Nuit agitée, sommeil… Absent. Il devait être aux alentours de six heures du matin lorsque Georgia Elspeth Prince ouvrit les yeux, ce troisième jour du voyage à Londres. Comme tous les élèves de sixième et septième année de Poudlard, la Gryffondor faisait partie du voyage, soit trois jours dans la capitale anglaise qu’elle connaissait assez bien, à force de longues sorties la nuit l’été principalement, dans le dos de son père. Trois jours passés avec d’autres sorciers, dans une ville moldue. Paradoxal, quand on y pensait, mais qu’importe ; Georgia s’en moquait comme d’une guigne. Tout ce qui l’intéressait durant ce voyage était de pouvoir faire comme bon lui semblait, sortir au maximum dans les pubs et autres boîtes de nuit dont regorgeait la capitale. Et puis approcher au maximum de tout ce qui touchait au Quidditch, bien évidemment. Cela ne faisait que deux jours qu’elle avait quitté Poudlard, mais voler lui manquait déjà. Elle regrettait de ne pas avoir pris son balai avec elle, mais bien évidemment, cela lui était interdit à elle ainsi qu’autres, une des règles les plus strictes du voyage étant de cacher au mieux leurs véritables identités. Quiconque transgresserait les règles se verrait sévèrement sanctionné au retour à Poudlard… Non pas que Georgia craignait une retenue ; elle avait déjà été collée assez pour entrer dans le livre des records de Poudlard, si un tel livre existait, mais elle préférait tout de même éviter d’ajouter une nouvelle réprimande à son palmarès, surtout à quelques mois à peine des ASPICS. Elle essayait donc de se faire remarquer le moins possible, éviter les remarques et autres regards insolents à l’adresse des professeurs mais… Elle n’aurait pas été Georgia si elle n’avait pas transgressé un peu les règles. Aussi s’extirpa-t-elle sans bruit du lit de Nolan Lockhart, Serdaigle de septième année avec qui elle avait passé la nuit. Elle se mit en quête de ses vêtements un peu éparpillés au sol et s’habilla rapidement. Nolan et elle se connaissaient bien, depuis l’enfance, et ils étaient devenus sex friends depuis leur cinquième année. Que du plaisir, jamais d’attaches ; une devise qui leur convenait à tous les deux et qu’ils appliquaient scrupuleusement. Ils étaient même assez amis pour se donner mutuellement des conseils en matière de drague (jamais de sentiments, un domaine dans lequel Georgia était très loin d’exceller), mais plutôt dans tout ce qui touchait la séduction. Par exemple, à une soirée, Georgia n’aurait absolument pas été jalouse de voir Nolan draguer une autre fille, au contraire, elle aurait mis au point avec lui un plan d’approche pour que la demoiselle finisse dans le lit du Serdaigle, et ce de préférence avant la fin de la soirée.
La Poursuiveuse quitta la chambre de Nolan et de ses deux camarades –qui étaient d’ailleurs absents- d’un pas de loup, espérant ne pas tomber sur un des professeurs accompagnateurs du voyage, qui ne manqueraient pas de lui tomber dessus. Elle imaginait déjà un Slughorn encore endormi, en pyjama et robe de chambre, bonnet de nuit sur la tête, en train de lui donner des leçons de morale, et l’idée ne la séduisait pas franchement. Heureusement, personne à l’étage des garçons ne semblait encore levé, après tout le réveil n’était fixé que plus d’une heure plus tard. Georgia descendit rapidement les marches menant à l’étage des filles, juste en dessous, étouffant un juron lorsqu’une d’entre elles grinça sous ses pas. Elle se figea quelques secondes puis, n’entendant aucun bruit, fonça avant de se faire attraper. Georgia ouvrit la porte de la chambre qu’elle partageait avec Vapin-la-tapin (surnom qu’elle donnait à la française issue de l’échange, l’entente régnant entre les deux étant loin d’être cordiale), et une autre Serpentarde de l’échange à qui elle n’avait jamais parlé. Elle rejoignit son lit à l’autre bout de la pièce (le plus éloigné de celui d’Adèle Vapin), se glissa sous sa couette et s’endormit, récupérant un peu de sommeil, enfin.
