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Imaginations d'une plagiste Barcelonaise

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Adonis Leroy

Adonis Leroy

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MessageSujet: Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Icon_minitimeMar 16 Juil - 19:07


1er Novembre 1981 – Dans une grande maison en briques, au toit en ardoise, Demeure de quatre garçons : un français qui s'est dit qu'immigrer en Angleterre était une brillante idée, un garçon qui, fut un temps, était considéré comme le pire des naïfs, un bâtard clochard et irresponsable, et enfin un lion particulièrement féroce.

Le ciel est découvert, et malgré le froid automnal, le soleil brille de toute ses forces. Si le gel a bel et bien emprisonné la nature depuis une ou deux semaines, il semble décider qu'aujourd'hui, l'Écosse aura le droit de fondre. Une sorte de renaissance, qui semble malgré tout assez malsaine. Les détraqueurs ont disparu, ils ne s'amusent plus à errer un peu partout, semant la mort derrière eux. Mais en réalité elle est bien là, partout.

La porte en bois de la grande masure s'ouvre. Un homme aux cheveux châtain clair et aux yeux miel sort, un bébé de quelques mois entre les bras, emmitouflé dans ses pulls, son écharpe et ses gants. Il se dirige sur la droite, jusqu'à trouver un coin d'herbe pas trop trempée, et pose son fils sur le sol. Celui-ci a à peine deux dents qui percent sa gencive, mais il a un grand sourire aux lèvres. Il est maintenant assis dans l'herbe mouillée, qu'il tente d'arracher de ses petits doigts. Adonis l'aide, joue avec lui, le chatouille, le laisse gambader à quatre pattes dans le jardin, tentant d'oublier la tragédie. Pendant ces quelques minutes hors du temps avec son gosse, comme il aime l'appeler, il oublie. Tout est mieux. Jusqu'à ce qu'il voit que le hamac du jardin n'est pas libre. Deux garçons y sont enlacés, silencieux. Soudain, la gorge du français se serre, il attrape alors son fils pas plus lourd qu'une plume, et rentre à nouveau dans la maison. Une odeur désagréable s'échappe de la couche de l'enfant, et voilà qu'il va falloir le changer à nouveau. Tant mieux, ça l'occupe, et ça lui permet de ne pas lâcher le gosse des yeux. Son petit trésor a un papa, une maman, et il ne faut pas qu'il les perde.

Retournons dans le jardin, dans le hamac. Deux hommes enlacés, dont un avec encore le visage gonflé de larmes. Ils semblent être hors du temps. Gabriel, lui, voudrait bien carrément le reculer, le temps, mais c'est un peu lâche, et c'est un Gryffondor, n'est-ce pas, il doit être courageux. Alors il se laisse bercer par le hamac dans les bras de Dirk, qu'il aime particulièrement, aujourd'hui. L'air se rafraîchi avec l'avancement des heures, mais peu importe, là, il est bien, et il oublie la vision d'horreur qu'il a eu ce matin même en ouvrant la Gazette du Sorcier. Évidemment, il a fallu que ce soit lui qui lise cette Une là, il le fait tout les matins en même temps, c'est comme un automatisme. À table, il y avait tout le monde, sauf Remus. Georgia somnolait sur l'épaule de son mari qui trempait son croissant dans son café brûlant, Zéphyr était arrivé après tout le monde, évidemment, et s'était fait cuire du bacon, drôle de musulman. Sasha l'avait suivi de près, et il avait déposé sur son assiette, serviable amant, un pain au lait et une tablette de chocolat. Gabriel avait été le premier réveillé, il avait même eu le temps de conduire jusqu'à la ville la plus proche pour acheter quelques vivres à la boulangerie, il était tellement de bonne humeur et il avait voulu transmettre cette joie, peut-être due à une excellente nuit partagée avec Dirk, à tous ses colocataires. Ce matin, leur train-train était certes inquiétant, morbide, mais pas tragique. Jusqu'à ce matin, ils vivaient en effet tous sous une énorme épée de Damoclès, mais elle était devenue leur quotidien depuis plusieurs années, ils partageaient leur vie avec le mal et la défense du bien depuis longtemps, et ce matin, un simple journal a tout fait exploser.

Zéphyr cette nuit-là, n'a pas fait de cauchemar. Il a bien dormi, même, rêvant qu'il volait sur un balai ou qu'il mangeait un hamburger. De plus en plus fréquemment néanmoins, ses nuits sont habitées d'un cauchemar, toujours le même : il marche dans un parc, son enfant dans la poussette, sa femme accrochée à son coude, sa mère derrière, et ses deux sœurs qui courent un peu partout autour. C'est sa mère qui disparaît la première. Puis Saha, Mahwish, et souvent, il ne se rend compte de ces pertes que quand il sait que ça sera le tour de Sasha. Alors il serre sa main très fort, puis son corps en entier, mais elle aussi, finit par disparaître. Et puis, un coup d'œil à la poussette plus tard, et le bébé aussi, a disparu. Il se retrouve seul, et quand il crie, personne le l'entend, jusqu'à ce qu'il crie si fort que Sasha soit obligée de le réveiller. Mais cette nuit est différente, en se réveillant, il a même espoir que ça soit prémonitoire, que enfin, ça va aller mieux. C'était sans compter le petit déjeuner. Zéphyr est maintenant à la fenêtre de sa chambre. Il entend derrière lui les gazouillis de sa fille, qui tente vaguement de gambader autour de la pièce, aidée par sa mère. Sa fille, son bijou, sa perle, qui pendant quelque temps, a été considérée comme un accident, un problème, et qui est maintenant du bonheur à l'état pur. Zéphyr attend, devant cette fenêtre. Il regarde d'un œil fixe la lisière du bois qui encercle leur maison. D'une minute à l'autre, il le sait, il va voir Remus débarquer. En effet, voilà un homme en haillon qui claudique pour pénétrer dans le jardin, l'air de porter toute la misère du monde sur ses épaules. Zéphyr se retourne vivement, sort de chambre, dévale les escaliers, et fini par courir vers son colocataire. Dans sa paume, il tenait la Une de la Gazette du sorcier du jour, qu'il laisse tomber derrière lui, froissée. Si on la déplie, on peut voir une de ces photos mouvantes, celle-ci montrant une maison encore fumante. Les gros titres tournent en boucle, comme une bande d'information : INCIDENT À GODRIC'S HOLLOW ... LILY ET JAMES POTTER ASSASSINÉS PAR VOUS-SAVEZ-QUI EN PERSONNE ... LEUR FILS  HARRY POTTER SURVIT ... CELUI-DONT-ON-NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM DISPARAÎT.

Personne n'a été réellement inquiété de l'absence de Remus, ce matin-là. En effet, rien d'étonnant à cela, ça arrive même très souvent, que l'homme disparaisse un soir pour ne réapparaître que quelques jours plus tard. Deux raisons à cela, plus ou moins évidentes : la première, il fait partie l'Ordre du Phoenix. Quel est le rôle de cet ordre ? Combattre Voldemort et son armée. Ainsi, ses nuits sont souvent occupées par des traques, des affrontements ou autres qui l'obligent à ne pas rentrer chez lui. Aussi, Remus est un Loup-Garou, alors bien sûr, une fois par mois, il s'éloigne de cette maison remplie de chair fraîche histoire de ne pas bouffer tout le monde. Personne ne s'était inquiété, mais peut-être auraient-ils du. Cette nuit-là n'était pas comme les autres. C'était la nuit ou tout avait volé en éclat, devant les yeux impuissants du Loup-Garou. D'abord, la trahison de Sirius. Puis, l'assassinat de James, Lily et leur fils, Harry, qui survit au sort duquel on n'est pas sensé survivre, détruisant au passage le plus grand mage noir de tous les temps. Ensuite, il y avait eu l'explosion crée par Sirius causant la mort d'une douzaine de moldus, l'assassinat de Peter, et enfin, cette même nuit, l'incarcération de Patmol.  Voilà l'histoire officielle balancée par les journaux, que Remus refusait de croire. Ses meilleurs amis morts ou en prison ? Non, jamais, c'était lui qui aurait du mourir d'abord, pas eux. Et Sirius, un traître ? Pour tous, ça paraissait évident, c'était un Black après tout, mais pas pour lui, pour lui, Sirius ne ferait jamais cela. Tout cela puait l'injustice qui ne serait pas révélée avant une bonne dizaine d'années.
Il est 20 heures passées quand Remus débarque dans son jardin. Il a passé la nuit et encore tout le jour à poursuivre des mangemorts. Une bonne vingtaine a été envoyée à la barre de Croupton, avec pour destin de finir leurs jours en prison, et cela un peu grâce à la patte, endommagée maintenant, de Remus. Accoure vers lui maintenant un jeune tatoué, l'air dur et décidé. Il l'attrape sous le bras, et l'aide à marcher jusqu'à la maison. Remus ne parle pas, il finit plutôt par se laisser soulever d'un sortilège qui l'amène jusque dans son lit, dans le grenier. Il n'a qu'une idée en tête, maintenant. Tous ses amis ont disparu. Pour la première fois depuis dix ans, il va devoir passer sa pleine Lune seul, face à lui même. Il est seul. Terriblement seul.

