Parler de ses peines c'est déjà se consoler [Aiden N. Hawkings]
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Maxence A. Boissieu
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Sujet: Parler de ses peines c'est déjà se consoler [Aiden N. Hawkings] Jeu 2 Mai - 22:27
Parler de ses peines c'est déjà se consoler
En prenant ce poste, je ne me doutais pas à quel point cela serait mortellement ennuyant... Bon d'accord, j'avoue le poste de Bibliothécaire est ce qui se fait de plus discret dans une école de magie, encore faut-il ne pas l'être trop. Mes journées étaient désespérément vides... Moi qui étais habitué à ne jamais resté en place, à toujours être en mouvement, en action, tantôt à essayer de ne pas être reconnu, tantôt à écouter els conversations plus ou moins discrètes de criminels pour la démocratie magique, je me retrouvais à m'ennuyer autant qu'à l'époque où j'étais simple informateur pour le compte de la Septem Prisci, et encore à ce moment-là je bougeais un peu plus, passant à la loupe tous les ragots, tous les journaux, les nouvelles qui étaient diffusés dans le Monde des sorciers à la recherche d'une information potable pour mon service. Vous voulez savoir à quoi se résument désormais mes journées au sein de la très célèbre école de sorcellerie Poudlard ? Je reste assis derrière mon bureau à donner des permissions d'emprunt pour des livres, à en récupérer d'autres, à ranger certains ouvrages et à faire taire les groupes d'élèves les plus bruyants. Aussi passionnants qu'une dispute entre deux citrouilles, c'est pour vous dire. L'avantage était que personne ne se doutait de qui j'étais réellement, après tout, qui aurait l'idée de penser qu'un simple bibliothécaire de bas-étage pouvait être le pion d'une organisation internationale comme la Septem Prisci afin de déjouer les plans les plus machiavéliques et empêcher le renversement d'une démocratie telle que le Ministère anglais de la Magie ? Personne. Mais cet avantage est pour moi un problème : comment récolter des informations dans mon coin reculé ? A part à la table des professeurs où j'entretiens des discussions enflammées avec le professeur d'études de runes, d'étude des Moldus et tout ce qui s'enseigne en priorité dans les livres, mes discussions sont aussi nombreuses que des magicobus dans le désert du Sahara (tout le monde sait qu'il n'y en a aucun, seuls les tapis volants y sont autorisés : traditionnaliste pro-arabe certainement)
Me voici réduit à devoir espionner les conversations sans intérêts des élèves de tout âge : entendre une jeune fille se plaindre que son petit ami (d'une semaine) ne s'intéresse pas assez à elle et préfère nettoyer le manche de son Brossdur est lin d'être passionnant croyez-moi Ou encore entendre un garçon se vantait face à un autre d'avoir roulé une pelle à LA fille de la classe, c'est pathétique, mais que voulez-vous les choses sont ainsi à- ans, on ne peut pas leur en demander trop non plus. Non le plus intéressant reste encore ces romances interdites entre élèves de maisons différentes, que tout oppose. La bibliothèque a l'air de constituer un endroit suffisamment désert pour être à l'abri des regards et des oreilles indiscrets mais c'est sans compter sur votre loyal serviteur Maxence Boissieu ! Mais rien d'intéressant pour la SP, une fois de plus... C'est comme mon cousin, deux semaines que je suis en poste dans cette salle pleine de livres poussières à en faire éternuer un rapace (qui ont un odorat aussi développé que le cerveau d'un poisson rouge), deux semaines donc, et toujours aucune visite. Bon d'accord, il a des cours et des filles à se faire, mais tout de même, moi qui lui ai tout appris sur la gente féminine j'attendais un peu plus de reconnaissance que cela. Il aurait des explications à me donner. Et des détails : on n'est pas frères de coeur pour rien lui et moi, draguer encore et toujours, à croire que nous avons été programmé pour ça en dépit de ce que peuvent ressentir ces pauvres âmes tombées amoureuses.
De ce fait, devant ce surplus d'activités passionnantes, j'ai commencé à faire des recherches dans la bibliothèque, peut-être y aurait-il des secrets intéressants à découvrir... Et comme tout bibliothécaire qui se respecte je lisais quasiment toute la journée, enfin seulement depuis hier, ayant résisté à l'ennui le plus longtemps que je pouvais auparavant. Là par exemple, j'étais en train d'étudier un livre assez complexe écrit entièrement en runes anciennes portant sur le moyen de lire l'esprit d'autrui en ensorcelant un objet personnel... Intéressant comme ouvrage, au pire si je ne parvenais à rien, je pourrais toujours ensorceler les robes des élèves pendant qu'elles étaient à la laverie et hop ils seraient tous à mes ordres, la classe non ?