Plus de deux heures plus tard, à huit heures et demie, Georgia émergea avec un grognement. Dès le matin elle râlait, incroyablement ronchon qu’elle était en général, surtout le matin, avant le premier café et la première cigarette. La chambre était déserte lorsqu’elle réussit à quitter son lit, tant mieux se dit-elle avec un sourire, cela lui éviterait la vision d’horreur d’Adèle Vapin en chemise de nuit dès le matin. La blonde s’exila dans la salle de bain, prit une douche rapide puis enfila jean sombre serré, sweat à capuche gris qu’elle trouvait tout doux, boots noires et son sempiternel perfecto noir, une merveille qu’elle avait dénichée dans une friperie londonienne deux étés plus tôt. Elle descendit au rez-de-chaussée et sortit de l’auberge fumer une cigarette au coin de la rue, ni vue ni connue. Elle en avait besoin pour bien commencer une journée. Ça, et un café noir, très serré, qu’elle but juste après au petit déjeuner, avec des œufs au plat et du bacon, accompagné de jus d’orange. Le parfait petit-déjeuner de la sportive qu’elle était…
Peu de temps après, il était l’heure de partir, et Georgia rejoignit ses amis en direction du zoo de Londres, qui était la visite de la matinée. Enfin quelque chose de fun, après la catastrophe de la visite du musée d’histoire naturelle deux jours plus tôt. La blonde s’amusa à faire des grimaces aux chimpanzés, lança un regard dégoûté aux serpents qui lui semblaient peu fiables et très fourbes, malgré la beauté de la plupart des reptiles présents derrière le verre. En revanche, elle tomba dans une fascination incroyable en découvrant l’enclos des léopards des neiges, magnifiques fauves au pelage clair, si élégants et racés. Elle n’avait jamais pu en apercevoir de réel auparavant, son père n’étant pas vraiment fan de ces animaux moldus. Et elle découvrait enfin pour la première fois l’animal qui représentait son patronus. C’est touchée et fière qu’elle quitta l’enclos, à regret, se disant qu’un animal aussi beau et magistral la représentait, elle. Quelque part, elle avait quelque chose en commun avec eux, et elle espérait que ce n’était pas seulement leur férocité redoutable. Elle savait elle-même qu’elle était capable d’entrer dans une fureur sans nom lorsqu’elle piquait une crise de colère. Les murs tremblaient alors et mieux ne valait pas être sur son chemin.
Il y avait d’ailleurs une personne qui était capable de la mettre en furie absolument vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un sourire détestablement charmeur, un regard miel trop captivant, des lèvres perpétuellement dans une petite moue amusée. Et en plus une élégance trop bien connue de son propriétaire, presque indécente et utilisée au maximum. Il avait même le prénom assorti à son apparence, si ce n’était pas le comble ? Adonis Leroy savait qui il était et aimait par-dessus tout en profiter. Beau garçon, beau parleur aussi, habillé toujours très classe avec ses trench beiges et autres dufflecoat noirs. Il insupportait Georgia, surtout parce qu’elle était incapable de le détester malgré son comportement dragueur à outrance. Non, il la faisait trop rire pour cela, et même s’ils passaient leur temps à se chamailler, pour tout, rien, n’importe quoi, des patacitrouilles comme des vifs d’or, elle était juste incapable de rester loin de lui. Il l’attirait comme un aimant, il était son pote, même si elle savait très bien qu’il y avait autre chose derrière ce mot. Une autre chose qu’elle n’aimait pas, qui lui faisait peur, parce que cela impliquait de penser souvent à lui, en cours, le matin, le midi, le soir. La nuit, même. Adonis débarquait dans ses rêves et elle se sentait terrifiée, parce qu’elle savait très bien au fond que l’excuse qu’elle se donnait au moment où les rêves avaient commencé, soit que c’était par simple jeu, qu’elle refusait à tout prix de perdre leur dernier pari improbable, perdait en crédibilité au fur et à mesure du temps. Elle en avait marre, de plus en plus marre, de toutes ces pimbêches qui lui tournaient autour. La simple pensée d’Adèle Vapin lui donnait envie de vomir. Elle voyait toutes ces filles, blondes, brunes ou rousses, peu importe l’âge à partir de la quatrième année, qui tournaient autour du beau français, toutes avec ce même sourire stupide sur les lèvres, cette admiration non feinte dans le regard, ce gloussement au coin des lèvres. Elle les voyait toutes et les détestait toutes. Parfois, c’était tellement insupportable qu’il fallait qu’elle sorte du couloir ou peu importe l’endroit où elle les voyait tourner autour d’Adonis telles de