Tout le monde a vu Zéphyr qui courrait dans le jardin, et qui ramenait le blessé dans son antre. Gabriel a alors bondit, décidant que c'était l'heure de préparer le repas. Ce soir, ça sera italien. Tout le monde aime les pâtes et la sauce tomate, tout le monde se délecte d'un tiramisu. En Italie, il n'y a pas de mage noir, juste de la nourriture et du soleil. Dans la cuisine, Adonis se serre un verre de vin, mais l'ancien Gryffondor lui pique presque des mains, et avant de se mettre à découper des tomates, il boit l'alcool à longues gorgées. Trois de ses anciens camarades sont morts, et parmi eux, il y avait des amis, des vrais. La tragédie est entière, mais Remus, lui, ce sont ses meilleurs amis qui sont décédés, et c'est à lui qu'il faut penser. Alors Gabriel boit son vin, et se met au travail. Adonis, de son côté, se sert un nouveau verre. Lily est morte. Vraiment. En apprenant la grossesse de Georgia, il a arrêté de fumer, mais là, une Gauloise lui pend au bec. Il ne s'en délecte pas, mais sent quelques nerfs de son cou se détendre. C'est déjà ça n'est-ce pas ? Lily est morte. Zéphyr, après avoir déposé Remus dans son lit, envoie son patronus chez une certaine jeune fille, pour lui laisser un message : « Pando, tu devrais venir à la maison, et vite. » Il descend ensuite dans le jardin, suivit par le français, qui lâche son mégot dans l'herbe au passage. Ils ont pour habitude de réactiver les sortilèges de protection de leur maison le soir, vers cette-heure là. Mais quand Zéphyr pointe sa baguette vers le ciel, Adonis attrape doucement le bras du tatoué. Derrière eux, des pas crissent dans l'herbe. Gabriel se glisse à côté de l'ancien Gryffondor, et murmure : « Pas besoin, ce soir. » En haut, dans le grenier, Remus se tient debout près de sa petite fenêtre, et les observe. La maison est silencieuse, c'est à peine s'il entend les cris des enfants, encore si innocents. Un autre enfant, loin de là, est innocent, bien qu'il aie réussi à détruire celui parfois appelé le "Seigneur des Ténèbres". C'est l'enfant de Lily et James Potter, ceux qui ont été assassiné cette nuit, ébranlant au passage non seulement la demeure, mais aussi l'Angleterre toute entière.  Ils sont morts pour leur fils, d'abord, pour le protéger, mais aussi pour le monde et ses citoyens, en vaillants guerriers.

En ce premier novembre 1981, malgré la renaissance d'une Angleterre sans Mage Noire, la demeure des Quatre Garçons est en deuil.

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Mary McDonald

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MessageSujet: Re: Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Icon_minitimeJeu 18 Juil - 15:17





Assise sur le rebord de la fenêtre du séjour, ses pieds nus battants dans le vide, une jeune  femme aux yeux rougis fixe l’horizon. Elle n’a même pas pris le temps de revêtir une veste, ses épaules ne sont pas couvertes. Elle ne porte qu’un simple débardeur en guise de haut et un jean noir.

Derrière elle, on peut apercevoir un exemplaire de la Gazette du Sorcier qui se consume doucement sur le carrelage sans qu’elle n’y prête d’attention. Depuis combien de temps est-elle là ? une heure ? deux heures ? plus ? Qui saurait le dire avec précision..Toute notion du temps s’est envolée. Octobre est passé, apportant dans son sillage vents et brouillard. Le temps s’est rafraichi, mais la demoiselle s’en soucie-t-elle vraiment ? Réalise-t-elle qu’ainsi installée le rhume la guette ? A-t-elle seulement imagé un instant qu’un mauvais mouvement l’aurait entrainé plusieurs mètres plus bas ? Non bien sûr que non. Son cerveau a cessé de fonctionner voilà un moment, laissant à ses émotions le contrôle total. Sous ses pieds, deux étages plus bas, un groupe de jeunes gens passent. Ils rient. Elle non. Sur sa joue roule une nouvelle larme. Puis une autre. Et encore une … Sa vue se brouille mais elle n’a pas la force de faire quoi que ce soit pour que cela cesse. Les souvenirs remontent. La douleur revient.

Nous sommes le premier jour de Novembre. Le royaume britannique est en fête. La fin d’une ère des plus sombres vient d’être proclamée. Tout le monde sourit, tout le monde chante, tout le monde se réjouit. Pas elle. Le cœur n’y est pas. L’envie non plus. Elle aimerait se réveiller enroulée dans ses draps, son fiancé à ses côtés et se dire qu’il ne s’agit que d’un cauchemar, mais elle ne le peut pas. La veille au soir, disait l’article de la Gazette, Lily et James Potter avaient trouvé la mort. Peter Pettigrew les avait rejoint quelques heures plus tard, tué de la main de l’un de ses meilleurs amis en même temps qu’une douzaine de moldus. Sirius Black venait d’être nommé traitre de manière officielle. Un meurtrier. Mary connaissait ces gens. Elle les avait aimés, tous d’une manière différente selon les années, mais elle les avait aimés. La logique aurait voulu qu’après la perte de nombreux proches elle s’y soit habituée, mais ça n’est pas le cas. Cela ne serait jamais le cas. Il y avait eu son père, au mauvais endroit au mauvais moment. Benjy Fenwick aussi. Pauvre Benjy, il ne méritait pas de finir comme ça … c’était un type bien. Puis il y avait eu les frères Prewett, quelques semaines auparavant, avec lesquels elle s’entendait très bien, elle était même sortie avec l’un deux pendant quelques mois. L’Ordre du Phénix lui avait fait rencontrer des gens formidables, apprendre  à vivre sans eux avait été plus difficile qu’il n’y parait pour elle, grande sensible, qui s’attache si rapidement aux autres. Des anciens camarades de classe et même des collègues, né moldus pour la plupart, comptaient parmi les victimes. Et maintenant c’était au tour de James, Lily et Peter de passer de l’autre côté. Elle-même aurait pu mourir lors d’une offensive contre les mangemorts, mais Merlin décida ce jour là qu’elle méritait de vivre alors qu’elle pensait vivre ses dernières heures. Injuste. Elle avait trouvé la situation injuste, jugeant que la mort aurait été préférable à la vie. C’est alors que Sirius lui avait dit «  Rien n’arrive sans raison sweetie, le moment venu tu t’en apercevras. » Sirius … certainement celui des Maraudeurs avec lequel elle se sentait le plus proche malgré leur caractère opposé. Depuis cette fameuse journée où il l’avait tiré des griffes de ses cousines, une amitié était née. D’abord faible, fragile, à peine plus résistante qu’un brin d’herbe au milieu de la tempête, mais elle s’était consolidée au fil des ans. Cette relation n’était en rien comparable avec celle qu’elle entretenait avec son meilleur ami, Gabriel ; mais elle lui convenait parfaitement. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui si elle se retrouvait dans une situation délicate, qui nécessitait le secours d’un garçon fort. Sirius le Protecteur. Un titre qui sonnait chevaleresque. L’antithèse parfaite du titre que lui donnait à présent la presse.