Tiens, c'est bizarre, on dirait que le livre gémit.... et qu'il renifle. Je suis pourtant habitué à ce genre de bizarrerie mais là je ne comprends pas. Ah mais que je suis-je bête, ce n'est pas le livre, c'est un élève. Un jeune homme d'un âge indéterminé qui se cache derrière un Manuel de Botanique qu'il tient à l'envers, je le vois très bien de ma place et pis il n'est pas des plus discrets à chouiner comme il le fait ... Bon, au moins ça m'occupera, allons voir de quoi il retourne, prendre place dans les intrigues personnelles même futiles pourraient m'aider à m'introduire dans cette société indépendante qu'est Poudlard après tout, en me fondant dans la masse... Je m'approche donc de ce jeune homme dont je ne vois que les doigts dépasser du livre, son visage est certainement collé à la table, j'espère qu'il n'y fera pas trop de marque, quoique ce n'est pas moi qui nettoies alors tant pis. Je m'adresse à lui doucement, pour ne pas l'effrayer, comme devant une bête terrifiée...
-Bonjour jeune homme, j'ai l'impression que ça ne va pas, je peux faire quelque chose pour toi ? Je sais que je ne suis que le bibliothécaire mais dans certaines situations, avoir quelqu'un pour être écouté fait bien plus de bien que d'essayer de se plonger dans un livre, surtout si celui-ci est tenu à l'envers.
Petite blague pour détendre le garçon, avec plus ou moins de réussite. Délicatement, je lui enlève le manuel des mains pour le poser sur la table, j'irai le ranger après. Mais c'est qu'il est plus vieux que je ne pensais celui-là. A entendre ces pleurs je pensais avoir affaire à une jeune deuxième ou troisième année mais ce garçon semblait avoir au moins 16 ou 17 ans. Et en plus, malgré les larmes qui avaient rougi ses yeux et un peu enlaidi son visage, il semblait très mignon.
Non non non, Maxence tu es beaucoup plus vieux que lui et puis tu n'es pas là pour ça.
Bon avant que mes hormones d'adolescent (je ne suis pas vieux parce que j'ai 29 ans non mais !) ne prennent le dessus, je me reconcentre sur ce jeune qui parle avec des difficultés, enfin je veux dire que j'ai du mal à comprendre, la bouche pâteuse ça ne rend jamais les choses faciles...
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Sujet: Re: Parler de ses peines c'est déjà se consoler [Aiden N. Hawkings] Lun 24 Juin - 21:34
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Parler de ses peines c'est déjà se consoler.
« I'm the Beauty or...the Beast ? »
*Tu es moche, hideux, laid, horrible, repoussant. Tu es moche, hideux, laid,...*
Telle était la psalmodie qui trottait inlassablement en boucle dans l'esprit d'Aiden alors qu'il s'enfonçait deux doigts -l'index et le majeur gauches- dans sa gorge, de plus en plus profondément. Des larmes coulaient le long de ses joues en de sinueux traits salés jusqu'à son menton à hauteur duquel elles s'accumulaient pour enfin tomber sur le sol, alourdies. Le Gryffon ignorait s'il pleurait à cause de la tristesse qui rongeait son être ou à cause du caractère inconfortable de sa position (un mélange des deux sans doute). Il s tenait là, agenouillé face à la cuvette, soumettant son gosier à l'intrusion de ses doigts, émettant par la même occasion une séries de borborygmes peu plaisants. Heureusement pour lui, les toilettes étaient désertes.