petites abeilles, pour aller ruminer toute seule ailleurs. Dans un endroit vide, de préférence, ou presque ; Mimi Geignarde avait tellement peur d’elle qu’elle fuyait en la voyant arriver dans ses toilettes. Mais bien sûr, elle ne voulait pas sortir avec Adonis. Absolument pas. C’était juste son ami, et puis… Elle aurait voulu coucher avec lui. Voilà, c’était ça, ça ne pouvait être que ça. Elle était jalouse de toutes les filles qui lui tournaient autour parce qu’elles partageaient son lit de temps en temps. Oui, sauf que d’un autre côté, Georgia refusait catégoriquement l’idée d’être réduite à ce rang dans l’esprit du Poufsouffle, une simple fille avec qui il avait ou continuait de coucher de temps en temps. Un peu comme elle qui collectionnait les conquêtes. Elle ne voulait surtout pas faire une brève apparition sur son tableau de chasse, ce qui était d’ailleurs le but du jeune homme lorsqu’ils s’étaient rencontrés en novembre, avant de se connaître vraiment. D’ailleurs, preuve qu’il avait le don de l’énerver en trente secondes chrono, voir moins, elle lui avait mis une gifle après quelques paroles échangées à peine. Mais elle ne le regrettait pas ; le souvenir la faisait toujours sourire. Adonis et elle ne s’étaient pas parlé depuis le début du voyage. Tout juste s’ils s’étaient croisés dans le Poudlard express puis avaient échangé quelques phrases durant de rares pauses clope. Et sa présence lui manquait, même si ça, bien sûr, elle ne l’avouerait jamais.
C’était perdue dans ces pensées que Georgia avançait dans St James Park, profitant de la balade. Elle n’était pas franchement émerveillée par l’étendue d’herbe, les superbes pelouses de toute façon envahies par la neige. Elle enfonçait ses boots plates dans la masse blanche informe, tentait de ne pas s’y empêtrer, et c’était tout. Elle fumait clope sur clope, voulant toujours avoir quelque chose en main, sous le regard désapprobateur des professeurs, auxquels elle répondait par un sourire angélique et – faut-il vraiment le préciser ? – très hypocrite. Mais après tout, elle était censée se faire passer pour une moldue, et il y en avait bien qui fumaient partout alentours, où qu’elle aille, dans les rues, les pubs, les parcs… Alors on ne pouvait rien lui reprocher. Et elle en jouait, très satisfaite d’avoir encore trouvé un moyen de faire enrager les profs, et pour une fois sans violer pour la millionième fois les articles du règlement de Poudlard.
Georgia soupira de soulagement une fois les visites de la journée terminées, et rentra avec le groupe à l’auberge de jeunesse. Elle se changea, enfilant un pull en cachemire beige en V, plus sexy et adapté à une soirée que son sweat gris. Elle ajouta une grosse écharpe en laine noire qu’elle enroula autour de son cou, ressortant sa crinière de cheveux blonds qu’elle coiffa avec ses doigts histoire de, puis ressortit en compagnie de Mary, sa cousine, et Perséphone, sa meilleure amie, pour aller dîner dehors, dans un petit restaurant italien qu’elles trouvèrent pas trop loin. Georgia adorait les spaghettis, et malgré des années d’expérience, son père n’étant pas un véritable adepte de cuisine, parvenait toujours à s’en mettre partout lorsqu’elle en mangeait, avec la sauce tomate qui lui coulait sous le menton sous le regard de ses amies. La soirée fut ponctuée de rires, mais les jeunes filles durent rentrer pas trop tard à l’auberge, couvre-feu oblige. Georgia souhaita une bonne nuit à Perséphone avec un clin d’oeil, avec un regard entendu, voire légèrement désapprobateur pour Séphy, qui la connaissait trop bien. La blonde rentra dans sa chambre avec Mary, vérifia rapidement qu’elle portait des sous-vêtements sexy – léopard et noir, c’était donc parfait pour ce qu’elle avait en tête – puis attendit le couvre-feu pour quitter sa cousine. Une petite demie heure pour être sûre, au cas où, et peu avant minuit, elle se glissait hors de sa chambre et se faufilait jusqu’à l’étage des garçons. Elle comptait retrouver Nolan encore une fois, et passer une nuit comme la veille. Étrangement, elle éprouvait de plus en plus le besoin de coucher avec des garçons lorsque le manque d’Adonis se faisait ressentir. Mais bien sûr, ce n’était pas du tout, mais vraiment pas du tout lié au français de Beauxbâtons, absolument pas. Georgia tenta de se concentrer sur la nouvelle nuit plus qu’agréable qui l’attendait, aux côtés de Nolan, mais ses pensées furent tout à coup bousculées lorsqu’elle percuta quelque chose, ou plutôt quelqu’un, de plein fouet, alors qu’elle montait les marches des escaliers menant au deuxième étage.
