Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Dim 27 Mai - 18:36
Retenue chez les elfes ~
Le bureau était comme dans mes souvenirs ; il demeurait inchangé, avec ses nombreux tableaux et ses bibelots mystérieux. Un mur entier était dédié aux anciens directeurs et directrices de l'école ; à ma droite, une large cheminée ; à ma gauche, une haute étagère avec une vitrine, dans laquelle reposait le fameux Choixpeau Magique. Dans la pièce, il y avait une drôle d'atmosphère, j'entendais comme une respiration tranquille et régulière, un calme qui n'inquiétait ni n'effrayait. Les sorciers dans les tableaux chuchotèrent sur mon passage, marmonnèrent des réflexions qui me firent sourire ; il n'y avait personne encore dans la pièce, mise à part moi. Je m'avançai, fermant la porte derrière moi, et aussitôt mes talons claquèrent sur le carrelage brillant et propre. Mes yeux se posèrent sur le Choixpeau. Les deux fentes étaient largement ouvertes, et je lui adressai un regard méprisant. Etrange objet animé, doté d'un pouvoir d'autant plus captivant. Comment pouvait-il déterminer, pour chaque élève, la maison qui lui correspondait le mieux ? J'en avais toujours été curieuse.
- Encore vous Miss Dunkan ?
Je détachai mes prunelles bleutées du Choixpeau, et regardai le professeur Dumbledore avec surprise. Sa longue barbe blanche, ses lunettes en demi-lunes, sa robe de sorcier colorée : il ne changeait guère, et pourtant étonnait toujours. Habillée de l'uniforme noir habituel, et arborant fièrement le blason de ma maison, je jetai un regard froid au directeur.
- Il semblerait,dis-je avec un sourire en coin, malin.
Il sourit, et sa bonne humeur eut le don de me taper sur les nerfs. Il était toujours si calme, si tranquille, et souriant. Jamais il ne semblait s'énerver ou être mécontent. Son visage demeurait sympathique : je détestais cela. Que faire, lorsque votre interlocuteur ne réagit pas face à votre impudence ? Je n'avais l'habitude de ce type de conversation, tout était si vénale chez moi, et mes semblables, nous réagissions au quart de tour, nous emportions pour un rien, nous vexions pour la plus petite offense. S'en était devenu si logique, instinctif, que je me gardais bien d'approcher le directeur et ses sourires si agaçants. Il s'installa derrière son bureau, et attendit que j'approche. Je le fis, mais ne m'assis pas face à lui. Debout, du haut de mes talons, je restai immobile, les mains croisées dans le dos, droite et digne. D'une froideur glaciale. Mais il s'en accommoda sans mal.
- J'ai cru comprendre que Mme McGonagall et vous aviez eu un léger malentendu ? poursuivit-il, comme je ne disais rien.
Je fis un sourire moqueur.
- Vous posez une question dont vous connaissez déjà la réponse. Mais soit, j'imagine que vous voulez ma version des faits. La voici : je suis arrivée en retard, Mme...McGonagall m'a sanctionné et j'ai fait probablement une réflexion qu'elle a jugé...
- Déplacée ? proposa-t-il, avec calme.
- Choquante, d'après ses dires, corrigeai-je avec un sourire fier que je ne pus retenir.
Il sourit d'avantage, et pris dans ses mains un parchemin posé devant lui. Il sembla lire quelque chose, réajustant ses lunettes.
- Il est vrai que la traiter "d'elfe inutile et décrépit dont les cours sont barbants et qui plus est ...totalement dépourvus d'intérêt" ne lui a pas plu, fit-il, reprenant mes mots.
Je retins difficilement un rire.
- Et vous avez oublié le passage où je la traite de momie ratatinée, rajoutai-je.
Il leva ses prunelles derrière ses lunettes, amusé.
- Néanmoins, reprit-il. Je constate que ce n'est pas la première fois que ce genre de choses arrivent. Aussi, vos nombreux retards, et .. votre attitude à l'égard du corps enseignant ainsi que du personnel mérite punition équivalente.
Je protestai.
- Pour une simple petite réflexion ?! râlai-je, une main sur la hanche. Comme si tout le monde ne savait pas déjà qu'elle est vieille et rabougris ! Ce n'est pas comme si c'était une nouvelle ! Le directeur me regarda plus sérieusement, et appuya son dos contre le dossier de son large fauteuil. Je ne cillai pas. Lui non plus.
- Depuis votre première année, vous avez changé de bien des manières Miss Dunkan, et je conçois que des évènements ont bouleversés votre vie, mais il semblerait que vous ayez perdu de précieuses valeurs en chemin. Aussi, je vais me contenter de vous y confronter. Demain soir, et jusqu'à nouvel ordre, vous irez donner généreusement votre aide aux elfes, dans les cuisines du château. Vous devez comprendre que chaque désobéissance a des conséquences, et vous n'êtes pour l'instant, et tant que vous serez entre les murs de ce château, en mesure de les éviter. Espérons que cela vous serve de leçon Miss Dunkan...
En cet instant, mes yeux lancèrent des éclairs, mon sang bouillonna, et je me penchai vers le directeur, appuyant mes mains sur le rebord du bureau, mes cheveux retombant de chaque côté de mon visage dur et ferme.
- Soyez prudent professeur, il n'est pas bon de souhaiter de telles choses, susurrai-je. Soyez certain que j'apprendrais de mes erreurs, je le fais toujours. Je vous souhaite une bonne soirée.
Puis, sans un autre mot, et lui tournant le dos, je marchai jusqu'à la porte et sortis. La conversation était terminée.
Ce ne fut que le lendemain que j'y repensais. Dumbledore n'était qu'un vieux fou, stupide et arrogant. Il croyait tout mieux savoir que les autres ! Ah ! Quel insupportable sagesse qu'il possédait ! Mais cela ne l'empêchait pas de faire des erreurs. Encore dans ces murs, j'échappai à bien des sanctions, car dans l'ombre encore j'agissais comme je voulais, effaçant les témoins, les traces et les preuves. Je n'avais à craindre que ma propre bêtise, et bien que je le qualifiât de vieux fou, il n'en demeurait pas moins un sage : il avait dit vrai. J'apprendrais de mes erreurs passées, et l'heure du changement avait sonné. Ma confrontation avec Rabastan me l'avait montré, l'erreur que j'avais commise avec Regulus aussi. De venimeuse je me devais devenir féroce, de froide je devais être glaciale, de dur je devais être tranchante, et de forte je devais être invincible. Aussi dure qu'un bloc de glace, aussi brûlante qu'un volcan, et aussi cruelle et maligne que Morgane elle-même.
Mais loin de moi l'idée de défier si ouvertement l'autorité. Prudente et sage, je me rendis à la retenue, répugnée d'avance rien qu'à l'idée de faire un travail d'elfes. Dumbledore me le payerait cher ! Tout cela pour une réflexion à l'égard de cette sale bourrique de McGo'. Et dire que certains élèves étaient dispensés d'aller chez le directeur pour bien plus grave que cela ; j'étais certaine que ma visite forcée chez Dumbledore n'avait pas de rapport avec mon attitude. Sûrement m'avait-il eu à l'oeil depuis ma première année : ce vieux fou savait tout, et il ne me serait pas dur d'imaginer qu'il fusse au courant de bien d'autres choses à mon sujet. Il sentait, lui aussi, le vent tourner. Rusard m'avait informé plus tôt dans la journée que je serais accompagnée, apparemment un autre élève semblait avoir essuyé les foudres de l'administration. J'espérais que ce ne fusse pas quelqu'un d'insupportable. Du type, Leroy, Ivana, ou encore un des maraudeurs qui ne cessaient de m'irriter.
Une fois descendue jusqu'aux cuisines, perchée sur mes hauts talons, comme à mon habitude, et cela n'était en fait qu'un moyen encore de compenser ma petite taille, et de me faire plus menaçante. J'avais revêtu un jean noir, et un pull rouge à manches longues, moulant mon buste, et laissant entrevoir largement le début d'un soutient-gorge noir. Provocante, je l'étais tout le temps. Mes cheveux retombaient en boucles soyeuses et brunes sur mes épaules, et mes lèvres demeuraient rouges et pulpeuses. Pas vraiment la tenue idéale pour faire le ménage, mais je n'avais de toute façon pas l'intention de le faire. Peu importe qui il y aurait en ma compagnie, il serait obligé de faire ses corvées tout seul. Poussant la porte sans délicatesse, j'entrai en faisant claquer mes talons. Lorsque je pénétrai à l'intérieur des cuisines, je fus agacée du peu d' éclairage qu'il y avait. Aussi, je mis plusieurs secondes à reconnaître le jeune homme. Mon visage se figea en voyant que ce n'était nul autre que Leroy...
Décidément, nos routes se croisaient sans cesse, bien que cela faisait un bon moment que nous ne nous avions pas adressé la parole. Nous avions pris des chemins différents, bien que notre sang soit aussi pur l'un que l'autre, et j'étais déçue de ses choix. Aussi, je ne cachais pas l'air méprisant qu'il m'inspirait. Croisant les bras sur ma poitrine, un sourire moqueur aux lèvres, je lui lançai :
- Tiens, tiens, tiens...Mais qui voilà ! m'exclamai-je froidement. Voici le petit Leroy ! Qu'as-tu fait de si mal pour te retrouver ici bas ?
