Toujours tout repousser au lendemain ( ou presque ) n'était pas l'une des meilleures choses à faire et Mary s'en rendait compte. Assise dos contre l'un des fauteuils de la salle commune, elle tentait d'achever son devoir d'Histoire de la Magie. Comme Lily, elle aurait pu le faire dès que le professeur le leur avait donné à faire. Mais non ! La Gryffondor avait préféré profiter de ses premières semaines de cours pour revoir ses amis et reprendre ses habitudes à Poudlard. Aussi s'était-elle retrouvée prise au dépourvu lorsque Lily lui avait reparlé du devoir en question un peu plus tôt dans l'après-midi. Depuis qu'elle avait finit de dîner, elle n'avait pas bouger. Elle enchaînait rature sur rature, sans jamais trouver ce qui lui convenait. Au bout de deux heures, elle avait rempli un peu plus d'un parchemin et demi, soit environ les trois quart du travail demandé. «  La prochaine fois, j'écouterai Lily ... » avait-elle soupiré alors qu'elle avait faillit renoncer pour la troisième fois au cours de la soirée. Ça n'était pas ce soir qu'elle se coucherait de bonne heure. Tant pis, elle trouverait bien une heure pendant laquelle rattraper sa nuit … En attendant de gagner le confort de son lit, elle devait terminer son devoir ! Le point final ne vint toucher le parchemin qu'aux alentours de minuit. La fin était tout ce qu'il y avait de plus bâclé, mais au moins elle l'avait terminé !
Alors qu'elle s'apprêtait à se rendre dans la salle de bain, pour une raison inconnue elle regarda par la fenêtre du dortoir qui donnait sur le parc. Quelque chose ou plutôt quelqu'un semblait se promener dans le parc. La silhouette se déplaçait d'un pas vif … était-ce un élève ou un professeur ? Que faisait-il dehors à cette heure là ? Où allait-il ? Les questions se bousculaient dans l'esprit de Mary. Sans réfléchit à ce qu'elle faisait, elle rebroussa chemin aussi silencieusement que possible pour ne pas réveiller ses camarades, attrapa sa cape et quitta le dortoir, baguette à la main. Elle actionna le portrait de la Grosse Dame qui plongée dans un profond sommeil ne la vit pas sortir de la salle commune. Mary doutait que sa réaction soit la même lorsqu'elle rentrerait. Sa baguette n'éclairait que le strict minimum, pas la peine de réveiller tout le château ! Dans sa course, elle faillit tomber à de nombreuses reprises, se rattrapant de justesse à la rambarde chaque fois qu'elle se sentait partir en avant. Au terme de sa descente, elle fut heureuse de constater qu'elle était indemne. Le plus compliqué restait à faire : se faufiler hors du château et découvrir qui venait de quitter le château.

Le temps qu'elle avait perdu à prendre sa cape et à descendre les étages qui séparaient la tour des Gryffondor et le rez-de-chaussé, avait permis à l'inconnu de couvrir une bonne distance. Elle dû courir pour apercevoir au loin une silhouette qui se dessinait dans l'obscurité. Mais après une journée de cours, une course dans les multiples escaliers de Poudlard et celle qu'elle venait d'accomplir Mary fut contrainte de ralentir le rythme … Ses pas la menèrent jusqu'au chemin qu’empruntaient habituellement les élèves pour se rendre à Pré-au-Lard. Malheureusement pour elle, la personne qu'elle tentait de suivre semblait avoir quitter le chemin pour couper à travers le bois … La curiosité la poussait à continuer sa traque. Elle ne pouvait pas renoncer, maintenant qu'elle était partie il lui fallait aller jusqu'au bout.