« Bordel ! » s’exclama-t-elle très élégamment.
Puis elle se rendit compte qu’elle ne connaissait toujours pas l’identité de son « agresseur », et releva brutalement les yeux vers lui, réalisant qu’il n’était autre que… Adonis Leroy. Malgré elle, le cœur de Georgia manqua un battement. Elle eut soudainement chaud, tandis que la surprise se lisait sur son visage de se retrouver nez à nez avec le Poufsouffle. Mais elle se reprit très vite, adoptant un air blasé, surtout vexé qu’il ne lui ait pas parlé depuis des jours.
« Qu’est-ce que tu fous là, Amaury ? Ton dortoir, c’est là-haut… »
Amaury, ou le prénom qu'elle lui avait attribué à leur première rencontre, et qui était devenu son surnom depuis. Là, c'était surtout utilisé comme un reproche; elle lui en voulait de ne plus lui avoir parlé depuis quelques temps. Evidemment, elle avait immédiatement compris pourquoi il se dirigeait vers l’étage des filles ; il pourrait lui raconter ce qu’il voudrait à ce sujet mais elle ne le croirait pas. La question était de savoir quelle pouffe allait partager son lit ce soir… Elle préférait ne pas imaginer que c’était la Vapin, et qu’ils allaient le faire dans sa chambre. Georgia sentit la colère l’envahir et irradier ses veines un bref instant, mais elle se contrôla avant qu’elle ne l’imprègne trop. Il ne fallait surtout pas montrer qu’elle n’était pas indifférente, et d’ailleurs, elle l’était totalement ; elle avait juste envie de coucher avec lui. Ce n’était absolument rien d’autre qu’une attirance physique, vraiment rien, quelle idée saugrenue… À mesure que l’auto-conviction se frayait un chemin en elle, la Poursuiveuse observait Adonis, avec son habituel air dédaigneux sur le visage. Mais un sourire pointait au coin de ses lèvres, puisque malgré tout, elle était contente de le voir, de le croiser maintenant, même dans ces circonstances. Il lui avait manqué, et elle craignait malgré elle qu’ils ne s’éloignent, d’autant plus qu’une bonne partie de l’année scolaire s’était déjà écoulée et qu’il ne restait à peine que quelques mois avant la fin des cours, et de Poudlard – si tout se passait bien pour elle. Mais chassant ces sombres idées pour le moment, Georgia pencha la tête de côté, haussant un sourcil en regardant Adonis, son regard bleu sondant le miel comme pour lire au plus profond de lui. Une de ses mèches de cheveux blonds lui tombait dans les yeux et elle savait que cela la rendait particulièrement irrésistible.