Finalement, peut-être cela n'allait-il pas être aussi ennuyeux que prévus...
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Mer 30 Mai - 12:31
Une fois la porte ouverte, je me retrouvais devant les deux personnes que j'aimais le plus au monde : Rusard et Leroy. Ah! Quel bonheur ! Quelle joie ! ... Evidemment, ce n'était pas sérieux. Rusard était un sale cracmol sans intérêt, dont le passe-temps consistait à pourrir la vie des élèves qui enfreignaient son stupide règlement, et surtout ceux qui la plupart du temps s'en sortaient indemnes. Ainsi, Rusard avait une dent contre moi, et même tout un dentier, car à chaque fois qu'il essayait de me surprendre sur le fait...il échouait. Cette fois-ci, c'était McGonagall qui m'avait prise au piège en avertissant Dumbledore de mon comportement de plus en plus insupportable. Sentaient-ils tous ce changement, cette transformation qui devenait évidente, et qui faisait de moi une nouvelle personne ? Ou plutôt, une version de moi-même plus perfectionnée ? Le sentaient-ils, dans l'air, dans mon regard, dans mes sourires ? Le directeur semblait l'avoir fait, l'avoir vu. Il savait, et il n'y avait rien d'étonnant au fait qu'il veuille empêcher cela. Comme tant d'autres avant lui, il échouerait. Vaine tentative que d'empêcher à un requin de tuer...un prédateur, reste un prédateur, et au fil du temps, celui-ci réussit toujours à devenir plus efficace. J'étais ce requin : personne ne m'arrêterait.
En entrant, j'avais croisé ce fameux Rusard. Et alors, j'avais réalisé en quelle compagnie j'allais devoir accomplir "ma corvée". Leroy. Quel triste hasard l'amenait sur ma route...? Rusard l'avait-il enfin attrapé, pendant ses charmantes petites virées dans les couloirs de l'école une fois la nuit tombée ? Je souris, moqueuse, méprisante. Moi et Leroy...c'était compliqué. Il avait été ce que je suis, j'ai été ce qu'il est à présent. Comme si nos places s'étaient échangées, et que nous jouions le rôle de l'autre, destinés à éternellement s'opposer par nos choix et nos idées. C'était étrange de constater qu'à présent que j'avais atteint la même passion pour la Magie Noire, le goût du sang, et de la destruction, qu'il avait pu avoir, lui...à l'inverse se transformait de plus en plus en un ennemi. Un ennemi ? Pas tout à fait. J'étais persuadée, au fond de moi, qu'il restait encore des restes de l'ancien Leroy, et c'était ce Leroy là qui m'intéressait pour des projets à venir...
- Gaël… Ravi de te retrouver. Crois-le ou non, pour une fois, je ne faisais rien de mal, mais notre cher Cracmol de concierge a décidé que je ne pouvais que mentir et a donc agi en conséquence, dit-il.
Appuyée contre la table, il me regardait avec son sourire ironique, si familier pour moi. A une époque, nous avions été proches, bons camarades, bien que différents, et sans l'avoir jamais dit à quelqu'un, j'avais eu il y a bien longtemps des sentiments à son égard, balayaient par le temps et les changements. Une simple attirance d'une adolescente qui se cherchait pour un homme qui représentait beaucoup de choses. Je pouvais l'associer à beaucoup de défauts, mais Leroy avait au moins le mérite d'être très intelligent, et intéressant. Il ferait un allié parfait!
- Oh, comment a-t-il pu remettre ta parole en question ?me moquai-je avec une moue faussement triste, m'avançant vers lui en jetant un oeil à la pièce.
Il allait y avoir du travail...pour les elfes. Hors de question que je touche à une seule assiette sale ! - Je me permets de te retourner la question. Qu’est-ce qui te vaut ces réjouissances ? Quelqu’un aurait-il eu le culot de se plaindre de toi ?poursuivit-il.
Je souris largement, malicieuse.
- Moi et cette chère McGonagall n'avons décidément pas le même humour, expliquai-je simplement.
Du reste, il ne servait à rien de mentir ou d'éviter la question, il était de notoriété publique que moi et les professeurs, en général, n'étions jamais sur la même longueur d'onde. J'avais décidément un problème avec l'autorité : j'avais toujours eu cette envie d'enfreindre les règles, de basculer l'autorité, de la défier. Il n'y avait rien de surprenant qu'on me voyait comme une élève sauvage, impossible à éduquer avec leurs stupides règles...je ne les comprenais pas. Elles ne m'étaient pas familières, pour moi, les seules règles qui existaient ...c'était les miennes et celles qu'on m'avaient inculqué chez moi. Puis, toujours souriant et aussi provocateur, il désigna d'un geste des piles de vaisselles sales, de torchons, et des étagères mal rangées. Je fis une grimace dégoutée. Il fallait vraiment que ces elfes soient plus efficaces ! Qu'est-ce que c'était que ce travail ?!
-Si ça t’intéresse, la pile de casseroles là-bas est pour nous, entre autres choses. Faire la vaisselle, ça ne devrait pas trop te déranger… ? fit-il, moqueur.
Je lui fis un regard lourd de sens. - Te regarder nettoyer tout ça me suffira je pense. Ais-je franchement une tête à faire la vaisselle ?ajoutai-je, outrée.
Derrière ma froideur et ma méchanceté naturelle, il fallait tout de même garder en tête que j'avais été élevée sans avoir à faire une seule tâche ménagère, autrement dit, j'avais été pourrie gâtée, sans pour autant bénéficier d'un traitement de faveur ou d'affection. Egoïste et capricieuse, j'étais une vraie princesse lorsque l'on parlait de faire des choses aussi communes - communes pour les autres, j'entends - . Essayons donc de me mettre un balais entre les mains, autre que pour voler...vous ne serez pas déçu du voyage ! En attendant, j'avais bien l'intention de me croiser les pouces. Aussi, pour appuyer mes dires, je me hissai sur le plan de travail, assise sur le rebord, les jambes dans le vides, se balançant presque innocemment. Un sourire placardé sur le visage. - Alors, tu vas commencer par quoi ? Les assiettes ? Le sol ? Les placards ?lançai-je.
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Sam 2 Juin - 21:21
Leroy n'avait pas tant changer que cela...je n'avais rien remarqué dans son attitude, pour l'instant, qui s'éloigne du souvenir que j'avais de lui. Peut-être, lui manquait-il cette lueur dans ses yeux, cette chose que tous les serpentards - ou presque - avaient ? Je n'aurais su la décrire, ou nommer sa nature précisément, mais il ne l'avait plu. Oh, mais il pouvait toujours la retrouver ! Avec un petit coup de pouce, un retour aux sources...Je comptais bien continuer à espérer qu'il revienne vers ses idéaux d'origines, et je n'avais pas l'habitude d'échouer dans mes projets. Il reviendrait vers ses vrais amis...les siens, ses semblables et ceux avec qui il s’acheminerait vers la Gloire. On disait qu'il avait changé, qu'il avait abandonné la Magie Noire, qu'il s'essayait au Bien. Inutile ! Stupide ! Il perdait son temps, et j'espérais que ce ne soit qu'un désir curieux de savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la barrière qui le poussait à agir ainsi. Espérons...sinon, que pourrait dire ses parents ? Quelle honte ! Pire que Sirius Black ! Ce qui était le plus intriguant dans sa nouvelle façon d'être, c'était la raison...pourquoi ? Cette question me brûlait les lèvres. Je la retins cependant, ce n'était définitivement pas le bon moment.
Aussi, j'adoptai un air méprisant mais moqueur. Il y avait toujours eu une bonne entente entre nous, et si lui et Rabastan n'avaient plus de bons rapports, je gardais moi...un mince espoir. C'était presque un défi en réalité : comment le faire changer d'avis ? Lui montrer qu'il fait fausse route ? Qu'il a tort ? Voilà la vraie question : comment ! Et du coup, le pourquoi importait peu. J'avais surtout confiance en ses instincts naturels de sang-pur. Il était né avec, ce n'était pas comme d'autres traitres. Leroy avait du talent en Magie Noire, il savait être doué dans bien des domaines qu'avant il consacrait à la destruction des races inférieures. A quoi ces talents allaient-ils lui servirent à présent ? A rien ! Pardi !
Comme en réponse à ma réplique, Leroy fit une moue innocente. Ah ! Quel ange lorsqu'il s'y mettait, presque aussi convaincant que moi..!
- Je me demande bien comment, en effet. Je suis d’une sincérité à toute épreuve, pourtant. Ce manque de confiance me peine vraiment, fit-il.
Je fis un large sourire, amusée. Mais bien sûr ! Comment ne pas le croire ! Je comprenais parfaitement Rusard, Leroy avait peut être une gueule d'ange, mais il restait un petit désobéissant...tout comme moi.
- Comme je te comprends, la confiance est fugace ces temps-ci...surtout avec ces changements d'attitude si répétés...