*C'est la seule raison possible. Il ne serait pas parti sinon.*
Aiden savait au fond de lui-meme qu'il se faisait du mal inutilement. Sevastian n'était pas parti de gaieté de coeur et n'avait pas pu se soustraire à sa mission d'Auror, même si cela impliquait de quitter le jeune garçon. Il lui avait annoncé la triste nouvelle la veille de son départ. Le savait-il déjà alors depuis un certain moment ou non ? Aiden ne le saura jamais. Ils avaient fait l'amour comme jamais ils ne l'avaient fait -ce qui n'était pas chose dite à la légère. Aiden avait pleuré toute la soirée, en silence. C'était idiot, mais Aiden avait eu l'envie de porter l'enfant de son amant, par un désir ardent de rester lié à cet homme. Sevastian avait séché les larmes d'Aiden du bout des doigts et l'avait serré longuement contre son torse. Le Gryffon avait passé de longues minutes a écouté battre le coeur du Russe. Il y a peu, il aurait pu sauter de joie à l'annonce de son départ et de plus, aurait pu douter de l'existence d'un coeur dans cette poitrine. Cela lui semblait si lointain, si nébuleux. Les humiliations passées que lui avaient infligé Sevastian semblaient provenir d'un songe lointain, irréel. Là, maintenant, tout cela avait disparu pour une valeur unique. L'Amour. Aiden était amoureux de ce tortionnaire. Ils avaient ensuite parlé, toujours enlacés, de leur séparation, ce qu'ils ressentaient. Le Gryffon n'avait jamais été aussi honnête envers quelqu'un. Il ne sait pas trop quand, mais il avait fini par s'endormir. Lorsqu'il se réveilla, il était dans son dortoir, en pyjama, et il se détestait. S'il ne s'était pas endormi, il aurait pu profiter plus longtemps de la présence de Sevastian. Il aurait pu... lui demander une adresse à laquelle il pourrait le joindre ! Il fouilla son lit de fond en comble à la recherche d'un mot laissé là par son amant, lui indiquant un endroit où lui écrire ou quelque chose comme cela. Il croyait dur comme fer à l'existence de ce billet mais dû bien se rendre à l'évidence que, à part un suçon sur le cou, Sevastian était parti. Sans un mot, sans un signe. Comme un fantôme. Et il ne reviendrait plus. Pendant de folles secondes lors de leurs ébats, le Gryffon s'imaginait faire sa vie avec cet homme. Il espérait que l'envie était réciproque mais, apparemment, lui seul ressentait de l'amour. Sevastian ne devait le considérer comme un... objet. Sauf que l'objet ne devait sans doute plus correspondre aux normes et aux envies du Russe. Il aurait fait un effort pour garder le contact, ou rester au château plus longtemps, en dépit des ordres ! Qu'est-ce qu'Aiden pouvait se reprocher physiquement ? Peut-être ne se rendait-il pas compte qu'il n'était plus aussi attirant qu'avant ? C'était la seule raison possible. Lentement mais sûrement, l'idée qu'Aiden était déficient esthétiquement s'imposa à son esprit pour s'y ancrer profondément.
Pour être plus beau et corriger ses imperfections, il lui fallait être plus mince. D'où ses séances pluri-quotidiennes d'amaigrissement par rejet de nourriture. Paradoxalement, il ne voulait plus porter ses vêtements. Ils étaient trop courts (il se demandait parfois comment il avait pu porter ça sans avoir honte) et ne laissait rien deviner quant au caractère difforme de son corps. Malheureusement pour lui, il ne possédait que cela dans sa garde-robe. Après quelques efforts et essais peu fructueux, il réussit à modifier la longueur de ses habits. Fini le gars court vêtu qui aime se donner en spectacle, et re-bonjour l'Aiden original, l'Aiden qui se cache aux yeux des autres.
Il remit son déjeuner dans la cuvette, mais ne se sentit pas pour autant plus beau. Ni plus soulagé. Il avait toujours cette incommensurable tristesse au fond de lui-même. Il n'arrivait même pas à en vouloir à Sevastian, puisque c'était de sa faute à lui. Il sortit de la cabine et alla se rincer le visage au lavabo. Son reflet dans le miroir lui parut si... désagréable à regarder. Il hurla et envoya au hasard plusieurs sorts sur la paroi réfléchissante. Elle éclata en morceaux et certains débris lui entaillèrent légèrement ses rares parcelles de peau à découvert. Il ne saignait pas. Heureusement. La vue du sang lui aurait peut-être donner des idées bien plus extrêmes, et se scarifier n'allait pas améliorer son cas.
Il remit son sac en bandoulière sur son épaule, en tentant d'éluder ses idées noires, avant de marcher en destination de la bibliothèque. Si sa vie sentimentale -et sociale par la même occasion- était un désastre, il conservait de nouveau de bonnes notes. Il n'avait rien d'autre à faire de ses journées que de travailler, si ce n'est se faire du mal, et c'était la seule activité qui accaparait tellement ses pensées qu'il ne pensait plus trop à son gouffre émotionnel. En théorie. Il n'était pas rares que ses larmes brouillent de manière imprévue sa lecture d'un parchemin ou qu'elles ne s'écrasaient sur celui-ci, dégradant l'encre. Il avala quelques pastilles à la menthe et pris le chemin vers la bibliothèque. Il avait un devoir de botanique à rédiger -l'équivalent de deux parchemins. Comble de malheur : il ne trouvait aucun intérêt aux plantes.