Sujet: Re: « I just can't get you out of my head, boy it's more than I dare to think about. » ϟ GEORGIADO. Lun 14 Juil - 16:22
Georgia & Adonis
Un sourire flottait sur les lèvres d'Adonis Leroy. Allez savoir pourquoi, ce voyage de trois jours à Londres le mettait particulièrement en joie. Encore un peu, et on pourrait dire qu'il était carrément heureux. Il avait apparemment choisi précisément ces trois jours dans la capitale londonienne pour se créer une nouvelle vie, oubliant pendant quelques longues heures son autre vie, celle dans laquelle il n'avait pas d'amis, ou presque, mais uniquement des conquêtes qu'il enchaînait comme un lapin, celle dans laquelle sa mère mourrait sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, celle dans laquelle la femme de sa vie lui glissait entre les doigts parce qu'il était trop borné pour se rendre compte qu'il l'aimait à la folie. Le premier jour à Londres, il s'était appliqué à oublier sa vie sorcière. Fringué en moldu, parlant comme un moldu, fréquentant des lieux moldus, apprenant même ce qu'était le football grâce à sa précieuse Kaylee avec qui il passa la première nuit, encore un peu et il oubliait sa baguette dans sa chambre. L'apprentissage fut d'ailleurs peaufiné par la visite du musée d'histoire naturelle - c'est qu'ils ont des belles bébêtes les moldus aussi ! Ça ne valait évidemment pas le musée du deuxième jour, celui de Madame Tussaud. Littéralement toutes les figures de cires étaient inconnues au français, sauf la reine, et encore. Il voyait qu'il n'était pas le seul à être perdu au milieu de ces soi-disant célébrités, mais il semblait parmi les rares à se réjouir de la visite. En effet, il lisait les petits cartons descriptifs avec un grand sourire, sa meilleure amie Cassandre accrochée à son bras. Elle avait amené son appareil photo et ils agissaient comme n'importe quels touristes moldus : ils se postaient à côté de leur statue préférée (souvent appréciée parce qu'elle avait une bonne tête, pas parce qu'elle était particulièrement historiquement intéressante), un beau sourire forcé aux lèvres et clic, immortalisés ! Adonis semblait être retombé en enfance aux côtés Cassandre, et ça ne pouvait être plus agréable. Mais bientôt, il devait être ramené à la réalité ; tout ne pouvait pas être toujours tout rose, plein de bonheur, de contentements et de bons moments, n'est-ce pas ? Toute la classe avait été amenée à Saint-James Park, pour soi-disant admirer la beauté du lieu. Évidemment, tout le monde était dispersé, personne ne s'intéressait à la manière dont poussait l'herbe chez les moldus, Adonis y compris. Alors qu'il marchait tranquillement en bout de rang, visiblement ennuyé, Adèle Vapin était venue lui prendre la main. Ah, Adèle ! Une longue histoire, voilà comme Adonis pouvait résumer le lien qui les unissaient. Une histoire ni belle, ni incroyable, juste longue. Tellement longue qu'elle lui paraissait interminable ; elle et lui s'étaient connus en entrant à Beauxbâtons et ne s'étaient plus quittés depuis. Adèle disait qu'elle était tombée follement amoureuse de lui à la seconde où leurs yeux s'étaient croisés ; dommage que pour Adonis, ça n'ait pas été exactement la même chose... Très loin de là, même. Il avait mis au moins deux ans pour ne serait-ce que la remarquer. Il faut dire qu'après, c'était allé très vite. Elle avait été une de ses premières petites amies, jusqu'à ce qu'il comprenne - à cause d'elle - que les petites amies, ce n'était pas pour lui. Mille fois ils avaient rompu, parfois c'était lui, parfois c'était elle. Ils rompaient tellement souvent que leur relation en était devenu monotone. Personne ne s'étonnait plus qu’Adèle et Adonis aient rompu. Ensemble ou pas ensemble, même eux ne faisaient plus attention. Adonis s'était habitué à recevoir son amour outrancier, et elle avait certainement dû s'habituer à n'en recevoir en retour que le quart de la moitié. Bien sûr, il tenait à elle, ils avaient après tout partagé des centaines d'heures ensemble, mais ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle, elle ressentait. Elle était dingue de lui, littéralement : ça la rendait folle. Cinq ans que ça durait : cinq ans qu'Adonis repoussait Adèle mais la laissait revenir, cinq ans qu'Adèle aimait Adonis passionnément sans rien recevoir en retour. Et cinq ans, c'est bien trop, n'est-ce pas ? C'était en tous cas l'opinion du jeune homme pendant ce séjour des grands changements : Adèle et lui, ce n'était plus possible, ça avait trop duré, il fallait mettre fin au massacre. Alors, quand elle était venue prendre sa main dans St-James Park, Adonis au lieu de mêler ses doigts aux siens comme il le faisait d'habitude, avait écarté la paume de la sienne, et s'était lancé. Évidemment, tout ne s'était pas déroulé comme il l'aurait espéré, mais au moins c'était fait : après plus ou moins un millier de tentatives, il était parvenu à réellement se séparer d'Adèle, et il sentait, il savait, que cette fois, c'était pour de bon. Il était persuadé qu'au moins la moitié de la classe avait entendu leur dispute, et que bientôt, on murmurerait de partout que la place d'Adèle dans le cœur du français était de nouveau libre. Néanmoins, ce