Moi ? Faire des sous-entendus ? Jamais ! Quelle drôle d'idée ! Mais cela restait bon enfant, et largement détaché. Aucune prise de bec, je jouais la carte de l'humour, c'était la meilleure façon de communiquer avec lui de toute façon. Il ne fallait jamais convaincre quelqu'un avec des menaces et des cris, ça ne marchait guère et encore moins avec lui, et je savais qu'il valait mieux amener le sujet petit à petit...implicitement. Il s'enquit alors également de la raison de ma venue ici. Ah tiens ! Etonnant qu'il veuille savoir ... ! Toujours aussi curieux : au moins, ça, ça n'avait pas changé. Je lui répondis simplement que cette satané prof de métamorphose n'avait pas le même humour que moi. Je restais évasive, mais après tout il n'y avait rien à dire de plus. Ca résumait bien la situation, et mon état d'esprit.
- Cette vieille chouette ?! Encore faudrait-il qu’elle ait un tant soit peu d’humour…Elle ne s’est pas rendu compte qu’on avait changé de siècle depuis presque quatre-vingts ans. Enfin, j’imagine que tout le monde ne peut pas être à la fois doué dans son domaine et avoir de l’humour.
Je souris encore. Leroy avait toujours été amusant, et je me rendis compte à quel point cette légèreté avait pu me manquer. Je regardai autour de moi, tout en lui jetant des regards amusés.
- Je suis presque sûr que ces rides sont là depuis qu'elle est née ! renchéris-je. Du reste, c'est drôle la façon dont tu soulignes sa seule qualité...l'admirais-tu par hasard ?
Il fallait bien que je saches si ses valeurs avaient changées, si comme on le chuchotait dans les dortoirs des filles, et dans la salle commune des serpentards que Leroy avait changé "de bord". Je voulais l'entendre, le constater...jusque là, on me l'avait répété, je voulais voir sa réaction face aux elfes surtout. Il n'avait pas l'air emballé, c'était déjà bon signe ! Tout comme moi, aider les elfes dans leurs tâches ménagères ne faisait définitivement pas parti de ses projets...comme c'était étonnant venant de notre part ! Nous avions été élevés comme des "princes/princesses", et il n'était pas dans notre nature de nous charger de corvées si peu reluisantes. Assise sur le plan de travail, je lui dis donc bien comprendre que je n'avais pas plus l'intention que lui de faire ce qu'on me demandait.
- Mmm…Ce n’est pas parfait, mais ça devrait faire l’affaire, à mon avis. Tu as plus la tête de l’emploi que moi, déjà. Et je suis sûr qu’avec un tablier, tu deviendras le portrait de la parfaite ménagère. Juste une précision, ce n’est pas en t’asseyant sur le plan de travail que tu en enlèveras la poussière, il y a des moyens plus efficaces, fit-il.
Je ris légèrement, mais ce fut un rire jaune, légèrement tendu à cause de sa petite pic ironique. Je lui adressai un sourire narquois.
- Tu as vu ta tête ? J'ai mis un moment à te reconnaître, tellement tu ressembles à ces petites vermines ! Allons Leroy, faut te reprendre ! Etre gentil ne te va pas au teint décidément ! Tu as l'air d'un cadavre ambulant ! On pourrait tout aussi bien te confondre avec un torchon ! En parlant de ça...ils sont juste à ta gauche au cas où tu aurais une folle et irrépressible envie de les laver ...! J'avais insisté expressément sur le "irrépressible", pour me moquer de lui, et autant pour me venger de ses dernières paroles. Je n'aimais guère que l'on me prête un physique de ménagère! Et même si c'était dit sur le ton de la plaisanterie. A trop plaisanter, on finissait par être sérieux! C'était le danger qu'il y avait entre nous deux. Le ton de la conversation était léger, amusé, mais il suffirait d'une petite étincelle pour tout faire flamber. Nous nous cherchions, nous testons...pour voir les réactions de l'autre, et ainsi aviser en fonction de celles-ci. En outre, il s'était avancé vers moi comme pour mieux me scruter, et je lui avais adressé un sourire amusé, levant un sourcil provocateur, mes jambes se balançant tranquillement dans le vide. Je lui demandais par la suite par quoi il voulait commencer...évidemment, je parlais de lui, pas de moi !
- Je te laisse le choix de ce que tu veux faire. Si jamais tu as besoin d’aide, demande gentiment et je verrai ce que je peux faire pour toi, répondit-il.
Puis se recula, et il faisait bien car je lui lançai un vieux torchon posé là. Je ratai ma cible, puisqu'il avait bougé trop vite pour rejoindre les tables où d'innombrables plats sales nous attendaient...vainement.
- Navré mais je suis certaine que tu te débrouilleras mieux sans mon aide royale. Je ne toucherais pas une seule de ces assiettes, que ça leur plaise, ou non...dis-je en lançant un regard noir et méprisant envers les elfes qui avaient entendus notre conversation.
Au moins c'était clair : ils savaient qu'ils pourraient aller se faire voir avec leur vaisselle ! Fier de lui, car il m'avait passablement contrarié, il se servit un jus de citrouille et une part de gateau au chocolat, comme s'il était chez lui. Après tout : nous étions chez nous !
-Je te sers quelque chose pour te mettre du cœur à l’ouvrage ? proposa-t-il.
Je levai les yeux au ciel. Qu'il rêve ! Je ne ferais rien ! Je fis une moue taquine.
- Hm...je voudrais bien une part de gâteau, ...et j'imagine qu'il n'y a pas d'alcool ici...dommage, du jus de citrouille suffira...! fis-je comme une princesse capricieuse - que j'étais...- . puis je soupirai en étendant mes bras devant moi comme pour m'étirer - ...Pourrais-tu amener tout cela jusqu'à moi, mes jambes sont terriblement fatiguées de marcher avec ces talons et je suis trop bien ici pour abandonner ma place...au moins, de là où je suis je pourrais mieux te regarder te mettre au travail !
Je n'allais pas le faire, il n'allait pas le faire ; c'était à celui qui craquerait le premier. Nous risquions d'énerver d'autant plus Rusard, mais peu importait après tout ... l'égo était plus gros que la crainte d'une nouvelle sanction !
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Mar 5 Juin - 21:14
Nous pouvions nous accorder sur un point au moins : le changement, à Poudlard, était fréquent. C'est à se demander s'il était inscrit dans chacun de nos pas, comme si c'était écrit, comme si nous en étions imprégné dès la naissance. Certains disent "Nôtre voie est écrite, nous la suivons à la lettre, quoiqu'il se passe, nous sommes toujours ramené à accomplir notre propre destin" . Est-ce vrai ? N'étions-nous simplement que des acteurs, des personnages inventés par Morgane et Merlin eux-même, pour jouer une grande Comédie dont le script était écrit depuis notre naissance, et bien avant ? Je veux dire : Morgane s'ennuyait et elle a donc décidé de créer une Gaël Dunkan ? Ou une Narcissa Black ? Merlin de son côté : "tiens, je vais me faire une tisane, et créer un Remus Lupin!..à moins que je commence par un James Potter!". Suivaient-ils alors une recette pour faire en sorte que nos parents, enfin surtout nos mères, tombent enceintes au bon moment, et de la bonne façon ? Et que c'étaient-ils dit pour nous ? "Hm...Leroy ne me plait pas, tu me l'échanges contre Gael ? Donnant-donnant! Faut équilibrer!" Ca aurait expliqué bien des choses, et ainsi nous aurait déchargé de toute responsabilité : facile de dire " Ah c'est pas moi, c'est nos dieux supérieurs - si tant est qu'ils existent - qui ont voulu ça !" . Sauf que voilà, la réalité c'était pas ça ! J'étais de ceux qui pensent que nous ne naissions ni bons, ni mauvais, et que sans parler de l'influence de notre éducation ou de notre environnement - car certains pouvaient résister à ces influences - nous pouvions choisir notre voie. Trouver un chemin qui nous correspond. Mais voilà, la Vie...cette garce !...vous embrouillait sans cesse l'esprit avec des tentations multiples et variées, pour vous éloigner de votre point d'arrivé, et une fois que vous avez changé de chemin....impossible de revenir en arrière. Vous êtes piégés, envoûté par la tentation de nouvelles possibilités, d'un autre...vous-même. En cela, moi et Leroy avions fait nos preuves : nous avions changé de chemin, prit une autre route, cédé au changement. Bien qu'en fait : nous avions choisi de changer, de notre propre grès, et avec des efforts en plus.
On aurait pu croire que ce point commun me rende plus souple face à l'attitude de Leroy : grave erreur. Ce n'était pas parce que nous avions changé qu'il fallait que nous discutions de nos propres expériences autour d'un jus de citrouille ! Il était de l'autre côté de la barrière maintenant, et même si je gardais espoir qu'il change et saute par dessus pour nous rejoindre, je n'oubliais pas quel choix il avait fait. Ca non, c'était même tout le contraire! Je n'étais pas assez stupide cependant pour l'insulter ; autant être légers et ironiques, le message passait tout aussi bien. Et d'ailleurs, il avait parfaitement compris mon sous-entendu.
- Tu as bien raison ; quelle que soit leur maison, les gens peuvent être de vraies girouettes…On se demande bien pourquoi parfois, tu ne trouves pas ? fit-il.