« INCIDENT À GODRIC'S HOLLOW ... LILY ET JAMES POTTER ASSASSINÉS PAR VOUS-SAVEZ-QUI EN PERSONNE ... LEUR FILS  HARRY POTTER SURVIT ... CELUI-DONT-ON-NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM DISPARAÎT. »  Elle se revoit découvrant les gros titres sur la une pendant petit déjeuner. Elle se rappelle encore le bruit de sa tasse qui vole en éclat sur le sol. Son fiancé qui passe la tête dans l’embrasure de la porte de la salle de bain. Il s’approche. Il lit par-dessus son épaule, la regarde. Elle tremble. Doucement d’abord, puis un peu plus fort. Le journal lui tombe des mains et elle se blottit dans ses bras. Il l’entraine jusque dans un fauteuil et la berce jusqu’à ce que le travail ne le rappelle à l’ordre, et à regrets il la laisse. Elle sait qu’il aurait préféré, et de loin, rester avec elle toute la journée mais le devoir l’appel. Il ne peut s’y soustraire. De nouveaux sanglots l’emportent alors que la scène se rejoue dans son esprit. Ce n’est pas possible. Elle ne veut pas que ça le soit. Comment ? Comment James et Lily ont-ils pu mourir ? Comment Sirius a-t-il pu les trahir lui qui les considérait comme sa seule et unique famille ? Comment en était-il arrivé à tuer l’un de ses meilleurs amis ? A tuer des moldus, lui qui les affectionnait tant ? Le monde avait changé. Beaucoup trop changé. Elle a comme l’impression d’évoluer dans un autre univers. Un univers où les repères disparaissent peu à peu.

Doucement, elle appuie sa tête contre le cadre de la fenêtre et ferme les yeux. Elle continue d’espérer que tout ça n’est qu’un mauvais rêve, qu’à la fin de la semaine elle ira diner chez James et Lily et profiter de l’occasion pour câliner le petit Harry. Pauvre petit … il ne méritait pas de perdre ses parents. Il n’aurait jamais dû être confronté à Voldemort. Non, il n’aurait jamais dû vivre tout cela à son âge. Ses yeux la pique, elle les ouvre de nouveau. Un hibou passe près d’elle, elle reprend conscience de là où elle se trouve. Elle ferait mieux de rentrer. Elle passe une jambe à l’intérieur de l’appartement, puis l’autre. Un moment passe avant qu’elle ne se lève et ne ferme la fenêtre. D’un revers de la main, elle sèche ce qu’elle pense être les dernières larmes que son corps puisse encore verser. Ses pas la mènent à la cuisine où elle se sert un verre d’alcool. Elle aurait pu utiliser la magie, mais non, le faire par elle-même lui paraissait plus naturel. Elle attrape la première bouteille qui lui tombe sous la main, elle ne regarde pas de quoi il s’agit et s’en fiche, elle voulait juste avaler quelque chose de fort. De retour dans le salon, elle laisse son regard se poser là où bon lui semble. Mur, meuble, table, tout ou presque y passe. Ce sont finalement les cadres photos, posés sur une étagère qui l’attirent. On y voit des gens souriant qui font de grands signes à ceux qui viennent les regarder. Elle s’en approche et se saisit d’un cadre. Son cœur se serre. Il s’agit d’une photo de groupe. Elle a été prise il y a bien deux ans, peut être un peu moins, c’était lors du pique-nique qu’ils avaient pris l’habitude d’organiser au retour de la belle saison. La petite bande est complet : Les Maraudeurs, Lily, Georgia, Zéphyr, Sasha, Gabriel, Elijah, Marlène, Pandora, elle-même. Quelques autres s’étaient joint à eux, mais à l’heure où la photo avait été prise, ils n’étaient plus là. Mary laissa courir ses doigts sur le verre protecteur, nostalgique d’un temps qu’ils ne connaitraient certainement plus jamais. Un soupire s’échappe de ses lèvres. Qui sera là la prochaine fois si tous commencent à disparaitre ? Qui apportera la salade ? Le gâteau ? La boisson ? Qui racontera des blagues qui ne feront rire personne ? Qui leur ferait partager ses voyages ? Qui … La question reste en suspens, si elle se met à chercher des réponses à tout, de nouvelles idées noires viendront lui torturer l’esprit. Ce qui est bien la dernière chose dont elle a besoin.

La jeune femme reposa le cadre pour se saisir d’un autre. Deux charmantes sorcières aux traits semblables, en train de rire, toutes deux blondes. Mary et Georgia. Pendant un dixième de secondes l’ombre d’un sourire était apparu sur son visage. Qu’est ce que serait sa vie sans sa famille … Le patronus de cette dernière était venu lui apporter un message au court de la journée. Quand exactement ? Mary n’en avait aucune idée. Elle n’avait pas fait attention à ce détail, d’autres choses lui occupaient l’esprit. « Mary, si tu veux passer tu sais que la porte de la maison est toujours ouverte pour toi. N’hésite pas. » avait dit l’animal avant de disparaitre. Elles avaient toujours été là l’une pour l’autre, et aujourd’hui ne faisait pas exception. Avant de partir, elle prend le temps d’enfiler une veste et d’attraper une paire de chaussures. Une note indiquant l’endroit où elle se trouve et elle transplanait quelque part dans le pays, devant le muret d’une grande maison. Elle passe le portique sans problèmes, aucun sort ne se déclenche, elle se demande même s’ils ont été activés ce soir. A quoi bon de toute façon puisque maintenant que tout est fini… Trois silhouettes se dessinent devant elle, il ne lui faut pas dix secondes pour deviner leur identité. Adonis, Gabriel et Zéphyr. Les hommes de la maison. Remus n’est pas à leur côté, mais qui pouvait le lui reprocher ? Qui aurait l’indécence d’aller lui dire en face qu’il aurait dû se tenir dans ce jardin, avec ses colocataires ? Personne. Tous le respectaient énormément et l’idée de lui adresser de tels reproches ne leur aurait jamais effleuré l’esprit. Mary imaginait la douleur qui devait le posséder, il n’avait pas perdu que de simples amis, il avait perdu ses frères. Et perdre sa famille faisait mal. Très mal. Mary quitta l’allée pour gagner l’herbe où se trouvait les trois sorciers.

Les rapports entre eux ont tellement évolué. A une époque, Adonis et Mary n’auraient jamais supporté une telle proximité sans qu’un sort ou une pique n’ait été lancé. Tous deux ont grandi, et il faut dire que son mariage avec Georgia fut un facteur important dans le changement de leur relation. Cependant, il arrive encore que tous deux se chamaillent, même si ce soir et dans les jours qui suivront cela ne se fera pas.  A une époque, Mary n’aurait probablement jamais osé adresser la parole à Zéphyr, trop populaire, trop charismatique, trop impressionnant pour la gamine qu’elle était. Aujourd’hui, elle peut, elle ose. Ils ne sont pas très proches, mais ils s’entendent assez pour entretenir une conversation. Et Gabriel … c’est Gabriel, son meilleur ami, son frère, son étoile, l’aiguille sur sa boussole, l’oreille attentive qui l’écouterait parler des heures s’il le fallait, l’un de ses rayons de soleil. Il n’est plus aussi réservé qu’il l’était à Poudlard, mais Mary ne peut s’empêcher de continuer à le protéger.  

« Gab.. » Le prénom de son ange gardien ne parvient pas à franchir ses lèvres, l’émotion est trop forte. Elle s’approche de lui et va se blottir dans ses bras, son doux visage de nouveau baigné de larmes. Elle a besoin de ce contact. Elle a besoin de sentir qu’on l’entoure. Elle a besoin de savoir qu’eux sont encore là. Bien vivants.


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James C. Potter

James C. Potter

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MessageSujet: Re: Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Imaginations d'une plagiste Barcelonaise Icon_minitimeDim 13 Juil - 14:03

31 OCTOBRE 1981.


C'était une soirée comme les autres pourtant, n'est-ce pas ? Leur confort familial, le repas partagé entre les rires et les réprimandes - " Mon dieu James, tu vas éborgner ton fils si tu continues à agiter cette fourchette comme ça ! " - et puis cette routine qui s'était installée. Reposante. Agréable, finalement. Ils s'étaient retrouvés dans le salon, comme à leur habitude, pour discuter, jouer avec Harry ou encore écouter la radio sorcière.

Tout allait bien, non ?

James n'avait pas perdu espoir, non, même après tous ces mois à vivre caché, il était persuadé que la situation allait s'arranger. Lily le regardait alors avec une tristesse dans les yeux qui lui était insupportable. Elle désespérait ; il avait choisi de rester optimiste pour deux. Ce n'était pas parfait mais c'était mieux que rien. Être ensemble, avec leur fils, en sécurité.

Et puis, c'était Halloween aujourd'hui. Leur dernier, pas vrai, Lily ?

*

31 OCTOBRE 1980.


- Lily, je te promets, si je dois encore changer de déguisement, je fais une crise.

La jolie rousse afficha un sourire malicieux et passa ses mains derrière lui, caressant son dos. James se laissa envahir par son parfum sucré. Il adorait les effluves fruitées qu'elle utilisait pour son shampoing, cela le rendait complètement fou. Elle se rapprocha et susurra à son oreille :

- Désolée chéri mais je crois que le costume de vampire t'allait mieux.