Des arbres. Encore des arbres. Était-ce le même que celui qu'elle avait vu dix mètres auparavant ? Ou cet autre qu'elle avait dépasser il y a peu ? Mary n'en savait rien, elle était complètement perdue. Pré-au-Lard ne devait pas être loin, mais à quel point ? Elle devait être dehors depuis près d'une heure. Et en presque une heure, on peut en faire du chemin. L'obscurité qui régnait dans le bois ne l'aidait pas à voir grand chose, sa baguette lui permettait tout juste de voir où elle mettait les pieds. La Gryffondor regardait partout, chaque fois qu'elle s'était promenée en forêt c'était de jour … là il faisait nuit, elle ne savais pas ce qu'elle pouvait croiser. Trop préoccupée, perdue dans ses pensées, elle ne vit pas que celui qu'elle suivait depuis un moment s'était assoupi contre un arbre. Aussi, se prit-elle les pieds dans les jambes du garçon. Surprise et apeurée aussi, elle laissa échapper un cri. Ne sachant ce qui avait provoqué sa chute, elle chercha de la main sa baguette et recula jusqu'à l'arbre le plus proche.

La main tenant fermement sa baguette, Mary guettait le moindre mouvement. L'apparition d'une source de lumière la rassura quelque peu, elle avait donc affaire à un sorcier. Elle se calma légèrement, repoussa les mèches de cheveux qui s'étaient glissées devant ses yeux et augmenta l'éclairage avec sa propre baguette. Trop de lumière d'un coup, elle dû fermer les yeux un instant. A peine se fut elle habituée à la lumière produite par les deux baguettes, que celui qui lui faisait face lui demanda ce qu'elle faisait là. Elle sursauta. Bien sûr qu'elle aurait dû s'attendre à ce qu'il lui pose la question, mais elle n'avait pas vraiment réfléchit à sa réponse.

-Je pourrais te poser la même question.

Alors qu'elle disait cela, Mary se rapprocha légèrement et éclaira un peu plus son interlocuteur. Un élève, elle en était certaine. Ce visage … ces traits … elle les connaissait. Mais comment était-ce possible … Sirius était monté se coucher, elle l'avait vu puisqu'elle travaillait dans la salle commune. Non, ça nétait pas lui ! En approchant davantage sa baguette, elle le reconnu. Ce garçon, le même qui ne cessait de jeter des coups d’œil discrets depuis sa table en direction de celle des Gryffondor à certains repas.

- Tu ne diras rien à personne!! Tu ne m'as jamais vu !!!!

Il avait perdu son assurance, il semblait même effrayé. Mary était-elle la cause de cette terreur ? Que faisait-il là ? Pourquoi avait-il quitté le château au beau milieu de la nuit ? Avait-il des problèmes ? Les questions ne manquaient pas, bien au contraire ! Mais s'il était comme son frère, Mary risquait de se heurter à un mur, tant qu'il refuserait de se confier.

-Regulus …, murmura-t-elle doucement.

Comme s'il avait entendu son questionnement intérieur, il lança : Je veux partir!!! Je ne veux plus rester là.. Agenouillée devant lui, elle ne savait comment réagir. Partirait-il en courant ? Accepterait-il de retourner à Poudlard si elle le lui demandait ? Il fallait qu'elle trouve les bons mots...

-Qu'est ce qu'il t'arrive ? Lui demanda-t-elle, sachant que dans sa réponse figurerait certainement la famille Black.

Il fondait en larmes devant elle ... la situation devait être beaucoup plus grave que ce qu'elle pensait jusqu'à maintenant. Craquer devant les autres, surtout une fille, n'était sûrement pas dans ses habitudes. Et comme elle ne s'était pas trompée en pensant que la famille Black était en cause. Mary était déjà plus ou moins au courant de la vie que faisait mener Mr et Mrs Black à leurs enfants. Sirius s'était un petit peu confié à elle dans les lettres qu'ils avaient échangé au cours des vacances depuis leur deuxième année. De plus, à force d'écouter les conversations des autres elle avait finit par apprendre davantage de détails sur cette famille.

- Ils te mentent ? Ton frère ? Reg...