n'était pas ce qu'Adonis cherchait ; par Merlin, s'il vous plait, pas de nouvelle Adèle ! Il s'était retrouvé piégé, sous son emprise, pendant des années - elle aussi, il faut dire - et il était hors de question que ça recommence. D'ailleurs, il en avait parlé à Cassandre. Toutes ses relations d'une demi-journée commençaient à l'ennuyer. Dépuceler des cinquième années, chasser des nanas inatteignables, tout ça ... Disons qu'après 5 ans, il avait fini par s'en lasser. Quand je vous disais temps des grands changements, je ne mentais pas ! N'allez pas croire par contre que le français cherchait une relation sérieuse et posée, ça serait trop lui en demander ! Et si il comptait arrêter avec toutes les pucelles, il était hors de question pour lui de renoncer à certaines autres filles ; Kaylee en était l'exemple parfait puisqu'il avait passé la soirée et la nuit du premier jour avec elle. Elle était une excellente amie et elle s'avérait être en plus un excellente partenaire de jeux de chambre. Pourquoi mettre fin à cela, alors que ça fonctionnait parfaitement ? C'était déjà un grand pas pour le jeune homme que d'avoir en l'espace de deux jours renoncé aux petites conquêtes et rompu avec Adèle, n'allez pas lui demander maintenant de renoncer à ses amies avec lesquelles il entretenait quelques bénéfices ! Il n'y avait pas que Kaylee : il y avait aussi Sasha et Dorcas, et de même pour elles, c'était inconsidérable qu'il leur dise au revoir. D'ailleurs, il avait prévu de passer sa nuit du deuxième jour avec la rousse ; après avoir dîné avec Cassandre, il la quitta pour rejoindre la rousse dans son lit. Néanmoins, celle-ci n’était pas là … Il y avait juste des Gryffones qui ne surent que lui dire qu’elle s’était échappé il y a quelques minutes, apparemment pour rejoindre quelqu’un, et qu’elles n’avaient su l’arrêter. Adonis leur avait lancé un sourire moqueur ; arrêter Sasha Vladmirova ? Elles ? Haha ! Quand la biélorusse était décidée à faire quelque chose, rien ne pouvait se mettre en travers de son chemin, et certainement pas des lionnes ! Il les salua donc, pour se rendre dans une autre chambre – il n’était absolument pas décidé à passer la nuit seul. Il pénétra dans celle de Cassandre, qui lui fit une mine boudeuse en le voyant débarquer : il l’avait quitté pour quelqu’un d’autre, mais comme cette personne n’était pas là, il revenait vers elle ? Ce n’était pas si facile ! Adonis dû se faire pardonner en la laissant l’attaquer de chatouilles et en lui massant la plante des pieds – ça allait, il avait vécu pire comme punition. De nouveau, ils étaient retombés en enfance, et ils s’endormirent, la nuit déjà bien entamée, lovés l’un contre l’autre.
Le troisième jour consistait en une balade au zoo ; rien de tel pour mettre le français en joie. Des jolis animaux aux gueules étranges et tellement différents de leurs cousins magiques, ça ne pouvait que lui mettre un sourire aux lèvres. Toujours avec Cassandre, il cherchait néanmoins à garder dans son angle de vue une autre personne. Une blonde, sa blonde. Ça faisait quelques jours qu’il n’avait pas parlé à Georgia Elspeth Prince, et il fallait l’avouer, elle lui manquait. Alors il l’observait de loin, entourée de tous ses amis Gryffondors (dont certains comme cette Mary McDonald qu’il n’appréciait pas du tout), rire aux éclats, manquer de sursauter face aux rugissements des lions, s’étonner de la grandeur des cous des girafes, ou encore répondre aux grimaces des singes par des mimiques tout aussi dignes de ces petites bestioles sautillantes. Elle le faisait sourire sans même qu’il y réfléchisse. Même de loin, même quand elle était avec d’autres personnes, elle parvenait à le détendre, à lui faire baisser sa garde. Plus il se rendait compte de cela, plus il se disait qu’elle lui était précieuse. Il fallait qu’il parvienne à maintenir leur lien comme il était, trop bénéfique pour qu’il se permette de le perdre. Il aimait s’imaginer que du côté de Georgia, elle éprouvait un peu la même chose. Une amitié qu’on pouvait qualifier de pure, parce que des deux côtés, ils s’acharnaient à ne pas en modifier son statut. Adonis qui avait tellement l’habitude de coucher avec ses amies, se persuadait qu’avec l’anglaise, ça n’arriverait jamais. Jamais. Leur relation fonctionnait déjà assez bien comme elle l’était, non ? Pas besoin de tout compliquer avec des affaires de fesses ! Ils se disputaient déjà assez souvent, pas besoin d’en rajouter une couche avec ça ! Alors quand il la regardait dans le zoo, il faisait attention à ne pas réfléchir à la beauté de ses yeux, au fait que les blondes étaient carrément son type, à la sensation de ses petits seins au creux de ses mains. Et si une pensée comme ça lui traversait le crâne, il secouait le crâne pour la virer au plus vite, ou veillait à la transférer sur une autre nana. N’allez pas croire que c’était simple ! Néanmoins, il se disait qu’il valait mieux ça que tout ruiner. A raison ou à tort, il gardait Georgia à la fois loin et proche de lui, et pour l’instant, c’était tout ce qu’il parvenait à faire, effrayé que tout bascule vers cette contrée inconnue que les romans du XIXème siècle appelaient l’Amour.