Il lâcha un soupir exagéré. Bon sang, il en avait marre. Harry était chez des amis qui avaient généreusement proposé de le garder et ce soir, c'était la fiesta. Leur fils de trois mois était adorable vraiment. Une bouille d'ange, d'immenses yeux verts, James ne pouvait pas lui résister.

Sauf que depuis deux semaines, James ne dormait plus. Et il était prêt à tout pour passer une soirée tranquille avec ses meilleurs amis, boire un peu - ok, boire beaucoup -, et s'endormir avec sa femme pendant une nuit entière. Il en tremblait presque tellement cela lui paraissait invraisemblable. Huit heures entières de sommeil.

Il allait en pleurer.

Sauf, qu'évidemment, Lily était insupportable sur le choix du costume ! Ils devaient être partis depuis une heure. Une heure ! Le loup n'allait pas, le gobelin était de mauvais goût, le vampire était un peu cliché même chez les moldus, la plante de fleur ne faisait pas assez peur, bref, tout y était passé, rien n'allait. Ils n'arrivaient pas à accorder leurs violons.

Il voulait juste aller faire des shooters de vodka avec sa bande de copains, quoi !

James retira, agacé, sa tenue en cuir et ses oreilles de chat. Lily lui avait conseillé d'être ironique. Étant donné que pour plein de filles, Halloween était l'occasion de s'habiller de façon sexy, pourquoi ne pouvait-il pas le faire lui aussi ? Mais, le costume de Catwoman n'était définitivement pas pour lui.

L'ancien Gryffondor était persuadé qu'elle avait pris des photos pendant qu'il ajustait sa queue de chat. Elle lui avait juré que non pourtant...

- Lily. Je t'aime. Tu es l'amour de ma vie. Nous avons un fils ensemble. Bon, il est super chiant mais ça va, je l'apprécie malgré tout. - coup de coude de Lily - Je t'en prie. Si tu veux que notre couple dure, arrête de me saouler avec cette histoire de déguisement. Je m'habille en vampire : fin de la discussion.
- Et je suis d'accord avec toi.

James eut un rire sarcastique. Il passa une main dans ses cheveux et eut un sourire complaisant.

- Non, non, tu n'es pas d'accord. Dans un quart d'heure, tu vas changer d'avis et me dire que le lapin m'irait mieux ou que sais-je.

Lily lui tira la langue et le fit tourner pour qu'ils se retrouvent face à face. Il admira un instant ses prunelles étincelantes, sa peau de porcelaine, ses lèvres pleines. Il fut frappé par les traits tirés qu'elle avait et les cernes violacées qui s'étendaient sur ses pommettes. James oubliait parfois l'horreur qui faisait rage dehors. Avec elle, tout allait bien se répétait-il inlassablement. Rien ne pouvait déranger ce bonheur fragile.

Et puis, il suffisait d'un article dans la Gazette des Sorciers. D'une nouvelle annonçant la mort d'une de leurs connaissances. D'une mission pour l'Ordre qui tournait mal et dont il s'en sortait de justesse. Dans deux semaines, le couple allait s'installer dans une maison protégée par le sortilège de Fidelitas. Ils avaient repoussé le moment autant qu'ils avaient pu mais cela devenait urgent : ils étaient en danger. Plus important, Harry était en danger.

- James, je te promets, je changerai pas d'avis, dit-elle, le sortant de ses pensées plutôt sombres.
- Mouais, tu m'as dit ça avant.

Elle eut un joli rire cristallin.

- Allez, habille-toi, Catwoman, on est en retard.

*

14 MARS 1981.


- J'en peux plus, James, je t'assure, cette maison me rend folle !

Elle criait. Ses cheveux roux volaient autour de son visage et captaient la lumière du soleil, semblant s'embraser soudainement. Ils étaient dans le salon, en train de se disputer. Harry dormait dans la chambre du haut. Heureusement, Lily avait eu l'idée d'insonoriser la chambre, pour qu'il ne puisse rien entendre.

- Et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, Lily ? Vas-y, donne-moi une idée ! On ne peut rien faire à part rester ici ! répliqua-t-il, la voix dure.

Il ne savait même plus pourquoi ça avait commencé. Sans doute un simple détail qui leur avait rappelé qu'ils étaient en guerre, que ce cocon dans lequel ils vivaient se transformait de plus en plus en prison, que leurs amis mourraient et qu'ils étaient coincés.

- Je suis si fatiguée, James, finit-elle par dire.

Il s'approcha d'elle, hésita pendant une seconde à la prendre dans ses bras et n'y tenant plus, le fit. Elle enfouit sa tête dans le recoin de son épaule et il la berça doucement. Parfois, c'était elle qui craquait, parfois c'était lui - mais s'il devait être sincère, c'était surtout lui. Il ne supportait pas de rester enfermé. Dans les deux cas, l'autre devait être fort et essayait de rassurer, réconforter. Ils n'avaient qu'une vingtaine d'années. Toutes ces responsabilités, ces menaces, pesaient lourd sur leurs frêles épaules.

- Lily, je t'assure que tout va finir par s'arranger. Quelqu'un va le vaincre et on pourra enfin sortir d'ici, vivre une vie normale.
- Tu me le promets ?

Il se recula un peu, pour la voir. Ils échangèrent un long regard.

- Je te promets, Lily. On ira manger une glace au Chemin de Traverse, boire une bière dans un pub moldu, rendre visite à Sirius, à Remus et à Peter. Faire les boutiques, m'acheter un nouveau balai. Tu crois qu'il existe des balais avec des sièges pour enfants ? demanda-t-il d'un ton innocent.

Cette fois-ci, ce fut la rouquine qui se recula, mais plus brusquement. Elle leva un sourcil sarcastique.

- Si tu crois que je te laisserai emmener mon fils de quelques mois sur ton balai, tu peux rêver.
- Tu ne me fais pas confiance ?
- Je t'en prie, James. Ce n'est pas une question de confiance mais de sécurité.
- Comme s'il pouvait lui arriver quelque chose avec moi !
- Mais dans quel monde vis-tu où mettre un bébé sur un balai pour adulte est une bonne idée ?!
- J'étais un excellent poursuiveur ! Je suis très bon sur un balai, Lily, tu le sais.
- Ahahaha, comme la fois où tu as raté ton piqué et tu as fini avec une commotion cérébrale et les dents de devants cassées ?
- J'avais quinze ans ! Je suis beaucoup plus mature maintenant.
- Y'a trois jours, tu as donné à notre chat une potion pour le changer en poisson !
- Mais quelle idée de prendre un chat ! En plus, ce stupide chat n'aime pas Sirius, je vois définitivement pas pourquoi on l'a pris.
- Sirius ne vit pas avec avec nous, je te le rappelle pour la énième fois ! Nous n'avons pas à prendre nos décisions par rapport à lui ! Et les chats sont très biens !

La dispute, beaucoup plus légère que la précédente, continua pendant une bonne demie-heure. C'était plus pour se décharger de la tension et parce que, soyons francs, il s'amusaient bien à se lancer des piques. Ils finirent par s'arrêter quand Harry commença à pleurer. Ils échangèrent une oeillade complice et montèrent à l'étage.

*

1er AOUT 1981.


- Tu as demandé à Sirius d'offrir ce cadeau, n'est-ce pas ?

James eut une moue d'enfant pris en train de faire une bêtise, un sourire adorable qui fit fondre l'exaspération de Lily. Le premier anniversaire d'Harry avait été très calme, vraiment tranquille. Ils avaient invité des amis mais comme beaucoup étaient en mission pour l'Ordre, ils ne s'étaient retrouvés que tous les deux avec Bathilda, leur voisine.

Le couple étant très apprécié, les cadeaux s'étaient entassés toute la journée. Des bouquins d'éveil, des peluches, des jeux éducatifs, un tambour - ce qui avait effaré James et Lily au plus haut point, on n'offre pas un instrument de musique bruyant et désagréable à un enfant de un an. Et celui de Sirius, un balai-jouet, avait trouvé grâce auprès d'Harry. Il l'adorait. Et Lily s'était rapidement calmée en voyant à quel point son fils aimait le cadeau et que, cerise sur le gateau, c'était très prudent.

- Bon, d'accord, je confesse. J'ai un peu sous-entendu à Sirius que ce serait une bonne idée.

Lily afficha un sourire et jeta un regard désolé aux vases cassés par terre. La bonne nouvelle était que celui offert par Pétunia pour Noël était le plus... pulvérisé. Et James savait à quel point sa femme adorée le détestait. Mauvaise nouvelle, Harry avait failli tuer le chat. L'éclat de rire de James à ce moment-précis n'avait, comment dire, pas forcément était très bien perçu par sa femme - mais plus si adorée que cela après leur brève dispute concernant sa cruauté animale.