J'eus un sourire en coin, mes ongles tapant sur le rebord du plan de travail. Je le fixai, et malgré la distance je pouvais parfaitement me concentrer sur ces yeux profonds, après un léger instant de silence, et comme en pleine réflexion, munie d'une douceur peu commune chez moi, je répondis d'une voix pensive.
- Parfois, il y a des circonstances qui nous y obligent, dis-je simplement.
Et cela ne relevait pas de l'inconscient si j'avais utilisé le "nous". J'aurais pu prendre de la distance en parlant d'autres personnes, ou continuer à faire comme s'il ne s'agissait pas de nous deux, mais puisque tout était clair...puisqu'il n'y avait pas besoin de faire semblant, pourquoi pas ? Oui...pourquoi pas utiliser cette méthode ? Dans ma tête, une lumière s'alluma et si je n'avais pas été trop occupée avec avoir le visage grave et concentré, j'aurais souris, malicieuse.
L'atmosphère continua d'être légère avec le sujet " McGo". Je souris, me détendant en interrompant notre contact visuel. Lui, souriait, moqueur.
- Attends ! Tu crois sérieusement qu'elle a été jeune un jour ?! Ce truc doit être né avec la peau d'une momie cramée, et un ventre aussi flasque qu'une mémé ! On dirait ma tante...en plus ratatinée ! rétorquai-je en souriant.
Je ne pus m'empêcher de rire, et en fait c'était un vrai rire. Etrange...
- L’admirer n’est peut-être pas le mot qui convient, mais je l’apprécie en tant que professeur et lui reconnais un certain talent, c’est vrai. Tu ne peux pas lui nier cela, même si tu ne partages pas vraiment ses convictions, fit-il.
Je haussai les épaules, indifférente. Mais j'avais faillis grincer des dents en entendant " pas vraiment ses convictions". Je ne partageai pas ses convictions ! Point final ! Pas de besoin de "pas vraiment", ou quoique ce soit qui fusse utile pour nuancer la chose. Lui aussi, par ailleurs, avait bien choisi ses mots...comme pour nous démarquer l'un de l'autre. Tant mieux. C'était le cas.
- Effectivement, elle a son utilité, mais elle et moi ne sommes définitivement pas du même monde! renchéris-je, hautaine.
Lui et moi avions été du même monde, du reste il restait un sang-pur malgré son choix...mais rien ne pardonnait son changement d'attitude. Ma curiosité, cependant, me poussait à vouloir savoir pourquoi. Du reste, la comparaison que je lui offrit l'amusa certainement en surface, mais je savais que je l'avais bien piqué. Touché !
- Tu es certaine que tu es en forme, Gaël ? Ou que personne ne t’a jeté un sort d’aveuglement ? Non, parce que là, je me pose des questions… Peut-être que t’intéresser davantage à ces elfes et les aider dans leur travail t’aiderait à revenir à la réalité, en te rappelant que je n’ai rien à voir avec eux ? Et vu que tu ramènes tout au ménage, que ce soit par les elfes ou les torchons, je suis sûr que c’est parce qu’au fond de toi, tu meurs d’envie de le faire. Ne résiste pas…tu as le champ libre pour exprimer tes pulsions ménagères. Je m’en voudrais de te priver de ce plaisir. rétorqua-t-il.
Mes lèvres s'étirèrent en un drôle de sourire, ma langue claqua entre mes dents, et mes ongles se resserrèrent sur le rebord du plan de travail. Hm...Leroy venait de me donner une idée. Je ne répondis cependant rien. En lui jetant le torchon fasse à sa remarque, il sourit, amusé.
- Il t’a échappé des mains ? Sois moins maladroite, il y a de la vaisselle par ici, fit-il.
J'eus un geste vague dans l'air.
- Oh ! Je t'atteindrai la prochaine fois ! lançai-je avec un sourire.
Et il ne savait pas à quel point j'avais raison : je finirais pas l'atteindre, profondément, et pas physiquement parlant, oh non, je parlais de saisir à pleine mains sa petite âme et de la retourner contre lui. Le pouvoir de la tentation, lui faire comprendre que redevenir lui-même est la seule chose qu'il attend...
Mais je restais ensuite silencieuse, attendant ses prochaines répliques, ainsi qu'un service digne de ce nom, qu'hélas il ne m'offrit pas !
- Désolé, pas d’alcool en effet. L’offre de boissons laisse à désirer mais tu peux toujours écrire une lettre de réclamation au directeur.
Je souris à sa remarque, et le regardai donner mon verre et mon assiette à un elfe auquel je ne daignai même pas lancer un regard. Je fixai Leroy avec un sourire mi-pensif, mi-amusé, comme si je réfléchissais. L'elfe m'apporte tout cela, et je le prit dans mes mains, pour finalement le reposer sur le plan de travail. J'en descendis d'ailleurs, lançant un regard moqueur à Leroy lorsqu'il me dit " A ta santé!" et retint l'elfe d'une main que je plaçai devant lui. Pas question de toucher cette vermine ! D'une voix mielleuse, je m'adressai à lui.
- Pas si vite toi, reste près de moi, lui dis-je en me baissant pour être à sa hauteur, et prenant mon assiette et mon verre. Je n'ai pas très faim figures-toi, et si tu mangeais ma part de gâteau ? Hm ? Ca te plairait ? - avec un sourire digne du Malin lui-même, je lui tendis l'assiette avec la délicieuse part de gâteau, tentatrice - Regarde...elle n'attend plus qu'à être mangée. Tu ne vas pas refuser quand même...
L'elfe n'osait plus me regarder dans les yeux, il balbutiait, sans pouvoir détacher ses yeux du gâteau. Je souris largement.
- J...je...Alban n'a pas le droit de...de manger ça, c'est pour vous Madame, réussit-il à dire.
Je fis une moue faussement attendrie, mais qui aurait paru vraie pour n'importe qui d'autre.
- Oh ! Comme c'est mignon! Dis-moi Alban, c'est ainsi que tu t'appeles n'est-ce pas? ...Si je te demande de manger ce gâteau, alors tu ne fais qu'obéir aux ordres n'est-ce pas ? Qui pourrait te le reprocher voyons ! Hm ? - vu qu'il ne répondait rien, perdu, je fis une mine boudeuse et déçue - A moins évidemment que tu refuses, auquel cas je serais forcée de penser que tu ne veux pas me faire plaisir....
A ses mots, il se réveilla, dit qu'il souhaiterait plus que tout me faire plaisir, et avec un sourire amical et tendre je lui tendis l'assiette. Comme hypnotisé par le gâteau qui paraissait délicieux, il avança ses mains et prit la part entre ses doigts boudinés et affreux. Je retins un relan de dégoût, affichait une figure parfaitement joyeuse et amicale, douce. Il semblait tellement content, et honoré qu'il dégusta le gâteau rapidement et sans cacher sa joie. Seulement...voilà...je ne faisais pas ça pour rien. Dès qu'il eût finit, je lui proposais mon verre. Leroy ne devait rien comprendre à mon manège...mais qu'importait!
- Tiens, bois mon cher, il faut bien faire passer tout ça, n'est-ce pas ? lui dis-je.
Il but. Et tout commença à devenir plus...claire. L'elfe s'étouffa quelques instants, devint vert, bleu, orange, sembla pour résumer faire toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, pour finalement tomber par terre, en se tenant la gorge. Il tendit une main vers moi comme si j'allais l'aider. J'éclatai de rire, à n'en pouvant plus finir. Et lui adressai un signe de la main pour lui dire "au revoir" en riant aux éclats. Sur le sol, il paraissaient encore plus misérable. D'autres elfes voulurent lui venir en aide, mais je leur adressai un regard tellement noir qu'ils restèrent quelques mètres plus loin.
- Pas d'inquiétudes voyons, je ne suis pas si mauvaise, il suffit d'un léger lavage pour faire disparaître tout cela ! dis-je en sortant ma baguette en souriant largement.
Je voulus lancer un "récurvite", mais sans faire exprès - mais bien sûr ! - je lui lançai un crache limaces. Faussement contrite, je fis comme si j'étais gênée.
- Oh, navré ! Quelle idiote ! Je me suis trompée ! Attendez...qu'est-ce que c'était déjà ?
Posant un doigt sur mon menton, tandis que l'elfe s'étouffait par terre dans des gargouillis funestes et pourtant si drôles, je pris le temps de réfléchir ...Je me tournai vers Leroy.
