L’histoire de la famille Alighieri remonte à des centaines d’années, marquant l’histoire italienne de sa luxure et de son pouvoir. Contrairement à l’idée répandue et fausse sur cette famille, ses origines premières n’ont aucun rapport avec la famille de Médicis, bien qu’elle eut de nombreuses alliances avec cette dernière durant la renaissance. La famille Alighieri a été l’étincelle de la famille Borgia, dont le célèbre Pape était tout simplement un sorcier. Face à des scandales dès plus obscènes, la branche principale de cette famille s’éloigna des rumeurs pour former la famille Alighieri : une famille qui ne rougit pas face au pouvoir qu’elle possède. L’Italie a été sa zone d’influence la plus importante durant de nombreuses années, du fait que son nom devenait peu à peu encré dans la tradition et les mœurs des familles de sangs-purs qui peuplaient l’Italie. Bien évidemment, cette famille n’a jamais caché son penchant pour la magie noire, une magie qui selon elle, pouvait apporter « assez de puissance et de beauté pour peindre un monde sans moldu ». Mais les anciens patriarches de cette famille n’eurent jamais assez le courage pour sortir de l’ombre et obtenir ce qu’ils désiraient. Il fallait attendre la nouvelle génération pour voir le monde changer et avec chance, Eliana faisait partie de cette génération.

Il n’est pas étonnant de savoir qu’elle est née d’un mariage sans amour, où la raison et le désir de pouvoir ont dominés l’union. Son père a toujours été une figure crainte dans le monde de la magie, que cela soit en Italie qu’en Angleterre, terre qu’il désirait conquérir dès sa plus grande jeunesse. Et c’est dans ce nouveau monde qu’il rencontra son épouse : Aloysia, une femme aussi belle que calculatrice qui n’avait surement ressenti aucun amour maternel pour ses enfants. C’est dans cet univers qu’elle avait grandi, elle et son frère. Comme une fois n’est pas coutume, son très cher frère était le favori de la famille, le digne héritier d’un patrimoine maudit. Mais, Eliana ne l’avait jamais détesté pour cela, au contraire. Il conservait pour elle un amour sincère et aimait passer son temps auprès d’elle, à lui raconter les contes les plus fous sur le monde de la magie. Une magie que son frère, devant la fierté de la famille, avait en sa possession. Elle se souvient très clairement de ce jour : c’était la seule et unique fois qu’elle avait vu ses parents le sourire aux lèvres, rictus qui ne lui était pas adressé. A partir de cet instant, quelque chose changea chez son frère : plus distant, plus sérieux. Il était sous le poids de la pression familiale, des regards sévères et des discussions stériles. Un véritable cauchemar pour une enfant de son âge. Un changement qui eut aussi un effet sur Eliana.

Elle ne cessait de se plaindre de cela, mais seul son frère l’écoutait. Des migraines insupportables qui lui donnaient la nausée. Une sensation de vertige qui la troublait. Et ces images… Toujours les mêmes. Du sang, des cris, et un rire… Un rire qui résonnait comme une mélodie, une valse joyeuse dans un chaos assourdissant. Elle se sentait à chaque fois étouffée, demandant de l’aide à quoi voulait bien l’entendre. Mais dans un manoir, il est beaucoup plus simple d’ignorer les cris de détresse d’une enfant. Et à la fin de ces hallucinations, elle se réveillait sur le sol, ses vêtements trempés de sueur, le corps totalement griffé.
Son frère, alerté par cela, en informa leurs parents, dont la seule réponse fut de l’envoyer à l’hôpital. Aucune caresse sur ses cheveux ou de baiser sur le front pour la réconforter. Elle se retrouvait tous les jours entre ses murs froids. Mais, elle y trouva son soleil. Un jeune médecin, d’une beauté étonnante. Il lui parlait tous les jours, lui posant des questions auxquelles elle répondait par son silence habituel. Il était devenu son soleil, et son retour chez elle était l’orage. Elle arrivait parfois à attendre ce moment avec impatience, ses séances quotidiennes. Après s’être murée dans le silence, elle se décida à parler, non pas de la réalité. Oh non, loin de là : celle-là était si triste et vide d’amour qu’elle se risqua à mentir sur la vie qu’elle rêvait. De l’amour, rien que cela. Elle était une enfant en manque de tendresse, soumise à un mal qu’elle ne comprenait elle-même.
Puis vint le jour de ces 9 ans. Un jour exceptionnel pour tous enfants, mais pas pour elle. Ce fut aussi le jour de la découverte de ses pouvoirs, assez tardive selon son père, qui ne reçut aucune acclamation. Bien entendu: dans une famille de sang-pur depuis des siècles, pourquoi devait-on applaudir le fait qu'elle ait des pouvoirs ? ... Cette journée marqua le début de sa chute, une chute mortelle dans les profondeurs de son âme, un abysse entremêlé de folie et de désespoir. Et c’est ce jour-là qu’elle tua son frère.