- Je confesse aussi, Sirius a eu une merveilleuse idée. Harry ne s'en lasse pas et il faut juste qu'on... Fasse de l'espace pour la prochaine fois qu'il en fera. Et on retire tous les bibelots et vases à proximité ! déclara Lily.

James se pencha et l'embrassa.

Parfois, il prenait peur. Être marié, avoir un enfant aussi jeune, faire partie de l'Ordre du Phénix, rester caché, ne pas pouvoir sortir - plus d'escapades dorénavant, Dumbledore avait pris sa cape en plus. Et puis, il y avait ces moments tellement banals qui l'emplissaient de joie. Sa Lily, toujours aussi enflammée et ô combien génialement agaçante, son fils - un futur grand joueur de Quidditch, il en était sûr -, ses amis qui passaient aussi régulièrement qu'ils pouvaient.

Lily enroula ses bras autour de sa nuque et le baiser se fit plus passionné. Elle lui fit un clin d'oeil malicieux et commença à déboutonner sa chemise.

*

31 OCTOBRE 1981.


- On se déguise pas cette année alors ? demanda James, en passant une main dans ses cheveux.

Lily secoua la tête. Elle était toujours aussi jolie, qu'importe les circonstances, remarqua-t-il tranquillement. La farine sur le visage, les bouts de pâtes coincés entre quelques mèches flamboyantes, les doigts poisseux à cause des oeufs. Lily faisait la cuisine, un gâteau probablement. L'activité culinaire et très banal avait rapidement dégénéré quand James avait commencé à lui jeter divers ingrédients sur la tête.

Il avait espéré - un peu stupidement - que Lily aurait stoppé la bataille et réagi en personne mature. Mais, non, elle avait rétorqué et qui était en train d'essayer d'enlever l'huile de sa tignasse emmêlée ? Bingo, James.

- Personne ne peut venir à la maison ce soir, de toute façon. J'ai demandé à Georgia, Adonis, Zéphyr, Sirius, euh, Sasha... Mon dieu, notre groupe d'amis est énorme, c'est insupportable de se rappeler leurs prénoms, continua James.
- Pandora, Gabriel, Elijah, Remus, Peter, Mary. Oh et Dirk aussi. Tu as une mémoire de poisson rouge, Potter, voilà le problème.

Il grommela quelque chose dans sa barbe inexistante qui valait mieux que Lily n'entende pas.

- Tu sais, Peter n'a pas l'air très bien en ce moment, dit Lily, l'air concernée. Elle faisait chauffer du chocolat noir avec sa baguette. Je m'inquiète pour lui. Tu devrais lui parler.
- Je pense que c'est à cause de l'assassinat des Brown, il était proche de William.

La mort, partout. Tout le temps, en permanence. À la radio, dans la Gazette, dans la voix tremblante de leurs proches. Chez eux, parfois. Qui s'infiltrait insidieuse et laissait peser sa lourde épée au-dessus de leur tête.

- Je pense qu'il est préférable que nous passions une soirée tranquille tous les trois, James.

Il acquiesça et l'aida à nettoyer les éclaboussures de farine, d'oeuf, d'huile... Finalement, il piqua un baiser sur sa joue et s'en alla dans le salon. Il avait envie d'écrire une lettre à Remus, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de nouvelles du jeune loup-garou. James se doutait que ses missions pour l'Ordre devaient être difficiles ; son ami lui manquait.

*

12 JANVIER 1979.


Il neigeait. Le vent frais balayait tout et James jura quand une branche tomba à ses pieds. S'il avait avancé un dixième de seconde plus rapidement, elle serait tombée sur sa tête. Il avait du mal à marcher dans la dizaine de centimètres de neige qui couvrait le chemin. Quel temps de chien.

James avait pris sa décision. Après réflexion, après avoir demandé conseil à autant de personnes possibles (sincèrement, il plaignait Mary pour le choix interminable de la bague ou encore Georgia sur les circonstances de la demande et même Sasha sur comment il devait s'habiller), il allait demander Lily Evans en mariage. Après autant de rebondissements, de disputes, de " je te déteste, plutôt mourir que de sortir avec toi ", de fausses déclarations, d'autres filles, James voulait s'engager.

Il avait peur qu'elle dise non. Il avait peur que cela soit une énorme connerie qu'i regretterait à la minute suivante. Il avait peur d'être trop jeune, de choisir un moment où tout se cassait la figure autour de lui, il avait peur que Lily trouve ça de mauvais goût alors qu'encore la semaine dernière, une de leurs connaissances était décédée. Surtout, il avait peur qu'elle dise non.

Parce qu'il s'en fichait de tout le reste, de la guerre, des morts, de sa jeunesse, de regretter, il voulait être avec elle, il voulait l'épouser, il voulait tout ça.

James sortit sa baguette et tapota sur la porte qui était maintenant devant lui. Une poignée de secondes plus tard, elle s'ouvrit et il monta, impatient, terrifié, angoissé, les marches qui le séparaient de l'appartement qu'il partageait avec Lily.

Ils s'étaient rapidement installés ensemble, après leur sortie de Poudlard. Cela leur avait paru logique, imparable.

Il entra sans toquer, se débarrassa de sa cape. L'appartement était plutôt petit mais accueillant, avec des couleurs chaleureuses et toujours cette irrésistible impression d'être chez soi. James aurait pu acheter quelque chose de plus grand mais Lily avait refusé, arguant qu'il n'avait pas à l'entretenir comme une vulgaire poule de luxe.

Il eut un sourire nerveux et tâta sa poche qui renfermait la précieuse bague. Ok, maintenant, il flippait complètement. Et si elle disait non ?

" Tais-toi, Potter. Elle ne va pas dire non. Elle va pleurer, dire oui, se jeter dans tes bras et vous ferez l'amour sauvagement ensuite. Voilà. " Et si elle disait non, il se mettrait à pleurer, se jetterait à ses pieds et... ferait quelque chose de sauvage sous le coup du désespoir, comme se jeter par la fenêtre la plus proche. Super, un plan génial. Ah, il s'adorait.

- James, c'est toi ? fit une voix inquisitrice.
- Euh, oui, Lily jolie chérie, c'est moi..., bredouilla-t-il. Il commençait déjà à perdre tous ses moyens.

Elle sortit de la cuisine - la pièce qui était reliée au salon par une porte en bois du côté gauche de la radio -, les cheveux attachés en chignon brouillon. Il tenta de lui faire un sourire qui s'effaça aussitôt quand il remarqua de 1 : ses sourcils froncés, de 2 : sa bouche qui était devenue un fin trait pâle, de 3 : ses mains sur ses hanches et de 4 : le paquet de cigarettes posé sur la table de chevet.

- Lily jolie chérie ? Tu es dans la merde, James Potter. Putain, je croyais qu'on avait dit que tu arrêtais de fumer ! Et qu'est-ce que je retrouve dans tes affaires ! Je suis désolée, amour, mais les cigarettes ne te rendent pas cool, ok ? Et puis, t'as vu l'heure ? J'étais inquiète, tu es en retard de presque deux heures ! s'exclama-t-elle en pointant du doigt l'horloge accrochée au mur.

Mince, les clopes. Étant donné que James stressait comme un adolescent qui allait enfin conclure avec une fille, il s'était remis à fumer. Beaucoup. D'ailleurs, c'était étonnant qu'elle ne
les ait pas retrouvés avant, il avait repris cette mauvaise habitude depuis presque un mois maintenant.

- Euh, je...
- Euh, je quoi ? Depuis quand tu bredouilles ? s'exclama-t-elle en s'approchant de lui, menaçante.

Il ne savait pas quoi faire. Ni quoi dire. Tout le petit discours qu'il avait préparé était en train de s'effacer de sa tête. C'était quoi le début déjà ? " Lily, je sais que nous sommes ensemble que depuis bientôt deux ans. Mais, je pense que tu es la femme de ma vie. " Et la suite ? Un truc du genre je t'aimerai toujours, épouse-moi ? Merde, il ne s'en souvenait plus. Et même le début lui semblait bancal ! Il était amoureux mais pas niais " la femme de ma vie " était un peu trop... Guimauve à son goût.

Lily s'impatientait pendant qu'il réfléchissait à la suite de cette stupide déclaration. Elle tapait du pied et il tressaillait.

