je les commentai, plutôt sûre de moi. La présence de Lily me rassurait. J'enchaînais les phrases, les dates, les noms. Je m'affirmais.

    Lily mouvait sa baguette en une danse effrénée. Des portraits, des dessins, des schémas. Tout flottait gracieusement tandis que ma voix accompagnait cet étrange ballet.

    Nous échangeâmes ensuite les rôles. La préfète m'avait appris les sorts à faire, et moi, angoissée de la décevoir, j'avais répété pendant des heures et des heures.

    Elle commença à parler.

    Pendant un instant, j'oubliais d'actionner le diaporama.

    Charismatique.

    C'était le mot qui la décrivait le mieux. Elle soulignait ses propos par des gestes amples. Sa voix montait, descendait. On aurait dit qu'elle racontait une histoire. Elle ouvrait parfois de grands yeux, ponctuait le tout d'une blague qui faisait rire aux éclats les gens.

    Charismatique.

    Je repris conscience et enchaînai les sorts.

    Arrivée vers la fin, alors que je devais faire apparaître le dernière image, celle de Tutac le Furieux tuant le roi des sorciers russes, le sortilège bloqua.

    Oui, il bloqua.

    Je prononçais les bons mots, fis les bons gestes mais je sentis un blocage, quelque chose qui me retenait. Lily me jeta un regard alarmé. La scène finale était importante. Nous arrivâmes à la conclusion. Binns, quand il lui arrivait de faire des exposés, ne s'attardait que sur cela.

    La conclusion.

    Je forçais. Je recommençais. Je sentis enfin que cela marchait.

    Je tournais la tête pour contempler mon œuvre.

    Ce que je vis me laissa pantoise.

    A la place de l'image choisie, il y avait une photo.

    Severus Rogue, les cheveux gras, un œil au beurre noir, le teint cireux. Les vêtements déchirés, tâchés de suie. Il tendait la main à Lily. Elle pleurait, saignait de la tête et vacillait dangereusement.

    Elle me fixa.

    - Q'est-ce que… ? Emma… Pourquoi tu…

    Sa voix se brisa en mille morceaux. Ses yeux se remplirent vite de larmes. Je crus, pendant une fugace seconde, voir une étincelle de victoire y briller.

    Les regards étaient dirigés contre moi.

    Une groupe de fille me détailla de haut en bas, chuchota, et pouffa de rire. Un garçon murmura : « Salope. »

    - Je… Je ne comprends pas… Ce n'est pas la bonne image…

    Je n'aurais jamais dû ouvrir la bouche. Comme un signal, les chuchotis se firent cris.

    - Pourquoi t'as fait ça ?

    - Tu crois pas qu'elle a déjà assez souffert ?

    - Sale peste !

    Des insultes plus crues suivirent ensuite.

    Je ne comprenais pas. Qu'était-ce que cette photo ? Pourquoi Lily était blessée et pleurait ? Pourquoi m'insultait-on ? Qu'avais-je fait ? Pourquoi était-ce si important ? C'était invraisemblable !

    Bien vite, ce fut une véritable avalanche de reproches et de moqueries.

    Je descendis de l'estrade, me pris les pieds dans un sac, faillis tomber, me rattrapais grâce à une table et quittais la salle de classe. J'étais en train de faire une crise d'angoisse. Et je n'en savais même pas la raison !

    Je ne compris que bien plus tard que tout cela avait été orchestré par Lily et n'avait d'autre but que de monter les élèves contre moi tout en se positionnant en victime. Comme si j'avais voulu l'humilier en montrant une photo d'elle qui la rendait faible et vulnérable.

    Elle avait été gravement blessée à cause d'un sortilège raté, en Troisième Année. Cette photo avait été pise juste après l'incident. Severus Rogue avait inventé un sortilège. Il avait réussi à la convaincre de l'utiliser sur elle.

    Elle avait failli en mourir.

    Je ne savais pas alors que ce n'était que la première d'une longue liste d'humiliations et de manipulations…
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