Encore une crise de folie, encore ces hallucinations. Mais que faire quand cela devient réel ? Encore ce sang, ces cris… Pourquoi n’avait-elle pas comprit que tout ceci était vrai cette fois ? Une fois la crise passée, elle ne se réveilla pas seule au sol, mais à côté d’elle gisait le cœur de son frère ainé. Soucieux de sa sécurité, il était venu à son secours tandis qu’elle criait, mais en retour, il rencontra la mort, une mort impossible à contrôlé face au corps possédé de sa jeune sœur. La réaction de sa famille fut immédiate : Eliana fut enfermée jour et nuit dans le département psychiatrique de Sainte-Mangouste. Elle avait hurlé au désespoir, ne comprenant pas ce qui se passait. Elle sentait encore le sang de son frère sur son corps, et quand elle fermait les yeux, elle voyait la scène au ralenti. Elle se souvenait parfaitement de son corps qui agissait, tandis que son esprit lui criait d’arrêter. Pourquoi ?

L’explication arriva avec sa mère. Elle n’avait jamais vu celle-ci aussi radieuse, alors qu’elle portait le deuil de son fils. Aloysia avait demandé à s’entretenir sans aucune surveillance avec sa fille. Un entretien qui fit comprendre à Eliana que la folie n’habitait pas qu’en elle.
« Ma fille, ma très chère fille… » Elle lui caressa les cheveux avec tendresse. Eliana était pétrifiée de peur devant un amour maternel factice. « Tu as réussi mon amour, nous avons le pouvoir à présent… » Alors qu’Eliana pleurait et que son corps était secoué de spasme, sa mère se contenta de sourire, continuant son explication d’une voix morne. « A présent, tu seras l’unique héritière et le pouvoir me reviendra. Ton père, cet idiot… Il n’a jamais compris, tant pis pour lui, la vieillesse l’emportera… Je suis désolé de tout ça, mais ton esprit était tellement… facile à corrompre... Et ce don que tu as, cette manière dont tu ressens les choses : c’est exceptionnel ! Oh non, ne pleure pas, tout ceci ne fait que commencer ! » Le visage de sa mère était tordu dans un rictus affreux : la jeune enfant comprenait facilement que sa mère n’était plus. A sa place, il y avait un monstre. « Ne t’inquiètes pas mon enfant : le chaos que tu as créé sera notre moyen d’ascension. Plus rien ne nous résistera… »

Bien que quelque temps plus tard Eliana fut autorisé à rentrer chez elle, à présent tout était différent. Un domestique avait été accus à sa place du meurtre de son frère, un pauvre homme qui ne comprenait pas qu’il avait été une pièce à jouer. Eliana avait elle aussi changé. Elle n’essayait plus de rêver, tout ceci était pour les faibles. Non à présent, elle allait se venger : sa mère, son père… Elle fera son ascension seule, sans personne pour se jouer d’elle.
Sa libération fut à sa réception de sa lettre de Poudlard, un lieu où elle pourrait enfin mettre ses plans en action. Elle deviendrait inviolable, une ambassadrice de la manipulation. Rien ne pourrait l’arrêter, elle se l’était promis. Son nom marquerait l’histoire d’une façon ou d’une autre pour effacer celui de ses parents. Elle vengerait la mémoire de son frère, bien que son sang soit sur ses mains et même si elle devait en mourir.