James n'était pas quelqu'un de stressé. Il était charismatique et comptait sur son charme et sa capacité à pouvoir parler de tout et n'importe quoi pour se sortir des pires situations. Il était piquant lorsqu'il le fallait, drôle, intéressant, cultivé, bref, il brillait en société. Et là, devant Lily, qui portait un tablier par merlin, il restait sans voix.

Il prit une profonde inspiration.

Le moment de vérité.

- Lily.
- James ?
- Nous devons parler, dit-il précipitamment.

Le silence se fit, lourd, pesant et le visage de la jolie rousse se décomposa instantanément. Ses mains retombèrent, tremblantes, et elle détacha son chignon. Une cascade de cheveux tomba sur ses épaules, qu'elle repoussa du bout des doigts. Elle paraissait soudain très fragile, comme abasourdie par ce qui allait suivre. Il le comprit pas sa réaction aussi... étrange.

Et la brutalité de la phrase le frappa aussitôt. " Nous devons parler " ? Il n'allait pas rompre, pourquoi il avait prononcé une phrase aussi lourde de sens ? C'était un truc vu et revu ça, pour quitter sa copine, le " nous devons parler, en fait, c'est pas toi, c'est moi, désolé, je ne t'aime plus, restons amis, tu mérites mieux ".

Il secoua la tête. Ok, reprendre le contrôle de la situation.

- Je... Lily. N'y allons pas par quatre chemins.
- Tu ne vas pas me quitter, j'espère ? demanda-t-elle d'une voix blanche.
- Je, quoi ? Non, non, t'inquiète.

" T'inquiète " ? Putain. Il n'était peut-être pas niais mais sa demande devait quand même avoir une bonne dose de romantisme ; c'était le minimum. La soirée était en train de totalement se gâcher sous ses yeux. D'abord, le retard, les cigarettes, la dispute, le quiproquo de la rupture, le " t'inquiète " - sans doute l'expression la moins classe du monde - et... Pff. Il passa une main dans ses cheveux.

Allez, il pouvait le faire. Rattraper le coup comme un as.

- Je suis amoureux de toi, Lily. Je suis tombé amoureux de toi le jour où tu m'as fait un clin d'oeil après que je t'ai donné le vif d'or pour que tu te rendes compte ce que ça faisait de le toucher, je suis tombé amoureux de toi quand on s'est embrassés la première fois, je suis tombé amoureux après que tu aies souri à une de mes blagues, je suis tombé amoureux de toi quand tu as pleuré comme une gamine après un film nul qu'on avait vu ensemble. Je tombe amoureux de toi chaque jour. Je ne sais pas pourquoi toi, quel pouvoir t'as, mais à chaque fois que je te vois, que je t'entends, que je te touche, je retombe amoureux de toi. Indéfiniment.

Petit pause. Son coeur battait plus vite que jamais, il avait l'impression d'entrer dans un match de Quidditch, tout était là mais décuplé : l'adrénaline, la peur au ventre, la joie intense mais prête à basculer à n'importe quel moment.

- Alors voilà, aujourd'hui, j'aimerai que tu répondes à une question. Pas de pourquoi, de cris, pas de compromis, juste une réponse.

Sortir le coffret. S'approcher. Se demander s'il devait vraiment se mettre à genoux, étant donné qu'il avait super mal à sa cuisse à cause d'un sort qui avait failli le tuer lors d'une mission précédente, décider que finalement, oui, ça valait mieux. Se mettre à genoux. Tendre le coffret. L'ouvrir.

- Evans, toi qui m'as détesté pendant des années, Evans, la préfète parfaite, la coincée, Evans, la fille avec qui j'ai emménagée, Evans, avec qui je veux passer toute ma vie, enfin une partie de ma vie avant que tu ne deviennes trop... grosse - merlin, faisait-il vraiment une blague pendant sa demande ? il méritait qu'elle dise non, ce n'était pas possible d'être aussi idiot -, bref, Evans, ma Lily, veux-tu m'épouser ?

James leva finalement les yeux vers elle. Elle ne pleurait pas - merde - et n'avait pas l'air prête à se jeter dans ses bras. Il déglutit.

- James Potter, cela doit être une des pires demandes de mariages dans l'histoire des demandes de mariages.

Où était la fenêtre la plus proche ?

- Malheureusement, je vais devoir dire oui. Je ne me vois pas passer le reste de ma vie sans toi, tout simplement. Ou sans ton égo, qu'on peut compter comme une deuxième personne vu la place qu'il prend.

Boum. Boum. Boum.

Le temps d'une éternité. Elle affichait un immense sourire et ses yeux brillaient - yes ! - et il se releva. Sans prendre le temps de lui donner la bague ou quoique ce soit, il l'embrassa fougueusement.

*

31 OCTOBRE 1981.


Lily l'avait rejoint dans le salon. James posa fièrement la plume sur le bureau, relut rapidement sa lettre. Parfait. Concise, marrante - bon, après mûre réflexion, la moitié des blagues était... de mauvais goût -, et adorable. Il lui demandait de ses nouvelles, avait joint des photos d'Harry et lui avait finalement proposé, à la fin, de passer venir rendre visite le plus rapidement possible.

Il quitta la chaise de bureau et s'installa dans le canapé. Il ne savait pas quand il pourrait envoyer la lettre. Si trop d'hiboux passaient près de la maison, ils attireraient l'attention, sortilège de Fidelitas ou pas.

Il passa une main lasse dans ses cheveux. James se sentait un peu fatigué. Il s'ennuyait énormément, surtout depuis que Dumbledore lui avait pris sa cape d'invisibilité, l'empêchant d'aller se promener dehors.

Il ne voulait pas paraître trop agacé devant Lily - elle qui faisait tant d'efforts - et au lieu de se plaindre/commencer une dispute/être un petit con insupportable, il alla chercher son fils qui était dans la chambre du haut.

*

4 NOVEMBRE 1976.


- Est-ce que tu m'entends quand je te parle, Potter ? Jamais. Ai-je besoin d'épeler le mot ? J-A-M-A-I-S, siffla Lily.

Elle était très en colère. Très rouge. Les cheveux fous, les poings serrés, et même ce petit tic qu'elle avait développé en sa présence : elle se mordait furieusement la lèvre inférieur. Avant, elle ne le faisait que quand elle réfléchissait.

Était-ce une victoire de faire partie de ses habitudes ?

Subjectivement, oui. Mais si James prenait un peu de recul, c'était tout le contraire. Elle ne pouvait pas le supporter, voilà tout ce que ça voulait dire.

Pourtant, cela n'empêcha pas à James de sortir d'une voix assurée :

- Allez, Evans, arrêtons de nous mentir. Toute cette tension sexuelle entre nous, ça te rend folle.

Il osa même lui faire un clin d'oeil. La préfète sembla sur le point de s'étrangle de rage. Il lui fit un petit sourire victorieux et repartit dans l'autre direction du couloir, en sifflotant.

Ah, c'était trop facile. Quand James s'apercevait que ses techniques de drague ne marchaient pas, il en rajoutait juste assez pour qu'elle soit à deux doigts de faire une crise de nerfs. C'était aussi bien un moyen de se rapprocher d'elle - plus le temps passait, plus il fallait qu'il en rajoute, elle s'habituait à lui et à ses remarques graveleuses - que pour se venger du fait qu'elle le rejetait sans cesse.

Gagnant-gagnant, non ?

C'est ce qu'il pensait sincèrement en continuant à marcher. Il sortit le vif d'or de sa poche et joua avec lorsqu'il entendit des pas derrière lui. Oh. Retournement de situation ? La préfète parfaite venait-elle de changer d'avis et de transformer ce " jamais " en " maintenant " ?

Il se retourna vers elle, un immense sourire au visage.

Qui fut accueilli par une violente claque.

*

26 AOUT 1978.


La plage. Les vagues, l'eau salée, le soleil brûlant sur leur peau d'anglais, les bikinis des filles, l'alcool, les fou rires, les cigarettes échangées, les feux de camp, leurs tentes, bref, l'été.

Ils avaient tous décidé de partir en vacances, après le diplôme. Les Maraudeurs mais pas que, tous les gens qui gravitaient autour d'eux et qui avaient fini par se faire une place indélébile, cette espèce de mélange hétéroclite de maisons et de personnalités.

James leur jeta un regard plein d'amour, qu'heureusement personne ne remarqua. Ses amis. Sa copine, ses frères, ses meilleures amies, son univers entier. Il ne pouvait se sentir plus heureux, plus jeune, plus vivant.