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Dim 17 Juin - 12:37
Leroy était définitivement sur la corde raide. Avait-il réellement changé ? Je craignais d'entrevoir la réponse, au fil de cet entretien. Cette réponse que j'avais pourtant voulus connaître, que j'avais poussé à apparaître. Aurais-je du garder ma curiosité pour moi, laisser d'autres se préoccuper de cela ? Il me semblait que je devais au moins ça à notre ancienne amitié. Il semblait, qu'à travers les changements qui nous séparaient à présents l'un de l'autre, un poison s'infiltrait : drôle de mélange entre haine et déception. Et ce fut ses paroles qui me firent tiquer. Il parlait de volonté, d'intelligence...mais il ne savait rien de mon choix, ou devrais-je dire de mes choix ? J'en avais fais plusieurs, au fil du temps, au grè de mes besoins, de mes envies. Les circonstances ? Elles dégageaient du brouillard des possibilités jusque-là inconnues, de nouveaux chemins, de nouveaux dilemmes. Faire un choix n'était en réalité par le plus difficile : s'y tenir et l'assumer relevait d'une force et d'une volonté à toute épreuve. Il avait raison sur ce sujet : mais tort sur l'importance que prenait l'environnement qui vous entourait, les circonstances vous donnaient la force de prendre de nouvelles décisions. Elles ne vous y forçaient pas. Vous pressaient, tout au plus, à faire un choix qui aurait du être fait depuis longtemps. J'aurais pu tout arrêter, j'aurais pu tourner le dos à ce que j'avais construit, à ce que j'étais devenue et trouver refuge de l'autre côté : si toutefois cela avait été possible. Mais la question ne s'était même pas posée : d'autres choses avaient été prises en compte...des personnes auxquelles je tenais...des valeurs qui à présent me collaient à la peau...une identité, une personnalité qui avait opérait comme un poison, qui m'avait fait oublié la Gaël que j'avais été...et qui au final, n'avait rien laissé d'autre que mon choix. Et je ne regrettais rien, avait même oublié mes hésitations, mes doutes, mes faiblesses...Je n'y pensais même plus : à cette fille que j'avais été...me contentait d'ignorer les souvenirs que je méprisais à présent.
Je ne répondis rien à Leroy, et lui fit un sourire narquois. S'en suivit une idée des plus inspirées selon moi. Juste pour le tester, pour lui tendre une perche, voir s'il saisirait l'occasion de me prouver qu'il était encore des nôtres, qu'il partageait toujours nos valeurs ; je m'en prenais à l'elfe : parfait représentant de notre pouvoir maintenu sur les créatures impures et répugnantes qu'ils étaient. Nos serviteurs...si dévoués. J'eus un rire méprisant. Et heureusement qu'ils nous servaient ! A quoi bon pourraient-ils servir sinon ? A rien ! Ils n'étaient capables de rien d'autre que d'obéir ! Tant mieux. Le regardant s'étouffer, passer d'une couleur à l'autre avec son regard suppliant, et désespéré que j'observais avec froideur et indifférence, je tournai mon regard vers Leroy, faisant comme si je cherchais la formule pour sauver le ridicule elfe. Il était évident que je ne le ferais pas. Il le savait ; tous les elfes dans la pièce le savaient. Et ils ne pouvaient intervenir, de peur de subir le même sort, d'enfreindre les ordres. Et déjà notre discussion à propos de McGo' me semblait loin derrière, et tellement insignifiante... Je préférais largement passer à la vitesse supérieur.
Pour l'heure, Leroy tuait les quelques sentiments d'affection qu'il me restait à son égard. Notre amitié, mourante, venait de rendre son dernier souffle. Et en reculant, comme frappée directement à la poitrine, je le vis se pencher sur l'elfe. Mes yeux n'en revinrent pas : Leroy avait mis un point d'honneur à nous différencier. Le sort d'un stupide elfe lui tenait à coeur : il n'avait tout simplement pas pu le laisser s'étouffer tout seul. Et sous mon regard qui peu à peu rétrécissait pour que mes pupilles ne forme que deux fentes hargneuses, il défit le sortilège. L'elfe resta à terre, mais ce n'était déjà plus lui le problème...Leroy se releva, protégeant la créature en se mettant devant lui...comment pouvait-il ? Comment osait-il ?! Le venin me vint rapidement aux lèvres, prêt à sortir, et à l'empoisonner. La rage circula d'un seul coup dans mes veines, propulsée par mon coeur dans chaque partie de mon corps.
- Folle ? répétai-je, acide, les poings serrés et les yeux sombres, furibards. Te moquerais-tu de moi Leroy ! Sauver un elfe, crachai-je. En voilà un acte digne d'un fou ! Tu fais honte à ta famille, à tes amis, à tes valeurs ! Et pour quoi ....?! Une conscience ? Le...BIEN ? - ma voix montait d'un cran tout comme mon dégoût - C'est de ça dont il s'agit Leroy ? Etre bon ? C'est ton nouveau passe-temps ? Combien d'hommes, et de femmes sur ton arbre généalogique se sont battus pour nos valeurs ? Et combien d'entre eux auraient-ils hontes de ce que tu deviens Leroy !! Combien ?! ....Tous ! Tous ! Pas un seul en serait fier. Mais dis-moi, je suis certaine que dans l'autre camp, tu as des amis, des alliés, une nouvelle famille capable de t'aider et de te soutenir...! N'est-ce pas ? Qui as-tu là bas ? - je m'approchai de lui, pas par pas, une goutte de venin en plus, je ne m'étais jamais sentie aussi mauvaise - Personne....-soufflai-je arrivée juste devant lui à quelques centimètres de son visage - Personne...
Une grimace de dégoût déforma mon visage, et mon regard dévia une demi-seconde sur l'elfe. Un sifflement venimeux et écœuré me vint. - Tu n'es qu'un pauvre fou Leroy...crachai-je à demi-voix. Un imbécile. Pas mieux qu'eux - dis-je en montrant les elfes qui nous entouraient d'un geste méprisant -..... Un sale traitre...Mais grand bien te fasse ! Je saurais m'en remettre. Je perd un ami, mais je gagne un ennemi. Drôle de compromis, n'est-ce pas ? ... j'espère que tu as un sacré plan Leroy...un sacré plan...car tu ne trouveras aucun refuge chez nous...
L'espoir que j'avais conservé s'était envolé, disparu. Hop ! En un claquement de doigt, il avait su me prouver que son changement avait pris des proportions si grandes que mêmes ses valeurs en avaient été touchées. J'avais crus, jusque-là, qu'il était simplement las de nos semblables, et qu'il voulait tenter autre chose simplement par curiosité...et encore, était-ce pardonnable ?... Cela suffisait pour certains à condamner Leroy. Mais moi...condamner mon propre ami ? Je n'aurais pu. Je le faisais pourtant. Mais il savait pourquoi, il l'avait cherché. C'était sa faute. Je m'éloignai de lui, et sortis de ma poche un petit flacon que je montrai à Leroy, avec un sourire mauvais.
- Ce n'est pas parce que je sèche les cours et que j'arrive en retard, que je ne suis pas une bonne élève. Vois-tu, nous avons un point commun encore Leroy... La réserve de Poudlard offre des ouvrages très intéressantes, et je ne parle pas de Magie Blanche...Il ne m'a fallu que très peu de temps pour préparer cette potion et à vrai dire elle ne lui était pas destiné, mais puisque l'occasion s'est présentée...- j'eus un rire léger - ...et dire que tu n'as rien vu ! Morgane ! Est-ce ton changement récent qui t'as rendu si peu prudent ?
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Mar 26 Juin - 17:41
Je n'arrivais pas à croire qu'il s'était laissé piéger aussi facilement. Leroy...si malin d'habitude, si réfléchit et droit. Un exemple d'intelligence, et voilà qu'il mettait ses qualités au service du "Bien". Ca avait le don de me mettre les nerfs en boule, de plus qu'il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait, et qu'il n'y avait, semblait-il, rien qui puisse le faire changer d'avis. Il était déjà trop tard pour le hisser jusqu'à nous, tant il s'acharnait à vouloir tomber aussi bas que ceux qu'il rejoignait. Et il en était fier : c'était ça le pire. En plus de se débarrasser de notre estime, de notre confiance et de notre soutien, il clamait être passé de l'autre côté, comme si cela était un exploit, une chose bien. Mais c'était un débat courus d'avance, nous n'avions déjà plus la même conception du bien et du mal. J'aurais voulus le prendre par les épaules et le secouer pour lui remettre les idées en place, lui faire comprendre à quel point il nous avait tous trahis, et comme j'étais déçue, blessée par son changement, son choix qui nous éloignait définitivement l'un de l'autre. Mais ça aurait été admettre que ça me touchait. Et j'étais trop fière pour ça.
En tout cas, ce que je venais d'énoncer l'avait touché, lui. A quoi s'attendait-il ? Que croyait-il que j'allais dire ? " Félicitations, bonne chance avec ton nouveau camp et bonne continuation!" ? Qu'il rêve ! Comme si j'allais le féliciter ou l'aider! Alors il pouvait bien être blessé, il ne l'était sûrement pas plus que moi. Il avait été mon ami, et jusqu'à ce soir j'avais cru pouvoir lui faire retrouver ses anciennes habitudes, lui montrer qu'il avait juste fait une erreur de parcours et qu'il devait revenir.... tu parles ! Il préférait largement ses nouveaux amis, et ses nouvelles "valeurs". Quel traitre !
Et le voilà - après un instant de stupeur, de surprise que j'avais lu dans ses yeux, tandis qu'il palissait à vue d'oeil - qui reprenait son air moqueur et ses sarcasmes. Pathétique. Je n'y répondis que par un regard noir. Je savais qu'il allait contre attaquer dans quelques secondes, juste pour lui le temps de prendre un air sérieux, et de plonger ses yeux dans les miens. Nos regards s'accrochèrent, mais je détournai le mien aussitôt. Toute cette constatation à propos de son changement, de son choix, m'écoeurait violemment.