Il marchait d'un pas lourd, à travers les rayonnages, s'arrêtant parfois pour regarder les références d'un livre ou ajouter un ouvrage dans la pile de bouquins qui le suivait en lévitant à sa hauteur. Enfin, il s'installa à l'une des tables. Il n'y avait pas foule en ces lieux à ce moment de la journée, et Aiden put donc s'asseoir tout seul. Il s'était s'y souvent retrouvé à cette même table pour rédiger des devoirs supplémentaires de Défense Contre Les Forces du Mal. Cela, hormis le temps perdu qu'il aurait pu passer à faire autre chose, ne le dérangeait pas. Il comptait devenir Auror et estimait que chaque information de plus grappillée dans ce domaine ne pouvait qu'être bénéfique. Sevastian allait l'aider à devenir Auror, du moins c'était son projet avant qu'il ne prenne la clé des champs sans préavis. Les yeux d'Aiden picotèrent et il battit des paupières. Trop tard. Des larmes forçaient déjà le passage pour s'écouler. Le Gryffon avait l'impression de passer son temps à pleurer et se demandait comment il trouvait encore l'énergie d'être triste. Il secoua pour mettre un terme à toutes ces pensées, mais c'était vain. Il prit un des livres au hasard, plus pour se cacher le visage que pour le lire... ce qui aurait été difficile, étant donné qu'il le tenait dans le mauvais sens, mais il était trop peu concentré pour s'en rendre compte. Il colla son visage à la table et, secoué de soubresauts, tentait de reprendre le contrôle. Il se demandait si les enfants abandonnés ressentaient la même tristesse que lui. Après tout, c'est ce qu'il était... A bien des égards, encore un enfant et, pour une évidente cause, il était abandonné.
« Bonjour jeune homme, j'ai l'impression que ça ne va pas, je peux faire quelque chose pour toi ? Je sais que je ne suis que le bibliothécaire mais dans certaines situations, avoir quelqu'un pour être écouté fait plus de bien que d'essayer de se plonger dans un livre, surtout si celui-ci est tenu à l'envers. »
En temps normal, Aiden aurait sursauté. Sauf que là, il était tellement en état de langueur et de mélancolie profonde, que ses nerfs réagissaient parfois à peine. Il ne combattit même pas ces doigts venus de nulle part qui lui arrachèrent doucement son livre et mit quelques secondes avant de relever timidement la tête. Il se retrouva nez-à-nez avec un homme entre la vingtaine et la trentaine. Il ne s'attarda pas sur lui, contrairement à ce qu'il aurait pu faire auparavant. Il regarda à peine ses yeux expressifs, ne remarqua guère ses lèvres fines. Aiden ne regardait plus personne avec intérêt désormais.
Le Gryffon n'avait pas vraiment envie de se confier à un inconnu mais plusieurs raisons le poussait à s'exprimer. 1) Cet homme faisait partie de l'équipe professorale (plus ou moins). 2) Aiden ne pouvait garder toute cette tristesse en lui, s'il ne voulait pas exploser. 3) Il ne pouvait pas trouver un prétexte bidon. Pleurer en pensant à ce pauvre poivron indien dessiné sur son livre qui, mixé avec de l'écorce d'un arbre quelconque, donnait une crème anti-verrures. Et aussi parce que, tout simplement, cet homme avait une tête de gentil. Aiden aurait eu du mal à donner une définition de "tête de méchant" et "tête de gentil", mais le bibliothécaire avait vraiment l'air bienveillant. Aiden se redressa légèrement sur son siège.
« J'ignore si c'est intéressant. »
Nul doute que ce cher bibliothécaire allait trouver ça intéressant (tout le monde aime les ragots, pourquoi pas les fanatiques de livres ?). Aiden hésitait encore malgré tout à se confier, n'ayant surtout pas envie de se remettre à pleurer devant un adulte.
« Mais je ne vois pas trop en quoi vous pouvez m'aider, j'sais même pas qui vous êtes... »
Il fallit continuer en disant "Vous êtes un pervers ?" mais cela lui semblait tout à fait déplacé comme genre d'humour, alors qu'il le pratiquait depuis plusieurs mois maintenant sans se soucier de l'éthique de ses blagues. Si ça tombe, le bibliothécaire avait lu dans ses pensées. Sevastian lisait dans les pensées des gens, pourquoi pas lui ? Mais il n'avait pas l'air de s'offusqué de cette insulte non-prononcée.
« ...Mis à part que vous êtes bibliothécaire bien sûr. Mais ça ne m'aide pas vraiment. »