Finalement, après le repas du soir, et quasiment au moment où le couvre-feu sonnait, Adonis retourna dans sa chambre. Rabastan Lestrange n’était toujours pas là (que lui était-il arrivé, à lui, il n’avait pas passé une seule seconde ici depuis le début du séjour ? Les rumeurs disaient qu’ils avaient été arrêté et emmené au Ministère, m’enfin, vraiment ? En tous cas, si c’était vraiment le cas, ce n’était certainement pas lui qui allait pleurer, ni sa mère d’ailleurs) mais apparemment, Leroy était rentré. Il y avait son manteau et sa baguette sur son lit, et il avait bien semblé au français de l’avoir aperçu au détour du couloir, se dirigeant vers la salle de bain. Il serait de retour bientôt, mais tant mieux, Adonis voulait être seul pour faire ce qu’il s’apprêtait à faire. Il s’installa sur le bureau et sortit une feuille de papier et un stylo – une vraie petite panoplie moldue qu’il s’était acheté le jour même – et écrivit une lettre à l’adresse de son meilleur ami, Alexandre.
Alexoupinet,
Tu ne vas pas croire ce qui m’arrive, gars, mais je crois que tu vas être fier de moi : j’ai rompu avec la Vapin ! Si si, je te jure ! Après sept ans, j’y suis (enfin) parvenu ! Ce n’était pas si compliqué, au final, surtout par rapport à ce que je m’apprête à faire ! Je ne sais plus si je te l’ai dit, mais tout Poudlard (ou presque) est à Londres, là, on fait les moldus et tout – tu devrais chercher dans un bouquin qui est Brigitte Bardot, je suis sûr que tu vas tomber amoureux d’elle – et ce petit voyage m’a permis de mettre mon plan en route. Quel est mon plan ? Par Merlin, Alex, je crois que j’ai enfin décidé de t’écouter, et d’arrêter de coucher à droite à gauche. Je te vois d’ici avec ton sourcil relevé et ton air narquois l’air de dire « n’importe quoi Ado, tu le feras jamais », mais je crois que je suis bien parti pour y arriver ! D’abord, j’arrêterai avec les gamines de quatorze/quinze ans, puis avec celles avec qui je couche régulièrement. Bon, on verra plus tard pour Kaylee et mes autres amies avec bénéfices, parce que ça risque d’être plus compliqué avec elles. Je sais, ça constitue pas exactement un plan, mais je te garantis que mettre fin à ma relation avec Adèle n’était que la première étape ! D’ici aux ASPIC, je serai un homme changé. D’ailleurs, Alex, je compte sur toi pour tout niquer hein, pas question de voir un seul Troll sur ton bulletin ! Je descends à Nice pour les vacances d’Avril, pour voir ma mère, tu
Adonis n’eut pas le temps de terminer sa lettre, qu’il prévoyait de faire durer au moins trois pages de plus – quand il se mettait à écrire à Alexandre, ça ne s’arrêtait jamais – parce que quelqu’un débarqua dans la chambre. Il ne leva d’abord pas les yeux du papier, et fit :
« T’as bien fait d’aller te doucher, ça commençait à puer par ici - il releva la tête et se rendit compte que ce n’était pas Leroy qui rentrait de la douche - oh, Penys, qu’est-ce qui t’arrive ? »
***
Adonis sortait de sa chambre avec un immense sourire aux lèvres. Par Merlin, le voyage à Londres ne pouvait pas mieux se terminer que ça, si ? En tous cas, il ne savait pas comment. Il passa son duffle-coat qu’il venait de récupérer dans sa chambre, au-dessus de son pull en cachemire verre bouteille et de son jean noir. Il passa une main dans ses cheveux de plus en plus longs – ils tombaient maintenant sur sa nuque – les yeux dans le vague. Il ne savait pas trop ce qu’il allait faire maintenant, certainement passer dans la chambre de Sasha pour la traîner dehors, qu’elle lui explique ce qu’elle faisait hier soir alors qu’il voulait la rejoindre. Il avait envie de prendre l’air, il mourrait de chaud parce qu’il était surexcité à cause – ou grâce – à ce qui venait de se passer. Avant de se lancer dans les escaliers à la recherche de la biélorusse à l’étage du dessous, il colla son oreille sur la porte de la chambre. Ses petits protégés parlaient d’une voix étouffée ; ça le fit d’autant plus sourire qu’il s’élança alors dans les escaliers. Il avait à peine descendu deux marches qu’il dû se stopper net parce qu’une furie montait les escaliers presque quatre à quatre et ne semblait pas l’avoir vu. Sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit, la furie le percuta, mais Adonis avait eu le temps de mettre le doigt sur son identité. Apparemment si, la soirée pouvait être encore meilleure. C’était Georgia.