- Oh, navré de ne pas avoir compris plus tôt ! Non, définitivement je ne sais pas pourquoi on a été amis ! Tu es complètement différent du Leroy dont j'avais entièrement confiance - confiance que tu as trahis avec fierté en plus ! . Mais bon sang ! Ne vois-tu pas l'erreur que tu es en train de commettre ? ! Et puis quoi ...? Tu en as eu marre de nos habitudes, alors tu as décidé d'en changer ? C'est aussi stupide que ça ? Et quand bien même tu n'étais plus en accord avec nos valeurs, ou nos méthodes, ou que sais-je ?!, ...est-ce qu'on méritait ça ? Est-ce qu'on t'a une seule fois laissé derrière, humilié ou fait du mal ? Qu'est-ce qui t'as donné cette envie soudaine de changer de vie hein ? Ca a été quoi le déclic ? Tu t'es levé un matin en te disant " Hé ! Et si je trahissais ma famille et mes amis, qui croient en moi et qui m'adorent, pour passer dans le camp adverse ? Oh, oui super cool comme idée ! Et si je me faisais du thé dans la foulée !!" . Et puis qu'est-ce que tu veux que ça me foutes d'avoir une conscience ?! Comme si j'en avais besoin, et ne me dis pas que tu en avais une avant parce que je me souviens parfaitement de ce que tu étais capable de faire toi aussi ! Il ne tarda pas à poursuivre, et ce que j'entendis ne m'aida pas à calmer mon humeur. Bien au contraire, il réussit à enflammer d'avantage encore mes nerfs déjà mis à vifs, et je ne pus contenir la gifle qui me titillait la main depuis le début de cette conversation. Ma main se plaqua aussitôt sur sa joue avec rage., la peau claqua, le bruit se répercuta dans l'air. Je me rapprochai de lui, plus hargneuse encore, et pris son menton entre ma main, mes ongles se plantant dans la peau de son visage.
- Il n'y a jamais eu d'autre Gaël, crachai-je. Jamais. Compris ?
Je ne voulais même pas me souvenir de ça. Y penser. Depuis mon altercation avec Rabastan, où j'avais du faire un choix définitif pour moi-même, je m'étais appliquée à réaliser mes bonnes résolutions. Enfin, quand je disais "bonnes", c'était plutôt mauvaises. Et je m'étais décidée à oublier cette part de ma vie : l'ancienne "moi", n'était plus. Et n'avais jamais existé! Elle n'était plus qu'un drôle de souvenir vague et flou, qui ressemblait plus à un vilain cauchemar à présent. Quant au fait que j'étais heureuse ou non, la question m'avait toujours paru étrange. Pourtant, je pensais à présent que la chose était clairement énoncée, que je l'étais. Heureuse. Enfin, mise à part cette altercation avec un ancien ami/nouvel ennemi, tout allait bien. Certes, je me battais à nouveau avec Rabastan, mais cette Guerre prendrait fin dès qu'il aurait admis qu'il a eu tort de me traiter ainsi, ou...autre possibilité...qu'il perde malencontreusement. Je ne savais pas quelle option était la plus improbable... autant dire que je pouvais attendre longtemps. Mais je n'abandonnerai pas. J'étais décidée à gagner. Je n'avais rien à me reprocher...cette fois-ci! Sans parler de la Guerre du Trône qui était toujours ouverte entre moi et Ivana... oui, ma vie était un océan de bonheur. Et le pire, c'était que je n'étais pas sûr que ce soit ironique. J'aimais les affrontements, les bagarres où tous les coups sont permis, alors j'étais dans mon élément. Le seul truc qui me blessait c'était le triste constat d'une trahison. Mais je pouvais toujours compter sur les miens, Narcissa, Rabastan, mon frère - dans ses bons jours - et.... d'autres! Les noms ne me venaient pas tout de suite, mais il y en avait d'autres ! Oh, et puis quoi ? Les gens comme moi ne s'intéressent pas au fait d'avoir des amis tous mignons tous gentils. Tant qu'ils ont du soutien, des alliés, des gens qui partagent leur propre conception des relations. Donnant- donnant. Voilà une formule qui me parlait ! Même s'il existait des relations qui étaient plus profondes ; il était largement préférable de ne pas trop s'impliquer avec les autres, par pur esprit de méfiance, pour prévenir d'une future déception. Ce que Leroy était précisément en train de me faire ressentir...
- Et puis qu'est-ce que ça peut te foutre que je sois heureuse ou non ? Je t'ai pas beaucoup vu te questionner sur le sujet ces derniers temps ! Je me trompe ? .... - je reculai, dégoûtée par notre proximité - ... Je te considérais comme un ami Leroy. Pire que ça...je t'admirais. Tu avais de la valeur, j'enviais tes connaissances, et ta force d'esprit. Et regarde ce que tu en fais ! De nous deux, celui qui fait pitié... c'est toi ! Pas moi ; que je saches, j'ai toujours une famille, et pas d'inquiétudes...tu sais Leroy, on s'occupe très bien de moi là bas. Alors que toi...tu peux compter sur personne. Ah non pardon ! Tu as très "valeurs plus importantes" pour te tenir chaud le soir j'imagine ! Elles te chantent une berceuse avant de t'endormir ? ! raillai-je, acide. Tu sais Leroy....ils t'accueilleront pas les bras ouverts. Ils clament peut être l'importance de la tolérance, mais quand il s'agit de gens comme nous, étrangement...leur tolérance, ils se la mettent où je pense !
Il avait du le remarquer ; ce n'était pas parce qu'il avait changé du tout au tout, que les autres allaient l'accueillir parmi eux. Il restait un ancien ennemie à leurs yeux, et ça ne changerait pas avant un moment. Ce qui m'inquiétait, c'était qu'il réussisse dans ses projets. Vouloir changer, c'était une chose. Y arriver, en était une autre. Pouvait-il réellement renier ce qu'il avait été si facilement ? Oui. Oui, il pouvait. N'en étais-je pas la preuve ? Mon choix avait été différent, à son inverse. Mais j'y étais arrivée, à force de marteler mon esprit, d'enfouir ce que j'avais été, ... j'avais finis par tuer cette partie faible de moi. Lorsque je m'étais décidée à lui révéler la manière dont j'avais empoisonner l'elfe, ce qui était relativement lié à la raison qui l'avait condamné à séjourner une soirée dans les cuisines...avec moi. La Réserve de la Bibliothèque de l'école : des tas de livres interdits aux élèves, Magie Noire, Blanche, et tant d'autres formes de magie que l'on était pas censé apprendre. Un point commun : oui, nous allions tous les deux sans problèmes - enfin, à part ce soir pour lui - dans la Réserve pour se donner les moyens de nos ambitions. En m'écoutant, Leroy sembla s'animer à nouveau de rage, et sa colère me parut d'autant plus évident. Tss....ma mâchoire se contracta sous ses insultes, ma langue claqua contre mon palet, et j'eus vraiment envie de le gifler une seconde fois, juste pour défouler mes nerfs, à défaut de lui jeter des sorts en présence de témoins. Rester calme, ne pas s'emporter et commettre d'actes irréfléchis. J'avais suffisamment de plaintes de professeurs et de membres du personnels de Poudlard, et puis... au fond, peut-être que mon affection à son égard - même bouleversée par son attitude - était toujours là...quelque part. Ma main me titilla, et l'envie de saisir ma baguette me passa par l'esprit plusieurs fois. Un léger silence après sa déclaration. Juste assez pour montrer à quel point mon dilemme était important. Au final, je mis ma rage de côté et fis un sourire glacial.
- Garde ta "pitié" pour toi : j'en ai pas besoin ! Du reste, je vois pas l'utilité de me justifier, j'ai pas à le faire. Moi, j'ai fais mon choix y a un moment, et je le regrette pas. Toi, tu as juste fais le mauvais. Pathétique. Et tu te dis intelligent ! Pitoyable te conviendrais mieux !
Je n'avais même plus envie de lui parler tant sa présence m'indisposait à présent. La trahison était plus douloureuse que je ne voulais bien l'avouer, et le simple fait qu'il n'ait pas pensé ne serait-ce qu'une minute, à m'en parler me vexait plus que de raison. Quand bien même je me serais énervée, il aurait du me parler de ses projets, nous étions amis non ? Mais nos routes s'étaient définitivement séparées. Il en était le seul responsable. Son sourire moqueur, et le ton qu'il mettait dans sa voix commençaient sérieusement à m'énerver : il s'en fallait de peu...de tellement peu... mais cela devait être réglé ultérieurement, et beaucoup plus discrètement. Il comprendrait sa douleur. Leroy se tourna alors vers l'elfe, et sous mes yeux surpris et ma mine outrée, il s'excusa soit disant à ma place, me traitant au passage de "gamine inconséquente". Morgane ! Il méritait de se retrouver pendu au lustre de la salle commune des verts ! Il aida l'elfe à se relever, posant ses mains sur l'affreuse créature. J'eus une grimace de dégoût.
- C'est à cause de ton père ?
J'avais jeté cette question comme si ce n'était rien. D'une voix blanche, peu naturelle pour moi et qui résonna étrangement à mes oreilles. Il n'y avait pas de colère, c'était seulement une question, mais la déception pesait, l'amertume aussi. Je voulais savoir.