L’annonce de la venue de nouveaux élèves étrangers ne lui fit guère d’effet, bien qu’elle fût impatiente de voir s’il lui serait possible de trouver une alliance de pouvoir au sein de ces nouvelles têtes. Et des alliances beaucoup s'en étaient présentées à elle, surtout celle venant des mangemorts. Il fallait dire que sa famille était connue comme étant une pro sang-pur, mais elle dans tout ça ? Elle cherchait le bénéfice, bien que les idées du Lord ne la déplaisait pas. Mais devoir obéir à quelqu'un la révulsait. Elle voulait le pouvoir, pour elle et elle seulement. Pourquoi diable faudrait-elle qu'elle soit à la solde d'un mage noir ? Elle aimait pratiquer cela elle-même sans personne pour lui donner des ordres. La puissance, elle l'obtiendra d'une manière ou d'une autre, tout en conservant son indépendance. Mais alors que les années avaient passés, une seule chose l’obsédait : son rayon de soleil. Ce jeune médecin, qu’était-il devenu ? Elle ordonna des recherches auprès des personnes de confiance qu’elle avait rallié à elle durant sa scolarité, des personnes braves qui pourtant n’avait pas l’intelligence de voir les ficelles dont elle était maîtresse. Il fallait dire qu'elle était douée: Eliana savait jouer de ses charmes, rire, faire la moue à chaque que cela était à son avantage. A première vue, elle paraissait être une adolescente tout à fait normale, superficielle, hautaine et manipulatrice.Faire partie de son réseau signifiait avoir une protection absolue car elle se battait bec et ongles pour ceux à qui elle portait de l'intérêt car ils pouvaient toujours servir non ? Et puis, la demoiselle était douée pour garder ses secrets après tout... Une fois les informations obtenues, elle lui rendit visite… Il était toujours le même… Mais est-ce qu’il s’était rendu compte que sa visite n’était pas par simple courtoisie ? Bien sûr, c’est évident… il était intelligent après tout. « Zyra ? » Elle se souvient encore parfaitement de son étonnement en la voyant, du ton de sa voix. Oui, Zyra… Comment oublier ce nom ?

« Tu m’as tellement manqué… » Et ce fut certainement les seuls mots sincères qu’elle eut dit de toute la conversation. Mais cette sincérité était ébranlée par le sourire carnassier sur ses lèvres.




Archives de Sainte-Mangouste, département psychiatrique.
Patiente de niveau 6.
Nom : Zyra.

Enregistrement n°003. Automne 19xx

La patiente est arrivée dans nos locaux depuis quelques jours. Cela à débuter dû à des migraines sérieuses, qui ne s’effaçaient avec aucune des potions prescrites. La famille a désiré garder son identité secrète : beaucoup d’argent a été déposé sur le bureau d’administration de l’hôpital Sainte-Mangouste. L’équipe médicale l’a donc nommé « Zyra », seul mot qu’elle a prononcé durant toutes les séances quotidiennes, surement lié au fait que sa langue d’origine soit l’italien, ou alors qu’elle ne nous apprécie guère, ce que je comprends dans de telles circonstances. Cela se résume à 3 heures par jour d’examen, de questions sans réponse, avant que la patiente Zyra ne rentre chez elle. Muette, discrète, sensible : c’est surement les mots que je choisirais pour la décrire à ce stade de mon examen. Une fille docile, qui sourit sans parler, et regarde le monde avec un regard attendrissant qui pourtant exprime la volonté de savoir pourquoi elle se trouve ici. Mais …
C’est vrai cela : pourquoi demander à une équipe médicale complète de suivre une jeune sorcière de 8 ans ?

*L’enregistrement se coupe quelques instants, laissant ressentir le fait que le médecin même s’interroge sur cette question.*

L’argent ? Surement, mais ce n’est pas tout. La famille de la jeune fille a demandé expressément ces examens. Pourquoi faire subir à une enfant un tel châtiment ?

Enregistrement n°005. Automne 19xx.

Aujourd’hui, Zyra a débuté une conversation avec moi, attendant que nous soyons seule à seule. Sa voix était l’expression même de l’innocence, de la gentillesse. Elle m’a demandé mon nom, question à laquelle je n’ai pu répondre du fait des obligations de sécurité mise en place dans de telle situation. Mais pourtant, en voyant ses grands yeux bleus, l’envie de lui répondre me brûlait les lèvres. Elle ne s’en ait pas offusqué et m’a même parlé pendant toute la séance. Elle me parlait de ses amies, de ses rêves, de la magie. Pour elle, ce n’était pas un sujet tabou, je concluais alors que sa famille devait être de sang-pur ou mêlée, et que le sujet de la magie arrivait très tôt à table pour que les enfants comprennent bien. Tandis qu’elle me parlait, j’avais le réel sentiment que Zyra n’aurait jamais pu blesser quelqu’un. Une telle tendresse dans ces mots, qui donnaient envie de fermer les yeux et d’écouter ses récits enfantins. J’imaginais facilement qu’à l’extérieur de cette bâtisse, quand elle était entourée de tous ses amis, elle devait être aimé, populaire. Elle rayonnait de joie et de bonheur. L’image même d’une enfant comblée par sa vie.