Ce soir-là, ils avaient décidé de camper tout près de la plage. Ils entendaient en fond le bruit des vagues qui venaient doucement s'échouer sur le sable fin. Lily s'était lovée contre lui et ils formaient un cercle autour du feu. Une bouteille de vodka passait, paresseusement, de main en main. Les blagues fusaient, on se chamaillait pour un rien, on racontait des anecdotes.

James se sentait d'humeur nostalgique ou bien qu'il était un peu ivre, il décida de se lever. Il chancela mais Lily le stabilisa, avec un sourire moqueur. C'était lui qui avait la bouteille de vodka.

Il s'éclaircit la gorge et toutes les têtes se tournèrent vers lui.

- Mes chers amis, nous sommes ici réunis pour célébrer l'union de..., merde, je me suis trompé de discours, plaisanta-t-il. Je tenais juste à vous remercier pour ces années merveilleuses passées avec vous. Et je tiens à vous remercier pour les prochaines à venir. Il y a ici des gens que je ne pouvais pas saquer - clin d'oeil vers Adonis -, ou qui paraissaient trop différents - clin d'oeil à Pandora, quel beauf il faisait quand il voulait -, en tout cas, aujourd'hui, nous sommes ici, ensemble.

Quelqu'un chuchota " qu'est-ce que c'est niais, Potter " et la bande se mit à rire. James leva les yeux au ciel. Des crétins insensibles.

- Putain, vous pouvez pas apprécier un peu d'amour là, tout de suite ? Je voulais juste vous dire que c'était cool, vous êtes mes potes - bande de chanceux -, les années Poudlard vont me manquer mais elles ne conduisent qu'à de meilleurs choses après tout. Puissent-elles être toujours en votre compagnie.

Petit silence.

- À vous, à moi - surtout à moi - et à McGonagall qui aurait désapprouvé ce comportement irresponsable : santé.

James montra la bouteille de vodka et d'un geste assuré, la porta à sa bouche. Il ne restait que de quoi prendre cinq ou six gorgées. Après un discours aussi guimauve, il devait faire preuve de plus d'immaturité. Être sérieux, cela ne marchait que pour un temps.

Il la finit sous les applaudissements de ses amis.

- Je vous aime, les gars.

*

31 OCTOBRE 1981.


James sourit à son fils et fit léviter, grâce à sa baguette, le doudou en peluche d'Harry. Celui-ci, émerveillé, écarquilla ses grands yeux verts. Il voulut l'attraper, se pencha et tomba sur le tapis. James étouffa un rire.

Ils étaient à même le sol, installés, en train de s'amuser avec les jouets d'Harry. James les faisait voler dans les airs, ou créait un spectacle de marionnettes avec les peluches, ou encore les lançait sur sa femme, qui répondait par une exclamation agacée. Lily lisait dans le canapé derrière eux et James sentait ses jambes dans son dos. Tout était bon pour faire rire Harry - ou du moins, le faire rire lui-même.

Lily finit par se lever au bout d'une vingtaine de minutes et prit Harry dans ses bras.

- Il est l'heure d'aller manger.
- J'en ai marre de manger aussi tôt, Lily. Il n'est que dix-neuf heures ! J'ai l'impression d'avoir quatre-vingt ans, répondit-il, en rangeant d'un sortilège tout le bordel qui s'étalait dans leur salon.

Elle leva les yeux au ciel.

- Arrête de te plaindre et va mettre la table. J'ai passé deux heures à faire le repas et, ET, à concocter un dessert. Tarte à la melasse, petit ingrat.

*

16 JANVIER 1979.


Ils étaient assis dans le canapé.

Chacun à l'autre bout.

Sur la table basse, un test de grossesse.

- Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas fait un test sorcier, finit par dire James.

Elle lui jeta un regard qu'il ne comprit pas. Dans le vert émeraude, se mêlaient confusion, colère et... Il ne savait pas si elle était heureuse ou triste. Et ça le rendait fou. Devait-il se réjouir qu'elle puisse être enceinte ? Ou au contraire, être effrayé ?

- Je préfère la version moldue. C'est comme ça que j'ai été élevée.

Son visage était impassible.

- James, écoute, je ne veux pas être... Mais, nous venons juste de nous marier. On n'a que dix-neuf ans. La situation en ce moment, avec l'Ordre du Phénix, est intenable. J'ai envie de travailler. Et... Je ne suis pas sûre si nous sommes prêts à devenir parents.

Elle hésitait. Elle prenait des gants. Il connaissait ce ton, cette cassure un peu désespérée dans la voix, il l'avait entendue un milliard de fois. Chaque fois pour la même raison. C'est parce qu'elle ne le pensait pas prêt. C'est parce qu'il était immature.

Cette cassure, elle l'avait eue pour emménager ensemble, pour s'engager dans l'Ordre, même deux ou trois jours après la demande en mariage. Lily l'aimait. Lily croyait en lui, elle savait qu'il était courageux, loyal, elle savait qu'il était empli d'empathie et prêt à tout pour aider les autres mais parfois, elle prenait ses distances.

Lily avait peur que James n'assume pas ses responsabilités jusqu'au bout, lui qui avait tant cherché à les éviter tout au long de son passage à Poudlard. Lily avait peur que James prenne la fuite.

Qu'il la laisse toute seule.

- Je... Si je suis enceinte...

Sa phrase mourut sur ses lèvres.

- Si tu es enceinte, nous élèverons cet enfant ensemble. Si tu es enceinte, nous emménagerons dans un endroit plus grand. Si tu es enceinte, nous formerons une famille.

Il se rapprocha d'elle jusqu'à pouvoir la prendre dans ses bras. Elle se serra contre lui et il sentit la tension se relâcher peu à peu, son parfum embaumait l'air. Il chuchota à son oreille :

- Et si tu es enceinte, nous appellerons cet enfant Elvendork. C'est unisexe.

Lily le regarda et un sourire agrandit ses lèvres. Puis, plus qu'un sourire, elle se mit à rire. Un véritable fou rire la gagna et bien vite, James la rejoignit.

*

31 JUILLET 1980.


- Bienvenue, Harry Potter.

Une photo, une seule avait été prise pendant ce jour.

Malgré les protestations de Lily, James l'avait emmenée à St Mangouste. Tout son délire " je veux accoucher de mon enfant comme ma mère l'a fait pour moi, sans médicaments ni rien " s'était vite arrêté après les premières contractions et elle l'avait remerciée en pleurant après la naissance d'Harry.

Sur la photo - prise par Sirius ou Remus peut-être, il ne savait plus -, on voyait l'heureux couple dans une chambre d'hôpital. Lily avait l'air fatiguée. Pas épanouie ou particulièrement heureuse, non, juste incroyablement crevée. Elle était allongée dans le lit blanc, tenant Harry dans ses bras. James lui, avait passé un bras autour de ses épaules et affichait un sourire éblouissant.

Il semblait le plus heureux des trois. Le moins fatigué, aussi. Il était tellement content que ça en était... Agaçant, surtout pour Lily sans doute. Ce n'était certainement pas lui qui avait accouché d'Harry, avait-elle chuchoté à Sirius quelques minutes auparavant.

La photo bougeait et on pouvait voir James passer une main dans ses cheveux ou piquer un baiser sur la joue de Lily. Elle le repoussait parfois ou sinon, elle regardait, pleine d'amour, les deux personnes les plus importantes de sa vie.

La légende était incroyablement longue et raturée. Écrite par Lily au début, les mots s'étendaient, dans une calligraphie soignée.

31 Juillet 1981, naissance d'Harry, dix-sept heures. Après une journée entière de pleurs, de cris et de souffrance atroce. Son père est ravi ; normal, il n'a rien fait.

Plus brouillonne, une autre écriture s'ajoutait.

Lily est juste déçue que nous n'ayons pas pu l'appeler Elvendork. Apparemment, la société sorcière n'est pas aussi ouverte que je le pensais.

Et encore celle de Lily.

James a de sérieux problèmes qui me font douter de sa capacité à élever un enfant s'il a un jour pensé que nous allions appeler notre fils Elvendork.

Puis James.

Lily n'a aucun recul à cause de l'accouchement. Les drogues doivent toujours faire effet. Comment expliquerai-je à notre fils que sa propre mère a demandé au médicomage de la shooter au maximum ? Ou encore ses hurlements " Sortez-moi ça du ventre ? " Ah, le miracle de la maternité.

Lily.

Si James raconte ça à notre fils, je n'aurai évidemment aucun scrupule à dire à tout le monde comment James s'est évanoui. Trois fois. Puis qu'il a fondu en larmes. Deux fois. Et qu'il a vomi.