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Lun 9 Juil - 17:49
Lorsque j'avais vu Leroy dans les cuisines ce soir-là, et que j'avais su que nous allions passer cette heure de retenue ensemble, je m'étais dit que j'allais forcément trouver un moyen de le convaincre de changer d'avis. Hélas pour moi, j'avais complètement sous-estimé l'argumentation qu'il pourrait apporter à son choix, aussi stupide soit-il. Tout simplement , car je ne pensais pas qu'il puisse avoir de raisons valables, excepté la sottise, ce qui était fort étonnant de la part de Leroy. Alors, si toutefois il y avait des raisons acceptables à sa trahison, je voulais les connaître. Pas seulement pour savoir quel raisonnement tordu avait amené Leroy a agir ainsi, mais surtout pour pouvoir briser les fausses idées qu'il s'était mis en tête. Vouloir détruire ces arguments, oui, c'était une chose. Le pouvoir, s'en était une autre. Ce n'était pas tant que je peinais à trouver des arguments contraires, mais plutôt que la rage et la rancoeur m'empêchaient toutes deux d'agir convenablement et selon mes plans. C'était toujours ainsi avec moi : il suffisait d'une contrariété pour que mes nerfs se mettent en boule, et que ma colère emporte mon self contrôle avec elle. Autant dire, que raisonner correctement était devenu difficile. Et plus Leroy parlait, et se trouver des excuses que je méprisais d'avantage encore que lui, plus ma haine grandissait à son égard. Je n'arrivais pas à comprendre comment il avait pu abandonner tous les siens, aussi facilement.... sans remords. Et dire que nous l'estimions tous...pour son talent, son intelligence, ses connaissances, et tout simplement parce qu'il faisait parti des nôtres. Je le savais depuis toujours pourtant : il n'y avait rien de bon à considérer une chose comme acquise. Il fallait se méfier de tout le monde, car personne n'était à l'abri du changement, de la bêtise, de la faiblesse. Moi comprise. On pouvait bien y résister un temps, mais tout finissait par nous rattraper... les mensonges comme le Destin. Sans parler du passé qui se plaisait à nous jouer des tours. Ce fut ma réflexion en fixant Leroy droit dans les yeux, sans ciller, et pourtant je sentais mes yeux se dilater sous la rage, se rétrécir à cause de la haine qu'il m'inspirait, et mes mains devenir moites, ma baguette commencer à me démanger... quoique je puisse faire...il l'aurait mérité.
- Tu nous "devais au moins ça" ? répétai-je, écoeurée. Ce que tu nous devais, c'était ton soutien, ton amitié, ta loyauté pour avoir fait parti des notres. Ce que tu nous devais...c'était de ne pas être aussi faible, et de chasser ces incohérences de ton esprit. Quand bien même tu avais des doutes sur notre idéaux, tu aurais du vite briser ces bêtises, et te rappeler quelques petites choses..... Ce n'est pas pour rien que nous sommes dotés de pouvoirs magiques, et que les moldus n'en ont pas. Ce n'est pas pour rien, que certaines créatures nous sont asservies... La force, le pouvoir, c'est ce qui détermine la chaine alimentaire : et nous sommes tout en haut Leroy, les moldus eux.... sont en bas, avec les animaux, et les autres. Trop faibles face à nous... Ca marche comme ça. Et si tu changes de place...alors tu deviens aussi faible qu'eux.
Je fis un pas en avant, prête encore à la gifler, mais je me retins...revenant à l'endroit d'origine. Je me mordis la lèvre, rageuse. - Tu as pensé à ce que tu ME devais....Tu aurais gagné dix fois plus à venir me voir pour me parler de tout ça, à venir me prévenir qu'à partir de maintenant, tout changerait. J'aurais été en colère, mais pas comme ça... un coup de poignard dans le dos, voilà ce que tu m'as donné ! Tu as raison....on pourrait continuer à être amis, mette de côté nos divergences d'opinions, mais toi...oui, toi Leroy, tu as fait en sorte que plus jamais je ne puisse te faire confiance. Tu sais par qui j'ai appris que tu avais "changé"....par mon frère ! Il a entendu des choses sur toi, et il m'a prévenu de ne plus me fier à toi. Voilà comment je l'ai appris. .. Les gens en ont parlé pendant des mois...tu imagines ce que ça a été d'entendre parler de toi en des termes affreux, en me demandant " Pourquoi ? Comment se fait-il qu'il ne m'ait rien dit, qu'il n'ai pas cherché à me contacter ?" . Mais j'étais trop stupide.... stupide de penser que tu agirais comme un ami après ça. TU as défini les nouvelles bases de notre relation, TU as réduit une belle amitié à ... rien du tout ! De la haine, et encore... je n'ai même pas envie de te haïr, je suis trop peu sûr que tu mérites une telle considération.
Je le haïssais, oui, mais sans aller aussi loin que pour les autres. Après ce soir, je ne voudrais plus entendre parler de lui, il n'était ni un ami, ni ennemi... il avait disparu pour moi. C'était mieux. Mieux de laisser d'autres que moi se charger de cette histoire, se charger de faire payer à Leroy sa trahison. Ce n'était pas par peur de ne pas arriver à le considérer comme un ennemi, soyons clairs s'il m'attaquait...je l'attaquerai. Mais ... je préférais nettement plus rester sur cette entrevue, et ne pas me confronter à lui. Plus jamais. L'indifférence était la pire des punitions disait-on... eh bien, j'étais de ceux qui partageait cette opinion. La suite, se passa de mots. Je l'avais giflé, et maintenant je tenais son visage entre mes ongles...griffes acérées qui se plantaient sans la chair. Je voulais lui faire mal, car il ne pouvait imaginer à quel point il avait enfoncé, lui, sa trahison dans ma propre chair. Je lui rendais juste la monnaie de sa pièce : mais il ne l'entendit pas de cette oreille, évidemment. Et sa poigne de fer enserra mon poignet pour se défaire de ma prise. Il ne me fit pas mal - pas avec sa main.
- "Tenir à moi"...?répétai-je autant dégoûtée qu'hébétée.
Ce fut vraiment... le début de la fin. Mes yeux se rétrécirent, ma main se contracta et je me défis de son emprise. Je reculai lentement, pris la première assiette qui me venait sous la main. Je lui lançai, l'assiette alla s'écraser contre le mur derrière lui. La rage était là, elle sortait. Malheureusement pour lui. D'assiettes en assiettes, de fourchettes , de couteaux en couteaux, puis ce fut les vases, les casseroles, tout. Et n'importe quoi.
- "Tenir à moi"! raillai-je en criant. "Tenir à moi"! Tu parles ! Tu mens ! Comme tu as mentis pour tout! Ce ne sont que des paroles ça... "tenir à quelqu'un", il ne suffit pas de le dire si l'on ne le montre pas par des actes. Si tu avais voulus - un vase vola, et je ne su même pas si Leroy était touché - ne serait-ce qu'un peu - une assiette...- te soucier de notre amitié - un couteau se planta dans le placard à quelques centimètres de sa tête - et de moi, tu aurais fait le nécessaire pour - un autre récipient en cristal - ne pas tout foirer ! Parce que oui ! T'as foiré ! En fait non - je m'arrêtai , une autre assiette dans la main , et le regardai - t'as grave merdé ! - je m'attaquai à une nouvelle pile d'assiettes - C'est pas parce que ton père t'as mené la vie dure, et qu'il était pas fier de toi, que tu dois - encore une assiette volante - lui donner raison ! Tu m'étonnes qu'il te faisait pas confiance ! Regardes un peu ce que tu es devenu ! - et une assiette ! une ! - . Si tu avais quelque chose dans le pantalon, tu aurais du lui montrer tout ton potentiel, et lui faire voir que tu pouvais le surpasser ! - je regardai autour de moi, ... plus rien à balancer, j'ouvris un placard, pris une casserole et la jetai sur Leroy - J'arrives pas à croire que tu es faible à ce point là ! Et dire que je t'estimais, dans le temps ! Quelle erreur ! Quelle belle sotte j'ai pu faire ! - cette fois-ci, je ne voyais rien d'assez léger pour être jeté, alors je pris une de mes chaussures à talons et lui balançai en pleine poire - Sale traitre ! Comme si on t'avait pas tout donné en pensant naïvement que tu ne nous balancerais pas tout à la figure ! C'est drôle non, maintenant que les rôles sont inversés ! - je lui jetai mon autre chaussure - Tu es une personne très laide tu sais Leroy ! Vraiment repoussante ! Tu es laid dans tes choix , dans tes faux sourires, dans ta façon de nous juger alors que tu étais comme nous ! A se demander - je ramassai une casserole par terre et lui lançai rageusement - ce que je pouvais bien te trouver quand j'étais amoureuse de toi !