Enregistrement n°016. Hiver 19xx

La procédure est passée à la vitesse supérieure, sans que je le comprenne vraiment. Alors que mes rapports et ceux de toute l’équipe décrivaient Zyra comme une enfant pleine de vie et tout à faire stable, il a été décidé de la placer sous haute surveillance psychiatrique, l’interdisant de rentrer chez elle après les séances, la plaçant dans une chambre d’isolement. La petite ne cesse de pleurer, d’hurler, je ne peux le supporter. Alors que j’ai fait connaitre mon désir de m’entretenir avec elle, cette requête m’a été rejetée avec violence. Je ne comprends pas… C’est décidé : demain je visiterais la jeune Zyra. Quelle pauvre enfant : elle vient à peine de fêter ses 9 ans.


Enregistrement n°017. Hiver 19xx

La peur me glace. Mes jambes tremblent. De toute ma vie, je n’ai jamais ressenti un tel effroi.
Comme je me l’avais promis, j’ai rendu visite à Zyra et à ce moment, je n’ai jamais ressenti un tel regret. La petite était totalement différente. Son visage était fermé, ses yeux grands ouverts, et son esprit semblait être pris de folie. Pas à un seul moment elle ne m’a parlé. J’avais même l’impression qu’elle ne me reconnaissait pas. JE ne comprends pas. Hier, elle hurlait de désespoir quand nous l’avons placé ici et à présent… elle est si différente.

*L’enregistrement s’interrompt brusquement. Une alarme se fait entendre et des cris éloignés retentissent.*

Enregistrement n°018. Hiver 19xx

Tout va tellement vite. C’est impossible de comprendre tout cela. Zyra ne semble souffrir d’aucun maléfice, aucune magie noire et pourtant, elle souffre d’une démence sévère qui l’a fait entrer dans des crises de violences effroyables. Cherchons-nous vraiment assez ? Désormais, elle parle à nouveau, mais son langage n’exprime que du dégoût envers les autres. Son regard crie la manipulation, un désir d’exterminer ceux qui se trouvent sur son chemin. Par moment, quand je la regarde derrière la glace de sécurité, j’ai l’impression de voir un diable en elle, elle ne saisit plus la différence entre le bien et le mal... J’ai besoin de son dossier complet, de comprendre qui elle est. Je dois la sauver d’elle-même.

Enregistrement n°019. Hiver 19xx

Je risque ma place. Je risque très certainement ma réputation… Tant pis.
Eliana Alighieri. C’est impossible ? Cette famille ?
Âgée de 8 ans au début de ses examens, souffre de migraines… Tout ça je le sais !
Se plaint d’hallucination depuis quelques mois ? Pourquoi personne ne m’a parlé de cela ! Tout est peut-être lié à cela !
Placement sous surveillance continue… Demandé et approuvé par la famille ? … Il n’y a rien d’autre à ce sujet…


Enregistrement n° 039. Hiver 19xx

Zyra est parti. Sa surveillance continue a été arrêtée. Quand elle est retournée parmi les siens, j’ai cru voir de la tristesse dans son regard. Tout reste tellement vague… Je ne comprends pas… J’ai l’impression qu’on essaie de nous cacher quelques choses. Mais je ne saurais jamais la vérité sur cette histoire…

Enregistrement n°1259. Automne 19xx

Après tant d’année… Elle est revenue. Elle n’est plus ma patiente mais… Zyra… Non, Eliana ! Elle m’attendait dans mon bureau, le sourire d’un ange sur les lèvres et la malice de Satan dans son regard. Elle est devenue une jeune femme fascinante. Malgré son physique, elle ne laisse paraître aucune faiblesse mais une force de caractère incroyable. Je l’imagine facilement manipulatrice car au fil de notre conversation anodine, j’ai ressenti une grande intelligence derrière les politesses et banalités qu’elle débitait. Elle était seulement pour observer le terrain. Pourquoi ? Je ne cherche même plus à savoir. J’ai été subjugué par sa personnalité : indépendante, arrogante. Il était certain que sa côte de popularité auprès de la gente masculine ne soit pas des moindre. Elle devait surement faire preuve d’une présence d’esprit incroyable, savoir jouer des apparences : interpréter la belle effarouchée à qui veut le voir, ou alors avoir l’âme conquérante et mener le monde selon ses envies. Cela devait dépendre des personnes… Oui, c’est même évident. Moi-même, au moment de nos retrouvailles, j’ai été le nouveau pion qu’elle a ajouté à sa collection. Il ne me restait plus qu’à attendre de voir le rôle qu’elle allait me donner.