Dunkan,

Ne l'es-tu tu vraiment pas, influençable, Gaël ? Ne te laisses-tu pas enrager par la moindre pique, même de ma part ?
Je vois aux traces d'encres que tu as appuyé sur ta plume, fort, pour écrire ta dernière lettre, signe que tu étais énervée, parce que d'habitude, ton encre est légère, à peine posée sur le parchemin. T'aurais-je vraiment touché, en écrivant ton prénom Gaëlle, par exemple ? Te laisses-tu encolérer par de si viles basseries dignes du français de bas étage que je suis, vraiment ? Et après, tu oses me dire que tu n'es pas légèrement influençable, et que ta vie n'est pas contrôlée par le monde qui t'entoure et par les gens que tu laisses appartenir à ton cercle (je ne parle pas de tes groupies) ? Gaël, arrête, regarde la réalité en face : tu laisses Rabastan décider de tout pour toi, tu laisses sa possessivité déborder de toutes part, parce que tu te sens incapable de la contenir. La plus petite évocation de Ivana te met hors de toi, ton violentissime frère semble être ton modèle sur Terre.

Vis par toi même ta propre vie, Gaël. Je ne devrais pas te dire ça, vu que je n'arrive moi-même pas à le faire, mais qu'importe. Fait moi ta démonstration, change de bord, deviens lesbienne ou je ne sais quoi. Fait ce que tu veux, mais cesse de vivre à travers les autres.

A.L.