J'avais craché ces mots sans m'en rendre compte. C'était sorti, comme je l'avais pensé, avec toute sa brutalité. De toute manière, ce genre de révélation était toujours brutale. Tant elle surprenait l'intéressé. En fait, j'étais la plus surprise. Je ne pensais pas pouvoir sortir un truc aussi vieux sur le tapis. J'étais en train d'ouvrir un autre placard, même si j'étais maintenant trop petite pour attraper les choses dedans, quand je m'étais entendue prononcer ces mots. Comme si il y avait eu de l'écho quelque part, et que j'avais été consciente de ce que je disais.Jusque là la rage avait parlé, s'était défoulé, dégourdie les jambes, et je n'avais pas vraiment fait attention à ce que je disais. C'était sorti, c'est tout. J'arrêtai mon mouvement, ne regardant ma Leroy, face au placard, figée, sur la pointe des pieds. Alors, je me tournai lentement vers lui, décontenancée par moi-même, attendant sa réaction. J'entendais mon coeur battre fort à mes oreilles. Le silence se fit. Et devint vite insupportable. Aussi vive que l'éclair, je sortis ma baguette jetai un "Mobilicorpus" à l'elfe. Il s'éleva dans les airs et je le dirigeai vers le four, qui s'ouvrit. Je tournai mon regard vers Leroy, et un large sourire étira mes lèvres, diabolique.
- Dis "au revoir" à ton petit copain Leroy... fis-je, approchant l'elfe du four allumé.
La violence devait suivre le petit instant de mal aise et de faiblesse de ma part, mon acte était alors totalement justifié.
Sujet: Re: Retenue chez les elfes [Gaël A. O. Dunkan] Sam 4 Aoû - 15:31
Je n'arrivais pas à y croire. La colère avait parlé d'elle-même : seule preuve qu'au fond la blessure était bien là. Ancien amour, ancien ami...admiré et adoré, Leroy venait de mettre fin à l'une des seules vraies amitiés que j'avais connue. L'un des seuls liens fort que j'avais entretenu. J'avais pris le risque de lui donner ma confiance, mon affection, mes secrets : et en voilà le triste résultat. Si j'avais été moins fière, plus encline aux confessions et à la discussion - calme...- j'aurais sans doute admis que ce n'était pas tant qu'il n'avait pas voulu reprendre contact avec moi ou les autres, mais surtout...qu'il avait changé. Tout simplement, pour moi, il avait abandonné. Certains naissaient avec ces idéaux imprégnés en eux, directement imprimés dans leur cerveau, et en cela il leur était facile de poursuivre leur chemin dans la voie souhaitée - mais les gens comme moi et Leroy... ceux qui avaient eu ou continuaient à avoir une partie plus humaine, que j'avais finis par associer à la faiblesse, ceux-là...Chaque jour, il leur fallait se battre, repousser les tentations que présentaient cette humaine et sensible partie de leur être, celle-là même qui les poussaient à penser différemment. Combattre ses faiblesses , là était l'oeuvre de toute une vie. Pour moi, elle avait été accomplie en grande partie, mais continuait de se poursuivre encore et encore, comme il se devait. Anéantir ses faiblesses, ce qui pouvait nous faire devenir une proie facile, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire dans un monde comme le notre...le mien. Nous n'appartenions finalement plus au même. Et dire qu'autrefois, les places avaient été inversées. C'était lui qui avait tenté de me convaincre, et moi qui m'était entêtée à penser autrement. A nous voir, là, face à face, et dans un silence aussi lourd que pénible...se voyait-il encore qu'une franche et réelle amitié avait existé ? Pourrait-on encore croire à un lien entre nous ? Non. A part celui de la haine, des regrets qui coulaient dans le flot de reproches, s'écrasaient contre la volonté de l'autre. Pour avoir souvent encouragé le changement, clamé ses bienfaits et ses avantages ; je me trouvais présentement devant l'un des plus dévastateur effet secondaire. Il était naturel d'évoluer, de grandir, de murir...mais un tel changement, qui s'opérait souvent à cause d'un trop plein d'épreuves et de circonstances atténuantes, n'était nullement naturel pour l'Homme. Nous étions ce que nous étions, et changer notre mode de vie, nos habitudes et notre personnalité , était encore plus dévastateur que les épreuves endurées. Je le savais bien, moi. Tout comme lui. Les gens comme nous, ceux qui n'avaient pas été élevés comme les autres et qui n'étaient pas habitués à utiliser des "qualités" telles que la générosité, la compassion, ou la gentillesse...ne pouvaient changer sans engendrer des dégâts conséquents. Et les voilà les dégâts, plus douloureux qu'il ne pouvaient paraître, car au fond... Leroy s'ajoutait à la longue liste de souffrances, s'était trouvé une place dans un coin sombre et fissuré de mon coeur, écrasé entre les souvenirs, et les regrets, mélangé à l'amertume.
Pour le moment, je n'avais pas réagit à son sort qui avait évité à l'elfe de finir carbonisé dans un four. Et je regardai avec un calme olympien cette baguette pointée sur moi...acculée contre une armoire, Leroy déversant son flot de paroles... Ma bouche ne s'ouvrit que lorsqu'il eut terminé. Et j'avais laissé la colère dans un coin, parlant plus par dégoût et par tristesse que par rage. - Si tu ne voulais pas que ça se finisse ainsi, alors tu aurais du faire quelque chose ! Tu aurais du trouver un moyen d'éviter cela ! Quand on veut , on peut... La fin justifie les moyens. La trahison, c'est notre fin. . La souffrance, notre outil de travail, notre plus belle arme !. Tu sais tout ça... tu étais des nôtres, tu étais comme nous. Ton enfance n'a pas été à la hauteur de tes espérances ? Bienvenue au club ! Ce n'est pas comme si nos parents avaient été élevés pour êtres affectueux... On le sait déjà ça. Ton père n'a jamais voulu reconnaître que tu étais talentueux, à la hauteur de ses espérances...? Tu t'en fiches ! Pas la peine qu'il soit fier de toi. S'il ne croit pas en toi, et que cela te suffis pour tout abandonner, alors c'est que tu es aussi faible que lui de ne pas voir ce que tu vaux. Tu crois que l'on congratule tous les autres ? Que leurs parents les félicitent toutes les fois où ils font quelque chose ? Non ! Parce que c'est nor-mal ! Si tu attends des félicitations, des compliments, attends-les plutôt de tes amis...de tes frères, de tes soeurs, qui sont nés comme toi, qui ont connus tous les désagréments d'une éducation si rude. Tout ça...ça a au moins l'avantage de nous avoir rendu forts. Résistants. Mais lorsque je te vois...abandonnant tout ce en quoi tu croyais...je me demande si tu as vraiment essayé de résister.
La faiblesse était notre plus grande ennemie, et elle ne cessait de nous poursuivre, d'attendre le moment où nous pourrions baisser notre garde, pour finalement s'infiltrer en nous, et détruire les barrages. Si Leroy s'était laissé aller à la faiblesse, alors il n'y avait plus d'espoir pour lui. Je le voyais bien : il avait abandonné, laissé tomber. Il était passé de l'autre côté. D'un geste sec et vif, je repoussai la baguette pointée sur moi d'une main. Et m'approchai de Leroy, le regard dur. Sans mes talons, j'étais tellement plus petite que lui, et pourtant... je me sentais, tellement plus fort que lui.
- N’aie aucune crainte : si toutefois nous nous accordons à dire que notre amitié ne méritait tel traitement, il me semble que nous ne serons du même avis sur ceci... Quoique tu penses de ton choix, saches que tu as fait le mauvais. Et même le pire. Changer de camp, retrouver les plus faibles, tourner le dos aux tiens et à ton héritage : il n'y a de plus écoeurant affront. Tu comprendras donc pour quelles raisons je n'ai , de près ou de loin, cherché à te revoir, à t'aider, ou même à te comprendre. Les faibles, les traitres tels que toi ne méritent rien de plus que le pire châtiment que l'on puisse leur infliger : la solitude. Mais ça...je crois que tu es déjà servi. Tu dis que tu ne me détestes pas : très bien. Mais je ne veux, et ne voudrais jamais plus, avoir quelque chose à voir avec toi ; nous ne nous parlerons plus jamais, et lorsque je te croiserai dans un couloir, ou à un cours : je t'ignorerai totalement. A vrai dire, ton existence n'a plus aucune espèce d'importance pour moi... A mes yeux, tu es mort. Définitivement. Notre amitié, et quelque...amour, que j'ai pu éprouver pour toi...enterrés avec les souvenirs que j'ai de ta misérable personne. Tu mérites le pire châtiment : et en ce qui me concerne, c'est la plus dur et la plus totale indifférence. Que tu échoues dans tes plans, avec tes nouveaux amis, ton nouveau camp, ou pas...peu m'importe. Nos chemins ne se croiseront plus Leroy ...ce sera la dernière fois que je t'adresses la parole.
La sentence glaciale était tombée. Et ne pourrait plus jamais être changée. Je me détournai, contournai le serdaigle, récupérai mes chaussures au sol, les deux dans une main. Je pris la direction de la porte, ne me préoccupant nullement de ma retenue - ce n'était pas la première fois que je décidais de partir en pleine punition - . En posant ma main sur la poignée de la porte, je me retournai une dernière fois vers lui ...
- Au sujet de l'ancienne Gaël... ne te fais pas d'illusions. Elle est morte depuis longtemps, quand elle a compris qu'il n'y avait personne pour l'aider, et que son seul véritable ami l'avait abandonné. Pour ça...merci. Tu as largement contribué à sa désillusion totale. J'ai au moins pu prendre définitivement sa place. J'ouvris la porte, la mine dégoûtée. - Adieu.
Spoiler:
Vraiment, vraiment, désolée du retard !! :/ J'espère au moins que ça t'ira !!