Elle n'eu pas le temps de terminer sa phrase, il s'était levé et commençait déjà à s'éloigner. Mary se releva et s'élança à sa suite baguette en main, pour voir où elle mettait les pieds. Si elle venait à tomber, Regulus aurait augmenter la distance qui les séparait. Il allait de plus en plus vite, intérieurement elle jurait. LA faire courir en pleine nuit dans une forêt ! Quelle idée … Elle n'avait rien contre l'exercice physique, au contraire ! Mais il y avait des moments nettement mieux adaptés pour faire de la course à pied. Non ? Il était tard, il faisait nuit, elle était plus ou moins fatiguée et lui la contraignait à le suivre à un rythme plutôt soutenu.

-- Tu vas m'attendre, oui ou non ?!


A en juger par l'allure qu'il avait adopté, la réponse était non. Crétin ! Par sa faute,elle avait manqué de peu de se prendre un arbre. D'accord, il n'était pas entièrement fautif puisqu'elle avait choisi de le suivre. Elle était là de son plein gré. Mais quand même ! Courir après lui ne l'enchantait pas tellement. D'une grande foulée elle enjamba des branches sur le sol, il s'en était fallu de peu pour qu'elle se retrouve face contre terre. La Gryffondor accéléra.

- Stop, maintenant !


Elle l'avait enfin rattrapé, elle le retint fermement par le bras. Marre de courir. Il ne réglerait jamais ses problèmes s'il fuyait. Afin de l'empêcher de poursuivre son chemin, elle s'était mise face à lui. On aurait dit qu'elle allait l'engueuler, or tout ce qu'elle voulait c'était comprendre. Comprendre ce qui le mettait dans un état pareil, en quoi sa famille était responsable et pourquoi il voulait partir.
Mary était déterminée à ne pas le laisser filer, s'il avait besoin de se confier, elle serait là. Mais il était hors de question qu'elle reste sans rien faire.

Un appel au secours, voilà ce à quoi elle pensait en écoutant tout ce que Regulus lui disait. Il cherchait à trouver la liberté dont profitait la plus grande majorité des jeunes. Mary découvrait peu à peu sa personnalité. Il ne cherchait pas à fuir par lâcheté mais plutôt pour gagner cette liberté de choix, d'opinion à laquelle il n'avait certainement presque jamais goûté. Courageux, il fallait bien lui reconnaître cette qualité, cependant il ne devait pas se rendre compte de cela. Si depuis le début, sa famille avait cherché à l'enfoncer, ne l'avait pas écouté,

-Je ne suis pas tout le monde, répondit-elle simplement.

Elle ne mentait pas, elle ne savait comment considérer le jeune Black. Il était très discret, enfin assez pour que Mary n'entende parler de lui presque uniquement par rapport au Quidditch. Il semblait raisonner différemment des autres Serpentard. Un point de couleur dans un tableau en noir et blanc. Il était différent. Mary le lui aurait bien fait remarquer, mais il était trop en colère. Il fallait le laisser vider son sac même si cela prenait du temps. Le dialogue viendrait plus facilement s'il n'avait plus rien à dire.

-Je ne dirai rien de tout ça à Sirius, si tu le veux. Mais je ne suis pas certaine qu'en quittant votre domicile qu'il voyait là une sorte d'abandon. Après, il te le dira mieux que moi, je ne suis pas dans sa tête.


Il regardait le sol, elle vit là une occasion d'entamer une conversation. Tant qu'il pestait contre le sol, elle pourrait toujours parler. Sans trop savoir vers où elle allait, elle partie dans ce qui ressemblait fort à une leçon de morale. Elle n'avait jamais été trop douée pour en faire, mais ses conseils avaient le mérite de marcher ( la plupart du temps ! ).

- Tu sais, ce n'est pas en partant que tous tes problèmes s'arrangeront. Certains disparaîtront, mais d'autres reviendront encore et encore. Mais je ne suis sûrement pas la seule à te l'avoir dit, je me trompe ?