James, une nouvelle fois.

À cause de l'affreux repas que ta soeur nous avait concocté la veille !

Lily.

Je t'en prie, Potter, arrête de trouver des excuses.

James.

As-tu déjà vu une femme accoucher ? Face à face ? Parce que je t'assure, c'est dégoutant. Entre ça et le steak tartare de Pétunia hier soir - pourquoi sommes-nous allés les voir déjà ??? -, je me croyais dans un cauchemar.

Lily.

Bravo, décrire l'accouchement de ta femme comme un cauchemar. JE TE RAPPELLE POUR LA ÉNIÈME FOIS QUE TU N'AS PAS ACCOUCHÉ ET PAR CONSÉQUENT, TU N'AS RIEN À DIRE LÀ-DESSUS. RIEN À DIRE. AUCUN BÉBÉ N'EST SORTI DE TON VAGIN.

Et, j'espérais que Pétunia m'énerve tellement que ça provoque les contractions. Ce qui a été le cas, au passage.


*

31 OCTOBRE 1981.


Après avoir mangé et fait prendre son bain à Harry, ils étaient retournés dans le salon.

James avait mis la radio sorcière à fond, et une musique entraînante résonnait dans toute la maison. Lily avait bien essayé de le convaincre de baisser mais l'ancien Gryffondor avait refusé : quoi de mieux pour faire disparaître cette impression d'être vieux que du bon rock mis à plein volume ?

Harry portait son pyjama bleu et, assis dans le canapé avec lui, James s'amusait à créer des volutes de fumée colorée. Le petit garçon essayait de les attraper, en riant et en agitant ses mains minuscules. James souriait.

Lily sortit de la cuisine et détacha ses cheveux du lourd chignon qu'elle avait confectionné une dizaine de minutes auparavant. Ils retombèrent en boucles d'un roux foncé autour de son visage.

- C'est bon, tout est prêt pour demain.

James hocha la tête. Ils en avaient parlé pendant le dîner et avaient décidé d'inviter tout le monde demain soir ; ils ne supportaient pas d'être isolés et ils avaient vraiment envie de voir leurs amis.

- Tu veux Harry ?

Lily acquiesça et James prit leur fils dans ses bras et le lui tendit. Il jeta ensuite sa baguette dans l'autre canapé et s'étira en baillant. Il n'avait rien fait d'extraordinaire pendant la journée mais il était épuisé.

James passait une main dans ses cheveux.
Lily embrassait Harry.
La radio diffusait une musique mélancolique.

Et la porte d'entrée s'ouvrit brusquement.

*


- Lily ! Prends Harry et va-t-en ! C'est lui ! Va-t-en ! Cours ! Je vais le retenir...

Le Seigneur des Ténèbres éclata de rire. James comprit. Le retenir, sans baguette. Quelle idée stupide.

Une des plus stupides de sa vie, n'est-ce pas ?

- Avada Kedavra !

La lumière verte jaillit.

*


Une éternité de souvenirs.

Il avait toujours pensé qu'il verrait tous les moments de sa vie passés en accéléré.

Une éternité de souvenirs, pèle-mêle, qui s'entrechoquaient dans sa tête.

L'enterrement de ses parents, la première fois qu'il avait rencontré Remus, la blague contre les Serpentards où Sirius et lui avaient réussi à colorer leurs cheveux en rose - ce qui allait très bien à Lucius -, la moto de Sirius, leur dernier été en tant qu'élève, Poudlard et son dortoir, le balai que son père lui avait offert, Peter aussi - même dans ses derniers instants, James espéra qque rien n'était arrivé à son ami, sinon, comment serait-Il là dans leur maison ? -, les cheveux blonds de Mary emmêlés pendant une bataille d'oeufs, son match de Quidditch où il avait écrasé les Poufsouffles, sa mère, leur fête d'anniversaire géniale dans la Salle sur Demande, avec tous ses amis, tous ses amis, leur portrait passait comme imprimé dans son esprit.

Lily, partout, son sourire étincelant, ses sourcils froncés, la bague qu'il lui avait offerte, son parfum, sa peau de porcelaine, ses hurlements, Lily encore et encore et puis, une étincelle, un nouveau chemin qui se trace, Harry.

Les " je te déteste ", " veux-tu m'épouser ", " tu es un des être les plus arrogants que je n'ai jamais rencontrés ", " Patmol, d'où il sort ce t-shirt ", " va crever, Adonis ", " je t'aime, je t'aime, je t'aime ", " tu diras bonjour à ta mère de ma part, Zeph ", " ne pars pas ", " James, je suis un loup-garou ", " au revoir ", " je t'en prie, Lily, donne-moi une chance ".

Qu'allaient devenir Lily et Harry ?

Tous les baisers, les chuchotements, les caresses, les engueulades, les coups de coude, les éclats de rire, les cuites, les draps froissés, les claques, les habits jetés par terre, la passion de leur amour. Tout cela, balayés aujourd'hui. Tous leur Halloween.

Son coeur s'emballa et il eut l'impression d'exploser sous cette avalanche d'émotions, de visages, d'histoires.

Lily. Harry.

*


Le sort le toucha de plein fouet.

James Potter tomba, telle une marionnette dont on aurait coupé les fils.

*

15 NOVEMBRE 1977.


- Alors, avec Evans, ça marche comment ?

James jeta un regard assassin à l'imbécile qui avait osé lui poser la question. C'était un garçon de sixième année, qui avait l'air profondément débile. Parler d'Evans. Comme si c'était son ami. On aurait tout vu, putain.

- Je ne vois pas en quoi ça te regarde, répondit James froidement.
- Allez, Potter, c'est ta dernière année à Poudlard... Tu vas bien essayer de te la taper non ?

Le Gryffondor eut sincèrement envie de se lever de son canapé et de lui casser la gueule. Il sentait ses poings lui démanger et il était à deux doigts de le faire. Après tout, qu'est-ce qu'il risquait ? Mais à ce moment précis, Lily descendit de son dortoir.

Si elle le voyait se battre, elle se dirait qu'il était encore très immature et un peu con et injuste et bla bla bla...

Elle se dirigea aussitôt vers lui. Elle ne portait pas son uniforme ; juste une longue robe noire plutôt seyante. Ses cheveux avaient été relevé en un chignon lourd et quelques mèches s'y échappaient, ondulant paresseusement, caressant sa nuque. Sans un mot, elle tapa sur son épaule et lui fit signe de la suivre dehors.

James jeta une oeillade assassine à son " camarade " avant de se lever du fauteuil où il était installé.

- Nous sommes amis, pas vrai ? demanda-t-elle une fois arrivés dans un couloir un peu reculé de la salle commune.
- Euh oui, évidemment.

Il se sentait très mal à l'aise quand elle était là. Surtout en ce moment où leur relation se passait incroyablement bien. Ils riaient beaucoup, flirtaient un peu, bref, Lily découvrait enfin le vrai James Potter.

- Je dois aller à l'enterrement d'une grande-tante éloignée, annonça-t-elle de but en blanc.
- Ça va ?
- Oui oui, ne t'inquiète pas, je l'ai jamais vu de ma vie, c'est juste un truc de famille.

James hocha la tête. Un silence confortable s'installa. Il ne voulait pas faire de gaffes ; il préférait que ça soit elle qui le brise.

- Je... Ça te dirait de venir avec moi à Pré-au-lard la semaine prochaine ?

Boum. Boum. Boum.

Son coeur s'emballa, comme un gamin. Et... Par Merlin, il se mit à rougir. C'était ridicule. RIDICULE. Il ne rougissait pas. Jamais. Oh la la la, non, il sentait ses joues le chauffer, devenir rouge. Merlin.

- Euh, je, pourquoi pas, oui, évidemment, finit-il par bredouiller. Bredouiller !

Elle eut un sourire un peu moqueur et se pencha vers lui. Son parfum le troubla complètement, comme d'habitude.

- Depuis quand tu bredouilles ? demanda-t-elle.

Prendre les choses en main. Prendre les choses en main. Prendre les choses en main. Prendre les choses en main. Prendre les choses en main.

Il se pencha à son tour et seuls quelques centimètres séparaient leur visage. Ils se regardaient droit dans les yeux, le marron contre contre le vert émeraude. Les longs cils de Lily faisaient jouer des ombres sur ses pommettes ; sa bouche cerise esquissait le même sourire moqueur.

- Comme un rendez-vous ? murmura-t-il doucement.
- Comme un rendez-vous.

Elle l'embrassa.

Le premier baiser de toute une éternité.

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Imaginations d'une plagiste Barcelonaise

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