« Bordel ! Qu’est-ce que tu fous là, Amaury ? Ton dortoir, c’est là-haut… »
Bordel était définitivement sont mot préférée. Il semblait au français qu’elle semblait le conjuguer à toutes les sauces. Cette fois-ci, ça semblait être de la surprise, mélangée à un peu de colère, avec une dose de contentement. Le sourire sur les lèvres d’Adonis ne s’effaçait pas, au contraire, avec les secondes qui passaient, il s’agrandissait. Elle avait plongé ses yeux bleus au fond des siens, et il prenait plaisir à la fixer à son tour de ses iris miels. Toujours aussi belle, hein, Georgia Prince ? Les yeux d’Adonis brillaient de bonheur. Il attrapa Georgia par le bras pour la faire monter les trois marches qui restaient jusqu’au palier des garçons, avant de la lâcher pour plaquer sa même main sur ses lèvres rosées. Elle avait tendance à un peu trop gueuler, et il ne fallait déranger personne. Il la maintint comme ça quelque secondes, portant l’index de son autre main devant ses lèvres à lui. Elle devait se taire. Quand il fut certains qu’au moins pour une minute, elle se tairait, il fit, complètement surexcité, tentant de murmurer mais n’y arrivant pas si bien, ses mains bougeant dans tous les sens :
« Georgia, je peux pas rentrer dans ma chambre ! Tu sais pourquoi ? Non ? Je vais te dire pourquoi ! J’ai arrangé un coup pour quelqu’un, devine qui, je t’en supplie Geo, devine qui ! – il ne lui laissa absolument pas le temps de répondre, et enchaîna – bon si tu devines pas, je vais te le dire ! Leroy ! Nan pas Leroy moi, hein, l’autre Leroy, Leroy de Louvière ! Oh mais c’est pas la meilleure partie, Geo, c’est pas du tout la meilleure partie ! Devine avec qui il est, là, dans ma chambre ?! – toujours pas le temps de répondre pour la jeune demoiselle – T’es pas marrante, hein ! Mais je suis sûr que ça, ça va te faire marrer ! Avec Pénélope, Georgia ! Pénélope Gallianis ! »
Il avait tenté de chuchoter tout du long, mais il fallait l’avouer, il n’était pas sûr de bien y être arrivé. En tous cas, ses yeux brillaient toujours autant, et son sourire ne s’effaça de ses lèvres que quelques secondes plus tard, quand il réalisa que si lui était en train de descendre vers l’étage des filles, lui était en train de monter vers celui des garçons. Il dit alors, un peu plus renfrogné :
« Et toi alors, tu fais quoi chez les mecs ? Me dit pas que tu vas voir un de tes amis, Merlin me dit pas que tu vas voir ce Lockhart, là, c’est bien trop classique ! Passe la soirée avec moi, Georgia, allez ! J’allais sortir, vient avec moi ! »
Cette fois, le sourire du français naquit de nouveau sur son visage. Merlin, voilà comment sa soirée pouvait s’améliorer encore un peu plus : en la passant avec Georgia. C’était décidé. S’il voulait terminer ce voyage en étant heureux, il devait passer du temps avec l’anglaise. Après tout, elle faisait partie de son bonheur.