Bon, ça n'étaient peut être pas les meilleurs mots à employer dans la situation où il se trouvait. Mais l'idée était la même, on aura beau fuir ses problèmes, ils reviendront toujours !

Elle avait bien fait de se placer de manière à l'empêcher de s'enfuir. Il n'avait en rien abandonné cette idée de quitter Poudlard.

-Si tu ne veux pas devenir comme eux, tu n'y es pas obligé. Rien ni personne ne te le demande ici. Les préjugés se fondent sur la réputation de ta famille, moi aussi au début je pensais que Sirius n'avait rien à faire à Gryffondor et puis au fur et à mesure j'ai appris à le connaître. J'ai cru que toi , tu te comporterai de la même manière que tes deux cousines. J'y ai cru. Mais ce ne sont que des idées reçues.

Elle le regarda, lui laissant le temps d'enregistrer ce qu'elle disait. Comme bien des gens à Poudlard, Mary avait cru aux rumeurs et s'y était fiée, sans vraiment chercher à les vérifier. Elle et tous les autres avaient commis une belle erreur. Uniquement parce qu'ils avaient jugés ces deux garçons à cause de leur nom. La première fois qu'elle avait vu Regulus, elle n'avait pu s'empecher de croire qu'il finirait mal, plongé dans la magie noire ou quelque chose dans ce genre là. Jamais, elle n'avait soupçonné tout ce qui se passait dans sa tête.

-Si le Choixpeaux t'as envoyé à Serpentard c'est qu'il doit y avoir une raison. Tu n'as peut être pas l'âme d'un Serpentard mais tu dois bien posséder quelques uns des qualités de cette maison. Alors, non tu ne finiras pas dans les rues ! Tu sais pourquoi ? - elle ne lui laissa pas le temps de répondre – parce que tu es quelqu'un d'intelligent, Regulus, oui. Mais tu manques de confiance en toi, enfin c'est comme ça que je vois les choses. Après, peut être que je me trompe complètement, que tu es réellement idiot, que tu ne vaux rien et je ne sais quoi encore. Mais là, franchement ça m'étonnerait !

Plus elle parlait, plus elle sa détermination pour le faire rester à Poudlard devenait importante. Il n'était pas aussi associable que ce qu'on pouvait croire au premier abord. Il avait surtout besoin de quelqu'un pour l'écouter, quelqu'un qui veuille réellement chercher à le comprendre. Mary le comprenait, plus ou moins. Mais le comprendre ne suffisait pas, il lui fallait trouver les justes mots pour le convaincre de rester. Eh là .. la tâche allait certainement se réveler plus difficile !

-On ne voit que ce Regulus là, parce que c'est le seul que tu nous laisses voir. Tu trouves que Sirius réussi sa vie ? … tu parles d'une vie …, elle soupira. Il a des amis, des gens l'apprécient, il s'amuse bien. Mais ne plus avoir de famille, autre que celle qu'il a trouvé en nous, à laquelle se raccrocher ou encore son petit frère près de lui, ça le pèse pas mal si tu veux mon avis. A ta place, je préférerai mener une autre vie que la sienne. Je ne dis pas que choisir la même voie que tes parents est ce qu'il faut faire. Cependant, partir n'effacera en rien tes problèmes. Tu ne dois pas fuir et tu n'es pas un lâche, tu es humain. Tout le monde te demande de faire des choix, tu te retrouves coincé au milieu de tout ça et finalement tu ne sais plus quoi faire. Je comprends que tu ai envie de quitter cette vie, de rêver à mieux, mais ça n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre.

Elle aurait aimé garder un ton un peu dur avec lui tout au long de son discours, pour lui montrer qu'il avait tord. Mais elle la tendresse avait prit le dessus, elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle oscillait entre l'envie de le réprimander et celle de le consoler, les deux étaient amplement justifiées mais laquelle était la meilleure à suivre ..